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Accueil du site > Actualités > Politique > Éloge des valeurs : Hannah Arendt contre Leo strauss

Éloge des valeurs : Hannah Arendt contre Leo strauss

Le retour aux valeurs comme antidote à la tyrannie des faits :

     La philosophe Carole Widmaier nous présente ici son dernier ouvrage, paru au mois de mars 2012 aux éditions du CNRS : Fin de la philosophie politique ? (le point d’interrogation a son importance). Il y est question des deux principaux penseurs de la crise du monde moderne, Leo Strauss (1899-1973) et Hannah Arendt (1906-1975), plus précisément de la divergence de leur approche politique de la question.

 

 

 Une fois que l’on a dit que le monde actuel traversait une crise, on n’a pas tout dit. Tout d’abord parce que la crise économique n’en est qu’un symptôme, ensuite parce que les causes de cette crise sont profondément ancrées dans les siècles. Tout recours aux explications économiques ou historicistes est donc vain. Pour comprendre les faits et tenter de remédier à leur aveugle impétuosité, l’unique ressource possible est un retour aux valeurs. Pour Leo Strauss comme pour Hannah Arendt, un tel retour ne peut être entrepris que par une quête – quête de la vérité pour le premier, quête de sens pour la seconde. Tous deux sont d’origine juive allemande, tous deux ont fui le nazisme, tous deux sont devenus citoyens américains, et tous deux ont senti le besoin de s’interroger sur le basculement éventuel d’une civilisation hautement policée dans la tyrannie et la barbarie. Mais si Leo Strauss convoque l’ensemble des acteurs historiques de la philosophie politique pour mettre en évidence combien les Modernes ont perdu en enterrant les Anciens, Hannah Arendt, pour sa part, préfère tabler sur un amendement à venir de la modernité, en réhabilitant néanmoins la politique en tant que seul salut et seule fin véritablement commune. Alors, terme de la philosophique politique ? Ou but de la philosophie politique ?

 

 Au-delà de l’ouvrage présenté ici, l’entretien donné par Carole Widmaier doit nous inviter à lire ou à relire, de proche en proche, les œuvres majeures d’Arendt et de Strauss, non moins que celles qui demeureront des classiques sans que l’ingratitude des derniers siècles ne puissent jamais les faire oublier totalement.

 

Bibliographie sélective :

  • Hannah Arendt : Condition de l’homme moderne en poche chez Pocket, La Crise de la culture en Folio chez Gallimard, Le système totalitaire : Les origines du totalitarisme et Qu’est-ce que la politique ? tous les deux Points Seuil.
  • Leo Strauss : Droit naturel et histoire en poche aux Champs Essais Flammarion, Qu’est-ce que la philosophie politique ? aux PUF, La Cité et l’Homme en Livre de Poche, De la tyrannie en Tel chez Gallimard.

 

Tags : Livres - Littérature Culture




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142 réactions à cet article    


  • 10 votes
    Romios Romios 5 décembre 2012 14:01

    Philo de comptoir.


    1) La tyrannie (l’etat criminel) n’est pas une invention du XXe siecle.

    2) Il n’y a jamais eue adhésion massive au nazisme, au fascisme ou au stalinisme. Le NSPD n’a jamais eu la majorité et n’est parvenu au pouvoir que par defaut. Ausitot au pouvoir la democratie est abolie, le reichtag brule, les elections sont suspendues, les partits interdits.

    Partant de là le reste (les manières anciennes sont obsolètes) n’est pas demontré, juste affirmé.

    le pire biais vient du fait qu’elle s’interroge sur ce que "on" a mal fait pour provoquer la crise.

    C’est là l’ escroquerie. Nous ne sommes pas ’’on’’. Ce joyeux melange des acteurs de la politique en faisant croire que c’est le citoyen qui menait la danse est d’une ediocrite intellectuelle lamentable. Elle ne prend meme pas la peine de partir de Marx et des classes.

    Non, ’’on’’ remplace tout.

    On est un con, comme dit le bon sens populaire.



    • 7 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 14:11

      @ Romios :
      ----------------

      Merci d’avoir prévenu par avance que vous alliez faire de la "philo de comptoir". On sait au moins ensuite à quoi s’attendre...
      -----

      Et sinon, à part Marx, quoi de neuf sous le soleil ? Carole Widmaier n’a pas à partir de Marx, tout simplement parce qu’elle n’a pas écrit sur Marx (on est encore libre d’écrire un livre sans citer Marx). Quant à Arendt, si elle vous répugne tant, sauriez-vous au moins me dire ce qu’a contrario vaut pour vous la philosophie de Strauss ? "Philo de comptoir" là aussi ?


    • 4 votes
      maQiavel machiavel1983 5 décembre 2012 14:11

      C’est là l’ escroquerie. Nous ne sommes pas ’’on’’. Ce joyeux melange des acteurs de la politique en faisant croire que c’est le citoyen qui menait la danse est d’une ediocrite intellectuelle lamentable. Elle ne prend meme pas la peine de partir de Marx et des classes.

      R / Moi je pense que ce " on " existe. Ce "on" , c’ est notre manière de donner un sens à la réalité collectivement.
      Attention , il ne s’ agit pas de dire que c’ est le citoyen qui mène la danse , mais de dire que nous jouons tous la musique et que mêmes nos élites dansent sur la musique que nous jouons tous collectivement meme si elles mènent la danse.
      Pour ce qui est de Marx et de l’ analyse de classe ,ce qu’ il dit n’ est pas différent quand il parle du  fétichisme de la marchandise qui est une immanence. Marx explique qu’au moment ou la domination réelle de la marchandise se met en mouvement, la bourgeoisie est supplantée, digérée et annihilée par la classe capitaliste. Au moment de la domination réelle de la marchandise, Marx dit qu’une classe capitaliste salariée anonyme nomade se met en mouvement et elle ne gère pas le capital, c’est le capital qui la gère.


    • 3 votes
      la mouche du coche 5 décembre 2012 15:51

       :-0 Dites-moi pas que c’est pas vrai ! HANNAH ARENDT DÉFENDANT LES VALEURS !!!!!!!!!!! :-0

      Il suffit de lire sa bio (citoyen américain !!!) et 3 pages de nimporte lequel de ses livres pour voir qu’elle est très au contraire la plus ardente DESTRUCTRICE des vraies valeurs. Il suffit de la lire !

