Todd se trompe de cible, l´Allemagne a beau être notre ennemi économique, elle ne l´est pas au niveau diplomatique, militaire, dans les renseignements ou à l´international, contrairement au danger atlantiste, discret pour l instant, mais qui ne tarderait pas à se faire sentir si la France avait l’outrecuidance de retomber dans une politique populiste, sociale et patriote, 45 ans après le départ de De Gaulle.
On ne s´empêchera pas de sourire face à la réplique de Karine Berger : "je ne sais pas les relations psychanalytiqueS que vous avez avec ce pays" en se souvenant de
l’intervention d’Alain Soral.
Réplique de la député PS qui venait en réponse au magnifique point godwin de Todd sur l´Allemagne autoritaire nous rappelant les heures les plus sombres...
Quand les armes des européistes se retournent contre eux !
Malgré cela, on ne peut s empêcher d´observer la proximité idéologique entre Todd et le FN.
Sa position anti-euro, voire europsceptique, son protectionnisme, son patriotisme ("français ou européen, vous devez choisir"), son populisme ("des hommes et femmes incapable de défendre leur pays").
Bien sur, les petits regards approbateurs de Florian Phillipot sont toujours repoussés par les airs dédaigneux de Todd et il continuera à se démarquer du FN en évitant qu´il reprenne la parole après lui, de peur d’écouter un acquiescement public en direct de ses thèses par un frontiste.
Il repousse le FN en décrétant qu’il est pour une démocratie libérale, ce qui ne serait pas le cas de ce parti.
Il défendra même le vote blanc pour les prochaines élections.
Ceci est surement dû à la focalisation de sa haine présente vers les partis de gouvernement après sa déception de voir son "hollandisme révolutionnaire" mort-né.
Ce qui me fait venir à une question :
Aux élections présidentielles de 2017, on risque fortement de voir au deuxième tour un Sarkozy sur le retour face à une marine Le Pen gonflée par la crise terminale de l´euro.
Comment réagiront tout ces économistes et hommes politiques lucides sur de nombreux points, que sont Todd, Sapir, Lordon, Nikonoff, Dupont-Aignan, Asselineau, les atterrés, Chevènement, Montebourg, Zemmour, Larrouturou et sa nouvelle donne rooseveltienne, certaines personnes du Front de Gauche.... ?
On risque fortement de retomber dans l´hystérie de 2002, où même ceux qui votent blanc seront suspectés d´avoir des affinités avec le FN.
Le genre de moment où l´entre deux est impossible, où il faut choisir son camp.
Les positions seront d’autant plus radicales avec l’aggravation de la crise et les plans d´austérité que l´on aura connu entre temps.
Appelleront-ils au front républicain en ralliant le libéral, libre échangiste, atlantiste, pro austérité, l´homme opportuniste n´ayant rien à voir avec leurs opinions économiques ?
Ou rallieront-ils Marine Le Pen, aux convictions économiques, sociales et patriotiques si proche des leurs ?
Si Marine est pragmatique, elle pourrait jouer de cette position en faisant des concessions sur les sujets les plus houleux (identité, immigration) en les soumettant à référendum par exemple ; ce qui laisserait un espace à ces intellectuels pour se rapprocher entre les deux tours, sans "se salir les mains", avec l´excuse que ces sujets seront laissés au bon vouloir du peuple, l´argument démocratique en prime.
Ou encore, elle pourrait proposer un gouvernement d´ouverture à ceux ci, qui pourront encore une fois se dédouaner en arguant une position de pacte avec le diable inévitable pour changer de cap, mais tout en domptant la bête en la maîtrisant de l´intérieur.
Cela peut paraître impossible aujourd’hui, mais c est dans les moments de crise que l’on peut avoir le plus de surprise, de changements de positions ou de rapprochements improbables.
Pour parler de mon expérience personnelle, j´ai vécu le même cas de figure pendant les élections présidentielles péruvienne de 2011 :
Le candidat chaviste fut rallié la dernière semaine par des politiques, intellectuels et écrivains malgré la haine institutionnelle vouée contre lui les mois précédents.
Le moment de crise était le possible retour du dictateur Fujimori par l´élection de sa fille arrivée au deuxieme tour. Alors qu´elle était la plus plebiscité par les médias, ces intellectuels ont réussi a renverser la tendance au dernier moment.
Rien n’est impossible.