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Accueil du site > Tribune Libre > Il faut se soulever contre l’accord de libre-échange transatlantique

Il faut se soulever contre l’accord de libre-échange transatlantique

Marie-Monique Robin (réalisatrice des documentaires : Le Monde selon Monsanto et Les Moissons du Futur) revient sur le désastre humanitaire provoqué par l’ALENA et nous met en garde contre l’accord de libre-échange transatlantique qui se prépare.

 

 

Ce soir je suis en colère, et je l’assume. Comme l’a écrit le philosophe, écrivain, et poète, George Bataille :

 

« Le cœur est humain dans la mesure où il se révolte ».

 

L’humanité va crever de l’indifférence, des discours mous-du-genou, de l’incapacité des pauvres bipèdes que nous sommes à nous lever pour arrêter la barbarie et défendre la vie.

 

Ce soir je suis en colère car j’ai reçu des nouvelles terribles de Colombie. Et ces nouvelles nous concernent tous !

 

Je les résume en quelques mots :

 

la Colombie a signé un « accord de libre échange » avec les États Unis qui est récemment entré en vigueur. Cet accord contient une clause qui oblige les paysans à cultiver des « semences certifiées », c’est-à-dire produites par les « sélectionneurs » comme … Monsanto ou Syngenta. Pour remplir cette « clause », l’Institut agroalimentaire colombien a publié un texte – la résolution 970- qui menace d’amendes et de poursuites judiciaires tout paysan qui continuerait de faire ce qu’il a toujours fait : garder une partie de sa récolte pour ensemencer ses champs.

 

Depuis le 19 août, des dizaines de milliers de Colombiens – paysans, étudiants, mineurs, chauffeurs routiers, médecins- se sont lancés dans les rues pour dénoncer cette violation d’un droit humain fondamental : celui de se nourrir soi-même. De violents affrontements ont eu lieu à Bogota, où le président Santos a déclaré le couvre-feu et mobilisé 50 000 membres des forces armées et de la police militaire pour « mater les vandales » et défendre la loi d’airain imposée par Monsanto et consorts.

 

Je connais bien la Colombie : cet immense pays à l’extraordinaire biodiversité a la capacité de nourrir sa population, s’il laisse ses paysans faire leur travail. Pour cela, il leur faut de la terre, et la majorité d’entre eux en est privée. Si maintenant, on les empêche de sélectionner leurs graines, c’en est fini de l’agriculture vivrière colombienne.

 

Comme ce fut le cas au Mexique après l’entrée en vigueur de l’Accord de libre échange nord-américain (l’ALENA), le pays sera envahi par les produits agricoles bas de gamme et subventionnés des États Unis, les magasins Walmart et autres chaînes de discount qui pousseront à la rue des millions de petits paysans.

 

J’invite tous ceux et celles qui me lisent à regarder le reportage “Les déportés du libre échange” que j’ai consacré à l’ALENA, et qui a été diffusé sur ARTE en février 2012 . Je l’ai mis en ligne sur mon site web, et on peut aussi le trouver comme bonus sur le DVD des Moissons du futur :

 

http://www.mariemoniquerobin.com/de...

 

Vous trouverez sur ce Blog d’autres billets concernant l’ALENA ainsi que des extraits du chapitre que je lui ai consacré dans mon livre Les moissons du futur. Ce soir, je mets en ligne un autre extrait de ce chapitre (voir ci-dessous).

 

Par ailleurs, je rappelle que l’Union européenne s’apprête à négocier un accord de libre échange avec les États Unis, dont j’ai aussi commenté les effets dévastateurs qui ne manqueront de s’abattre sur le vieux continent (voir aussi sur ce blog). C’est pourquoi j’ai accepté de prêter mon image et mon nom à une affiche réalisée par le Collectif des Engraineurs qui s’est associé à la campagne qu’ATTAC et d’autres organisations ont décidé de lancer dès l’automne. Rejoignez-les !

 

Suite et source

Tags : Economie Etats-Unis Agro-alimentaire Mondialisation Agriculture Monsanto




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8 réactions à cet article    


  • 21 votes
    Tomek Tomek Szyslak 17 septembre 2013 13:16

    90 % de la population française, et probablement européenne, n’a jamais entendu parler de ce fameux traité transatlantique, alors que c’ est d’une importance capitale, et qu’il se prépare en sous-marin depuis très très longtemps. C’est difficile d’imaginer les conséquences d’un tel alignement sur le monstre US, même au-delà du domaine alimentaire, c’est vraiment le passage à la vitesse supérieure, et ça me fout les boules vous pouvez pas savoir. Il n’y a pas que les plantes qu’on clone et ça va devenir vraiment très difficile de continuer à ouvrir sa gueule...