      Mon Dieu. Un tel article vantant une personne tellement à l’opposé du bien montre bien que nous sommes dans une période d’inversion des valeurs. smiley


    • 3 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 16:01

      @ la mouche du coche :
      ---------------------------------

      Ah, il faut bien que vous illustriez votre pseudo, mais de cette manière, c’est un peu gros.
      Je vous parle des écrits de la dame, vous m’opposer sa "bio". De quelle bio parlez-vous ? De celle de Laure Adler ou de celle lue sur Wikipedia ? Avez-vous lu Hannah Arendt ? La Crise de la Culture en particulier ? Sa réflexion sur la tradition, sur l’autorité ? Son intérêt pour Aristote et Augustin ?
      Et quelles sont les "VRAIES" valeurs en question ?


    • 2 votes
      la mouche du coche 5 décembre 2012 17:14

      @ Eric,

      Je parle de la bio d’Annah Arendt bien sûr. Il faut lire ses écrits pour voir qu’elle est parfaitement de son siècle, et décadente comme lui.
      Mais vous avez raison de commencer par le début : de quelles valeurs parlons nous ? Si vous vous posez cette question, c’est que vous avez déjà un problème.


    • 4 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 17:20

      @ Mouche :
      -------------

      Pour les valeurs, merci de vous reporter à mon échange avec Machiavel, un peu plus bas. Ce n’est pas que je bote en touche, mais vous en aurez un aperçu.

      J’aurais aimé que vous agrémentiez cette phrase de vous : "il faut lire ses écrits pour voir qu’elle est parfaitement de son siècle et décadente comme lui".
      Comme nous avons lu, vous et moi, ses écrits, pouvez-vous me dire en quoi elle était "parfaitement de son siècle" et "décadente" ?
      À vous lire, merci.


    • vote
      Vla l'Jean Jean Valjean 26 décembre 2012 12:30

      Mouche à M comme toute la clique de la secte ne supportent pas les Juifs, il ne faut pas chercher plus loin.
      Rien ne sert de discuter avec ces gens là


    • vote
      Vivre est un village Vivre est un village 12 décembre 2023 09:32

      @Éric Guéguen
      Ce que nus dit la crise : inadéquation de nos habitudes de penser, inadéquation de nos présupposés, inadéquation de nos catégories traditionnelles, pour appréhender ce qu’il nous arrive, nous dit le final de cette vidéo de Carole Widmaier, Maîtresse de conférences à l’Université de Franche-Comté, UFR SLHS, Département de philosophie Responsable du Département de philosophie de l’Université de Franche-Comté Chercheuse au Laboratoire Logiques de l’agir – UR 2274 – Université de Franche-Comté – UFR des Sciences de l’Homme et de la Société Directrice de la revue Philosophique, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté Directrice de la collection « Qu’est-ce que ça change ? », Genève, Labor et fides Ancienne élève de l’E.N.S. Ulm-Sèvres Agrégée de philosophie Docteure en philosophie de l’École Pratique des Hautes Études DOMAINES DE RECHERCHE Philosophie politique contemporaine Philosophie éthique et morale Philosophie de l’éducation Philosophie politique classique et moderne Philosophie moderne DOMAINES D’ENSEIGNEMENT Philosophie générale Philosophie politique Philosophie morale et éthique Préparation aux épreuves écrites et orales de concours Histoire de la philosophie moderne et contemporaine Philosophie de l’éducation https://logiquesagir.univ-fcomte.fr/wp-content/uploads/2023/07/CV-analytique-recherche-juillet-2023.pdf

      ECOUTER, REECOUTER LES 10 DERNIERES MINUTES DE CETTE VIDEO, bien sûr, après avoir écouté le reste de cette Vidéo !!!

      MERCI, CAROLE ET ERIC, POUR L’ESPOIR QUE VOUS SAVEZ LEVER EN NOUS !!!

      A bientôt.
      Amitié.


    • vote
      Vivre est un village Vivre est un village 13 décembre 2023 09:40

      @Éric Guéguen
      N’hésitez pas à me soumettre à une interrogation écrite sur les livres d’Hannah Arendt : "La crise de la culture", "Eichmann à Jérusalem", "Du mensonge à la violence" Edition pocket Agora et livre de poche édition 3 décembre 2021, "De la révolution" ...

      NE ME DECEVEZ PAS !!!

      A bientôt.
      Amitié.



    • vote
      Vivre est un village Vivre est un village 13 décembre 2023 11:39

      @Éric Guéguen
      La Crise de la Culture en particulier, page 222 :
      Objectivement, c’est à dire d’un point de vue extérieur, et sans tenir compte du fait de l’homme est un commencement et un commenceur, les chances que demain soit comme hier sont toujours plous fortes. Peut être aussi fortes, il est vrai mais presque aussi fortes qu’étaient les chances pour qu’aucune terre ne surgît jamais des évènements cosmiques, qu’aucune vie ne se développât à partir des processus inorganiques et qu’aucun homme n’émergeât de l’évolution de la vie animale. La différence décisive entre les "improbabilités infinies" sur lesquels repose la réalité de notre vie terrestre, et le caractère miraculeux inhérent aux évènements qui établissent la réalité historique, c’est que, dans le domaine des affaires humaines, nous connaissons l’auteur des "miracles". Ces sont les hommes qui les accomplissent, les hommes qui, parce qu’ils ont reçu le double don de la liberté et de l’action, peuvent établir une réalité bine à eux.
      A bientôt. Amitié.   


    • vote
      Vivre est un village Vivre est un village 13 décembre 2023 13:41

      @Jean Valjean
      A débattre...

      A bientôt.
      Amitié.


    • vote
      Vivre est un village Vivre est un village 13 décembre 2023 16:01

      @Romios

      Le pire biais vient du fait qu’elle s’interroge sur ce que "on" a mal fait pour provoquer la crise.

      C’est là l’ escroquerie. Nous ne sommes pas ’’on’’. Ce joyeux melange des acteurs de la politique en faisant croire que c’est le citoyen qui menait la danse est d’une ediocrite intellectuelle lamentable. Elle ne prend meme pas la peine de partir de Marx et des classes.
      ------------------------------
      Claire, net et sans bavure...

      MERCI !!!

      A bientôt. Amitié.

