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Accueil du site > Actualités > Economie > La dette publique, une vidéo pédagogique

La dette publique, une vidéo pédagogique

J'ai réalisé une vidéo conçue comme un cours d'éducation populaire sur la question de la dette publique.

 

Je cherche à montrer que la complexité de cette question contraint :

 

1- à dépasser le cadre de l'analyse strictement économique si l'on veut vraiment en saisir tous les enjeux,

 

2- a) à convenir qu'il n'est pas évident qu'il existe un "problème de la dette "

 

et b) à affirmer que s'il existe un problème de la dette, il est impossible de proposer une solution unique, définitive et tranchée à celui-ci.

 

Mon film est donc une invitation à poursuivre les recherches et à fuir tout discours simpliste.

 

 

 

PLAN :

I- COMMENT SE FORME-T-ELLE ?
a- Le budget de l’État
b- Combler le déficit public

II- COMMENT LA MESURE-T-ON ?
- Éviter le catastrophisme par des comparaisons appropriées
- Non pertinence de la comparaison P I B / Dette

III- LA DETTE PUBLIQUE EST-ELLE UN PROBLÈME ?
- Le principal
- Les intérêts
- La réputation financière

IV- COMMENT SE DÉBARRASSE-T-ON DE LA DETTE ?
A- Rembourser
- Équilibrer les budgets
- Vendre les propriétés de l’État
B- Ne pas rembourser
- Rééchelonnement et restructuration
- Monétisation et inflation

À RETENIR
 

Tags : Economie Dette




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25 réactions à cet article    


  • 1 vote
    Kaoteknik 26 mars 2012 20:07

    Merci pour cette vidéo pédagogique fort bien argumentée.


    • vote
      parachrematistique parachrematistique 26 mars 2012 20:52

      Merci Kaoteknik.


    • 2 votes
      mezzdi 26 mars 2012 20:47

      Intéressant mais malheureusement je crois que ça dépasse le niveau moyen des habitués d’agoravox, d’où le nombre peu élevé de commentaires. Mais merci pour la vidéo


      • vote
        parachrematistique parachrematistique 26 mars 2012 20:56

        A eux de vous faire mentir smiley


      • 1 vote
        Kaoteknik 26 mars 2012 22:28

        Il est dommage en effet que cette vidéo soit si peu commentée car, à mon humble avis, elle est essentielle à la compréhension de l’économie, et en particulier du fonctionnement du capitalisme. Il serait donc intéressant d’obtenir l’avis de personnes qualifiées.

        Cette vidéo est d’autant plus appréciable qu’elle ne s’appuie que sur des faits, sans qu’il y ait, à aucun moment, un parti pris. C’est une excellente base de réflexion sur les solutions à apporter pour accéder à un avenir un peu plus radieux.

        J’ai pourtant le sentiment que ce système comporte tellement de failles que les solutions ne sont pas à chercher dans son maintien, mais plutôt dans le changement radical d’orientation. Si on persiste à le maintenir, on ne fera qu’entretenir les inégalités.


      • 6 votes
        perlseb 26 mars 2012 22:45

        Je crois au contraire que ceux qui postent de façon sensée sur le sujet (c’est vrai que ce n’est pas le cas de tout le monde), savent déjà tout de cette vidéo.
         
        Je pense que seule la fin est intéressante : pourquoi l’état a-t-il choisi sciemment d’emprunter aux marchés plutôt qu’à sa banque centrale ? Est-ce que l’inflation (relativement modérée) est vraiment un problème pour le peuple (voir la corrélation entre chômage et inflation : courbe de Phillips aussi appelée NAIRU) ? Donc l’inflation est une croyance, un dogme (celui de la BCE) qui profite avant tout aux rentiers mais on réussit à convaincre par les médias que c’est mauvais pour le peuple quand ça ne l’est pas du tout (le remboursement d’une maison avec un taux d’inflation moins modéré qu’aujourd’hui serait beaucoup facile,...).
         
        Mais le problème vraiment fondamental qui n’est pas abordé ici est la création monétaire dans ce système. Car si l’on convient que seules les dettes peuvent créer des liquidités, alors le système doit forcément s’écrouler un jour ou l’autre.
         
