Ventes privées, un marché de dupe, France 5 retire prématurément une vidéo

C’est toujours la question, les personnes se faisant arnaquer, au fond, ne méritent elles pas de se faire arnaquer ? C’est moralement dur à tenir lorsqu’il s’agit d’une pauvre vieille à qui on escroque sa maigre retraite, mais cette même morale pousse à dire "bien fait pour votre gueule" aux personnes se faisant arnaquer à la suite de l’assouvissement d’un vice.... et tel est le cas ici. Donc un peu de cruauté peut aider à percevoir le réel, mais je pense que la deuxième étape est de faire la leçon à ces gens-là pour qu’ils ne se fassent plus arnaquer (et peut être qui sait, leur expliquer en quoi la mode, la consommation tout ça est une saloperie déshumanisante, à laquelle il faudrait mettre un terme).

Je parlais d’une arnaque de type direct, mais votre réaction confirme ce que je disais ^^. Je parlais d’un cas très simple par exemple, où vous débarquez à Paris, et dans le premier mois, vous vous faites coincer sur votre palier. Très naïvement, vous appelez un serrurier, qui va vous facturer 400 euros en vous disant de faire une fraude à l’assurance pour vous faire rembourser. Je me suis fait arnaquer sur le coup, mais d’un coté c’est de ma faute. J’aurais dû me méfier, j’aurais dû penser, à tête reposé, et trouver une solution. Mais non, et j’ai donc payé 400 euros. Est-ce que je le méritais ? Oui et non. Oui, parce que je me suis fait arnaquer, c’est que j’étais assez con pour me faire arnaquer. Non, parce que ça partait d’une chose simple qui est que lorsque j’ai besoin d’un serrurier je devrais pouvoir appeler un serrurier sans que celui-ci vous escroque.
Dans le cas de la "dinde" du début, l’arnaqueur répond à une attente chez elle, avoir des fringues de marques pas chères. Alors oui, cette attente est moins "légitime" que celle de vouloir rentrer chez soi parce qu’on est coincé sur le palier. Mais le processus est le même. Ce qui va cependant aiguiller votre réaction morale, c’est la moralité de la personne arnaqué. Vous pouvez avoir pitié de moi, car au fond, je ne l’ai pas fait exprès de me retrouver coincé. Mais pas d’elle, car elle cède à un vice stupide, immature, et déshumanisant. Mais comment réagirez-vous par exemple, à cette même personne (donc toujours aussi dinde) ce faisant arnaqué par un faux médecin lui proposant de sauver la vie de son fils ?

(Je suis en train de regarder le doc, la dinde en question ne peut pas avoir de fils, mais j’espère que vous comprenez ce que je voulais dire, et qui je pense n’est pas si opposé à ce que vous pouvez penser)

Je viens de terminer le reportage qui s’avère très intéressant à plus d’un point. Mais avant, je reprend là où vous m’avez laissé.

Ce n’est pas tant que je met sur le même ce qui est de l’ordre de la nécessité et de la futilité que le mécanisme, et j’ai envie de dire l’émotion qui peut en ressortir.
Et pourquoi je tiens tant à faire ce rapport, c’est que cela donne une porte d’entrée théorique très intéressante pour discuter avec ces personnes aux passions "futiles". N’est-ce pas incroyable que de voir confirmer les thèses entières de Michéa contre le système libérale dans ce reportage dédié à la "mode", l’un des lieux phares du Spectacle (avec la culture, la politique et les médias) ?
Si demain, vous entendez une discussion entre deux jeunes filles dans la rue, portant sur ce sujet si futile, n’est il pas plus efficace de les avertir sur comment le système avilie leur ’passion’ en tirant la qualité des produits vers le bas, en tuant les artisans qui sont les vrais créateurs dans ce domaine et en passant continuellement leur temps à leur mentir, plutôt que d’emblée avoir la réaction primaire (qui est aussi la mienne, surtout dans un lieu comme le métro où les moins riches des riches côtoient les plus pauvres des pauvres) de les mépriser au prétexte qu’elles sont victimes en phases terminales du Système ?

Je digresse un peu, mais je suis curieux de votre avis, surtout après avoir vu le reportage.

Il est vrai que je dois avoir "la foi", en tout cas celle qui me pousse à croire que lorsque l’être humain sait, il choisit bien, il fait le bon choix... Je crois au sens commun et à la common decency... mais il est vrai que parfois c’est dur.
Or, et j’espère par ce biais vous redonner un peu d’espoir, j’ai vu de mes yeux des "retournements" impressionnants, des ouvertures d’esprit spontanées, et souvent à la suite d’une discussion dont l’angle était intelligemment calculé. Je pense que chacun à sa porte d’entrée, son moyen de l’approcher et de le convaincre, et que le plus dire est de le trouver. Nous savons la vérité (en tout cas quelques bout), mais la grande difficulté consiste à trouver les mots pour la transmettre.