    • vote
      Vivre est un village Vivre est un village 13 décembre 2023 16:07

      @machiavel1983
      Moi je pense que ce " on " existe. Ce "on" , c’ est notre manière de donner un sens à la réalité collectivement.

      AU SUJET DU "ON", MEDITER https://presite.mediapart.fr/contenu/le-projet.html

       Le lieu d’un débat de référence, organisé et modéré. Il s’agit d’exploiter au mieux le foisonnement de production participative (blogs, forums, posts) du Net, tout en se distinguant par cette fonction « club » de ses dérives qui tournent parfois à un chahut diablement sympathique mais peu satisfaisant pour l’esprit. L’adhérent pourra contribuer, prendre la parole et discuter avec les journalistes, les experts et les autres membres. Mais avec des règles, des procédures, des modérations explicites. 
      Média participatif de qualité, notre journal ambitionne de construire un public de lecteurs contributeurs, dessinant les contours d’une communauté intellectuelle qui, avec ses interventions et ses échanges, proposera « le meilleur du débat ».

      A bientôt. Amitié.


    • vote
      Vivre est un village Vivre est un village 13 décembre 2023 16:10

      @Éric Guéguen
      Carole Widmaier est née l’année où Hannah Arendt décédait et la qualité de sa réflexion me laisse pantois d’admiration...

      A bientôt.
      Amitié.


    • vote
      Vivre est un village Vivre est un village 14 février 08:14

      @Éric Guéguen
      Partir de Marx, n’est pas essentiel, l’essentiel est d’arriver à penser, aussi, à soulager, aussi, la douleur de ces paysans :
      https://information.tv5monde.com/international/video/en-inde-les-agriculteurs-reclament-des-prix-minimum-pour-leurs-recoltes-2709201

      A bientôt.
      Amitié.


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      Vivre est un village Vivre est un village 15 février 09:47

      @Éric Guéguen
      Thème de réflexion intéressant, me semble t’il, sur cette forme de forme de philosophie politique...
      https://www.mediapart.fr/journal/france/130224/gabriel-attal-s-en-fout-la-colere-de-la-mere-de-lucas-victime-de-harcelement-scolaire

      A bientôt.
      Amitié.


    • vote
      Vivre est un village Vivre est un village 15 février 10:02

      @Éric Guéguen
      https://www.agoravox.tv/actualites/citoyennete/article/discours-de-saint-just-sur-la-98346
      Vidéo intéressante, me semble t’il, pour rapprocher le livre de Carole Widmaier "Fin de la philosophie politique ?" et "Gouverner sans contraindre", Une histoire structurale des régimes de domination...

      A bientôt.
      Amitié. 


    • vote
      Vivre est un village Vivre est un village 15 février 13:32

      @Éric Guéguen

      Petite question, Soulef Ayad-Bergonnioux, dans votre livre "Gouverner sans contraindre" vous parlez du Général Barthélemy Joubert qui, selon Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Barthélemy_Joubert# : :text=Barthélémy%20Catherine%20Joubert%2C%20né%20le,de%20volontaires%20nationaux%20de%201791. et les informations dont je dispose, est né, comme moi et mon frère à Pont-de-Vaux dans l’Ain le 14 avril, mon frère étant, pari ailleurs, né un 14 avril (1949) étant pour ma part né ;le 26 août 1947... Pourriez-vous m’indiquer à quelle page est votre citation...Je vous en remercie par avance.

      -----------------------

      Ainsi dans l’oraison funèbre qu’il prononce, en fructidor an VII, en l’honneur de Joubert (1769-1799), Antoine Boulay https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Boulay_de_la_Meurthe# : :text=Antoine-Jacques-Claude-Joseph,de%20l%27Empire%20en%201808. consacre la première partie de son développement à reconstituer le parcours du défunt général : "A l’âge de dix-huit ans, il s’engagea dans un régiment, d’où i fut bientôt tiré par son père, qui voulait absolument en faire ce qu’on appelait une homme de robe.Ramené malgré lui à un genre de vie qui contrariait ses goûts, il [...] remplit les formalités nécessaires pour être admis au barreau comme avocat.
      Il sentit toute la dignité de cette profession, et bien qu’il fût très décidé à n’en pas faire la sienne, il voulut cependant, avant de le quitter, donner un grand exemple de la noblesse et du développement généreux qui devraient toujours caractériser ceux qui l’exercent.Il y avait au parlement de Dijon un procès compliqué et difficile, dans lequel une femme malheureuse et pauvre aait à lutter contre une famille riche et puissante.Joubert embrassa la défense de cette femme, [...].Il eut le noble plaisir de faire triompher enfin une cause (A.Boulay, Discours prononcé dans la cérémonie funèbre consacrée à la mémoire du général Joubert, Paris, Imprimerie nationale, fructidor an VII, p-12).
      A travers la haute abnégation l’avocat lorrain entend démontrer que el désintéressement caractérise l’homme de loi.
      Il tait les faits d’armes du général Joubert (25 nivôse an V), les continuels encouragements adressés à ses soldats alors qu’il était mortellement blessé, à la bataille de Novi (15 août 1799).Cet acte ultime de courage républicain importe peu à Boulay.Ce qu’il entend avant tout démontrer, c’est que ses qualités exceptionnelles s’expliquent par sa formation première, celle de la Robe.C’est elle qui lui aurait insufflé le sens du dévouement, cette vertu essentielle des dominants.

      pages 35-36 Soulef Ayad-Bergonnioux, dans votre livre "Gouverner sans contraindre"

      LES GENERAUX DE NAPOLEON – GENERAL JOUBERT (1769-1799)    


    • 2 votes
      maQiavel machiavel1983 5 décembre 2012 14:59

      C’ est une vidéo assez intéressante et assez étrange en même temps car je me suis retrouvé en accord avec Hannah Arendt et Leo Strauss , en désaccord avec les deux , en accord tantôt avec l’ un tantôt avec l’ autre.Quelques remarques : 