        Je m’explique : si tous les états cherchent à rembourser leur dette (par austérité ou augmentation des impôts), c’est 1929 qui nous attend : déflation par rareté monétaire. Nous aurons nos 20 % de chômage officiel qui seront en fait des 50 % réels. Donc dans ce système, les dettes permettaient de créer l’argent nécessaire à l’augmentation de productivité et des biens à acheter qui va avec. Si on ne peut plus créer de dettes (ou qu’on les rembourse), donc on ne peut plus créer d’argent en face des biens que l’on est pourtant physiquement capable de créer, et donc on ne crée plus rien (plus d’acheteurs) et on s’appauvrit tous.
         
        D’un certain côté, que l’on aille un fois de plus au tapis sera peut-être salutaire pour l’environnement, mais il faudrait peut-être se poser des vraies questions sur la possibilité de créer de l’argent à partir d’un chapeau (et pas seulement à partir d’une dette qu’il faudra fatalement remboursée) quand nous avons réellement créé de la valeur.
         
        Mais bon, les crises ont leurs avantages (a qui profite le crime de la dette ?) : on supprime les acquis sociaux, on peut acheter des biens qui étaient jusque là indisponibles (biens publics), remplacer les services publics (qui ne cherchaient pas la rentabilité à tout prix mais le service à tout le monde à un prix rendu abordable pour tous) par des entreprises privées.
         
        Donc le problème final, c’est pourquoi nous sommes en ploutocratie et pas en démocratie (la cause des cause d’Etienne Chouard). Comme quoi, l’économie n’est qu’exclusivement poltique. Car c’est bien l’état le plus fort dans l’histoire et c’est bien lui qui se crée sa dette (déficits volontaires) et sa dépendance face aux marchés (refus d’emprunter à sa banque centrale pour favoriser les rentiers).

         


      • 2 votes
        amest 26 mars 2012 22:59

        C’est une explication argumentée... mais bien trop "académique" pour moi.
        .
        D’après ce qu’on dit sur Internet, le problème de déséquilibre budgétaire est apparu suit à l’application de de la loi de 1973 (imposée grâce à l’épouvantail de l’inflation).
        C’est à partir de ce moment que la dette a explosé.
        (en passant, ça n’a pas empêché l’inflation de grimper à plus de 10% au début des années 80
        http://www.statistiques-mondiales.com/france_inflation.htm)
        .
        Cette loi est pain bénie pour les banques, les institutions financières et les puissants
        Car si avant, celui qui possédait le capital réalisait sa plus value en grande partie en exploitant la force de travail de l’employé.
        Maintenant, on peut prélever directement "à la source" de l’Etat.
        Car en définitive, c’est toujours celui qui créé les richesses qui pait la dette. L’Etat, c’est un simple intermédiaire.
        .
        Il suffit de s’arranger pour endetter l’Ettat... et de récolter les intérêts ensuite.
        Et puis inutile de compter sur "l’Etat protecteur" pour renverser la tendance, puisque c’est la même oligarchie qui décide, tantôt dans le public, tantôt dans le privé :
        Geoffrey Geuens « Les marchés financiers ont un visage, celui de l’oligarchie »
        http://www.humanite.fr/social-eco/geoffrey-geuens-%C2%AB-les-marches-financiers-%E2%80%A8ont-un-visage-celui-de-l%E2%80%99oligarchie-%C2%BB-491345
        http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2413
        .
        La charge de la dette, c’est donc bien un "hold-up" des banques et des puissants sur les travailleurs par le biais de l’Etat.
        .
        Désolé. C’est très mal dit :(


      • vote
        Karash 27 mars 2012 00:18

        Vous avez oublié une solution pour rembourser la dette publique.

        La solution H, comme Hollande. Aka un hybride entre la danse de la pluie, et le système shadock.

        Le système Shadock, c’est de faire une politique de relance de l’activité privée dans les états en ponctionnant le secteur privé des économies nationales pour donner cet argent à l’union européenne, qui le redistribue ensuite dans les économies nationales, moyennant force paperasse. La danse de la pluie, c’est de déclamer ce système ( en partie seulement ) devant les cameras, en espérant que ça transforme cette théorie farfelue en prophétie auto-réalisatrice.


