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Accueil du site > Actualités > Economie > Le marché, histoire et usages d’une conquête sociale par Laurence (...)

Le marché, histoire et usages d’une conquête sociale par Laurence Fontaine

Voici une émission intéressante sur France Cultre consacrée à l'ouvrage de Laurence Fontaine, historienne et directrice de recherche au CNRS.

 

Celle-ci s'intéresse ici à l'histoire du marché en tant que "conquête sociale", c'est à dire en opposition à la société patriarcale et traditionnelle, ou société "à statuts". Laurence Fontaine rappelle que le marché, cette institution d'échanges, ne s'est pas caractérisée seulement par la cupidité d'êtres avides mais que ce fut aussi un processus global et égalisateur via une émancipation des plus pauvres à travers le monde.

 

Mais Laurence Fontaine, se basant sur les réflexions de Karl Polanyi, aborde aussi un point crucial lorsqu'elle évoque la primauté de l'économie sur la politique concrétisée à partir du XIXè siècle.

 

Au fond, le marché libre et autonome, s'il est bénéfique dans un premier temps, car émancipateur pour l'individu, aboutit, in fine de par son processus destructeur de toute "verticalité", à une uniformisation lente et progressive de type totalitaire (je précise que c'est moi qui souligne pour cette dernière phrase ;-))

 

 

Extraits de l’ouvrage :

 

"Le mot marché est une modalité des échanges caractérisés par le fait que les biens échangés font l’objet d’une discussion sur l’estimation de leurs valeurs suivie d’un accord ; discussion qui s’oppose à l’échange aristocratique fondée sur la prééminence de la noblesse qui, de droit, en dicte les termes. Les enjeux de la fixation du prix dépassent alors le seul domaine de l’économie pour toucher à l’organisation même des sociétés. Or, jusqu’à la Révolution française, la société vit dans une économie de nature aristocratique. Mais cette économie, fondée sur le don et le privilège, n’en est pas moins une économie de marché. Une des tensions majeures de l’époque vient précisément du fait que le pays vit sous un régime politique aristocratique, alors que sa richesse est irriguée par l’économie marchande. Si la Révolution française a mis à bas le pouvoir aristocratique, elle n’a pas touché aux autres institutions qui ont continué à vivre avec des régimes d’autorité traditionnels. Ainsi, entre autres, la famille est restée patriarcale et le monde du travail soumis aux patrons. En revanche, avec la fin de la domination politique aristocratique, les marchands et les industriels ont gagné une liberté économique sans entrave ainsi que le droit de faire fructifier l’argent. L’industrialisation s’est alors accélérée au XIXè s sans contrôle, exacerbant ce capitalisme industriel qui transformait l’homme et son travail en marchandise. Marx, aunant la violence sociale qu’impliquait cette liberté du marché, a postulé que les victimes seraient les mieux à même de rompre avec cette exploitation et fit du prolétariat la figure eschatologique d’une société à venir sans classes ni castes. Cette mission émancipatrice politique est de fait subordonnée au statut de domination économique de ceux qui n’ont à vendre que leur force de travail. Ainsi se trouvait forgée jusqu’à nos jours la dissociation, plus encore que la dichotomie, entre l’économique et le politique.

 

Cette séparation du politique et de l’économique se nourrit d’un riche courant de théoriciens. L’œuvre de Polanyi dont beaucoup se réclament, est en cela exemplaire. Écrite pendant la montée du fascisme et alors que la grande crise des années 1930 secoue l’Europe, il théorise à nouveau dans La Grande Transformation, publiée en 1944, cette séparation du politique et de l’économique qui aurait eu lieu au cours du XIXe siècle. Sa notion essentielle est celle de « désencastrement » — l’arrachement de l’économie aux autres activités humaines, sa mise en surplomb de toutes les autres et son autonomisation absolue. Dans ce schéma de la « Grande Transformation » aux origines politiques et économiques de notre temps, il y a donc comme une dramaturgie de l’avant (un ordre social traditionnel, où l’économie serait insérée dans des valeurs qui permettraient à l’homme de donner un sens à sa vie au sein d’une communauté) et un après (notre monde d’aujourd’hui, où le marché se pose en élément autorégulateur, indépendant de toute autre fonction sociale qu’il entend subordonner, notamment la terre, le travail et l’argent)."