      1. Je suis d’ accord avec la conclusion plutôt Arendtienne de chercher à sortir de la crise en élaborant du sens.C’ est d’ ailleurs pour moi la seule option viable et ça consiste à donner individuellement un sens au réel. C’ est aussi le même constat que fait Michel Drac avec son bouquin "crise économique ou crise du sens". Mais en même temps on peut retourner vers le passé pour donner du sens au présent et là on rejoint Leo Strauss ...
      2. Sur la définition du totalitarisme , Carole Widmaier parle d’" Etat criminel".C’ est très subjectif tout ça , on peut lui répondre que tous les Etats le sont. C’est la même chose sur l’ anéantissement de la liberté ,qu’ est ce que ça veut dire la "liberté " ?Bref , là dessus je l’ ai tout de même trouvée faible.
      3. Sur le relativisme des valeurs , elle nous explique en gros qu’ il y’ a une ressemblance des systèmes de valeurs. Je ne suis pas d’ accord. Par exemple quand on lit la torah ou le talmud , le système de valeurs qui y est présenté est radicalement opposé au système de valeur des évangiles. Entre le système de valeurs des japonais à l’ ère féodale et le système de valeur occidental moderne , il y’ a plus de dissemblance que de ressemblances. Non , s’ il existe un relativisme des valeurs , les systèmes de valeurs sont parfois radicalement opposés.
      4. Le problème est que dans les sociétés basés sur la rationalité , la liberté de pensé etc au seins même de ces sociétés les valeurs sont relatives. Je peux aussi ériger personnellement un système de valeur dans lequel tuer un homme et violer sa femme est une bonne chose. Pourquoi pas ?Finalement comment on s’ en sort ? C’ est simple c’ est le plus fort qui impose ses valeurs et c’ est précisément ce que les fort imposent au sein de l’ occident et ce que l’ occident a imposé au monde avec ses droit de l’ homme a érigés en valeurs "universelle".
      5. Avec la religion c’ est plus simple et pas plus liberticide en même temps : Dieu dit aux homme ce qui est bon et ce qui ne l’ est pas. Et je pense qu’ effectivement les idéologies ne sont que des religions séculières elle dit que non car selon elle le contenu moral d’ une religion est différent de celui d’ une idéologie ce qui est faux ( par exemple les ressemblances entre socialisme et christianisme  ). Donc dans un cas la raison des plus fort qui s’ imposent à tous , de l’ autre la révélation divine qui s’ impose à tous.
      6.Sur la nature humaine je trouve l’ approche antique est moins réaliste que l’ approche moderne. Je pense qu’ il faut étudier l’ histoire pour constater ce qu’ est la nature humaine en déduisant des faits communs à l’ humanité.


      • 4 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 16:27

        Bonjour Machiavel, et merci pour votre commentaire.
        Désolé, par ailleurs, de n’avoir pas trouvé d’autres vidéos en français sur Strauss, mais c’est un auteur que nos élites se plaisent à conspuer sans avoir lu, et que notre peuple ignore copieusement. Le livre de Carole Widmaier, que j’ai lu il y a quelques mois, est réellement passionnant, même si elle laisse clairement paraître sa préférence pour Arendt.
        Le livre fondamental sur Strauss, en français, c’est celui de Corine Pelluchon, Une autre raison, d’autres lumières, paru chez Vrin, qui est prodigieux et lumineux.
        En outre, un film allemand sur Arendt doit sortir au mois de mai en France. Je ne l’ai donc pas vu, mais gageons que l’on n’en parlera pas beaucoup.
        -----------
        1. Ce que, pour ma part, je trouve intéressant dans la démarche de Carole Widmaier, c’est qu’elle permet de voir en quoi Strauss et Arendt peuvent être complémentaires.
        Je veux dire par là qu’Arendt congédie la philosophie pour ne s’attacher qu’au politique dans un souci d’être, d’une certaine manière, plus en adéquation avec les attentes de la base (et encore, celle-ci en fait du coup de la "philo de comptoir"...), alors qu’elle s’est elle-même colletée avec la lecture des classiques en philosophie politique. Bref, elle semble prétendre secondaires des choses qui pourtant ont été essentielles dans sa compréhension de la modernité.
        Strauss, quant à lui,fait très bien comprendre ce que le passage à la modernité nous à fait perdre, mais une fois que l’on a dit ça, en effet, il faut employer ce savoir à trouver des solutions concrètes, d’où le fait, je pense, que l’auteur lui préfère Arendt, mieux ancrée dans le quotidien.
        ------------------
        2. Sur le totalitarisme : la "liberté", je la comprends comme celle de pensée et d’exprimer le fruit de sa pensée. En revanche, je ne suis qu’à moitié d’accord avec elle lorsqu’elle prétend que le totalitarisme n’a rien à voir avec la religion. Il y a une part de "religiosité" indéniable, il me semble, dans les idéologies civiles, conscientes qu’elles sont, je pense, de remplacer un manque. Et elles en ont profité. Cependant, quand j’entends dire que l’islam(isme) est un "fascisme", ou même un "totalitarisme", je trouve ça grotesque. Non que je le trouve sympathique, mais l’islamisme n’est résolument pas moderne. Le nazisme et le communisme, eux, ont été tout ce qu’il y a de moderne (des individualismes ayant dégénérés en holisme). Louis Dumont est un auteur que je vous conseille à ce sujet.
        ----------------
        3. & 4. Je ne retiens pas la même chose que vous de ce qu’elle dit des valeurs. Elle prétend que nous avons, de ce point de vue, plus de points communs que de points de désaccord, c’est-à-dire que nous pourrions tous nous accorder sur des principes qui sont garants de l’amitié, principes éminemment vertueux, et je suis d’accord avec elle. Bien sûr - et nous en avons déjà parlé - nous ne pouvons pas être amis avec tout le monde, mais ce socle commun existe bel et bien. Après, lorsqu’elle décrit le relativisme, peut-être n’emploie-t-elle pas les meilleurs exemples qui soient, mais c’est Strauss (dont le relativisme, le positivisme et l’historicisme sont les bêtes noires) qu’elle vise là...
        --------------
        5. & 6. Sur la religion et la nature humaine : c’est surtout Strauss que ça concerne, et Carole Widmaier se focalise au bout d’un moment sur Arendt, en disant que pour elle, la religion est, en quelque sorte, un épiphénomène (je ne suis pas d’accord avec elle... Strauss non plus, cela va sans dire). Il faut dire aussi que le Monsieur du public qui intervient est assez lourd avec ses questions sur l’antisémitisme...
        En outre, vous avez raison de souligner la parenté entre catholicisme et socialisme.
        Quant à la nature humaine d’après les Anciens, elle était, je suis désolé, tout à faire réaliste : l’homme n’a-t-il pas été nanti d’un cerveau pour s’en servir ? N’est-il qu’un estomac sur pattes ? Ce que l’on pourrait dire, c’est que l’homme Antique est mû par un finalisme naturel, tandis que l’homme Moderne est mû par un utilitarisme (de plus en plus matérialiste).