        • vote
          parachrematistique parachrematistique 27 mars 2012 13:39

          C’est tout vu, je me pare de mes plus belles peintures (roses), je m’encarte au PS, et je file à la City. smiley


        • vote
          perlseb 27 mars 2012 12:03

          Ne dites pas que Grignon c’est des fadaises, puisque vous le dites vous-même dans un de vos articles "95% de la masse monétaire actuelle est de la dette". Donc expliquez-nous dans ce système où est la véritable création monétaire (puisque les dettes avec obligation de remboursement ne sont qu’un transfert d’argent des non-banques vers les banques, transfert d’un montant des intérêts de la somme empruntée, la valeur nominale étant redétruite). D’ailleurs votre exemple avec les patates et le carottes ne tient pas la route : les banques sont de plus en plus grosses, de plus en plus productives aussi et finissent pas réinvestir de moins en moins d’argent dans l’économie réelle : il y a bien un assèchement des liquidités quand les dettes n’augmentent pas (plus encore quand elles baissent parce qu’on cherche à les rembourser).
           
          Car un système qui produit de plus en plus mais qui ne sait pas créer l’argent sainement en face doit forcément s’écrouler (quand les dettes deviennent innacceptables, cad non remboursables). Les dettes ne pourraient être saines que dans la mesure où l’on est absolument sûr que les intérêts sont réinjectées rapidement dans l’économie : ce n’est pas du tout le cas. Croyez-vous que ceux qui possèdent des millions d’obligations d’Etat (comme Sarkozy : 2 millions en assurance-vie) vont acheter des patates avec les quelques 60.000 € d’intérêts annuels que rapportent un tel montant ? Le système ne peut que se gripper, ceux qui accumulent ont déjà tout et ne peuvent plus consommer : ils ne font qu’accumuler maladivement. En fait ils achètent petit à petit tout l’immobilier, c’est pour cela que les prix montent. Demain, nous serons tous des locataires, des serfs obligés de travailler à vie sans aucune possibilité de devenir propriétaire (c’est de plus en plus dur d’acheter, et ce n’est que le début).


        • vote
          parachrematistique parachrematistique 27 mars 2012 15:08

          Merci prof’ smiley .

          <p>Exact, la question de l’identité des détenteurs de la dette (domestiques ou étrangers, sur le territoire ou basés à l’étranger) est capitale (j’espère pouvoir l’aborder dans une prochaine vidéo consacrée à la seule dette française). Notamment si l’on choisit de se débarrasser de la dette par exécution du créancier, c’est plus facile s’il est sur le territoire national. Humour... (pas tant que ça : c’est une tradition française de procéder ainsi). En tout cas, c’est la connaissance précise de cette "cartographie" des détenteurs de la dette que visent les demandes de moratoire sur la dette par les Économistes Atterrés et d’audit de la dette par le Collectif pour un audit citoyen de la dette. </p>
          Mais pour le défaut ou l’inflation, qu’importe : si l’Etat le décide et ne rembourse pas, le créancier -domestique comme étranger- n’a plus que ses yeux pour pleurer sur son contrat de promesse de remboursement (à moins que celui-là ne stipule que l’emprunt est contracté en devise étrangère, ou contient une clause de protection contre l’inflation).
          <p>Ma paresse a eu raison de toute velléité d’approfondir les comparaisons internationales. De même pour le mécanisme de l’assouplissement quantitatif. Je vais m’y mettre...</p>
          <p>J’interprète la dernière remarque de deux manières.
          D’une part, il y a une objection d’inspiration libérale consistant à remarquer que la compatibilité nationale ne retient pas, dans son calcul de la dette des APU, les retraites des fonctionnaires. Je n’en ai pas parlé (il faudrait l’aborder dans une vidéo spéciale sur la France). A mon avis ça ne change qualitativement pas grand chose au débat, ça ne fait que gonfler quantitativement le total.
          D’autre part, un lieu commun du commentaire médiatique est de dire que la dette présente est un poids pour les générations futures : il y aurait un aléa moral intergénérationnel de la dette publique : les parents profitent d’autant plus du présent qu’ils n’endossent pas la responsabilité du coût ; la facture sera payée par les enfants (on a bien raison d’en profiter : après avoir nourri ces petits mouflets pendant parfois 20 ans ! -humour). C’est un gros débat, qui échappe en partie à l’analyse économique. Il y a beaucoup de choses à dire. La macroéconomie nous apprend par exemple que des investissements publics présents peuvent être des richesses futures : les enfants paieront en fait les biens et services dont ils profiteront. La finance publique nous apprend qu’un emprunt, ça se finance par un nouvel emprunt : nos enfant n’auront qu’à faire pareil que nous.
          Je ne suis pas calé sur le sujet, je n’ai donc pas de thèse à vous proposer.</p>
          <p>Merci pour les liens. Je vais aller y faire un tour.</p>


