Le clivage gauche/droite est-il vraiment obsolète ?
C'est à la mode depuis une bonne dizaine d'années, on nous explique un peu partout que les notions de gauche et de droite n'ont plus, aujourd'hui, aucune signification et que les véritables clivages sont ailleurs. Ainsi, certains estiment que ces clivages s'appliquent entre les libéraux d'un côté qui s'opposent aux anti-libéraux de l'autre tandis que les seconds prétendent que cela concerne les sionistes faisant face aux antisionistes et enfin les troisièmes (non sans raison d'ailleurs) vous expliquent que nous faisons face actuellement à une vision mondialiste en opposition à une vision patriotique des civilisations.
En réalité, ils ont tous à la fois raison et tort. Raison car ces clivages existent bel et bien et tort car chacun de ces clivages demeurent partiels et ne permettent pas de tout englober. Reste alors cette bonne vieille opposition "gauche/droite" qui serait, soit-disant, à passer aux oubliettes.
A tous ceux qui prétendent que cette opposition gauche/droite n'existe plus, je réponds : oui c'est vrai mais pour une raison toute simple : c'est que la vraie droite a disparu du champ politique depuis une bonne trentaine d'années ! Idéologiquement parlant, la gauche débat avec elle-même ! Mais pour bien le comprendre, il convient, avant tout, de bien expliciter ce que l'on entend au-travers de ces notions.
Au préalable, revenons donc sur cette sempiternelle interrogation : qu’est-ce que la gauche et qu’est-ce que la droite ? A titre personnel, je tiens à préciser que je n’ai pas la prétention, à moi tout seul, de régler cette éternelle question, tant ces notions gauche/droite ont été fluctuantes au cours de l’Histoire. Mais je tenterai simplement ici de dégager ce qu’on appelle des constantes ou des marqueurs permettant de bien les distinguer.
- Ainsi la droite, d’après moi, consiste à défendre une vision verticale de la société, c’est à dire se rattachant à un ordre naturel (ou divin) impliquant, par voie de conséquence, une inégalité de fait entre les individus. Donc la Justice, selon une idéologie de droite, se définit par la volonté de conserver les traditions se rattachant à cet ordre naturel. Les sociétés antiques, notamment sous l’impulsion de Platon, fonctionnaient sur ce principe. Mais une telle société reposant uniquement sur le mode vertical nous apparaît, à juste titre, comme une société totalitaire (au sens où celle-ci englobe l’individu) dans la mesure où l’on faisait fi de toute individualité, les individus n’ayant aucune existence propre hors de la société (Cité). L’individu, d’après la vision antique, était soumis uniquement à un déterminisme ’naturel’ (on dit aujourd’hui génétique) et c’est à partir de ce prisme de la Nature (inégalitaire par définition) que l’on a justifié l’esclavage.
- Face à cette vision verticale, la gauche (toujours selon moi) défend, au contraire, une vision horizontale de la société, c’est à dire que la Justice ne se rattache plus à un quelconque ’ordre naturel’ mais passe par ’l’égalité’ entre les individus. Cette notion d’égalité est LE marqueur de la gauche et ce, quelques soient les époques. La gauche, dans sa terminologie, et afin d’arriver à cette égalité, utilisera le terme de "progrès social". Donc l’idéologie de gauche, en opposition à celle de droite, a vraiment pris racine à partir de l’époque moderne (sous l’impulsion de Hobbes, Locke,...et de la philosophie humaniste en général) en voulant, en quelque sorte, en finir avec la Nature. L’individu étant, selon la vision moderne, essentiellement le produit d’un déterminisme socio-culturel. En conséquences, l’individualisme, ou l’individu mis au centre de la civilisation, résulte bien d’une vision de gauche, l’individualisme s’accompagnant nécessairement de l’égalitarisme.
Donc la dichotomie gauche/droite ou verticale/horizontale, si l’on accepte l’approche telle que je la propose, remonte en fait bien en amont de celle que l’on attribue classiquement à l’époque révolutionnaire, c’est à dire séparant les parlementaires assis à gauche ou à droite de l’hémicycle selon qu’ils souhaitaient conserver, ou non, la monarchie. Je tiens à préciser que d’autres que moi accolent la notion d’égalité à la gauche, tel Marcel Gauchet, philosophe, dans une interview accordée au Point :
" Je dirais qu’il y a deux marqueurs principaux de l’appartenance politique : l’attitude que l’on a par rapport aux immigrés et à l’immigration, d’une part, et, d’autre part, le maniement du thème de l’inégalité qui reste le facteur structurant de la gauche"
Pour ma part, j’estime nécessaire qu’une civilisation, pour son bien-être, puisse fonctionner de manière dialectique entre la vision verticale inhérente à la Nature et la vision horizontale faisant place à une égalité "relative" (et non absolue) entre les individus. Or notre société, depuis l’ère moderne, a rejeté la Nature et a placé l’individu au centre de toute forme de philosophie, érigeant la notion d’égalité en tant que valeur suprême ! Dans ce contexte, je me définis donc comme étant "de droite" car soucieux de retrouver un peu de verticalité. Est donc de droite aujourd’hui toute personne remettant en cause l’égalité en tant que principe premier et, par voie de conséquence, remettant en cause la démocratie dans son essence même ! Or force est de constater qu’aucun parti politique de l’establishment, FN compris, ni même aucun dissident du net ne remet en cause l’égalité. Celui qui oserait une telle remise en cause serait immédiatement diabolisé, voire hitlerisé aussi bien par les médias mainstream que par les dissidents de la toile. C’est la raison pour laquelle j’affirme qu’une véritable pensée de droite n’existe, pour ainsi dire, plus sauf exceptions. Que l’on soit social-démocrate (= idéologie actuellement au pouvoir dans les pays occidentaux), libéral-libertaire, ou bien faisant partie de la dissidence marxiste, voire national-socialiste, tel Alain Soral, on est d’abord et avant tout socialiste, donc de gauche ! Ce que le gouvernement, via Valls, reproche en réalité à Dieudonné et aux "dissidents", si l’on traduit correctement, est d’être bien plus à gauche que lui.