      • vote
        maQiavel machiavel1983 5 décembre 2012 16:43

        Merci pour les réponses.

        Sur la nature humaine , pour moi être réaliste consiste à voir ce qui se fait et non ce qui devrait être. Seule l’ histoire peut nous dire ce qu’ est la nature humaine. Moi je pense qu’ elle est complexe faite d’ ombre et de lumière. Je pense que les deux sont vrai , finalisme naturel et utilitarisme pour ne pas simplifier les choses de façon binaire ...

      • 2 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 17:03

        @ Machiavel :
        -----------------

        "Être réaliste" peut tout aussi bien consister à permettre à l’homme d’exploiter au maximum ses capacités, capacités intellectives incluses.
        Si le "réalisme" consiste à façonner l’homme générique à l’image des penchants de la plupart, cet homme générique devient nécessairement égoïste et feignant. Toute la modernité s’est construite sur ça, et c’est parce qu’elle n’est jamais parvenue à canaliser ces mauvais penchants dans le sens d’un intérêt général que nous en sommes réduits à vivre la "crise" actuelle.
        Pour ma part, la "nature de l’homme" est ce qu’il est capable de réaliser, ce qui ne se traduit pas par ce dont la plupart sont capables, mais ce dont certains seulement sont capables. Ces derniers prouvent ce que l’homme est réellement capable d’être.
        Pour reprendre l’exemple de la vidéo (il me semble...) : le simple fait qu’il y ait des Mères Teresa invalide la thèse de l’homme égoïste par nature. Certains sont dotés d’une meilleure nature que d’autres, à porter en exemple, mais il faut prendre en compte la diversité humaine, et la prendre en compte, ce n’est pas niveler les attentes par le bas, c’est admettre qu’il y a des pourris et des gens bien, qu’il y a des pourris capables de s’amender et d’autres non, qu’il y a des gens bien qui peuvent devenir pourris, etc.
        En cela, Strauss et Arendt sont d’accord pour demander à l’homme d’être exigent avec lui-même, ce qui va à l’encontre de la modernité. D’où leur attachement aux "valeurs", n’en déplaise à certains insectes.


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        maQiavel machiavel1983 5 décembre 2012 17:43

        Eri gueguen je comprends ce que vous voulez dire. Maintenant , le problème c’ est le relativisme des valeurs.

        Vous écrivez : " réaliste" peut tout aussi bien consister à permettre à l’homme d’exploiter au maximum ses capacités ".
        Une capacité c’ est pouvoir produire quelque chose et dans le relativisme des valeurs c’ est quelque chose de neutre. Par exemple on peut considérer que la capacité à tuer doit être exploitée au maximum ce qui était par exemple le cas des peuples guerriers. On peut considérer que la capacité à détruire autrui , à réduire en esclavage ses enfants et prendre ses femmes est une bonne chose et c’ est le cas des mongols. Il n’ y a pas de phénomène moraux , il y’ a une explication morale des phénomènes.
        L’ homme est capable d’ être bon mais il aussi capable d’ être mauvais ( la bonté et la malveillance étant elles mêmes des notions relatives ). Donc finalement , puisqu’ il existe une liberté de penser comment on fait sur s’ accorder sur ce qui est bien et sur ce qui est mal  ?C’ est un problème insoluble.
        Demander à l’ homme d’ être exigent envers lui même , c’ est bien beau mais dans quel but et exigent en quoi ? Ce sont des questions que la simple raison ne peut résoudre.
        Donc pour moi être réaliste est de voir ce que l’ homme fait , spéculer sur ses capacités est trop compliqué...

      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 19:06

        @ Machiavel :
        -------------------

        Je vous rassure, je ne crois pas à la naturalité du bien et du mal, je veux dire que c’est bien dans l’état de culture que l’homme prend conscience, à mes yeux, que son intelligence l’enjoint d’opérer cette distinction. L’idée de bien et de mal, chez les animaux autres que l’homme, est totalement absurde.
        Cela dit, je ne peux pousser jusqu’à dire que les valeurs ne comportent pas un caractère absolu et que l’éthique serait soumise aux modes, aux traditions ou à l’histoire. Puisque nous avons vocation à parler du réel, prenons un exemple concret :
        Vous vous baladez dans la rue quand, tout à coup, la personne devant vous laisse échapper un billet de 50 euros de sa poche. Vous l’avez vu, et êtes le seul à l’avoir remarqué. Que faits-vous ? Quoi que vous décidiez, il est advenu un "désordre", et l’"ordre des choses" vous invite gentiment à y remédier. Autrement dit, le juste en l’occurrence consiste à rattraper la personne et à lui rendre son billet. Si c’est ce que vous faites, vous répondez à une injonction morale et êtes de ce fait vertueux. Peut-être choisirez-vous ne garder le billet, et la justice ne s’y opposera pas, car, "pas vu, pas pris". Quoi qu’il en soit, vous aurez été injuste et immorale. Ce n’est pas une opinion, c’est un fait. Et pas n’importe quel fait : un fait qui découle d’une valeur.
        Vous pourriez me dire, j’agis simplement par empathie en rendant son billet à la personne car j’aimerais que l’on fasse la même chose à sa place. Eh bien poussons jusqu’à prendre l’exemple d’une personne sue vous détestez, qui vous a fait virer et qui est parti avec votre femme. Là, l’empathie est difficile, pour le moins. Eh bien le résultat reste le même : si vous décidez de ne pas lui rendre son billet, vous serez immoral et injuste. C’est un absolu. Un absolu qui ne prescrit rien et se contente de décrire les choses dans votre esprit, mais un absolu quand même.
        --------
        Pour approfondir ce que je viens de dire, je dirai que la fait que les faits, justement, soient devenus nos seuls vecteurs normatifs est précisément ce que déplore Arendt, Strauss, d’autres encore. Or, dans notre exemple, c’est un jugement moral qui s’actualise forcément, qui se transforme en fait. Les gens qui ne se gouvernent que par les faits, eux, peuvent très bien se passer de toute valeur. D’où la supériorité des valeurs sur les faits, contrairement à ce que prétendent certains trolls sur le net en ce moment (...).
        --------
        Enfin, pour parler d’esclavage, le fait qu’il soit contraire à la nature humaine n’a rien à voir avec les Droits de l’Homme (vous ne l’avez pas dis, je sais, c’est une simple précision de ma part), mais touche plutôt au fait qu’en rendent un être esclave, on l’empêche de donner le meilleur de lui-même... donc d’accomplir sa nature !