        • vote
          Zarmo66 27 mars 2012 01:50

          Excellent rappel froid et sans parti pris.
          Bol d’oxygene dans le brouhaha ambiant...


          • vote
            parachrematistique parachrematistique 28 mars 2012 17:11

            @ Zarmo66 :
             
            Un libertarien trouverait sans doute un petit quelque chose à redire...


          • 2 votes
            QaviQeQuarQo davideduardo 27 mars 2012 05:18

            Merci, c est toujours sympa de faire de la vulgarisation de l économie pour la meilleur compréhension du plus grand nombre.


            J aurais tout de meme rajouter quelques notions :

            -Insister plus sur la posibilité du pret a taux nul de la banque centrale.

            -ce pret a taux 0 ne genere pas forcement de l inflation :

            -le plan de relance keynésien ( le vrai ) quand il est bien fait (politique de grands travaux, equilibre des échanges extérieurs, emprunt a taux 0, appel a des entreprises publique et non privée) ne genere pas d inflation mais au contraire des points de croissance et une baisse du chomage.

            -le principe d éviction : les bons du trésor étant toujours plus sur pour les investisseurs, ces derniers preferent donc investir dans ceux ci que dans le reste de l économie.

            -la dificulté que peut rencontrer un état si il emprunte dans une monnaie qui n est pas la sienne ou qui ne le sera plus( comme la france : si elle decide de quitter l euro , elle ne pourra pas monétiser sa dette )

            Pour ce dernier point , je me pose des questions (que vous pourrez peut etre répondre) :

            Si la france decide de quitter l euro et de creer un nouveau franc, pourra t elle decider de changer les contrats d emprunts en remplacant les euros par les franc sachant que chaque émission d euro est une dette sur la banque centrale du pays européen du pays qui l émet (les deux dernieres lettre de chaque billet d euro definissent le pays emetteur), légalement, si il y a éclatement de l euro chaque dette devrait se retrouver dans la nouvelle monnaie du pays ?

            (désolé pour la confusion de ma question je n ais pas le meme esprit de synthese que vous !)


            • vote
              parachrematistique parachrematistique 27 mars 2012 14:19

              Merci de vos remarques. Les thèmes laissés dans l’ombre le sont par méthodologie (parfois par ignorance) : éviter au maximum (c’est-à-dire, tant que cela n’est pas essentiel pour expliquer le phénomène) le recours à la macroéconomie (car j’en ignore tout) pour me contenter de relater des faits relevant de la finance publique et de la comptabilité nationale, si toutefois ces domaines sont séparables.

              - je ne suis pas assez renseigné sur les mécanismes des prêts de la banque centrale.

              - exact : la création monétaire par la BC n’engendre de l’inflation que sous certaines conditions, que l’économie cherche à décrire ; il n’y a pas de lien de causalité nécessaire. C’est pourquoi j’ai préféré la formule "a souvent eu pour effet de générer de l’inflation" (4:10).

              - quand il est bien fait...

              - ça je ne connaissais pas. Cela ressemble à un effet pervers de la financiarisation de l’économie : on préfèrera la sûreté de la rente financière au risque de la formation brute de capital fixe.

