Survivre au progrès. Agir avant le désastre. L’amour et la beauté
La course au progrès jusqu'à l'absurde, jusqu'à la catastrophe ?
L'Humanité prise au piège de son développement trop rapide, enfermée dans ses illusions ?
L'agressivité stérile, la cupidité, l'absence de réaction face à la folie prédatrice présente au sommet de la pyramide, nous conduisent-elles au désastre ?
Peut-on encore agir, redonner une place à l'amour et à la beauté, devenir le changement ?
Épuisement des ressources naturelles, surpopulation, désertification, désastres écologiques et économiques, systèmes politiques à bout de souffle, appauvrissement des classes moyennes et populaires... : l’accumulation des crises annonce-t-elle, comme l’affirme l’essayiste et écrivain canadien Ronald Wright, auteur du best-seller Brève histoire du progrès (Éditions Hurtubise, 2006), l’anéantissement de notre civilisation ? Est-il urgent de renoncer, comme il le préconise, à "l’illusion du progrès" qui s’est imposée à toutes les sociétés depuis les débuts de la révolution industrielle, avec ses espoirs de croissance et d’avancées technologiques illimitées ? Tel est le fil conducteur de cette conversation avec de grands esprits de notre temps, illustrée par des images tournées sur plusieurs continents (Canada, États-Unis, Brésil, Moyen-Orient, Chine). Comme Ronald Wright, la primatologue Jane Goodall, l’écrivaine Margaret Atwood, le généticien David Suzuki, et bien d’autres chercheurs, penseurs et militants, dont quelques "repentis" du système financier, estiment que la course au profit et la loi du court terme, en détruisant l’environnement et les liens sociaux, conduisent l’humanité à sa perte. Leurs propos, aussi limpides que convaincants, replacent notre crise écologique et économique dans le temps long de l’évolution humaine. Les questions du progrès, de la dette, du partage des richesses et de l’épuisement des ressources sont ainsi radicalement mises en perspective.
(Canada, 2011, 86mn)
ARTE
La foi dans le progrès est devenue quasiment religieuse, fondamentaliste, à l’instar de la dictature des marchés financiers...
Peut-on encore agir, redonner une place à l’amour et à la beauté, devenir le changement ?
Nous, les êtres humains, somme ce que nous avons été pendant des millions d’années, colossalement avides, envieux, agressifs, jaloux, angoissés et désespérés, avec d’occasionnels éclairs de joie et d’amour. Nous sommes une étrange mixture de haine, de peur et de gentillesse ; nous sommes à la fois violents et en paix. Il y a eu un progrès extérieur depuis le char à bœufs jusqu’à l’avion à réaction, mais psychologiquement l’individu n’a pas du tout changé et c’est l’individu qui, dans le monde entier, a créé les structures des sociétés. Les structures sociales extérieures sont les résultantes des structures intérieures, psychologiques, qui constituent nos relations humaines, car l’individu est le résultat de l’expérience totale de l’homme, de sa connaissance et de son comportement. Chacun de nous est l’entrepôt de tout le passé. L’individu est l’humain qui est toute l’humanité. L’histoire entière de l’homme est écrite en nous-mêmes.
Les structures de tous les changements extérieurs qu’amènent les guerres, les révolutions, les réformes, les lois ou les idéologies, ont été incapables de modifier la nature profonde de l’homme, donc des sociétés. En tant qu’individus humains vivant dans la monstrueuse laideur de ce monde, demandons-nous donc s’il est possible de mettre fin à des sociétés basées sur la compétition, la brutalité et la peur. Posons-nous cette question, non pas comme une spéculation ou un espoir, mais de telle sorte qu’elle puisse rénover nos esprits, les rendre frais et innocents, et faire naître un monde totalement neuf. Cela ne peut se produire, je pense, que si chacun de nous reconnaît le fait central que nous, individus, en tant qu’être humains, en quelque partie du monde que nous vivions, ou à quelque culture que nous appartenions, sommes totalement responsables de l’état général du monde.
Nous sommes, chacun de nous, responsables de chaque guerre, à cause de l’agressivité de notre propre vie, à cause de notre nationalisme, de notre égoïsme, de nos dieux, de nos préjugés, de nos idéaux, qui nous divisent. Ce n’est qu’en nous rendant compte – non pas intellectuellement mais d’une façon aussi réelle et actuelle qu’éprouver la faim ou la douleur – que vous et moi sommes responsables de la misère dans le monde entier parce que nous y avons contribué dans nos vies quotidiennes et que nous faisons partie de cette monstrueuse société, de ses guerres, ses divisions, sa laideur, sa brutalité, et son avidité – ce n’est qu’alors que nous agirons.
