Chine : une usine à champions
Athlètes d’État, entraînement intensif dès le plus jeune âge, hégémonie gouvernementale... une belle machine qu’est le système sportif chinois.
Officiellement reconnue par le Comité international olympique en 1979, la République populaire de Chine participe à ses premiers JO en 1984, à Los Angeles. Elle se classe quatrième avec 32 médailles, dont 15 en or. Un résultat honorable, mais qui place le pays loin des Américains et de leurs 174 breloques.
Battre les Etats-Unis va alors devenir un objectif majeur pour le gouvernement communiste chinois, qui mettra vingt-neuf ans pour y parvenir. De 32 médailles en 1984, la Chine passe à 58 à Sydney, en 2000.
Lors des jeux olympiques d’été de 2008 à Pékin l’objectif est atteint : la chine devient la première puissance olympique mondiale devant les Etats unis qui prendront leur revanche à Londres en 2012.
Le système sportif chinois, hérité de celui mis en place par l’URSS, est très contraignant.
Recrutées dès l’enfance, les graines de champion prennent rapidement la direction de Pékin et de ses installations ultramodernes pour s’entraîner d’arrache-pied.
Ce pays a développé un système de détection hors du commun pour sélectionner les meilleurs sportifs aux quatre coins du pays. Retenus dès leur plus jeune âge - parfois dès 3 ans - ces futurs champions sont formés dans l’une des 3 000 écoles de sport du pays. Avec un seul objectif : devenir un jour champion olympique.
Autre particularité du système sportif chinois : les jeunes sont orientés vers les disciplines non pas en fonction de leurs préférences, mais de leur aptitude physique.
http://www.youtube.com/watch?v=dxumswFArmU
Les athlètes chinois n’ont pas le moindre mot à dire, entraîneurs et hauts dignitaires contrôlant tout, du programme d’entraînement à l’alimentation, en passant par les choix de carrière. Ils sont considérés comme les acteurs essentiels du soft power "made in China".
À l’occasion des JO de Pékin, le magazine Sports Illustrated China avait d’ailleurs rapporté les maximes inscrites sur les murs des centres d’entraînement, outils de propagande édifiants : "Tu n’écouteras pas ta peur et ta souffrance pour la gloire de ton pays !", "Force d’âme, force de caractère, agressivité, la patrie avant tout !"
Un système élitiste
Le système sportif chinois investit tous ses moyens dans un très petit nombre d’athlètes plutôt que de se concentrer sur le grand public. Il ne garantit pas une sécurité financière équitable pour l’avenir de tous les athlètes. Le système insiste plus sur les médailles d’or que l’amélioration globale de la qualité de tous les athlètes.
Les athlètes chinois n’ont pas grand-chose d’autre dans la vie. S’ils échouent aux JO, ils perdent de nombreux avantages pour eux et leur famille. En Chine, la différence entre gagner une médaille d’or et ne pas la gagner est énorme. Bien plus que dans d’autres pays.
Les larmes de l’haltérophile Wu Jingbiao - "seulement" médaillé d’argent aux jeux de Londres 2012, totalement effondré et s’excusant auprès de sa patrie et des supporteurs - ont levé le voile sur un système qui ne fait la part belle qu’aux vainqueurs, laissant les autres sur le bas-côté.
La victoire est le gage d’un avenir radieux. La nageuse Jiao Liuyang, championne olympique du 200 mètres papillon à Londres, est ainsi devenue déléguée militaire lors du 18e Congrès du Parti communiste chinois (PCC). Elle bénéficie désormais des mêmes avantages qu’un commandant de régiment.
En revanche, l’exemple de Zhang Shangwu, double champion du monde universitaire de gymnastique, se situe à l’exact opposé. Recruté à l’âge de 5 ans, il arrête ses études à 12 ans. Une carrière prometteuse lui semble ouverte. Pourtant, il se blesse au tendon d’Achille et voit ses rêves de gloire s’envoler. Il cherche alors à reprendre ses études. Ses entraîneurs prennent un malin plaisir à refuser son entrée à la Beijing Sport University, qu’il représentait pourtant quelques années auparavant quand il officiait sur les praticables du monde entier. Quelques années plus tard, la presse chinoise reparlera de lui. Il est alors mendiant dans le métro et a vendu toutes ses médailles. Et son cas est loin d’être isolé. En sport et d’autant plus en Chine, la victoire a cent pères, la défaite est orpheline...
Une usine à champoin en question
A présent, le système sportif chinois ultraconservateur est remis en cause.
Une nouvelle génération de stars entraînées à l’étranger fait de la Chine une puissance émergente en athlétisme, mais leur individualisme met le système sportif Chinois sous pression. Les méthodes d’entraînement occidentales leur font expérimenter une culture différente de la leur.
Pékin veut pourtant limiter l’exposition de ses jeunes talents à l’influence extérieure, de peur qu’ils privilégient leur propre carrière plutôt que la gloire de la nation.
A cela il faut rajouter que de plus en plus de coaches ou d’autres techniciens étrangers collaborent avec la fédération, et font peser leurs points de vue !
Pour en savoir plus, ici , une série de vidéos datant des jeux asiatiques de 1974 à Téhéran qui ont vu la Chine émerger comme une puissance sportive avec laquelle le monde devait désormais compter. Mao soulignait la nécessité immédiate de développer le sport dans tous les milieux et tous les endroits possibles de la société Chinoise.
Sources : NTDFrench
Le Point.fr
France tv info
Le matin
Tags : Chine Sport
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