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Christophe Deloire : de "l’objectivité" journalistique

Dans un entretien diffusé en juin dernier, Christophe Deloire, directeur du très réputé Centre de Formation des Journalistes, répondait aux questions de Robert Ménard s'agissant de l'idéologie du milieu journalistique. Après avoir énoncé des lieux communs (le système médiatique dominant se répète en boucle et livre la même grille d'analyse), il en vient au plus intéressant : son rôle dans tout ça, autrement dit ce qu'il enseigne à ses apprentis-journalistes. Eh bien il leur apprend à se prétendre neutres, en dépit de leur homogénéité idéologique ! En gros, à nous prendre pour des ânes. Merci à Enquête & Débat d'avoir relayé cette vidéo.

 


Attention, on ne touche pas là à un problème secondaire : c’est exactement là que se situe la racine de la perversité profonde du système médiatique dans lequel nous baignons. On le voit bien, il n’y a rien de plus efficace pour mettre un journaliste hors de lui que de remettre en cause son objectivité sur un plateau. Pourquoi ? Parce que, comme nous le concède Christophe Deloire, on les forme dès le début à se présenter comme des gens neutres et à rechercher la neutralité… mais qui peut croire un truc pareil en y réfléchissant 2 secondes ? Même un enfant de 6 ans est en mesure de percevoir la mascarade !

 
En vérité, leur premier devoir devrait être d’indiquer D’OU ils parlent ; et ensuite, bien évidemment, d’apprendre à “penser contre eux-mêmes” comme le dit Deloire en citant Péguy. La combinaison de ces 2 démarches devrait produire l’honnêteté, et c’est cela qu’on devrait demander aux journalistes en lieu et place d’une objectivité qui n’a rien d’humain. Car on a beau apprendre à être éclectique, ouvert d’esprit, à développer son sens critique (ce qui est certes indispensable), on disposera toujours d’une grille d’analyse particulière du réel. Et aucune grille n’est plus légitime qu’une autre (tant qu’elle reste légale bien sûr).
 
Bien évidemment, si jamais les journalistes doivent indiquer d’où ils parlent et faire tomber le mythe de leur surnaturelle objectivité, cela va impliquer d’introduire du pluralisme, car quand 80 % des journalistes vont être obligés d’admettre publiquement pour qui ils travaillent (eventuellement), et surtout qu’ils naviguent, plutôt qu’ "à gauche" comme le disent Ménard et Deloire, entre le centre-droit et le centre-gauche1, eh bien ça risque de ne plus trop le faire… Et quand on prend conscience d’un système d’oppression, ça s’appelle la révolution… Car en vérité, ce que j’ai énoncé dans le paragraphe précédent relève du bon sens pour quiconque est un démocrate sincère. Le problème, c’est que les processus démocratiques (authentiques) bouleversent toujours l’ordre établi, et qu’ils sont bien évidemment absents des médias dominants, simple courroie de transmission de l’ordre socio-économique.
 
La prétention à l’objectivité des journalistes des médias de masse n’est que le paravent nécessaire au maintien de l’oligarchie qui règne sur le système médiatique, en termes à la fois économique et idéologique. Ce serait sans doute trop demander à Christophe Deloire que de l’énoncer.
 
_____________
1 Si les journalistes qu’on pourrait facilement affilier au Parti socialiste sont légion dans les médias de masse, il est en revanche beaucoup plus difficile de trouver des journalistes issus de la gauche radicale, et encore moins de l’extrême-gauche révolutionnaire... De même, le centre-droit me paraît surreprésenté parmi les journalistes et les éditocrates en termes d’exposition, au détriment de la droite radicale et de l’extrême-droite. Bref, les tendances hostiles au système dans un grand nombre de ses orientations (Europe, économie, immigration, etc.) sont sous-représentées.

Tags : Journalisme Médias Oligarchie




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4 réactions à cet article    


  • 1 vote
    JahRaph JahRaph 23 juillet 2012 11:03

    Bonjour,

    Concernant le cas "Deloire", et pour compléter cette vidéo, je vous conseille cet article que nous avons publié il y a 2 mois (interview réalisée lors du Salon du Livre 2012).


    • vote
      Erca 23 juillet 2012 14:53

      Merci, j’en avais bien pris connaissance, j’en profite d’ailleurs pour vous dire que vous faites du super boulot. :)


    • vote
      Loc Nar 24 juillet 2012 19:15

      Je préfère un journaliste partial, quel que soit son bord. Après on se forge son opinion avec les pours, les contres etc...
      Un journalisme impartial, ce n’est pas possible.


      • vote
        gerfaut 25 juillet 2012 07:35

        En bref, il démontre que les journalistes sont massivement à gauche, et que s’ ils sont tous du même avis, c’ est parce qu’ ils sont intolérants. Il faut rester dans la droite ligne des bons sentiments. Et on se contrôle entre soi, attention.


        Le meilleur garant d’ une information de qualité est quand les journalistes seront à parité, comme dans la population normale. Le truc de dire, on est à gauche mais on est objectif, c’ est du pipeau. Un journaliste franchement à droite dans une rédaction sera mis, objectivement, de côté.


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