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104 réactions à cet article    


  • 1 vote
    maQiavel maQiavel1983 18 mars 2014 15:32

    Bonjour micnet, article intéressant mais je n’ai pas encore écouté l’audio !

    Je ne vais pas revenir sur vos définitions de verticalité et d’horizontalité auxquelles je n’adhère pas, mais il me semble que vous preniez en compte à présent la puissance structurante du marché, qui n’est pas qu’un outil, mais une détermination qui participe au modelage des sociétés !

    Vous admettez à présent que le marché a historiquement émancipé l’individu (par sa dynamique individualiste) des liens traditionnels et conduit à une uniformisation de type totalitaire (le totalitarisme de marché).

    Evidemment je suis d’ accord avec vous, ceci dit je reprends le terme de « marché » mais celui qui est le plus approprié serait celui de « capital », car, le marché libre et autonome tel que l’on rêvé les libéraux n’a jamais vraiment existé.

    Mais une question : êtes vous encore libéral ? smiley

    Concernant l’émancipation des plus pauvres à travers le monde, je ne sais pas ce que ça veut dire !

    Il faudrait définir la richesse et la pauvreté mais je ne pense pas au regard de la planète que le règne du marché ait émancipé les gens de quoi que ce soit, si ce n’est des sociétés traditionnelles qui étaient fondées sur le lien social et donc sur la solidarité ! Ces sociétés n’ étaient pas basés sur l’ accumulation de biens matériels , il y’ avait d’ autres richesses auxquelles les hommes aspiraient , elle étaient donc plus pauvres , certes , mais était ce un mal ?

    J’ai lu un livre très intéressant, «  Congo une histoire  », et l’une des parties qui m’a vraiment frappé c’est le passage de ces sociétés traditionnelles aux sociétés capitaliste industrielle via la colonisation, un processus extrêmement violent ! Franchement, je n’y ait vu aucune émancipation positive, mais vraiment aucune !


    • 1 vote
      Qamarad Qamarad 18 mars 2014 17:17

      Une réflexion réglementaire. Le totalitarisme marchand engendre une situation paradoxale par essence. Alors que vous mettez l’accent sur l’horizontalisation de la société, chose sur laquelle chacun sera d’accord, je crois que la principale conséquence et qui est l’aboutissement suprême de ce totalitarisme marchant prophétisé par Marx, c’est justement une verticalité absolue. C’est par la néo-verticalité que l’on maintient l’horizontalité uniformisante. Ce système global qui s’instaure progressivement ne peut pas tenir sans cet accomplissement dernier. Le capital, par une frénésie inarrêtable et destructrice, tend à perdre en efficacité en termes de prise sur les populations et en termes d’auto-rémunération. A moins d’une relance mondiale et géénralisée(ne touchant pas qu’une certaine élite et intégrant un certain nombre de contraintes environnementales et écologiques) de l’économie, chose dont on peut douter, il va bien falloir pendant un déclin et progressif maintenir cette domination. Et si elle doit se maintenir, ce n’est que par la verticalité absolue, sans transcendance bien sûr hormis celle de la pulsion de consommation via l’accumulation monétaire qui remplace le principe d’aristocratie des sociétés traditionnelles du plus vertueux.
      En vérité, à travers cette dynamique je ne vois qu’une chose, le remplacement progressif d’une verticalité par une autre en fin de compte !

