Hallucinante désolation à Gaza : Al-Shejaiya est devenue une ville martyre, écrasée sous les bombardements intensifs de Tsahal - Août 2014

J’aimerais savoir à quel moment ton cœur a basculé, quand s’est opéré ce coup de foudre soudain pour cette culture palestinienne, toi dont le mode de vie est si différent de celui des Gazaouis. Peut-être as-tu ressenti un attachement pour Gaza en tombant juste par hasard sur une vieille carte postale. Il faut dire que fut un temps, le bord de mer de Gaza faisait rêver, comme tant d’autres endroits du Moyen-Orient. Peut-être es-tu même carrément allé là-bas en vacances, et en es-tu revenu bouleversé par l’accueil chaleureux de ces gens, leurs traditions, leurs sourires, ou les jolies… terrasses de café. Tu aurais gardé en mémoire des images, des sons, des odeurs, etc. A moins que ce soit à travers leur Art que tu aies découvert les Palestiniens, en rencontrant une personne ayant visité un jour un musée palestinien, ou quelque chose qui y ressemble, et qui t’en aurait rapporté la beauté de leur civilisation. Quelqu’un qui t’aurait fait découvrir à travers de beaux livres en papier glacé l’Art ancestral palestinien, des œuvres d’artistes disparus il y a des siècles, et dont l’empreinte restera gravée à jamais, ou dont l’influence se fait encore sentir aujourd’hui dans l’œuvre d’artistes contemporains. Tu as peut-être vu des vestiges d’architecture qui t’auraient laissé sans voix, de vieux écrits bien conservés, des sculptures, des peintures ou encore des gravures, que sais-je. Tu as très bien pu avoir un coup de foudre culturel, toi aussi… Mais si c’est le cas, permets-moi d’avoir des doutes… Car tout d’abord, il n’y a jamais eu de musée palestinien, ils n’auraient pas grand-chose à y exposer datant de plus d’un siècle. Il y a bien eu une première tentative d’exposition d’art palestinien, mais qui n’a duré que 9 heures, lors de la visite du pape le 25 mai dernier. Cependant, manquant terriblement d’œuvres, l’Autorité Palestinienne a jugé bon d’en créer spécialement pour l’occasion, faisant preuve de propagande et véhiculant des messages de désinformation en réécrivant l’Histoire, grâce à la complicité de leur meilleur artiste peintre : Photoshop. Le pape et son entourage ont peu apprécié je crois. Rassure-toi, l’Autorité Palestinienne s’est mise à faire construire un vrai musée cette fois, près de Ramallah, et que tu pourras visiter lorsqu’il ouvrira ses portes à l’automne prochain. Je me demande de quand vont dater leurs plus vieilles pièces. Mais fermons la parenthèse, car l’Art Moderne Palestinien existe bien, lui, et même s’il véhicule souvent un message politique basé sur l’éducation que les artistes ont reçue, il mérite comme tout art de pouvoir s’exprimer afin que des gens (dont je suis sûr que tu feras partie) s’y intéressent s’ils le désirent.

Quand as-tu ensuite vraiment switché ? A quel moment ton intérêt s’est transformé en compassion, puis en engagement actif pour cette cause ? Est-ce venu de toi tout seul, après avoir entendu parler des Palestiniens aux infos, qui effectivement les décrivent de manière répétitive comme des victimes, en passant en boucle des images insupportables sans prendre le soin de les expliquer dans leur intégralité ? Ou est-ce un de tes amis, peut-être Musulman, qui t’a raconté avec un tel engouement les « atrocités commises par les Israéliens » que cela t’a pris aux tripes ? Il y a bien une étincelle qui a mis le feu à ton indignation. Manifester n’est pas une chose anodine. En ce moment, c’est tous les samedis qui plus est, et en famille parfois, ou entre copains. Faut habiller les enfants, sortir les poussettes, écrire des banderoles, fabriquer des panneaux, ça doit bouffer une certaine énergie. La cause palestinienne doit avoir une sacrée importance à tes yeux, te tenir vraiment à cœur, pour préférer y consacrer ton temps, plutôt que de profiter de tes vacances, aller pique-niquer au parc avec tes enfants, ou au cinéma avec ta copine.

Ton intérêt certain pour cette cause me laisse penser que tu connais donc bien ton sujet. Mais t’es-tu vraiment bien renseigné ? Si je te demandais par exemple des choses simples, comme de me situer Gaza et Jéricho à l’aveugle sur une mappemonde, le ferais-tu sans hésiter ? Pourrais-tu par exemple me citer le nom d’un ancien président de la Palestine (attention, c’est une question piège) ? Connais-tu le nom de la monnaie utilisée actuellement par les Palestiniens ? Sais-tu encore combien il y a de Palestiniens d’un côté, et d’arabes Israéliens de l’autre, et comment il se fait qu’il y en ait des deux côtés du grillage ? Et pourquoi ne parle-t-on toujours que des premiers et jamais des seconds ? Je pourrais aussi te demander pourquoi les Israéliens ne tuent bizarrement pas les arabes qui sont en Israël, mais juste ceux qui sont de l’autre côté, mais là aussi ce serait une question piège. Bref, des questions vraiment simples, et dont les réponses sont loin de suffire avant de pouvoir se permettre d’émettre un avis.

