Jean-Michel Aphatie, journaliste "neutre" ?
Après un montage sur les pratiques très douteuses de Michel Denisot vis-à-vis des petits candidats, le site Enquête & Débat a produit une nouvelle vidéo sur Jean-Michel Aphatie, journaliste qui aime à se dire neutre et objectif, et fait ainsi preuve d'un recul remarquable sur son métier et ses implications.
Comme l’avait relevé Acrimed après la publication d’un article du Monde sur les journalistes cumulards il y a quelques semaines, Jean-Michel Aphatie estime qu’un journaliste est très rarement militant, et que quand il l’est, ça n’a aucune espèce d’importance.
« D’abord, les journalistes ne sont pas des militants. Et si jamais ils le sont, leur parole est entendue ainsi et la portée de leurs propos s’en trouve amoindrie. Les journalistes cités dans l’odieux papier, et beaucoup d’autres qui ne l’étaient pas, peuvent parfois – et c’est rare – afficher des préférences partisanes, ils s’expriment tout de même en permanence, pour l’immense majorité d’entre eux, avec les armes de leur métier : mise en perspective, distance, sens critique. »
Le journaliste serait donc un être surnaturel, au-dessus de la mêlée idéologique, observant le monde politique en lui étant parfaitement extérieur, et ce grâce à un sens critique bien propre. A faire se retourner un Bourdieu dans sa tombe.
Mais Aphatie n’a que faire des analyses du sociologue originaire de son Béarn natal. Lors d’un long entretien accordé à France Inter fin 2010, il avait d’emblée renié le qualificatif de "dominant". Il avait également développé pendant près d’une heure sa biographie, ses idées, ses obsessions... Qu’en ressort-il ? Pour lui, les choses sont claires : la politique est le seul pouvoir qui compte et les médias ont un effet nul sur la vie de la cité. Il se contredira pourtant à au moins deux reprises dans le même entretien :
- à 2:30, il insiste sur le fait qu’il soit passé par divers titres de la presse écrite sans jamais avoir modifié sa "grille de lecture" ; or, qu’est-ce qu’une grille de lecture, si ce n’est une analyse particulière (et non neutre) du réel ?
- à la fin, il avoue avoir été victime de pressions de la part de sa hiérarchie par le passé, et affirme que les journalistes représentent toujours "des emmerdements" pour les politiques. Alors comment soutenir dans le même temps que les médias ne sont pas un 4ème pouvoir ? On pourrait également demander à ce cher Jean-Michel Aphatie pourquoi il est si prisé et demandé, si les journalistes sont vraiment "des emmerdements".
On finirait presque par être pris de pitié à l’égard d’un chien de garde à ce point inconscient du rôle qu’il joue dans le système médiatique...
Tags : Politique Télévision Journalisme Médias
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