Cet excellent documentaire m’a fait vaciller alors qu’à la base
j’ai une opinion arrêtée sur le sujet de l’euthanasie.
De par mon attachement au principe des libertés individuelles,
je suis philosophiquement en faveur de l’euthanasie mais sous certaines conditions
(et celles décrites par la loi belge m’ont
toujours parues raisonnables) : elle doit relever de la volonté du patient
qui est dans une situation médicale sans issues, et qui est le seul habilité à
faire le choix d’abréger sa vie. Mon opinion épousait complètement celle du professeur
Lossignol que l’on voit dans ce documentaire (et avec lequel j’en ai déjà discuté lors d’un séminaire ).
Ce que j’ignorais (et que Lossignol lui-même semble ignorer,
c’est étonnant), c’est que le personnel médical s’affranchit des réglementations en vigueur. Et
ça, c’est un fait extrêmement préoccupant, d’autant plus que la commission de contrôle
est composé d’experts juge et partie en ce sens qu’ils militent en faveur d’une
bien étrange conception de la mort dans la « dignité », quand bien même
le patient ne donnerait pas son consentement à la pratique de l’euthanasie. Et
cerise sur le gâteau, selon une étude (que je vais rechercher et lire ), il est impossible de contrôler les
dérives de la pratique de l’euthanasie dans le cas de la Belgique. Là ça
devient très dangereux. On est plus du tout dans le cadre du respect de la
liberté individuelle à partir du moment où une euthanasie sur deux se fait sans le
consentement du patient, on passe à autre chose (je n’ose pas employer le terme
de « meurtre »).
Je perçois aussi que l’une des dérives dont on n’a pas
parlé dans ce reportage mais qui me semble être l’une des plus préoccupante , c’est
que dans un contexte d’austérité au sein de nos sociétés en pleine crise de
sens qui ne pensent plus à l’échelle collective qu’en terme de rentabilité
économique, certains esprits malades ( du genre commissaire européen )
verraient dans l’interruption de la vie (notamment
des personnes âgés mais pas uniquement) un moyen de réduire les dépenses
publiques.
Je reste attaché au principe de liberté individuelle et suis
contre le fait qu’on oblige une personne en souffrance à vivre mais je suis devenu
perplexe quant aux moyens de faire respecter la volonté des patients. Si on me
demande ici et maintenant si je suis en faveur de la légalisation de l’euthanasie,
je serais beaucoup moins affirmatif que je ne l’étais avant d’avoir visionné ce
documentaire, je pense que je ne suis plus capable de répondre sereinement à
cette question.
Avant de pouvoir me prononcer, il faudrait que je sache
exactement :
1.
De quelle manière seront instituées les commissions
de contrôle (si l’institution est calquée sur la Belgique, c’est inacceptable).
2.
S’il est possible qu’il soit obligatoire d’avoir
l’approbation de la commission avant de
poser l’acte d’euthanasie
3.
S’il est possible de trouver des procédures pour
que les réglementations soient scrupuleusement respectées par le personnel médical.