Le journaliste Giulietto Chiesa arrêté en Estonie puis expulsé
Giulietto Chiesa, éminent journaliste italien, ancien membre du Parlement européen, a été arrêté avant-hier 14 décembre 2014 en Estonie, gardé en prison pendant plusieurs heures avant d’être expulsé du pays. Il se rendait à une conférence où il devait prononcer un discours sur le thème "La Russie est-elle vraiment l’ennemie de l’Europe ?" Cette conversation téléphonique a été enregistrée juste après sa sortie de prison et avant son expulsion.
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* * * Transcription de l’audio * * *
(Giulietto Chiesa au téléphone) : Les faits sont relativement simples. Je suis arrivé à Tallinn (Estonie) à 12 h 45 en avion et me suis rendu à une interview à la télé estonienne, après quoi je suis allé déjeuner et suis revenu à l’hôtel pour me préparer pour la conférence qui devait avoir lieu à 19 h.
Une heure 1/2 avant ça, une équipe de 4 policiers est arrivée à l’hôtel, et m’a demandé de préparer mes valises et de les suivre au commissariat de police, où on m’a informé que j’étais en état d’arrestation. C’est ainsi qu’ils l’ont formulé : « en état d’arrestation », parce que sur ma personne pesait un décret d’expulsion signé le 13 décembre 2014 et valable 1 mois. Un décret d’expulsion dont j’ai demandé à voir le texte, mais dont on m’a dit que je ne pourrai le voir que demain, ou plus tard, et que je pouvais être mis aux arrêts jusqu’à 48 h, après quoi je serai obligé de quitter le pays.
J’ai eu beau insister pour voir ce texte, on m’a répondu que ce n’était pas possible.
En somme, mon interprétation des événements est qu’on a voulu m’empêcher de parler à la conférence comme prévu. Le titre de cette conférence était très clair, et posait une question simple : La Russie est-elle vraiment l’ennemie de l’Europe ?
Pour m’empêcher de répondre à cette question, j’ai été arrêté. Il faut dire aussi deux choses importantes : j’ai été arrêté et mis en prison, dans une cellule normale, avec les toilettes par terre, un banc pour s’asseoir, sans drap ni coussin, une cellule en forme de couloir sans fenêtre et la lumière allumée en permanence, et j’y suis resté 4 heures.
Après quoi l’ambassadeur italien est intervenu, et est venu me chercher. Ils m’ont fait sortir pour lui parler pendant environ 2 h 1/2 en attendant le résultat de tous les coups de téléphone nationaux et internationaux, pour finalement être libéré et pouvoir revenir à l’hôtel finir la nuit, ce qui devrait se produire dans l’heure qui vient.
Inutile de m’attarder sur ce que je pense de tout ça, chacun a bien compris la situation. Nous sommes ici face à une violation flagrante de toutes les règles du droit national, international, européen et mondial.
Il s’agit ni plus ni moins d’une arrestation préventive pour empêcher une personne d’exposer son point de vue, un citoyen italien et donc européen, et à qui on interdit de s’exprimer sur le territoire européen et de dire ce qu’il pense, de la vie, du monde, de l’existence humaine, de la guerre, de la paix, etc.
C’est selon moi un épisode d’une gravité sans précédent et qui montre à quel point la dégénérescence fasciste a progressé en Europe. On touche vraiment le fond de l’expérience européenne depuis qu’Altiero Spinelli a commencé à penser à l’Europe. Cela n’est pas l’Europe d’Altiero Spinelli, ce n’est pas l’Europe que nous voulons, cela n’a rien à voir avec les droits de l’homme qui ont été violés de façon flagrante ici.
(Journaliste) : Tous nos encouragements Giulietto.
(GC) : Merci.
Transcription et traduction : Christophe pour ilfattoQuotidiano.fr
Tags : Europe International Liberté d’expression
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