La vérité inavouable de Facebook - Facebook VS Le Théâtre
Facebook (+ sms, email, smartphone et cie) repose totalement sur notre très vieille dualité interne contradictoire fondamentale, présente en chacun de nous à chaque instant :
BESOIN DES AUTRES, DE RELATIONS, ET, PEUR DES AUTRES.
Rendez-vous compte, avec ces outils, ces deux élans sont, pour la première fois de toute l’histoire de l’humanité, magiquement et simultanément contentés. C’est cela la grande recette diabolique de ces outils : nous donner le moyen de concilier l’inconciliable par définition, de mettre fin au dilemme, à ce paradoxe situé à la racine de nous-même qui nous fait voir les autres aussi bien comme un enfer que comme un ciel. (Sartre et Gabriel Marcel)
Avec Facebook et cie, les autres sont enfin là, et pas là, en même temps !! C’était pile ce qu’on voulait ! La fusion de l’enfer et du ciel, mais pour donner... ?!!!
3000 ans d’évolution technique semblent avoir été là pour nous permettre de pouvoir faire, chacun, l’économie d’autrui. (Économie, oikos nomos, dans le sens de limiter, mesurer, organiser, gérer, rationaliser, privatiser, etc.).
Oui, il faudrait vraiment écrire la scène terrible ou l’histoire suivante : « Don Juan découvre l’I-Phone » (et qui tuerait l’autre de ses excès et de sa folie pulsionnelle ?! de DonJuan ou de l’I-Phone ?)
Rendons-nous compte que nous avons inventé des outils (de "gestion de nos ressources humaines"), qui pourraient être excessifs pour Don Juan lui-même !!
Si on ne réagit pas très vite avec de la pharmacologie numérique quotidienne et une révolution du réel sur le virtuel, les dégâts vont être gigantesques (ces outils étant en train de finir/fignoler le déracinement, la dispersion, la pulvérisation, l’atomisation et la prolétarisation des individus).
Des outils qui comblent simultanément ces deux pulsions antagonistes (besoin des autres / peur des autres) ne peuvent être que des terribles poisons, car le travail, nécessaire, qui consiste à lutter contre notre peur des autres et à chercher les relations les plus vivantes, sublimées et harmonieuses possibles, en sera toujours différé.
Ces outils flinguent donc forcément : La Cité, la Démocratie, la Philia, et donc Athéna, au profit du mondialisme, du capitalisme, de la fin des espaces, des lieux et des savoirs-vivre-faire-aimer.
Facebook (+ sms, email,...) comble en même temps notre besoin d’être en relation ET le fait que les autres nous font peur (quelle prouesse et génie vraiment !). Nous sommes donc "rassurés" en permanence, "rassurés" de la présence de l’autre dans son absence, mais donc uniquement "rassurés", rien de plus. Ça, au lieu de choisir librement, consciemment et avec sagesse, de répondre correctement, séparément et DIFFÉREMMENT à ces deux élans (envie de relations ou repli) et de les observer, de les comprendre et de les maîtriser.
Avec le pharmakon du théâtre. Et avec un aménagement du territoire, une nouvelle vision bottom-up du théâtre, et une "économie [réelle !] de la contribution" culturelle correspondante.
Il faut créer une sorte de facebook réel qui ne sera donc pas facebook. Un facebook réel qui aurait dû exister avant facebook et qui aurait sans doute empêché le désir de Facebook, s’il avait été là.
Or, pour l’acteur de théâtre (et donc pour le théâtre), cet équilibre est bien déplacé dans le sens d’un travail permanent et toujours ré-actualisé contre notre peur des autres. Tout est là.
Sylvain Rochex, décembre 2013
Tags : Facebook
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