      Enfin, quand vous parlez d’émancipation pour les plus pauvres par l’action du marché, là où MaQ préfère le terme de capital, je n’y vois qu’une aliénation à l’ordre capitaliste, d’abord sous la contrainte sauvage, ensuite par la contrainte allégée de par le progrès du niveau de vie et de la consommation castratrice. Nous pourrions voir cependant un apport bénéfique à tout ceci. Même si l’abrutissement généralisée nous aujourd’hui imposée, il faut bien reconnaître que l’instruction est désormais facilitée, accessible et élévatrice, à condition de s’en donner les moyens, bien évidemment.


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        maQiavel maQiavel1983 18 mars 2014 17:51

        Je suis totalement d’ accord avec vous Qamarad, disons que micnet donne des signifiant différent aux termes d’ horizontalisation et de verticalisation !

        Mais je pense que vous et moi comprenons ces notions de la même façon, la verticalisation, correspondant à la la hiérarchie sclérosée ou chacun a une place prédéterminée et définie dans la société dont il ne peut sortir, et l’ horizontalisation correspondant au nivellement l’égalitariste qui fait de l’égalité une fin en soi et qui a pour conséquence l’indifférenciation des Humains !

        Micnet a sa propre conception de ces notions, que je ne partage pas d’ ailleurs !

        Mais évidemment, si on le comprend à notre façon,  l’horizontalité capitaliste donne est corrélée à une verticalité inversée, c’est à dire à une hiérarchie qui ne s’appuie plus sur le sang comme dans l’ancien régime ou à la compétence comme dans une authentique aristocratie mais sur la capacité à séduire les foules ( que l’ on soit politique pour draguer les électeurs ou chefs d’ entreprise pour refourguer ses marchandises aux plus de consommateurs possible).

        Quand je dis « hiérarchie inversée », ça fait marrer (y compris moi-même vu le fameux « salut nazis inversé ») mais c’est très cohérent car à l’ origine hiérarchie signifie « ordre sacré », le nouvel ordre capitaliste est désacralisé car on ne peut vendre que ce qui n’est pas sacré, l’une des caractéristiques de l’échange marc hand est précisément la désacralisation du monde. Aujourd’hui, tout se vend et tout s’achète, la nouvelle religion, l’économie, n’est ni révélée ni sacrée, mais elle justifie la domination des oligarchies ploutocratiques.


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        Qamarad Qamarad 18 mars 2014 18:07

        J’ai effectivement défini la verticalité de cette façon pour que Micnet explicite son évolution, car je la trouve absolument fondamentale ! Cette définition se rapproche d’un de ses articles qui traitait exclusivement de cette problématique.


      • vote
        Qamarad Qamarad 18 mars 2014 18:17

        D’ailleurs, je viens, toujours sur ce sujet, de découvrir un livre dont la table des matières est disponible sur ce site :
        http://lenouveaufascisme.blogspot.fr/


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        maQiavel maQiavel1983 18 mars 2014 18:30

        Sinon comme solution, moi je ne pense pas que la verticalité soit la solution, pas plus qu’une combinaison entre verticalité et horizontalité, je pense qu’il faudrait sortir de ces deux axes, que je trouve pervers et qui sont un frein à l’exploitation maximal du potentiel des individus , c’ est la caractéristique des systèmes organisationnels humains post paléolithique que de contraindre , les hommes doivent entrer dans des moules et des catégories types pour que le système fonctionne , c’ est obscène , le système n’ existe plus pour les hommes mais les hommes existent pour les systèmes !

        C’est l’un des reproches que je fais à l’Etat, ce qu’a parachevé le capitalisme à l’ extrême !

