Suisse : faut-il un référendum obligatoire pour les traités internationaux importants ?
C'est la question à laquelle vont devoir répondre les Suisses le 17 juin prochain suite à une initiative de l'ASIN (Action pour une Suisse Indépendante et Neutre), dont les dirigeants sont presque tous membres de l'UDC. Le texte proposé est consultable ici. Sont invités à débattre dans ce numéro de l'émission Infrarouge : du côté du oui, Oskar Freysinger et Luzi Stamm pour l'ASIN, ainsi que Jean Spielmann pour le Parti du Travail ; du côté du non, Yannick Buttet pour le Parti Démocrate-Chrétien, Adèle Thorens pour les Verts et l'universitaire Andreas Auer. Merci à Enquête & Débat ? d'avoir relayé cette vidéo.
Comme c’est expliqué au cours de ce débat de bonne tenue, les Suisses peuvent déjà voter sur des accords internationaux grâce au référendum facultatif, c’est-à-dire l’initiative populaire "classique" (50 000 signatures). Néanmoins, d’après le chercheur Daniel Kübler, si le nombre de traités soumis à référendums a augmenté continuellement au cours du dernier siècle, leur proportion a en revanche beaucoup diminué (1 sur 35 durant la dernière décennie contre 1 sur 19 entre 1921 et 1977). Ajoutons que le référendum obligatoire, normalement déclenché seulement pour l’adhésion à des organisations de sécurité collective ou à des communautés supranationales, conduirait à devoir obtenir à la fois une majorité des suffrages exprimés et des cantons, contrairement au référendum facultatif où seule la majorité des voix est exigée.
Il faut bien avouer qu’il est plutôt amusant de constater que nos voisins helvétiques se demandent s’il ne serait pas nécessaire d’augmenter leurs compétences en tant que peuple souverain (alors qu’ils votent déjà énormément) au moment où nous, Français, allons devoir avaler tout rond le prochain pacte budgétaire concocté par Merkozy et les technocrates de Bruxelles (peut-être agrémenté d’un "volet croissance"... si les Allemands le veulent bien), François Hollande ayant prévenu qu’il refuserait tout référendum sur ce traité pourtant très important en termes de transfert de souveraineté (voir mon article sur l’orientation à géométrie variable du chef de l’Etat sur ce sujet). Bref, une manière comme une autre de montrer que nos deux pays sont à des années-lumières en termes de contre-pouvoirs citoyens malgré leur proximité géographique.
A noter que dans ce débat, on retrouve le clivage de 2005 puisque l’UDC, que certains comparent à notre FN, se trouve épaulé sur cette initiative par un parti de la gauche radicale comme le Parti du Travail, tandis que les partis européistes et centristes font front commun.
Tags : Droit Démocratie International Suisse
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