Adrien Abauzit ou le principe de "l’aristo-démocratie"
En parlant d’exceptions, en voici une que j’ai découverte récemment grâce à un article posté sur agoravox tv. Il s’agit d’Adrien Abauzit, jeune historien et avocat, qui souhaite un régime se voulant une synthèse de l’aristocratie, soit le pouvoir qui reviendrait aux meilleurs (rien à voir avec les gens friqués ou une quelconque hérédité) avec une démocratie.
Ce principe d’aristo-démocratie conviendrait parfaitement à cette dialectique verticale/horizontale que j’appelle de mes voeux. Là où je diverge d’Adrien Abauzit porte sur son souhait de retour à un ’catholicisme d’état’. Mais, en tout état de cause, je me retrouve avec lui sur l’essentiel, à savoir la nécessité d’avoir, enfin, un réel débat sur les "bienfaits" que nous apportés la démocratie.
Au nom de l’égalité !
Comme je l’ai souligné, la gauche assimile la Justice avec l’égalité or pour un homme de droite, l’égalité peut parfois s’accorder avec la Justice (s’agissant de l’égalité des chances, ou l’égalité au-niveau de la "dignité humaine", vocabulaire employé à tort et à travers, surtout en ce moment...) mais elle n’est pas la Justice ! L’égalité aujourd’hui est devenu un totalitarisme par lequel on justifie toutes les aberrations modernes auxquelles on assiste :
- Au nom de l’égalité, on en arrive à justifier le "mariage pour tous", le mariage entre homosexuels devant être considéré comme égal au mariage traditionnel
- Au nom de l’égalité, on justifie la "théorie du genre" stipulant, pour schématiser que ce sont les ’constructions sociales’ qui font de l’individu un homme ou une femme. Le résultat étant que les hommes deviennent progressivement des "femmes comme les autres".
- Au nom de l’égalité, on insitutionnalise "l’antiracisme" qui criminalise toute forme de pensée jugée raciste ou antisémite, quasi-inexistante depuis fort longtemps mais revitalisée précisément grâce à cet antiracisme provoquant un ressentiment et communautarisant la société.
- Au nom de l’égalité, on a justifié le "colonialisme", à l’instar de Jules Ferry qui voulait "apporter la civilisation aux races inférieures" car tel était le devoir des "races supérieures". Et c’est en utilisant EXACTEMENT le même argumentaire de l’égalité que la gauche d’aujourd’hui justifie "l’anticolonialisme"
- Au nom de l’égalité, on criminalise les "riches" qui sont présumés exploiter le reste de la population.
- Enfin, au nom de l’égalité, on met progressivement en place un "Nouvel Ordre mondial" où les "peuples" existant depuis des millénaires sont tenus de disparaître et de fondre leur identité dans un même magma ! Les frontières étant, dans la pensée marxiste, le Mal absolu !
Le corps social : à l’image du corps humain ?
L’organisme est constitué de cellules qui s’organisent en tissus. Ces mêmes tissus répondent chacun à une fonction physiologique bien déterminée permettant à l’organisme tout entier son développement. Si quelqu’un nous posait un jour la question suivante : à choisir, estimez-vous que votre estomac est supérieur à vos poumons ? Nous lui répondrions sans hésiter que cette question est profondément débile car elle n’a aucun sens. Et bien pourquoi ne pas faire le parallèle avec l’individu en société ? J’ai pour ma part l’intime conviction que chaque être humain possède un don qui lui est propre et que la mise au service de ce don au sein de la collectivité permettrait, d’une part à tout individu de s’épanouir en se réalisant et d’autre part permettrait à la collectivité de se développer dans le bon sens. Chacun réalisant ainsi ce pour quoi il est naturellement destiné au service de ce grand tout qui le contient et le dépasse et que l’on appelle le ’Bien Commun’. Donc en d’autres termes, une société idéale aurait réussi à dépasser la notion même d’égalité ou de supériorité et d’infériorité, chacun étant à sa place et ne se comparant plus aux autres. Et le ’cerveau’ (c’est à dire les dirigeants) coordonnant l’ensemble de l’organisme (collectivité) permettant à ce ’grand tout’ de grandir !
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