      • 2 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 19:21

        @ Machiavel :
        -------------------

        Désolé pour les fautes dans mon dernier message. Je n’ai pas eu le temps de me relire.

        Et quand je dis "la justice ne s’y oppose pas", je veux parler, bien sûr, de la justice positive (qui n’est que relative, dépendante des lois du moment), pas du sentiment général de justice, pas de la justice absolue. La justice des hommes peut très bien vous enjoindre d’accomplir des actes que la morale réprouve... L’important, c’est d’être conscient, ET de l’absoluité de certaines valeurs, ET de la relativité de certaines lois.


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        maQiavel machiavel1983 5 décembre 2012 20:03
        , je ne peux pousser jusqu’à dire que les valeurs ne comportent pas un caractère absolu et que l’éthique serait soumise aux modes, aux traditions ou à l’histoire
        R / C’ est ce que je dis.Ce n’ est pas une idée , je constate. L’ histoire le montre , les systèmes de valeurs sont relatifs.
        Sur l’ exemple que vous donnez , vous parlez du juste ce qui rappelle Confucius. Mais bon ce qui est immoral et injuste dépend réellement des temps et des circonstances.
        Vous écrivez qu’ en rendant le billet à celui qu’ il a perdu , cela fait de vous quelqu’ un de vertueux et que c’ est un fait et non une opinion en précisant que c’ est un fait qui découle d’ une valeur. Moi je répond que ça dépend pour un voleur qui a aussi un système de valeur , le fait de savoir dépouiller une personne fait de sa capacité une qualité et donc une vertu dans son système de valeur et on a connu des sociétés de voleurs ça existe !
        Il n’ y a pas de valeurs absolue à moins qu’ une puissance supérieure nous disent ce qui est bon et ce qui ne l’ est pas.

      • 1 vote
        Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 20:51

        @ Machiavel :

        Non, là il y a profond désaccord entre nous. Car je pense qu’un voleur qui ramasse le billet (et il y a plus immoral que mon exemple, j’en conviens, c’est un vol assez modique, mais un vol quand même) SAIT pertinemment qu’il agit CONTRE une justice absolue, SAIT pertinemment, s’il est sain d’esprit, qu’il est injuste. Il n’a simplement aucun scrupule à l’être, ça peut être parce qu’il est vraiment dans la merde et a besoin de cet argent d’ailleurs ou vouloir donner cet argent à Emmaüs, mais cela n’y change rien : son manquement est contraire à la vertu. Il vous soutiendra même le contraire, pour ne pas se trahir, sa raison est commune à n’importe quelle autre : il SAIT qu’il a mal agit.
        Et la plupart des gens, dans un cas pareil, se diront : "Bah, de toute manière, si ce n’est pas moi qui le ramasse, ce sera un autre". Voilà typiquement l’empire du nombre que je dénonce dans mes écrits, le fait de se dire "je me contente de suivre le troupeau, en brave mouton, car j’ai tout à y gagner et la justice (positive j’entends), en l’occurrence, n’est pas contre".
        ------------
        Il y a donc pour moi des valeurs absolues, à l’instar de l’exemple donné, valables aux quatre coins de la planète et qui ne dépendent nullement d’un corpus de lois écrites. C’est pour moi une véritable démarche humaniste, et de tels réflexes ne concerneraient-ils que 2 à 3% de la population mondiale importe peu. Le nombre ne pèse rien. Avec le nombre, on reste dans les faits. Et le nombre, aujourd’hui englué dans les faits, s’en mord les doigts et, curieusement, demande plus de morale (en politique ou en économie notamment).


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        maQiavel machiavel1983 5 décembre 2012 21:04

        Oui c’ est un profond désaccord je pense qu’ il n’ y a pas de valeur absolue. Si ces valeurs existent , elles doivent être révélées par une essence qui nous est supérieure sinon tout se vaut ...


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        Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 10:08

        @ Machiavel :
        ------------------

        Une chose sur laquelle j’ai oublié de rebondir : vous parlez à un moment de "valeurs" différentes dans l’esprit d’un voleur. Mais imaginez une communauté de voleurs... ne seraient-ils pas contraints d’être honnêtes au moins entre eux pour pouvoir "faire communauté" ? Ce me semble là une exigence qui tombe sous le sens... un principe absolu donc. Non ?


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        maQiavel machiavel1983 6 décembre 2012 11:11

        Ça découle de l’ instinct de conservation. Un voleur ne peut rien faire seul.Il est obligé de s associer avec d’ autres et pour se conserver ils sont effectivement contraint de ne pas se voler entre eux. Ça n’ a rien n’ avoir avec une valeur , c’ est juste l’ instinct.


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        Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 11:27

        @ Machiavel1983 :
        -------------------------

        Mais alors, pourquoi le voleur en question n’applique-t-il pas directement cet "instinct de conservation" dans la communauté originaire de ses semblables ? Pourquoi y avoir recours dans une communauté subsidiaire, en quelque sorte ? Il devrait se dire qu’il est de son intérêt d’être honnête avec n’importe lequel de ses semblables (voleur ou non), ne serait-ce que pour en attendre la même chose en retour ?
        Je vais tenter de devancer votre réponse : vous pourriez en effet me répondre qu’il est obligé de recourir à l’honnêteté au sein d’une communauté qui partage ses "valeurs"... J’aurais tendance à vous répondre que c’est précisément parce qu’il s’est volontairement mis au ban des valeurs communes (absolues, comme la probité) qu’il est contraint de se trouver une communauté de substitution, communauté qui le contraint quand même d’avoir recours aux valeurs absolues, sans lesquelles, aucune communauté n’est possible, seul moyen pour l’homme d’exercer ce à quoi le dispose la nature. Ce qu’il y gagne en flouant LA communauté au sein d’une entité plus petite ? Le fruit de son larcin, applaudi par ses pairs, c’est-à-dire des individus sans scrupules, individus qui n’ont pas un autre système de valeurs, mais qui plutôt nie le corpus de valeurs communes.