              - c’est en effet une difficulté supplémentaire d’emprunter dans une devise sur laquelle on n’est pas souverain, car on se coupe de certains leviers comme la dévaluation. Mais la majeure partie des dettes souveraines de la majeure partie des Etats sont sont levées dans la devise domestique (sauf pour ceux de la zone euro, dont on peut dire -je me trompe peut-être- que la totalité de leur dette est libellée en devise étrangère). Les investisseurs exigent parfois le contraire, pour mettre leur capital à l’abri de mauvaises surprises (dévaluation, inflation). Mais j’ignore dans quelle proportion certains Etats consentent à libeller une partie de leur dette en devise étrangère.
              Quant à la France, c’est le contraire qui est vrai : si elle quitte l’euro, elle pourra monétiser sa dette, car elle retrouverait la souveraineté sur la monnaie, qu’elle n’a plus de fait parce qu’elle emploie une monnaie internationale, et de droit parce qu’elle a ratifié les traités européens qui interdisent cette pratique.

              - j’imagine qu’il en serait comme vous l’envisagez : je vois mal la France dire "Je vous dois 1700 Mds d’€, mais bon, désolé, je n’ai que des francs, demandez à la BCE !". :D


            • 1 vote
              parachrematistique parachrematistique 27 mars 2012 17:14

              @ plusieurs commentaires et commentateurs futurs (j’aurais dû carrément publier un article au lieu de mettre ça dans les commentaires ) :
               
              Poster à propos de la dette sur les forums ou dans la blogosphère semble impliquer le passage obligé du positionnement à l’égard des thèses défendues par le documentaire L’argent-dette de Paul Grignon, Etienne Chouard et d’autres. C’est-à-dire positionner sa thèse dans la grille de lecture de l’économie qui fait de la création monétaire privée la clef d’interprétation centrale, et qui accorde une grand importance à la loi de 1973.
              Je vais donner quelques éléments pour ce positionnement, sans pouvoir me prononcer définitivement, attendu que 1) je n’ai pas une connaissance précise de ce modèle interprétatif (j’ai vu le docu, j’ai lu et écouté un peu de Chouard), 2) j’ignore tout de la macroéconomie de la monnaie, et de l’histoire de ses mécanismes de création, 3) je n’ai pas vraiment de thèse proposant un modèle explicatif général qui serait susceptible de rentrer en concurrence avec celui de Chouard ou d’autres.
               
               
              Je suis moi aussi rentré dans ce débat, comme beaucoup d’entre vous sans doute, par la découverte du doc’ de Grignon, de la vidéo de MrQuelquesMinutes et des conférences de Chouard. Mais en diversifiant les sources, j’ai pris un peu mes distances -attitude qu’encourage d’ailleurs Etienne Chouard- tout en restant dans les problématiques soulevées par ces acteurs du débat.
               
              Je me contenterai ici d’affirmer une croyance, étayée mais qui n’a pas la prétention d’être un savoir définitif : la référence à la loi de 1973 et au passage à une création monétaire presque entièrement privée n’est à mon sens pas centrale pour traiter du problème de la dette publique. D’abord pour une raison épistémologique : il me semble que toute explication en science sociale ne peut être que plurifactorielle, et consiste à convoquer plusieurs facteurs dont la conjonction aboutit à l’émergence d’un phénomène, puis à construire à partir de là un scénario, une description, ou une grille de lecture que l’on appellera "explication du phénomène". En ce sens "tout mettre sur le dos" de telle ou telle cause unique me semble être une attitude non scientifique ; partant, incapable de nous livrer une compréhension précise du phénomène. Ce qui ne veut pas dire :
              1) que la référence à ces faits soit hors de propos dans nos explications (il va de soi qu’il sont même très importants),
              2) que l’on ne puisse pas débuter l’enquête en se donnant comme fil directeur la création monétaire (dans toute recherche il faut bien partir de quelque chose), donc en lui donnant un rôle prépondérant de fait, mais qui n’est qu’heuristique. C’est-à-dire qu’il faut se réserver la possibilité de l’écarter si l’on s’aperçoit que ce rôle n’est pas central, ou de le combiner avec d’autres facteurs explicatifs (comme le fait Chouard avec sa métaphore de la tenaille par exemple).

