Marine Le Pen a choqué en qualifiant d’occupation les prières de rue de certains musulmans. Elle vient de trouver un allié inattendu en la personne de Jean-François Kahn, qui relativise ses propos, en rappelant ceux, oubliés, du président Giscard d’Estaing. Il laisse aussi entendre que l’Elysée serait à l’origine du buzz médiatique actuel...
Incroyable accusation de Jean-François Kahn le 13 décembre sur BFM TV. Selon le fondateur de Marianne, l’Elysée a organisé une réunion dans le but de contrer la montée dans les sondages de Marine Le Pen. Pour ce faire, il a été décidé, en isolant une phrase pas pire que d’autres prononcées jadis par Giscard ou Chirac, de créer un buzz dans le but de persuader les Français que MLP était pire que son père (que c’était la même en pire, alors que Kahn montre qu’il existe de grandes différences).
Si JFK a raison, cela signifierait que les médias seraient aux ordres de l’Elysée ? Qui peut croire une chose pareille ? Même si de mauvais esprits feront peut-être le lien entre la virulence ce matin de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 face à MLP et les soi-disant consignes de la présidence...
Jean-François Kahn a tenu à relativiser les paroles choquantes de Marine Le Pen :
J.-F. Kahn : « Quand elle dit des choses incroyablement choquantes, c’est pas vrai ! c’est moins grave que Giscard sur « l’Invasion » … L’Élysée a eu peur en disant oh la la ! c’est très dangereux, alors on a fait une réunion à l’Élysée, vous le savez très bien c’est ce qui s’est passé, on a dit hou la la ! il faut trouver un prétexte pour la taper et dire qu’elle est pire que son père etc. Donc ils prennent une phrase et ils l’instrumentalisent ».
Et Jacques Séguéla d’acquiescer…
Rappel des propos de VGE :
"Ce type de problème actuel auquel nous aurons à faire face se déplace de celui de l’immigration (“arrivée d’étrangers désireux de s’installer dans le pays“) vers celui de l’invasion (“action d’entrer, de se répandre soudainement“, selon la définition donnée par Littré)”
V. Giscard d’Estaing, Le Figaro Magazine, 21/09/91
Quant à Jacques Chirac, voici ce qu’il avait déclaré :
"Plus on aura d’immigration, plus on aura d’insécurité. Ce n’est pas une question ethnique mais notre immigration est une immigration bas de gamme. On va vers de graves conflits raciaux qui seront la conséquence du refus des Français d’être envahis par d’autres cultures. Toute race a l’instinct de se préserver.”
Jacques Chirac, 1990 (Le Nouvel Obs)
A l’époque où ces paroles ont été prononcées, un tollé avait été soulevé, notamment à gauche. Mais on a fini par les oublier... Si les propos de Marine Le Pen sont inexcusables, comme toute la classe politique et les médias semblent le dire, ceux de VGE et Chirac ne le sont-ils pas tout autant ?
D’ailleurs, il n’y a pas qu’en France qu’on "dérape". Je viens de tomber récemment sur cette interview de l’ancien roi du Maroc Hassan II, qui considère que les Marocains ne pourront jamais devenir de bons Français : "L’intégration est possible entre Européens. La trame est la même, c’est le même continent, les mouvement dans l’Histoire ont été Est-Ouest. Ils [les Marocains] ne seront jamais 100% Français, ils seront de mauvais Français, je peux vous l’assurer." A l’époque, Anne Sinclair n’avait pas bronché, devant ces propos qui seraient aujourd’hui unanimement condamnés.
Moralité : le combat politique oui, la manipulation facile non.
MAJ : Marine Le Pen a dénoncé, le 14 décembre dans un
communiqué de presse, la manipulation révélée par Jean-François Kahn :
"(...) L’indignation parfaitement artificielle suscitée par mes propos sur les prières de rues a donc été organisée, planifiée par la caste UMPS dans un but purement électoraliste mais en parfait décalage avec le sentiment réel de l’opinion publique sur la question de la laïcité et de la défense de nos valeurs républicaines.
Ce tollé monté de toutes pièces, révèle une fois encore les méthodes détestables d’un système prêt à tout pour se maintenir au pouvoir et illustre le fossé grandissant entre des élites coupées de la réalité et les Français, confrontés chaque jour, à la montée des revendications communautaristes et au recul de nos principes républicains.
Marine Le Pen, vice-Présidente du Front national, dénonce cette manipulation d’Etat à laquelle certains journalistes ont été volontairement ou non les « joujoux » ou les « toutous »."