         

        A la verticalité et à l’horizontalité, je préfère la circularité ou le collectif holomydal ! C’était le mode de fonctionnement des communautés primitives de chasseurs cueilleurs du paléolithique, des Individus qui régulent leurs actions sur le collectif mais agissant avec une grosse marge de manœuvre et sans chaine de commandement, chacun sait ce qu’il doit faire parce qu’il a accès au tout et connait la finalité de chaque action collective qui sont en général cyclique (calqué sur les rythmes des saisons). Mais cela ne fonctionne que pour les petits groupes  ! Il faudrait être capable de le reproduire pour les grands groupes mais cela n’a rien d’évident ! Mais s’il faut rester sur ces deux axes, la tri -articulation permet de’ ne pas tout mélanger et mettre dans le même sac :  1. s’il y’ a une verticalité qui doit absolument exister, c’est dans le domaine culturel, notamment avec la transmission du beau et du vrai, tout ne se vaut pas dans cette sphère mais en même temps, elle ne doit surtout pas être contraignante pour permettre l’actualisation optimale du potentiel humain ! 2. On peut tolérer une verticalité politique (comme un mal nécessaire) à condition qu’elle le soit réellement (que les meilleurs soient les plus vertueux moralement et techniquement,  ce qui ne peut être déterminé qu’après avoir donné une orientation générale à la société) et qu’ils soient sous contrôle des gouvernés (par des contre pouvoirs dont la puissance doit correspondre à la puissance des gouvernants). 3. Dans le domaine de l’économie, il ne peut y avoir de verticalité, c’est un non sens que de parler de verticalité dans ce domaine.

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        maQiavel maQiavel1983 18 mars 2014 18:43

        Intéressant le nouveau fascisme , je me le garde !


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        Qamarad Qamarad 18 mars 2014 18:52

        Sur la solution, nous sommes d’accord sur les grandes orientations je pense.
        Je vais dans les prochains mois creuser cette question, notamment grâce au livre de ce jeune étudiant qui m’a l’air bien prometteur !
        Malheureusement, et c’est la question qui importe, la prise du pouvoir se fera de deux façons :
        -Soit de manière pacifique en moins de 10 ans avec un parti qui redonnerait une souveraineté à notre pays
        -Soit l’option Ukrainienne qu’au fond je ne souhaite absolument pas, mais elle me paraît la plus probable.


      • 1 vote
        micnet 18 mars 2014 19:33

        @MaQ et Qamarad


        Messieurs, permettez-moi tout d’abord de vous saluer et de vous remercier pour vos commentaires qui comblent le vide, jusqu’alors intégral, consécutif au désintérêt de la plupart des commentateurs pour ce type de sujet smiley
        Sachez, par ailleurs, que je suis extrêmement satisfait de constater l’intérêt que suscite mon paradigme dialectique horizontal/vertical. Je reconnais avoir, en général, un "esprit de système" qui me conduit à vouloir tout expliquer au-travers de schémas très théoriques. Mais bon, on ne se refait pas !

        Donc avant d’en venir à vos remarques, je vous redonne ici les définitions de l’horizontalité et de la verticalité telle que je les ai proposées :

        - Une société verticale est une société au sein de laquelle la finalité correspond à la communauté d’appartenance des individus et dont l’organisation se calque suivant un modèle très organisé, hiérarchisé et inspiré d’un "ordre naturel" (ou transcendantal)

        - Une société horizontale est une société au sein de laquelle l’individu représente la finalité en tant que telle, suivant une conception matérialiste de la société qui se concrétise par une organisation et une recherche permanente d’égalité entre les hommes.

        J’ai récemment posté un article avec 2 petites vidéos qui expliquent de façon très simple et très pédagogique, au travers de l’exemple du Japon, à quoi correspond une société (de tendance) verticale. Donc n’hésitez pas à les visualiser.

        Enfin, je tiens à rappeler une chose essentielle : je ne suis, personnellement, ni pour une société exclusivement verticale, ni pour une société exclusivement horizontale. J’estime que ce sont deux écueils totalitaires qui sclérosent les sociétés. Si aujourd’hui, je plaide pour plus de verticalité, c’est simplement par souci de rétablir un équilibre qui me semble rompu depuis l’époque moderne et cette rupture s’accélère tout particulièrement depuis une trentaine d’années, via un égalitarisme à tout crin. Ce que je dénonce aujourd’hui ? le fait que l’égalité soit devenue LA religion...