      • vote
        maQiavel machiavel1983 6 décembre 2012 11:55

        Là ou vous faites erreur , c’est qu’ il a existé des sociétés kleptocratique à part entière ( par exemple une ethnie en Afrique centrale , les Nguandis et bien d’ autres exemples à travers le monde ). Par exemple dans cette ethnie , lorsque l’ on devenait un homme , il fallait voler du bétail comme rite initiatique ( évidemment du bétail volé à une autre ethnie puisque eux ne cultivaient ni n’ élevaient de bétails ).

        C’ est que il y’ a "nous" et les "autres"." Nous " avons un système de valeur fondé sur le vol , si nous nous volons les uns les autres on disparaîtra mais en étant unis nous pouvons nous adonner au vol avec plus de sûreté et subsister !Et d’ ailleurs ce qui est intéressant dans ces sociétés , c’ est que la propriété privé n’ existe pas , on ne cultive ni ne sème on prend ce dont on a besoin par le vol ou par la guerre et donc on ne peut pas voler à l’ un des siens car il ne possède rien. Le courage et les valeurs guerrières sont exaltés dans ce type de société ( chez les Nguandis , un homme qui avait des cicatrices dans le dos ne pouvait prendre femme car cela signifie que lors de son larcin au lieu d’ affronter son ennemi , il s’ est enfui ). Et l’ application pratique de ces valeurs se font par le vol ou le meurtre des autres puisque s’ ils le font entre eux ils disparaîtrons !
        Il n’ y a pas de négation de valeurs communes qui par ailleurs n’ existent pas, juste un autre système de valeurs , le vol parfois n’ est pas considéré comme un vol , il s’ agit tout simplement de prendre ce qu ’ il y’ a et ce dont on a besoin quitte à l arracher à autrui qui est trop faible pour le conserver !

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        Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 12:40

        @ Machiavel1983 :
        ------------------------
        Ce dont vous me parlez là, Machiavel, est vraiment passionnant... mais ressortit totalement à la tradition. C’est bien la tradition des Nguandis qui leur commande une telle pratique. Comme c’était bien la tradition qui commandaient aux Romains de vendre leurs fils et aux Spartiates de maintenir l’ilote en esclavage. Sont-ce des "valeurs" pour autant ? Des valeurs relatives, oui, c’est-à-dire relatives à un corpus de traditions, de coutumes qui façonnent telle ou telle communauté. Mais de là à leur concéder le statut de valeurs absolues, certainement pas. Je sais que ce n’est pas ce que vous faites, mais vous, vous basculez dans l’excès inverse consistant à dire que les valeurs ne peuvent être que relatives. À ce moment-là, pourquoi s’offusquer que des êtres soient maintenus en esclavage ? Le juste et l’injuste (en évacuant le bien et le mal, trop connotés), ou le droit et le biais si vous préférez, ou encore l’équilibre et le déséquilibre, l’harmonie et la disharmonie (selon les écoles de pensée), s’accordent à reconnaître des valeurs universelles. Celles-ci ne sont pas des Droits (douce farce que ces Droits de l’Homme tombés du ciel), elles ne s’écrivent pas, ne prescrivent rien et ne font même pas appel à Dieu, elles se ressentent. Je ne vous parle pas là de conscience, mais de logique. Une logique se présente à vous (dans le cas du billet tombé par terre) ; libre à vous de la négliger ou d’écouter votre conscience qui, elle, vous recommande de la respecter (c’est là qu’intervient la morale et les religions en particulier).
        ----------------
        Je crois qu’il y a deux travers typiquement modernes en morale. Typiquement modernes car fruits du même arbre, celui de l’homogénéité de la nature humaine et de l’égalité parfaite entre les êtres (préjugés propre à l’Occident moderne).
        D’un côté certains nous disent que l’Homme naît bon et que l’emprise des contraintes sociales le pervertissent. Cette tradition est angélique et se veut "humaniste" (mais rien d’humaniste là-dedans).
        De l’autre, nombreux (et de plus en plus nombreux à notre époque, car l’aigreur y fait beaucoup) sont ceux qui postulent que l’Homme est par essence égoïste et qu’il faut mettre à profit cet égoïsme. Cette tradition, elle, est parfaitement cynique et se dit "réaliste", ce avec quoi je suis en désaccord. Vous conviendrez aisément que vous appartenez à cette deuxième catégorie.
        Or, selon moi, la nature humaine est bien plus complexe : d’ailleurs si nous connaissons les notions de juste et d’injuste, si nous avons donné des mots à ces concepts pour en discuter, c’est qu’ils existent. Et ils existent parce qu’il se rencontrent, sans être un produit de l’espèce humaine. Il y a des êtres naturellement porté à la justice, d’autres naturellement portés à l’injustice. Il y a des êtres vertueux, des êtres vils et abjects, c’est ce qui fait la richesse de l’humanité, ou du moins sa véritable, sa réelle diversité. Diversité totalement oblitérée par l’Occident moderne, qui boude la nature, ce pour des raisons proprement utilitaristes.


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        maQiavel machiavel1983 6 décembre 2012 14:20

        A. En fait c’ est ça : les valeurs découlent de traditions, de coutumes etc qui disent ce qui est bien et ce qui est mal , ce qui est juste et ce qui ne l’ est pas.