Tant que vous n’aurez pas d’amour, non en petite dose mais en grande abondance, tant que vous n’en serez pas remplis, le monde ira vers des désastres.
Les parents veulent que leurs enfants aient une situation sûre dans la société. Ce qu’ils appellent responsabilité fait partie de cette respectabilité pour laquelle ils ont un culte, et il me semble que là où est cette respectabilité il n’y a pas d’amour. Ils n’aspirent, en fait, qu’à devenir de parfaits bourgeois. Lorsqu’ils éduquent leurs enfants en vue de les adapter à la société, ils perpétuent les conflits, les guerres, la brutalité. Est-ce cela que vous appelez protection et
amour ? (...) Si vous aimiez vos enfants , vous n’auriez pas de guerres.
Voir est une des choses les plus difficiles au monde : voir ou entendre, ces deux perceptions sont semblables. Si vos yeux sont aveuglés par vos soucis, vous ne pouvez pas voir la beauté d’un coucher de soleil. Nous avons, pour la plupart, perdu le contact avec la nature, La civilisation nous concentre de plus en plus autour de grandes villes ; nous devenons de plus en plus des citadins, vivant dans des appartements encombrés, disposant de moins en moins de place, ne serait-ce que pour voir le ciel un matin ou un soir. Nous perdons ainsi beaucoup de beauté. Je ne sais pas si vous avez remarqué combien peu nombreuses sont les personnes qui regardent le soleil se lever ou se coucher, ou des clairs de lune, ou des reflets dans l’eau.
Seuls ceux qui savent regarder un arbre, les étoiles, les eaux scintillantes d’un torrent, dans un état de complet abandon, savent ce qu’est la beauté.
La beauté réside dans le total abandon de l’observateur et de l’observé, et cet abandon de soi n’est possible qu’en un état d’austérité absolue. Ce n’est pas l’austérité du prêtre avec sa dureté, ses sanctions, ses règles, son obédience ; ce n’est pas l’austérité des vêtements, des idées, du régime alimentaire, du comportement ; c’est celle de la simplicité totale, qui est une complète humilité. Il n’y a, alors, rien à accomplir, aucune échelle à grimper, mais un premier pas à faire, et le premier pas est celui de toujours.
Lorsque vous regardez les étoiles, il y a vous qui les regardez dans le ciel. Il est inondé d’étoiles brillantes, l’air est frais, et il y a vous, l’observateur, celui qui vit l’événement, le penseur : vous et votre cœur douloureux, vous ce centre qui crée de l’espace. Vous ne comprendrez jamais l’espace qu’il y a entre vous et les étoiles, entre vous et votre femme, ou votre mari, ou votre ami, parce que vous n’avez jamais regardé sans images, et c’est pour cela que vous ne savez pas ce qu’est la beauté ni ce qu’est l’amour. Vous en parlez, vous écrivez à leur sujet, mais vous ne les avez jamais connus, sauf, peut-être, à de rares moments d’abandon du moi. Tant qu’existe un centre qui crée de l’espace autour de lui, il n’y a ni amour ni beauté. Lorsqu’il n’y a ni centre ni circonférence, l’amour est là. Et lorsqu’on aime, on « est » cette beauté.
Lorsque vous percevez une distance entre vous et l’objet de votre observation, constatez en cette distance l’absence de l’amour, et sachez que sans amour quelque ardeur que vous mettiez à réformer le monde, à instaurer un nouvel ordre social, à parler de progrès, vous ne créerez que des tourments.
Jiddu Krishnamurti
Se Libérer du Connu
Chapitres I, X et XI (extraits)
1968
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Le paradoxe de la beauté capturée grâce aux progrès technologiques : un ersatz de beauté avant le désastre... ou un prélude au changement...
Landscapes (volume 1) par Dustin Farrell
Musique : A Call to Arms par The Half Open Sky Gives Us Hope
Timelapse : la Terre vue de la Station spatiale (ISS)
Temporal Distorsion
Galactic timelapse
Musique : Rachel’s Song par Vangelis
Musique : Two Rivers par Sarah Marie Mullen
The City Limits par Dominic Boudreault
Musique : Time par Hans Zimmer
Où allons-nous ? (L’histoire d’un timelapse par David Coiffier)
Musique : Valse des âmes ambigües par Silvano Mercado
Landscapes (volume 2) par Dustin Farrell
Musique : "Sunshine (Adagio In D Minor)" par John Murphy
The Water (L’eau)
Musique : La Sonate pour piano no 14 en do dièse mineur, opus 27 no 2 dite « Sonate au clair de lune », de Ludwig van Beethoven
Alice & Lila
Tags : Environnement Economie Société Musique Ecologie Pétrole et essence Consommation Citoyenneté Spiritualité Culture Etonnant International Pollution Solidarité Dette Oligarchie
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