              Mais, à mon avis, cette piste de la loi de 1973 n’est peut-être pas si féconde que cela, du moins si l’on veut focaliser par là le débat sur la création monétaire privée. En revanche, il en va tout autrement sir l’on veut focaliser par là le débat sur le fait que les Etats ont choisi de se contraindre à n’emprunter que sur les marchés financiers, car le niveau des taux d’intérêt, et l’effet "boule de neige" qui ne manquera pas de suivre sont une composante majeure du problème de la dette.
              Donnons deux arguments.
               
              (1) argument principal : l’argent prêté aux Etats dans le cadre de la constitution de leur dette publique n’est pas le fruit d’une création monétaire directe. En effet, les Etats n’ont alors pas recours à un emprunt bancaire classique (qui donnerait lieu à création monétaire par les banques privées), mais à la vente de titres financiers (des obligations essentiellement). Autrement dit l’argent employé pour les acheter (= "prêter" aux Etats) existe déjà (= a déjà été créé, sans doute par un crédit antérieur, puisqu’il existe bien peu d’argent qui ne soit une dette).
              La majeure partie de la dette publique -française par exemple- est dite "négociable", c’est-à-dire repose sur des titres échangeables sur un marché secondaire ; une toute petite partie repose sur des emprunts bancaires classiques (en fait, surtout les dettes des collectivités locales, il me semble, et très peu celles de l’Etat) qui eux donnent lieu à création monétaire par les banques prêteuses.
              Pour réfuter (1), il faudrait me montrer que les banques achetant des obligations ou bons du Trésor créent directement l’argent dont elles ont besoin pour le faire.

               
              (2) de nombreux pays qui n’ont pas une loi interdisant à la banque centrale de prêter au Trésor sont pourtant très endettés (Etats-Unis par exemple).
               

              La dette est avant tout imputable, trivialement, aux déficits publics successifs. Ce n’est qu’ensuite que l’on peut mettre en évidence le rôle de catalyseurs joué par d’autres facteurs. Un article très intéressant qui, nonobstant un certain mépris de Henri Sterdyniak pour MrQuelquesMinutes, livre de nombreux éléments :
              http://www.audit-citoyen.org/?p=1367


              • vote
                perlseb 27 mars 2012 21:20

                Merci pour ce commentaire et pour le lien.
                 
                Mais je ne crois pas vraiment que la dette soit si compliquée dans les faits (même si tout est compliqué dans le détail).

                La chose simple qui nous intéresse est : peut-on croire qu’un gouvernement agisse contre l’intérêt du peuple qui l’a élu ? Car la plupart des gens sont persuadés d’être en démocratie et ils ont un blocage sur ce sujet, blocage à vie qui les déprimerait s’ils devaient penser autrement. C’est finalement à cette seule question que se ramène la dette.
                 
                Ou, posée autrement : que fait Sarlozy lorsqu’il reçoit un chèque de Mme Bettancourt et des millions de votes de la part d’inconnus ? Renvoie-t-il l’ascenceur à Mme Bettancourt ou le don de Mme Bettancourt est parfaitement désintéressé ? A ce propos, les dons pour campagne aux US sont illimités, Sarkozy n’aurait donc aucun problème avec la justice si la France n’était pas ... en retard sur nos modèles que sont les Etats-Unis et l’Allemagne.


              • vote
                QaviQeQuarQo davideduardo 27 mars 2012 21:48

                1) vous avez tout a fait raison et c est souvent le raccourci que font certain a tort.

                Ceratin voit la loi de 73 et l obligation d emprunter sur les marchés privée comme un particulier faisant un pret a une banque (creant ainsi de la monnaie exnihilo) alors que cela marche plutot comme une action de SA.

                Les bon du tresor sont souvent détenus par des fonds de pension, des entreprises ou d autres états qui au final n ont pas créé de monnaie pour preté a l état.