        B. Pourquoi s’ offusquer de l’ esclavage ? Mais vous savez très bien que pendant des millénaires personne ( ou presque ) ne s’ en est offusqué. C’ est que les temps , les coutumes et les traditions nous amènent à) nous en offusquer aujourd’hui. C’ est totalement subjectif !
        C.L’ harmonie ou la disharmonie ça ne veut rien dire , on peut trouver de l’ harmonie dans le vol et le meurtre. C’ est aussi subjectif.
        Pas plus que le juste et l’ injuste : on peut trouver juste que le faible meurt et le fort survive, que le fort prenne et que le faible se fasse dépouiller dans ce cadre là le vol est une action juste !Tout dépend des coutumes et des traditions en fait ...il n’ y a d’ universels que les instincts ( qui convergent vers la perpétuation de l’espèce ).
        D . Non je ne dis pas que l’ homme est par essence égoïste ni même qu’ il nait bon. Il est neutre , c’ est son conditionnement qu’ on appelle éducation issus des coutumes des traditions des idéologies qui fait de lui ce qu’ il est. Il peut s’ en émanciper aussi , il n’ y a pas de déterminisme !
        Mais dire " . Il y a des êtres naturellement porté à la justice, d’autres naturellement portés à l’injustice " ça ne veut rien dire , justice et injustice ont plusieurs sens suivant le contexte comme je l’ écris au point C. 
        Ce ne sont pas des idées ou des thèses philosophico je ne sais quoi que je vous écrit là , je vous parle de la réalité concrète des choses sur la terre des hommes et qu’ est ce qui nous renseigne là dessus ? C’ est l’ histoire qui n’ est qu’ une description des faits écoulés !
        Après on peut être idéaliste ou utopiste moi c’ est pas mon truc ,ce que je sais c’ est que l’ eau mouille et le feux brûle c’ est ainsi !

      • vote
        Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 15:09

        @ Machiavel :
        -----------------
        Donc il n’y aurait rein d’autre que la coutume et l’histoire, il ne vous semble pas y avoir un ordre des choses les supplantant ? Il ne vous paraît pas possible de trouver, en tout point du globe, des gens qui auraient le réflexe - pour reprendre notre exemple - de ramasser le billet, quel qu’en soit le montant, pour le rendre à son propriétaire ? Ce au-delà de toutes considérations culturelles ?
        -----------------
        Nous arrivons à un point délicat du débat, Machiavel : toutes proportions gardées, nous sommes presque dans le cas de figure d’un croyant discutant de Dieu avec un non-croyant. Hors de question pour l’un de convaincre l’autre de quoi que ce soit dans un tel cas, c’est notre moi profond qui est concerné.
        Mais admettons que je me trompe, je veux dire admettons que ce que je raconte ne soit que pure croyance, non fondée en réalité : est-ce qu’une telle "croyance" vous semblerait dangereuse ? Vectrice de tyrannie ? Ne vous semblerait-elle pas plutôt plus viable que le système actuel, réputé "réaliste" ? Mieux à même de concilier les êtres, d’obtenir - je ne dis pas la paix, je ne suis pas naïf à ce point - mais en tout cas plus d’harmonie au sein des communautés ?


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        maQiavel machiavel1983 6 décembre 2012 15:26

        - admettons que ce que je raconte ne soit que pure croyance, non fondée en réalité : est-ce qu’une telle "croyance" vous semblerait dangereuse ? Vectrice de tyrannie ? Ne vous semblerait-elle pas plutôt plus viable que le système actuel, réputé "réaliste" ? 

        R / Très bonne question. Non je pense que cette croyance est bonne même si ce n’ est qu’ une croyance et qu’ elle peut être vectrice de quelque chose de très bon.
        Maintenant le problème c’est comment convaincre les autres que sa croyance est la réalité pour qu’ ils y adhèrent également pour créer une société meilleure ? On dit que ce sont les dieux qui l’ ont dit , eux qui savent évidement ce qui est le bien et le mal , le juste et l injuste pour que ce soit accepté par la communauté ou la société. C’ est ainsi que faisaient ceux qui instituaient leur société ...
        C’ est de la manipulation certes mais pas moyen de faire autrement puisque en usant de la seule rationalité , tout est relatif et donc on peut contredire cette croyance !

      • vote
        maQiavel machiavel1983 6 décembre 2012 15:41

        " Il n’a jamais, en effet, existé de législateur qui n’ait recours à l’entremise de Dieu pour faire accepter des lois nouvelles, et qui, il faut l’avouer, étaient de nature à n’être point reçues sans ce moyen. Combien de principes utiles dont un sage législateur connaît toute l’importance, et qui ne portent pas avec eux des preuves évidentes qui puissent frapper les autres esprits ! L’homme habile qui veut faire disparaître la difficulté a recours à Dieu ; ainsi firent Lycurgue, Solon et beaucoup d’autres qui tous tendaient au même but"(...). 

        Où règne déjà la religion, on introduit facilement la discipline et les vertus militaires ; mais là où il n’y aura que des vertus militaires sans religion, on aura bien de la peine à y introduire cette dernière. Aussi Romulus, pour établir le Sénat et former d’autres institutions civiles et militaires, n’eut pas besoin de l’intervention de Dieu. Mais Numa, persuadé que celui-ci était nécessaire, feignit d’avoir commerce avec une nymphe qui lui dictait tous les règlements qu’il avait à faire adopter au peuple, et il n’employa ce moyen que parce qu’ayant à introduire des usages nouveaux et inconnus dans cette ville, il se défiait de son autorité pour les faire admettre". DISCOURS SUR LA PREMIÈRE DÉCADE DE TITE-LIVE Ch. XI. De la religion des Romains.



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        Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 15:59

        @ Machiavel : (réponse au mesage de 15h26min).
        -------------------
        C’est là que Strauss intervient : il vous rejoint, et au-delà de Strauss, c’est Platon qui vous tend la main ! Il vous répondrait en effet : "Vous avez raison, on ne peut pas forcément convaincre. La vertu de s’enseigne pas, elle n’est pas non plus qu’un cadeau de la nature, c’est un effet du hasard ou, au mieux une faveur divine. Donc on n’a pas à "convaincre", et la démocratie, au sens de pouvoir accordé à tous, n’est pas viable, elle est même pernicieuse".
        Et à partir du moment où vous reconnaissez, vous, Machiavel, que certains êtres sont capables de ce que l’on a dit plus haut et d’être justes, et qu’il est impossible de convaincre tout le monde d’agir de même, la démocratie n’est plus de mise. (! !!!!!) C’est pas énorme ça ? smiley


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        maQiavel machiavel1983 6 décembre 2012 16:23

        Si justement , on peut convaincre tout le monde en usant de subterfuge . Si tout les hommes d’ une société sont d’ accord pour dire ce qui est bien et ce qui est mal , ce qui est juste et ce qui ne l’ est pas alors il n’ y a aucun problème. Et c’ en usant de ces subterfuges que les instituteurs ont réglé leurs sociétés ... 

        Quant à la vertu , c’ est la même chose c’ est subjectif , qu’ est ce qui est vertueux et qu’ est ce qui ne l’ est pas ?Ca dépend des coutumes , traditions etc etc.


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