        J’en viens maintenant aux remarques :

        @MaQ

        "il me semble que vous preniez en compte à présent la puissance structurante du marché, qui n’est pas qu’un outil, mais une détermination qui participe au modelage des sociétés !"

        ---> Et non, désolé de vous décevoir mais je n’ai pas du tout changé d’avis : je dirais même que j’ai été renforcé dans celui-ci au-travers de mes dernière lectures. Cela dit, pour être tout à fait transparent, je commence tout juste à découvrir l’ouvrage de Karl Polanyi, La Grande Transformation. Je suis curieux de voir comment il aborde la question. 
        Donc, pour moi, le capitalisme est bel et bien un mécanisme, je suis même d’accord avec vous pour dire qu’il peut se comporter comme un virus MAIS, comme vous le savez, une maladie n’est rien sans le terrain. Et le terrain représente la (ou les) sociétés dans lesquelles il évolue. Voyez mon exemple sur le Japon et faites le comparatif avec la France

        "Mais une question : êtes vous encore libéral ?"

        ---> Votre question est tout à fait légitime, je l’admets smiley. Et je vous réponds sans hésiter : "oui" car, comme vous le savez, je suis libéral ET anti-individualiste ! Il en résulte que je suis totalement opposé à la primauté de " l’homo oeconomicus" sur " l’homo politicus" ou, pour le dire autrement, je suis opposé à la Toute-puissance du Marché, c’est à dire à la primauté de l’économie sur la politique, ce qui aboutit, in fine, à la destruction des nations. 
        Je suis, faut-il le rappeler, un "libéral-conservateur", ou, si vous préférez (l’expression est peut-être plus parlante), je suis un "national-libéral", c’est à dire pour un capitalisme inscrit au sein des nations.
        Par ailleurs, je confirme être libéral sur les questions économiques dans la mesure où je suis pour un état à la fois fort, c’est à dire capable de s’imposer sur le champ international, mais pas obèse comme aujourd’hui, c’est à dire se limitant à ses "fonctions régaliennes". A partir du moment où la France sera en mesure de retrouver son autonomie pleine et entière, j’estime qu’elle devra diminuer de façon nette ses dépenses publiques, l’état n’ayant pas pour rôle d’être une "assistance sociale" comme c’est le cas aujourd’hui.



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          maQiavel maQiavel1983 18 mars 2014 19:59

          Pour moi, on ne peut pas être libéral ET anti individualiste ( donc holiste ), Tocqueville est d’ ailleurs un individualiste (même s’il s’en est défendu), c’est une évidence en ce qui me concerne !


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          micnet 18 mars 2014 20:17

          @MaQ


          Mais alors dans ce cas, pour vous, on ne peut pas être à la fois patriote et libéral ?

        • vote
          maQiavel maQiavel1983 18 mars 2014 20:20

          Si on peut être patriote et libéral, le patriotisme n’exclut pas l’individualisme ! Les américains sont un bel exemple, ils sont très patriotes et très individualistes !

          Ce qui s’ exclut même dans les termes , c’ est libéralisme et holisme , ça n’ a pas de sens pour moi ...


        • vote
          micnet 18 mars 2014 20:27
          @MaQ

          "Les américains sont un bel exemple, ils sont très patriotes et très individualistes !"

          ---> Ah ! Je crois avoir touché là un point très important car je suis en désaccord total justement : les américains ne sont pas individualistes, du moins pour la plupart, car ils sont très religieux, donc assez conservateurs (en tout cas plus qu’ en France) et restent opposés en majorité à certaines libertés individuelles. Par exemple le "mariage gay".

          Mais c’est vrai que depuis qu’Obama est chef d’état, les choses ont un peu évolué...

