L’apocalypse de Saint-Jean : une "révélation" intérieure
Lorsqu'on évoque l'apocalypse, l'imagerie d'Epinal (et non celle de Patmos où séjourna, paraît-il, Jean l'évangéliste) évoque immédiatement les guerres et les catastrophes en tout genre, consécutives, bien entendu, des complots d'ordre géopolitique, géostratégique et/ou religieux.
Jean-Yves Leloup est un prêtre orthodoxe, docteur en théologie et en philosophie et spécialisé dans l'étude comparée des religions. Il a écrit (et traduit) " l'Apocalypse selon Saint-Jean" et nous livre ici son interprétation du livre biblique sans doute le plus controversé. Son approche n'est pas sans rappeler celle de Carl Jung sur l'inconscient et les "archétypes" structurant de la psychologie humaine. Car L'apocalypse, avant d'être une réaction en chaîne de catastrophes à venir, est d'abord une révélation de notre inconscient.
Son approche est passionnante car elle découle d'une étude très approfondie des cultures de l'époque ainsi que du langage, aussi bien grec qu'hébraïque, et qu'elle ne s'inscrit pas pour autant dans une espèce de syncrétisme niais typique de la modernité.
Moments-clés :
- 5è min : "Apocalypse" signifie révélation ou plus exactement ’dévoilement’ du réel
- 9è min : L’apocalypse ne se définit pas comme la fin des temps mais plutôt la fin "du" temps (dimension d’éternité). Historiquement, les visions de Jean sur l’île de Patmos s’inscrivent autour des années 90 ap JC dans un contexte de persécution de la Communauté d’Ephèse où celle-ci se trouve persécutée pour cause d’athéisme car ne servant pas les dieux de la Cité
- 15è min : Leloup indique que ce texte, comme tous les textes bibliques, s’inscrivent continuellement à la fois dans une dimension concrète et historique mais également dans une dimension symbolique et, pourrait-on dire, ’archétypale’. Ainsi les visions de Jean ne sont pas seulement de l’ordre du symbolique mais correspondraient également à une véritable révélation intérieure. Il n’y aurait donc pas opposition entre le vécu et le symbolique.
- 23è min : importance de la symbolique des chiffres : ’7’ signifie l’accomplissement (les 7 souffles) et ’6’ la marque de l’inachevé (tel le fameux ’666’, marque de la Bête)
- 25è min : Chaque être humain est, en quelque sorte un ’souverain pontife’, car il est un ’pont’ entre le monde matériel et le monde de l’esprit. Ainsi Jésus (Yeshoua) serait l’archétype de la synthèse entre ces 2 mondes (ce qui fait penser à la phrase de Jésus "Je suis dans le Père et le Père est en moi")
- 35è min : Développement intéressant de JY Leloup sur le parallèle, ou plutôt le face-à-face entre les 4 "vivants" évoqués dans le texte apocalyptique qui représentent en fait 4 fonctions de l’humain (le contemplatif, l’affectif, le sensoriel et le rationnel) pouvant être pervertis par les 4 ’Cavaliers de l’Apocalypse’ en opposition à ces vivants lesquels, s’ils ne sont guidés par l’ Amour (Agapè) amènent aux famines et aux guerres. Ces 4 Cavaliers traduisent la volonté de puissance qui habitent chaque être humain.
- 43è min : le messie est une réalité qui habite en chacun d’entre nous et qu’il s’agit de mettre en germe. Ce que Leloup explique par le fait de faire émerger le ’Je Suis’, soit la réalité première qui nous habite. Il rappelle ainsi qu’il y a une Justice immanente qui se traduit par le fait de "récolter ce que l’on sème" (la Colère de l’agneau), chaque acte ayant des conséquences même sur le plan cosmique. Mais il y a aussi une Bonne Nouvelle et une Espérance, à savoir que la Miséricorde divine surpasse et englobe cette Justice.
Tags : Religions
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