Changer l’agriculture, avec Pierre Rabhi et Bruno Parmentier (Nourrir l’Humanité - Semeur d’espoirs)
Quelque chose ne va pas dans l'agriculture... C'est devenu un problème de société crucial : nourrir les 900 millions de personnes qui ont faim, sans sacrifier l'environnement et la santé...
Entretien avec Bruno Parmentier, économiste, ancien directeur de l’école supérieure
d’agriculture d’Angers et Pierre Rabhi, agriculteur et penseur.
En 2050 il faudra nourrir 9 milliards d’êtres humains, l’ancienne agriculture productiviste ne pourra le faire sauf si nous acceptons de sacrifier notre environnement. Quels modèles pour demain ?
Bruno Parmentier explique d’abord qu’il y a 900 millions de gens qui ont faim dans le monde, et que les rendements agricoles doivent donc être triplés en Afrique et doublés en Asie, pour éradiquer ce phénomène.
Chez nous, notre problème est de produire autant, avec moins : moins d’engrais, de pétrole, de tracteurs, de pesticides...
Il poursuit : il faut intensifier, par exemple, les vers de terre, au lieu de faire de la charrue... Arrêter de labourer : l’agriculteur, au lieu d’être un laboureur, va devenir un éleveur de vers de terre.
Pierre Rabhi parle d’un problème de société global. Il indique que 3 tonnes de pétrole sont nécessaires pour faire 1 tonne d’engrais...
La terre est un organisme vivant. Si on n’a pas compris ça, on n’a rien compris. Les nappes phréatiques sont polluées ; 60 % des semences que l’humanité a accumulé depuis 10 à 12 000 ans ont déjà disparus ; on est en train de remplacer ça par des OGM... on est dans la folie la plus totale ( à ce sujet, voir l’article OGM : « on est en train de faire que des conneries avec ! » (Pierre-Henri Gouyon))... Cette folie, cette pathologie du profit à tout prix, qui est en train d’affamer...
Bruno Parmentier en vient au problème de la surconsommation de viande : en France, par personne et par an, 85 kg de viande et 90 kg de lait sont consommés (2 fois plus qu’il y a 50 ans). Si on modère notre consommation de viande, ça peut améliorer la situation de l’agriculture mondiale.
Il prévoit qu’à terme, il faudra manger moins de viande, mais meilleure...
Ensuite, Pierre Rabhi rappelle que l’agriculture moderne entraîne des nuisances énormes. A tel point que l’on devrait se souhaiter bonne chance plutôt que bon appétit...
Si la terre est malade, elle ne peut que produire des végétaux malades, qui nourrissent des animaux eux-mêmes carencés, etc. Une stupidité...
Bruno Parmentier : Tout reste à inventer en matière d’écologie
Au moins 4 principes :
1) On utilise le sol 365 jours par an,
on arrête de labourer,
on couvre le sol tout le temps, même en hiver,
grosso modo, partout il faut faire au moins 2 récoltes.
2) dans ces champs on met des mélanges de plantes ; des plantes qui s’aident à pousser les unes les autres
3) On va remettre des arbres : agroforesterie
4) on va utiliser les animaux à notre service
Les vers de terre, les abeilles, les bactéries...
Il faut donc privilégier une agro-écologie, une écologie intensive : on peut chez nous produire autant avec beaucoup moins, et dans les pays, comme par exemple en Afrique, on peut tripler la production agricole, avec des moyens écologiques et intellectuels, au lieu de mettre des tracteurs et des pesticides...
Pierre Rabhi conclut, en rappelant qu’on peut améliorer les sols sans avoir recours à aucun produit chimique.
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Pour aller plus loin... (Pierre Rabhi, Lydia Bourguignon, Claude Bourguignon, Alain Canet et Marc Dufumier)
Pierre Rabhi : "Il ne suffit pas de manger bio pour changer le monde"
Protéger les sols pour préserver la biodiversité (Claude Bourguignon)
Voyage entre sols et terre ! Claude et Lydia Bourguignon
Claude et Lydia Bourguignon proposent de revisiter toute une série de pratiques agricoles. Ils étudient le sol plus encore que la terre et ils passent les deux tiers de l’année à le fouler en France et à l’étranger et à y creuser des trous. Ils observent, sentent, goûtent la terre avant d’en extraire des échantillons à différentes profondeurs sur lesquels ils effectuent des réactions chimiques sur place pour en définir la composition. Puis, ils les étudient au microscope dans le coffre de leur véhicule tout terrain avant de les ensacher pour une observation plus précise dans leur laboratoire en Bourgogne. Leurs conclusions vont bien au-delà de la simple production.
Agroforesterie
Intervention d’Alain Canet (Association Française d’Agroforesterie) lors des 9es Rencontres Parlementaires de l’Agriculture Durable. Paris, le 3 décembre 2013
Agroécologie
Conférence Marc DUFUMIER à Chalons-en-Champagne - Agrobio en Champagne
Conférence de Marc DUFUMIER à l’assemblée générale de Agrobio en Champagne, le 13 février 2012 à Chalons-en-Champagne.
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Permaculture, agroécologie, agriculture bio : quelles différences ? (par Cyril Dion)
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La spéculation sur les matières premières agricoles est également un fléau absolu à combattre...
Voir ce documentaire sur arte :
Traders - Le marché secret des matières premières
Depuis les récentes émeutes de la faim en Afrique, en Asie et au Mexique, le fonctionnement du marché des matières premières est sur le banc des accusés. Quelle est la responsabilité des traders dans ces désordres économiques et humanitaires ?
Jamais nos sociétés n’ont consommé autant de matières premières qu’en ce début de XXIe siècle. Blé, riz, sucre, soja, pétrole… : tous ces produits sont aujourd’hui objets de spéculation. L’émergence de grandes puissances comme la Chine, l’Inde et le Brésil a provoqué une explosion de la demande. Mais ce n’est pas la seule explication à l’envolée des prix. Politiques, ONG et médias désignent les traders comme les principaux responsables de la flambée des cours. Mais qui sont ces spéculateurs accusés d’affamer la planète ? Et surtout, comment fonctionnent ces marchés des matières premières réputés complexes et opaques ?
Pour la première fois, un documentaire démonte les mécanismes de ce grand commerce mondial aux enjeux économiques, politiques et alimentaires majeurs, et révèle le quotidien de ceux qui en sont les principaux acteurs : les traders eux-mêmes, ces hommes et ces femmes qui achètent, transportent, revendent les marchandises et spéculent sur l’évolution de leurs prix. Des plantations de coton africain aux sociétés d’import de Hong Kong, des champs de soja brésiliens à la salle des marchés du Chicago Board of Trade, en passant par les ports de commerce de Santos et du Havre, cette enquête au long cours, sur quatre continents, pénètre au cœur du grand négoce international des matières premières. Une très ancienne corporation dont la règle de base est le secret, et qui nourrit tous les fantasmes.
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Tags : Environnement Société Santé Ecologie Consommation Agriculture
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