Si je décidais de m’intéresser aux Palestiniens, de leur réserver une place dans mon cœur, de nombreuses autres questions me viendraient naturellement à l’esprit, et j’aimerais en connaître les réponses. J’aimerais avoir de bons arguments pour les défendre de la manière la plus efficace possible. J’aurais tout d’abord été me documenter sur les origines de ce conflit, en essayant de trouver des sites d’informations neutres, histoire de changer. J’aurais cherché à voir si tout ce que l’on me raconte est vrai, ou si certains aspect du discours que tiennent les gens autour de moi (qui eux-mêmes n’y ont souvent jamais mis les pieds, soit dit au passage) comportent des zones d’ombre, ou vont à l’encontre de mes principes de tolérance. J’aurais de plus cherché à savoir qui sont ceux qui me tiennent ces discours, quel est leur pedigree, et quels sont leurs intérêts à me raconter tout ça. Je serais par ailleurs probablement allé rendre visite aux Palestiniens, aussi bien à ceux vivant en Israël que ceux de Gaza. J’aurais établi le plus de contacts possibles, et je les aurais saoulés avec ma curiosité et mes questions. J’aurais cherché à m’imprégner de leur univers quotidien afin d’essayer de comprendre les vraies raisons de leurs souffrances. Et à défaut de tout comprendre, je me serais interrogé en essayant d’entamer une réflexion. Et avant de non seulement prendre position, mais surtout de m’exprimer moi-même publiquement sur le sujet, je serais aussi allé en Israël pour voir ce qui s’y passe et comprendre pourquoi la vie y est différente. Car il se trouve qu’elle l’est vraiment de ce qu’on t’en a raconté ici, en France.

Ce conflit est un problème d’une complexité hors du commun. C’est un vrai sac de nœuds, que les plus grands spécialistes mondiaux en la matière ont du mal à comprendre, et dont personne n’a trouvé la solution en plus de cinquante ans. De grands cerveaux bourrés de bonne volonté se sont cassé les dents après y avoir consacré des années de leur vie. Le tableau n’a jamais été tout blanc ou tout noir, et un tas de zones grises est apparu avec le temps. Crois-tu vraiment que les quelques histoires probablement affreuses que l’on t’a racontées au sujet des Israéliens suffisent pour que tu puisses te faire une réelle idée du fond de ce problème ? Sais-tu que l’on ne fait pas de règles avec des exemples, et que pour chaque exemple que l’on a pu te donner, j’aurai dix contre-exemples à te citer en retour.

Mais visiblement tu n’as pas réfléchi à tout cela. Tu as préféré la solution de facilité en prenant parti, et en fonçant tête baissée. Tu t’es contenté d’écouter sans remettre en question ce qu’on te racontait, alors qu’on t’a volontairement mal informé et menti. Je ne sais pas si c’est par naïveté, par peur, à cause d’une mauvaise conscience datant de l’Algérie, ou tout simplement parce que tu cherchais un hobby, mais tu t’es mis du mauvais côté de la ligne. Car tu es probablement de bonne foi, mais en défilant comme tu l’as fait récemment aux côtés de ces gens peu recommandables, tu n’as aidé en rien les Palestiniens, bien au contraire. Ces militants ont réussi une première fois leur coup en t’intéressant à cette cause plus qu’à une autre, alors qu’elle ne te concerne en rien, et que les Palestiniens sont loin d’être les Musulmans souffrant le plus au Moyen-Orient. Ils ont ensuite réussi une seconde fois leur coup en t’abreuvant de fausses informations, afin de te manipuler en profitant de ta sensibilité. Et pour finir, ils ont réussi une troisième fois, en parvenant à te prendre en otage de ton plein gré, afin de te faire défiler à leurs côtés alors qu’ils brandissaient soudain des drapeaux d’organisations terroristes en scandant des slogans anti-juifs. Les mêmes slogans que l’on a entendus dans les rues de Paris le 26 janvier dernier, ce triste « Jour de colère », où pour la première fois depuis la seconde guerre des « Mort aux juifs » et « Juif casse-toi, la France n’est pas à toi » ont été scandés (aussi bien par des gens d’extrême droite, que par des gens issus de l’immigration, je précise), sans que personne ne soit inquiété.

Tu te défends d’être antisémite ?

Très bien, cela me rassure. Donc si je te comprends bien, tu ne détestes pas les Juifs, mais tu défiles aux côtés de ceux qui veulent détruire leur pays et qui soutiennent des organisations appelant à leur meurtre où qu’ils se trouvent sur terre. Comment les Juifs doivent-ils le prendre ? Comment le prendrais-tu ?…

Ce n’est pas aux côtés de ces quelques (centaines, d’après les vidéos) extrémistes/casseurs/racailles que tu défilais, mais avec les autres ?