        • vote
          maQiavel maQiavel1983 18 mars 2014 20:38

          On peut être religieux, conservateur et individualiste, ces termes ne sont pas en contradictions ! Les Etats unis sont le pays le plus individualistes qui n’aie jamais existé, c’est lié à son histoire pour moi c’est une évidence (je me rappelle avoir lu une réflexion de Poutine qui allait dans ce sens mais bon, il est loin d’être le seul, c’est quasiment un lieu commun).

          Au fait ce que je dis au dessus n’est pas tout à fait vrai, il y’ a UN moyen d’être holiste et libéral mais dans un régime panarchique !

          Il faudrait que dans un tel régime, des hommes s’associent librement et volontairement en communauté organique tout en permettant aux individus qui le souhaitent de la quitter librement !

          Mais vous voyez, c’est assez tordu ce truc là … smiley


        • vote
          micnet 18 mars 2014 21:19

          @MaQ


          Intéressant ce concept de "panarchie", je ne connaissais pas smiley

          Sinon, par rapport à l’individualisme, là aussi, je pense qu’il faut s’accorder sur la définition.
          Moi je m’en tiens à celle-ci : l’individualisme consiste à placer l’individu au centre de la société. Cela se traduit par le fait que les libertés individuelles priment sur l’intérêt général.
          Et en ce sens, j’estime que se prétendre patriote ET individualiste est totalement incompatible par le fait que le patriotisme consiste à prioriser sa patrie (donc le bien de la communauté).
          Partant de là, je prétends que les américains sont beaucoup moins individualistes que les français, car plus patriotes. Bref, tout dépend de la définition que vous attribuez au terme.

          Cela dit dans l’absolu, j’estime que les sociétés occidentales sont toutes individualistes, car démocratiques, et que c’est sous un régime démocratique que l’individualisme peut s’exprimer. Mais je sais que vous n’êtes pas d’accord avec ça.


        • vote
          maQiavel maQiavel1983 18 mars 2014 21:31

           

          -Moi je m’en tiens à celle-ci : l’individualisme consiste à placer l’individu au centre de la société.

          R /Je suis d’ accord avec ça mais ce n’est qu’une ébauche de définition à prolonger !

          -Cela se traduit par le fait que les libertés individuelles priment sur l’intérêt général.

           

          R / Les libéraux (je parle des vrais, les classiques) estiment que du respect des libertés individuelles et des intérêts individuels, l’intérêt général s’ en trouve garanti !

           

          Donc selon ce paradigme, qui est américain d’ ailleurs, liberté individuel et intérêt général ne s’oppose pas !

           

          - j’estime que se prétendre patriote ET individualiste est totalement incompatible par le fait que le patriotisme consiste à prioriser sa patrie (donc le bien de la communauté).

           

          R / Etre patriote et être individualiste ne s’oppose absolument pas dans le paradigme libéral,, et d’ ailleurs la constitution américaine concilie très bien les deux !

          -Partant de là, je prétends que les américains sont beaucoup moins individualistes que les français, car plus patriotes. 

          Par ailleurs, ce sont les américains eux-mêmes qui clament que l’individualisme a hissé leur patrie au sommet du monde !

          Vous pouvez pensez qu’ils ne sont pas individualiste mais eux se définissent comme tel et l’assument, il faut le savoir !


        • vote
          micnet 18 mars 2014 21:54
          @MaQ

          "-Moi je m’en tiens à celle-ci : l’individualisme consiste à placer l’individu au centre de la société.

          R /Je suis d’ accord avec ça mais ce n’est qu’une ébauche de définition à prolonger !


          ---> Ma foi, je ne vois pas tellement ce qu’on peut prolonger, si ce n’est que cela rejoint complètement ma définition de l’horizontalité (en même temps, c’est un peu normal, me direz-vous, dans la mesure où c’est moi qui ai proposé les deux définitions smiley)

           

          "R / Les libéraux (je parle des vrais, les classiques) estiment que du respect des libertés individuelles et des intérêts individuels, l’intérêt général s’ en trouve garanti !"


