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Robert Ménard dénonce la lâcheté et le sectarisme des journalistes

Intervention de Robert Ménard, journaliste à Sud Radio, ancien président de Reporters Sans Frontière lors de la 4e Journée de Réinformation de la Fondation Polémia présidée par Jean-Yves Le Gallou sur le thème : “Les blogs dans la guerre médiatique”.

 

L’intervention de Ménard est un peu longue, répétitive, mais une nouvelle fois saisissante : il décrit l’incroyable conformisme qui règne dans l’univers journalistique, et les représailles qui s’abattent sur les rares téméraires qui osent penser au-delà des limites fixées par la profession. Il précise bien que ce conformisme ne s’explique pas par la pression d’une quelconque oligarchie financière, mais par des mécanismes plus complexes (psychologiques).

 

Ménard ne fait que dire des banalités : il défend le pluralisme, le libre débat démocratique, il pense que chacun a le droit de s’exprimer et d’être contredit rationnellement... Mais il déconseille formellement à un jeune journaliste de 25-30 ans de tenir les mêmes propos que lui, car cela signerait son suicide professionnel. Sidérant : défendre le pluralisme - sans exclusive - serait donc devenu suicidaire dans les médias ! (voir à 27’’30) Sa propre émission de radio se voit boycottée par des politiques, qui ne supportent pas que certaines opinions puissent être émises et qui fuient le vrai débat. Ménard cible en particulier l’intolérance de la première secrétaire du Parti socialiste : "La pire dans la gauche aujourd’hui, c’est Martine Aubry. Martine Aubry, elle incarne un sectarisme invraisemblable. Vous avez moins de peine à avoir un communiste que Martine Aubry" (25’00).

 

En tant qu’ancien président de Reporters sans frontière, il se sent relativement protégé, même s’il a été viré de RTL pour certaines de ses prises de position. Ainsi, il s’est permis d’écrire dans un livre qu’il était contre la loi Gayssot, et en conséquence il a signé une pétition contre l’incarcération de Vincent Reynouard, tout en précisant qu’il combattait vigoureusement le révisionnisme. Il raconte que, suite à cela, des confrères sont venus le voir un matin pour lui dire : "Tu nous le paieras". Un seul autre journaliste, Dominique Jamet, a osé signé cette pétition. Ménard estime encore que si un jeune journaliste avait signé la même pétition que lui, il aurait vu sa carrière stoppée sur-le-champ (voir à 1’31’’45).

 

Comme il le rappelle bien, donner la parole à tout le monde, en particulier à l’extrême droite (qui seule pose vraiment problème), ne signifie pas qu’on en partage les vues. Cette évidence n’est pas comprise par la majorité des journalistes, selon Ménard, qui considèrent que donner la parole, c’est déjà se compromettre. Sans arrêt il faut montrer patte blanche. La grande majorité des journalistes sont convaincus d’être dans le camp du Bien, et n’abordent pas les controverses idéologiques de manière rationnelle, mais en invoquant la morale ; ainsi, lorsque l’historien Bernard Lugan rend compte du conflit en Côte d’Ivoire en invoquant les différences entre ethnies, on ne se demande pas s’il a raison ou s’il a tort, mais on s’indigne et on interdit la question (et même, le plus souvent, on ne se la pose pas, et on ne l’imagine même pas).

 

Tout au long de son intervention, Ménard ne cesse de dire la même chose : les journalistes - en particulier les 100 ou 200 qui ont un réel poids sur l’opinion en France - sont souvent intelligents, mais n’ont en revanche aucun courage. Il cite l’exemple de Laurent Joffrin, patron du Nouvel Observateur, qu’il juge beaucoup plus intelligent et cultivé que lui, mais dont il fustige la très grande lâcheté.

 

Si Ménard salue la liberté d’opinion que permet Internet, il ne considère pas pour autant que le Net constitue la solution, car il ne pèse encore que trop peu sur l’opinion publique. La bataille de la liberté doit aussi être menée dans les grands médias, ceux qui ont un fort pouvoir d’influence. C’est ce à quoi il s’emploie. Mais il prévient qu’il y a certaines limites à ne pas franchir si l’on veut continuer à exercer son métier : certains sujets ne doivent en aucun cas être abordés. Il se soumet à ces contraintes pour tenter, de l’intérieur de la machine médiatique, d’offrir un pluralisme maximal, dans les limites autorisées par le système.