Tant mieux, mais n’as-tu pas remarqué que les drapeaux du Hamas, Hezbollah, et même d’ISIS n’ont jamais quitté les cortèges, eux, et que personne n’a demandé à ceux qui les brandissaient de les ranger ! Et quels étaient tes slogans, à toi qui étais du côté pacifique du cortège, déjà ? « Palestine vivra, Palestine vaincra« , « La Palestine aux Palestiniens« … mais aussi « Nous sommes tous des Palestiniens » (ça en dit long), « Israël assassin« , « Hollande assassin« , quelques « Allahou Akbar« , et j’en passe. Penses-tu qu’en disant la « Palestine aux Palestiniens » tes copains parlent de Gaza et Jéricho, qui doivent former le futur Etat Palestinien, ou de toute la zone située du Jourdain à la mer et que l’on nomme Israël ? Et qu’insinuent-ils donc par là au sujet des Juifs qui y vivent actuellement ? Où est le message de paix ? As-tu déjà assisté à une manifestation pro-israélienne rien que pour voir la différence ? Où est passé l’amour, ton intention première, dans tout cela ??!!

Tu veux vraiment aider les Palestiniens ? Pose-toi les bonnes questions ! Remets en cause l’utilité du BDS, pour qui cette nouvelle guerre à Gaza a dû être une manne de nouveaux adhérents, de la même manière que vos manifestations l’ont été pour Marine Le Pen. Ce bon vieux BDS, qui sans le savoir a une double fonction. Pour vous il permet de soulager ce sentiment d’injustice, en vous donnant l’impression de faire quelque chose en solidarité avec les Palestiniens. Alors que pour nous, il nous sert juste de thermomètre de l’antisémitisme. Grâce à lui on peut avoir une idée du nombre de gens qui nous détestent, nous les Juifs. Que fait vraiment le BDS pour la population palestinienne ? Il appelle au boycott des sociétés israéliennes en pensant porter un coup à l’économie du pays (au fait, ça marche ou pas ?), mais en quoi aide-t-il les Palestiniens ? Améliore-t-il leur quotidien ? Le BDS dit-il à ses membres que les Palestiniens sont très contents d’aller s’habiller au H&M du centre commercial de Jérusalem ? Dit-il aussi qu’il y a une grande différence entre boycotter les produits provenant d’Israël et ceux qui proviennent des territoires ? Précise-t-il que chez Soda Stream, les employés arabes ont exactement les mêmes salaires et avantages que leurs confrères juifs, et que tous ont peur de perdre leur travail si la société fermait à cause du boycott (alors qu’elle œuvre pour la tolérance et la paix) ? A moins qu’il ne se contente de dénoncer leur patron sioniste qui exploite cette main d’œuvre façon « traite des noirs » ? Car il n’y a encore pas si longtemps, le BDS accusait bien Israël d’être un « Etat d’Apartheid« . Ça changeait des « Etat oppresseur« , « occupant« , « génocidaire« , ou « meurtrier » habituels.

Toutes ces organisations, ou autres associations pro-palestiniennes, passent plus de temps et d’énergie à essayer de diaboliser Israël, qu’à améliorer la qualité de vie des Palestiniens. Elles font exactement la même chose que le Hamas, elles utilisent la misère des uns pour mieux haïr les autres. Elles ont concentré leur message sur Israël alors qu’à la base, il est censé être focalisé sur les Palestiniens. Et toi, tu joues le même jeu que ces gens, tu défends leurs idées et soutiens leurs actions. Tu es pour moi victime des mêmes bourreaux que les Palestiniens. Ceux qui t’ont entraîné dans cette histoire savent très bien ce qu’ils font, eux, et leur plan est basé sur le long terme. En te faisant prendre part à tout cela, ils ont fait de toi un pion, et ils ont trahi ta confiance. Ils utilisent tes sentiments et ta compassion pour les conforter dans leur haine. Ils se servent de toi pour véhiculer un message que tu t’interdis normalement de penser. Car vos manifestations pro-palestiniennes se sont vite transformées en rassemblements anti-israéliens qui sont tombés ensuite dans l’antisémitisme, et ont parfois frôlé les pogroms.

Je pourrais te parler en bien d’Israël pendant des heures, pour essayer de prendre sa défense, ou te convaincre, mais tu serais encore étanche à mon discours. Je voudrais juste te dire qu’il n’est pas trop tard pour changer d’avis et passer dans le camp des gens qui se battent pour la liberté, la tienne y compris. C’est très rapide, instantané même, il suffit juste de le vouloir. Cela ne t’empêchera pas d’avoir de la compassion pour les Palestiniens et leur venir en aide si tu en as envie. Mais renseigne-toi, connais ton sujet. Pour commencer, demande-toi juste pourquoi cette cause en particulier t’anime autant, et essaye de répondre avec sincérité à cette question : Est-ce que j’aime les Palestiniens plus que je ne déteste Israël ? Et demande-toi ensuite pourquoi.