                Outre l effet d éviction qui monopolise les capitaux vers les emprunts d état, 

                on peut voir aussi comme critique, que toute ces liquidités en circulation (et qui vont a un moment donné se retrouver dans les bons du tresor) ne sont pas du a la seule activité économique réelle mais a un exces de création monétaire des banques privées (facilité par les taux accordés par les banques centrale, actuellement de 1%)
                donc meme si ce n est pas aussi simple que l explication de chouard (les banques empruntent a 1% pour le preter a l état a 4% ) nous nous retrouvons face a un systeme qui vampirise l état avec d un coté les banque obtenant des liquidités a 1% pour financer l économie privée et l état a 4% pour financer l économie publique.

                2)la creation monetaire americaine (quantitative easing) est particuliere car elle n est pas la pour faire un plan de relance keynesien mais plus pour eviter la deflation au niveau national, pour comble la perte de liquidité vers l exterieur.
                En effet : hausse du petrole = hausse de la demande international de $ = hausse des importations americaines = baisse de la quantité de dollar sur le sol americain.

                Une fois ce "trou´" comblé les usa fonctionnent comme les autres pays, et emprunte sur les marchés en vendant ses bons du tresor et paye ses interets de 4% augmentant ainsi au fil des ans ses deficits.




                Il faut aussi prendre en cause, sans entrer dans la theorie du complot , l ideologie emergente du liberalisme qui a voulut durant tout le 20eme siecle tuer toute forme d état providence (voir chouard ou le doc la strategie du choc)

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                parachrematistique parachrematistique 28 mars 2012 16:07

                @ perlseb :
                 
                Je vous suis. La question politique de l’autonomie du peuple est au fond la seule qui doit nous intéresser (même si je comprends que les mécanismes techniques de la dette en eux-mêmes deviennent passionnant pour qui prend le temps de les étudier ; moi-même j’ai fini par me prendre au jeu).
                 
                De ce point de vue en effet, la dette en elle-même (ses mécanismes d’émission, sa comptabilité) n’est pas une question complexe, mais seulement compliquée (ça fourmille de détails et de subtilités). En revanche, d’un point de vue macroéconomique -la manière dont la dette publique s’insère dans une économie nationale- la question devient complexe, car la science économique ne dispose pas d’un modèle décrivant parfaitement (et permettant de faire des prédictions certaines) les interactions dette publique-dépenses publiques-recettes publiques-croissance-inflation. La modélisation théorique des relations entre ces grands agrégats présente l’inconvénient classique de l’abstraction.
                 
                La question de la dette envisagée pour elle-même ne doit donc pas nous coûter plus d’une heure de peine (moi je propose 40 mn smiley ). La question macroéconomique de la dette devrait nous occuper plus longtemps, et nous donner envie de faire de l’économie.
                Mais la question politique de la dette, ça ça doit nous occuper toute la journée. La dépossession de la souveraineté populaire qui s’opère en son nom devrait nous sauter aux yeux. Dès lors qu’un Etat ne peut plus rien faire parce que toute action accroîtrait sa dette, mieux : dès lors qu’il doit consulter les "marchés financiers" avant d’entreprendre quoi que ce soit, alors là il y a un problème.
                 
                En ce sens la question contemporaine de la dette publique n’est qu’un énième avatar d’une réflexion beaucoup plus large de philosophie politique sur l’origine, la nature et l’exercice de la souveraineté démocratique. Mais pour saisir qu’il ne s’agit que de cela en réalité, il faut dépouiller l’apparence sous laquelle se présente le phénomène : un imbroglio financier très technique compréhensible des seuls experts en comptabilité publique. Sous le comptable, le politique, en somme. On t’a démasqué !
                 
                Mais je me suis interdit de l’aborder dans la vidéo. Je voulais m’en tenir à prouver par les faits qu’on ne pouvait déduire de considérations économiques sur la dette un fatalisme politique (il ne nous reste plus d’autre solution que d’attendre que le FMI vienne à domicile...). Je laisse l’interprétation politique ouverte.


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                parachrematistique parachrematistique 28 mars 2012 16:48

                @ davideduardo :
                 
                Merci pour ces précisions.
                 