Tags : Information et Médias Internet Journalisme Censure Médias Martine Aubry Liberté d’expression Robert Ménard




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7 réactions à cet article    


  • 2 votes
    TZ TZ 17 octobre 2011 21:27

    Mr Ménard est devenu l’archétype du réac. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment il a pu se retrouver à la tête de RSF...


    • 11 votes
      sortec sortec 17 octobre 2011 22:10

      réaction typique de ce que dénonce robert ménard


    • 11 votes
      Rodrigue Rodrigue 17 octobre 2011 22:46

      En effet, la réaction de TZ est totalement stupide et sectaire. Ménard prône l’ouverture d’esprit, la tolérance, le pluralisme, le débat... autant d’horribles choses pour TZ...


    • 6 votes
      Hijack ... Hijack 18 octobre 2011 00:22

      Jean-Yves Le Gallou dit de Menard qu’il est un rebelle dans l’information ... ben voyons !!!
      Après RSF, on l’a vu ... rien, que du cinéma !

      Qu’il soit contre la loi Gayssot et contre l’emprisonnement de Reynouard ... est ma foi juste une preuve d’intelligence et d’ouverture d’esprit, de logique ... pas plus.

      Menard, sa dernière intervention, c’était avec Meyssan au tel., et on l’a vu ... Menard ne maîtrise pas le sujet ... est souvent étonné ... n’en revient pas ... mais ne se remet jamais en question ... tjrs obligé de dire ... qu’il condamne ceci ou cela sans arrêt de peur de se voir traiter de quoi que ce soit.
      Rappelons nous quand Arno Klarsfeld lui a balancé le verre d’eau en pleine gueule ... en pleine émission en direct je crois... il n’a rien trouvé de mieux que de s’excuser après ou presque ... de se mettre dans la position de chien battu.
      Menard c’est ça ... pas plus.
      Alors, j’ai du mal à l’écouter plus d’1h30 ... quelques mn auront suffit !!! ouf !!!


      • 3 votes
        amest 18 octobre 2011 00:42

        Tout pareil.
        Je pense que Ménard n’a pas changé de son époque RSF.
        Il oeuvre différemment. Se faisait passer pour un "rebelle" grâce à quelques coups médiatiques (Vive Le Pen) et mettant en avant son ouverture d’esprit et sa propension au dialogue. Dans quel but ?

        En préalable, il souligne :
        - qu’il ne croit pas aux informations révélées sur Internet (10 min.)
        - qu’il ne croit pas au rôle des puissances financières dans l’information (15 min)
        Tout est dit :(
        Pour moi, inutile de continuer à écouter son charabia.
        Même s’il a sûrement raison en ce qui concerne le métier de journaliste.

        Tout ça, mal dit et à mon avis :)


      • 1 vote
        Claire29 Claire29 18 octobre 2011 17:46

        Bravo Ménard !
        Continuez comme ça,nous avons besoin de votre liberté de parole,
        on n’en peut plus de ce conformisme confortable du microcosme médiatico-politique
        qui manipule l’opinion !


        • 1 vote
          Aguirre18 Aguirre18 19 octobre 2011 03:18

          Qui a raison ?
          Ceux qui pensent que le conformisme vient des propriétaires des médias(oligarchie financière) ?
          Ceux qui pensent que les journalistes sont lâches et s’autocensurent ?
          La vérité est bien évidemment entre les deux.
          Arrêtons d’être binaire et le monde ira beaucoup mieux, on pourra enfin progresser(après avoir fait le ménage).
          Ménard a le même problème que Chomsky, il ne veut pas et ne peut pas dénoncer la main-mise éditoriale des médias par l’oligarchie car il serait ensuite obligé d’en parler ’tous les jours", d’avancer des preuves et donc d’enquêter.
          C’est comme pour le 11 septembre, un journaliste qui parlerait d’inside-job serait ensuite "obligé" d’en parler à chaque fois qu’un sujet sur la géopolitique serait abordé, "obligé" d’enquêter sur ce sujet explosif, trop de boulot.....trop de risque....suicide professionnel......



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