          ---> Oui absolument mais vous oubliez un fait essentiel : les "libéraux classiques" s’inscrivent dans une époque où leur nation respective était libre et autonome et ils n’étaient alors pas confrontés à ce mondialisme auquel nous sommes nous-mêmes aujourd’hui confrontés. Ils ne concevaient le libéralisme que sous le prisme national ! Là est la grande différence !

           

          Donc selon ce paradigme, qui est américain d’ ailleurs, liberté individuel et intérêt général ne s’oppose pas !


          ---> C’est vrai à partir du moment où, pour un américain, son pays reste pleinement souverain. mais je doute fort que les américains se laissent aussi facilement entraîner à abandonner une partie de leur souveraineté au profit d’une entité supra-nationale telle que la France l’a fait au profit de l’Union Européenne...

          Par ailleurs, je suis également persuadé que si un américain doit choisir entre l’intérêt de sa patrie et les intérêts particuliers, sur certaines questions sensibles, il privilégiera toujours sa patrie. Par contre, je serais bien moins catégorique vis-à-vis d’un français...

           

           

          R / Etre patriote et être individualiste ne s’oppose absolument pas dans le paradigme libéral,, et d’ ailleurs la constitution américaine concilie très bien les deux !


          ---> Cf réponses plus haut


          Par ailleurs, ce sont les américains eux-mêmes qui clament que l’individualisme a hissé leur patrie au sommet du monde !

          Vous pouvez pensez qu’ils ne sont pas individualiste mais eux se définissent comme tel et l’assument, il faut le savoir !


          ---> Oui mais là aussi, deux remarques :

          1 - Dans le langage commun, c’est vrai que la plupart des gens amalgament les deux termes de "libéral" et "d’individualisme". Or, je constate que, sur ce point là, vous tenez EXACTEMENT le même raisonnement que Jean Robin (je sais, je suis dur sur ce coup là smiley). Seulement, il faut sortir du langage commun si on veut y voir clair

          2 - Le mot anglais individualism n’a pas tout à fait la même signification que le mot français et il est hasardeux de vouloir transposer une traduction de manière littérale.


        • vote
          maQiavel maQiavel1983 19 mars 2014 11:10

          Réponse plus bas !


        • vote
          micnet 18 mars 2014 19:42
          @MaQ

          "A la verticalité et à l’horizontalité, je préfère la circularité ou le collectif holomydal ! C’était le mode de fonctionnement des communautés primitives de chasseurs cueilleurs du paléolithique, des Individus qui régulent leurs actions sur le collectif mais agissant avec une grosse marge de manœuvre et sans chaine de commandement, chacun sait ce qu’il doit faire parce qu’il a accès au tout et connait la finalité de chaque action collective qui sont en général cyclique (calqué sur les rythmes des saisons). Mais cela ne fonctionne que pour les petits groupes "

          ---> Mais encore une fois, MaQ ! Ces sociétés primitives (selon MA définition, bien sûr) font partie de sociétés verticales au sens où chaque individu, précisément, sait ce qu’il a à faire justement parce que chacun y joue un rôle et qu’il représente un maillon de cette grande chaîne qui s’appelle la communauté.
          Je n’ai jamais dit qu’il fallait nécessairement qu’il y ait un "commandement "pour qu’une société soit verticale !
          Dans les sociétés primitives, vous aurez du mal à me convaincre que l’individu représentait la finalité...

          • vote
            maQiavel maQiavel1983 18 mars 2014 19:56

            Bonsoir micnet !

            Oui, je connais vos définitions de l’horizontalité et de la verticalité, j’ai bien précisé que je n’y adhère pas, en ce qui me concerne une société verticale peut être individualiste, à l individualisme j’oppose l’holisme et une société horizontale à mon sens peut être holiste ! Donc pour moi, verticalité et horizontalité n’ont strictement rien à voir avec holisme et individualisme !