                1) exact.
                Et ajoutons qu’au moins, en achetant une action, le capitaliste prend un risque, celui de voir le cours de son titre s’effondrer en cas de mauvais résultats de l’entreprise. Le risque est quasi-nul lors d’un achat d’une obligation d’Etat.
                En effet, parmi les spécialistes en valeurs du Trésor, il n’y a pas (je crois) que des banques (c’est-à-dire, juridiquement autorisées à créer de la monnaie par jeu d’écriture comptable), mais aussi d’autres types d’investisseurs institutionnels.
                 
                La situation de différence des taux d’intérêt que vous décrivez est en effet ahurissante. Ce qui est fascinant c’est que lorsque vous racontez ça autour de vous, les gens peinent à vous croire.
                 
                 
                Il n’est en effet pas nécessaire de soutenir une thèse conspirationniste pour remarquer que le capitalisme contemporain accélère ses transformations à coup de prétextes, dont le dernier en date semble être celui de la crise des dettes publiques. Pas besoin de théorie du complot, car en général tout est dit publiquement, écrit, inscrit dans des lois, voté, etc. Reagan par exemple avait déclaré très tôt qu’il voulait, par une diminution drastique des recettes fiscales, contraindre l’administration fédérale à couper massivement dans ses dépenses ("affamer la bête") : mettre fin à l’Etat-providence en s’appuyant sur l’évidence de l’impossibilité de son financement. Rien d’occulte ou de caché là-dedans, juste un programme écrit et décrit à la télé. Je n’ai pas encore étudié les idées de Naomi Klein, je vais m’y mettre.


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                ptiroq 27 mars 2012 20:23

                Merci beaucoup !


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                  Manu 27 mars 2012 22:02

                  Merci et bravo à l’auteur pour cette vidéo très didactique. Il est remarquable qu’aucune émission télévisuelle, soit-elle de service public, n’a pris le temps de se pencher sur ce sujet à votre manière.

                  Il faut le répéter encore et encore :

                  • l’État n’est ni une entreprise, ni un ménage ;
                  • il faut rapporter la dette à une grandeur qui lui soit réellement comparable ;
                  • du point de vue des déficits, dépenser plus ou réduire les recettes a strictement le même effet.
                  Je me permets de revenir sur ce dernier point : il est communément admis que la décision de réduire les recettes de l’État procède d’une meilleure gestion qu’augmenter les dépenses.
                  Par exemple, baisser la TVA d’un secteur d’activité, en supposant que cela créera des emplois, privera l’État de recettes à hauteur de 3 milliards d’euros. Il est également possible que l’État choisisse de créer des emplois directement (les contrats aidés), ce qui lui coutera 3 milliards d’euros.
                  Alors que vis-à-vis des déficits, la situation est égale (3 milliards de recettes en moins dans un cas, 3 milliards de dépenses en plus dans l’autre), et que la première solutions ne garantit pas la création d’emplois, elle sera considérée comme une politique meilleure (alors que la création directe d’emplois garantit en plus de nouvelles recettes).

                  Je pense que c’est un point important à illustrer.


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                    parachrematistique parachrematistique 28 mars 2012 16:57

                    @ Manu :
                     
                    Merci.
                     
                    "Il est remarquable qu’aucune émission télévisuelle, soit-elle de service public, n’a pris le temps de se pencher sur ce sujet à votre manière."
                    Ca vous surprend ? smiley
                     
                    "il est communément admis"
                    En effet, c’est là tout le problème. L’idée d’une gestion des finances publiques "en bon père de famille" est un préjugé, un cela-va-de-soit, une idée reçue qui parasite jusqu’à la pensée de certains économistes.
                    Sur la construction, la diffusion et l’application de ce lieu devenu commun (car il a une histoire), je n’ai pas trouvé de meilleure référence que les travaux de Serge Halimi et de tous ceux qui l’entourent.


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                    iemanja69 10 juin 2012 10:14

                    Vidéo très bien construite et pédagogique mais dommage qu’on ne puisse accéder à la version ppt


                    • vote
                      Julien 5 mars 2017 17:09

                      Très clair, nickel.
                      Merci beaucoup, bonne continuation !

                      J.



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