    • 8 votes
      Tomek Tomek Szyslak 17 septembre 2013 13:16

      ps : merci pour cette publication


    • 8 votes
      Pablo el GENIO Pablo 17 septembre 2013 16:35

      "Le libre échangisme" ou la partouze ultra-totalitaro-capitaliste faite à Gaia, notre mère à tous, par les violeurs et voleurs de LA vie que sont Monsanto et Syngenta. Pour ceux qui ne croient pas en Dieu, qu’ils se donnent la peine de s’intéresser à ces deux là, ils croiront au moins au Diable ! Merci, infiniment, Cassia pour l’article et la vidéo ; sache que je partage pleinement ta colère. Bonne soirée à toi.


      • 6 votes
        Awake Awake 17 septembre 2013 16:44

        Merci pour le partage Cassia, j’ai voulu partager aussi mais je me suis ravisé, les vidéos que j’ai voulu proposé qui sont hébégées sur le site d’Arte ne sont jamais passé.
        Une vraie journaliste courageuse Marie Monique Robin.


        • 6 votes
          Caracole Caracole 17 septembre 2013 20:19

          J’espère qu’on verra un maximum de monde dans la rue, et de tous bords politiques... battra-t-on les scores de la Manif pour Tous ?


          • 8 votes
            O Scugnizzo O Scugnizzo 17 septembre 2013 21:06

            La colère est légitime et l’article prend les tripes. Le clown Yoananas, le plus adulte du site (il estime lui-même l’âge de ses contradicteurs à plus ou moins 11 ans), notre grand-père à tous, arbore une fois de plus son nez rouge, la face de l’incohérence, la farce des propos. Libéral lorsque lui-même est en position de force, il appelle à l’autorité étatique lorsqu’il se retrouve en état de fébrilité. Qu’importe l’incohérence, tant qu’il y a l’égoïsme ! C’est que lorsqu’on a les yeux trop pleins de l’Ego, on ne s’aperçoit pas du double effet Kiss Cool du libéralisme, et un jour ou l’autre on se ramasse le boomerang tant chéri dans la face. La théorie a beau orné celui-ci de velours, le retour est en matière brute, tranchante, peut être même fatale. La lutte ne peut désormais se faire qu’au nom d’un Idéal, d’une Morale supérieure. Toutes les victimes de la globalisation néolibérale sont nos frères par le fait - sauf à faire partie de l’hyper-classe mondialisée, dans quel cas ce sont effectivement de simples marchandises - car il ne faut jamais oublié que les externalités négatives du processus de globalisation se mondialisent également. Lorsque tous les PVD seront pollués à l’extrême, rendus esclaves par des mono-cultures imposées, il ne restera plus que les pays du Vieux continent pour y exploiter l’environnement naturel et vital à bas prix.


            La lutte se passe sur tous les fronts - transcendant obligatoirement sa propre personne - notamment concernant la langue. Certes pas besoin d’être un beau conteur comme d’Aurevilly, mais il convient de faire très attention aux mots employés. Le libre-échange, n’en déplaise aux amis libéraux, ne veut strictement rien dire. Pire, il est là pour tromper, ou autrement dit pour servir gentiment une certaine idéologie. L’échange est par définition libre, ou alors on appelle ceci du vol, de l’extorsion. L’échange donc est la rencontre de deux entités souveraines dans un but précis. Pour que celui-ci soit vraiment libre, les deux entités doivent se sentir en confiance, ce qui ne peut se faire qu’à l’intérieur d’un marché cadré, institutionnalisé, avec des normes sociales, culturelles, juridiques. Si on veut vraiment un marché libre, le seul moyen est que les deux entités, pour ne pas qu’une puisse obliger l’autre, soient sur un pied d’égalité économique, ce qui est pure utopie dans l’immédiat. Le terme "libre-échange" est une redondance sans nom, dont les amoureux de la langue française ne peuvent que se moquer. C’est qu’elle sert précisément à masquer le fait que l’échange n’est pas libre.

            Libre-échange = échange non-libre. On a plus que jamais besoin d’une critique radicale, et non pas de cosmétique.


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