            En ce qui me concerne, ces communautés primitives sortent du ce champ binaire (horizontalité / verticalité ou phase intermédiaire).

            Pour ce qui est des communautés primitives, il y’ avait pas forcément de finalité (ce qui est un concept plutôt aristoclétien pas forcément primitif), mais j’en avais discuté avec Gueguen !


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            micnet 18 mars 2014 19:46

            @Qamarad


            Je vous rassure, j’ai lu aussi vos commentaires mais je pense que mes messages précédents répondent aussi à vos remarques.

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              Qamarad Qamarad 19 mars 2014 08:43

              Je viens de reprendre le fil. Effectivement, vos échanges sont toujours très instructifs pour moi. Cela me permet de mieux vous cerner. Inutile que je développe puisque je rejoins MaQiavel sur les points développés.


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              maQiavel maQiavel1983 19 mars 2014 11:10

              @Micnet

              -Concernant la définition de l’individualisme.

               L’individualisme, si je devais prolonger la description, je dirai que c’est le fait de se considérer soi même comme une unité, une totalité à part entière, en relation avec d’autres unités (ce n’est pas un état sclérosé, il y’ a plusieurs stade d’individualisme, la dynamique individualiste va de l’altruisme à l’égoïsme).

              A l’individualisme s’oppose l’holisme, les personnes ne sont pas des unités et des totalités à part entière, ils appartiennent à un tout englobant, la communauté ( la question de l’ altruisme ne se pose donc même pas car pour être altruiste, il faut donner à des unités différente de soi, hors dans l’holisme, les personnes ne sont que des parties du tout, elles ne sont pas altruiste elles remplissent simplement leur fonction organique , lorsque l’ on gratte sa main gauche avec sa main droite ,elle ne lui fait pas un don ).

              Par don, je ne parle pas spécifiquement de biens matériels, mais aussi d’action sociale (un militaire qui meurt à la guerre fait un don de sa vie).

              On peut être individualiste et être charitable, envers les autres et envers sa communauté d’appartenance (d’ ou le fait qu’on puisse être individualiste et  patriote). Etre individualiste ne veut pas dire être forcément égoïste, l’égoïsme, c’est en quelque sorte le stade ultime de l’individualisme (on peut par contre difficilement être égoïste et patriote).

              L’un des premiers symptômes de la dynamique individualiste, c’est l’apparition de la propriété privée (pour être propriétaire individuellement, il faut déjà, se considérer soi même comme une totalité à part entière).

              Voilà comment je prolongerai l’explication !

              -les "libéraux classiques" s’inscrivent dans une époque où leur nation respective était libre et autonome et ils n’étaient alors pas confrontés à ce mondialisme auquel nous sommes nous-mêmes aujourd’hui confrontés. Ils ne concevaient le libéralisme que sous le prisme national ! Là est la grande différence !

              R / Même en supposant que ce soit vrai, cela ne contredit en rien ce que je dis plus haut ! La philosophie libérale veut que les vices privés créent la vertu publique, si chacun ne se préoccupe que de ses intérêts individuels, l’intérêt général serait garanti ! L’intérêt général n’est que le produit de la combinaison des intérêts particuliers.

              L’individu est au centre du libéralisme. La liberté individuelle étant aux yeux des libéraux la norme fondamentale et le fondement de la société humaine autour de laquelle l’État, l’ordre politique et économique doivent être structurés.

              Libéralisme et individualisme sont indissociable, d’ ailleurs ce qui horrifierait les libéraux classiques aujourd’hui, c’est le retournement du marché et de l’Etat contre l’individu, ce que consacre précisément le néolibéralisme !

              - je doute fort que les américains se laissent aussi facilement entraîner à abandonner une partie de leur souveraineté au profit d’une entité supra-nationale telle que la France l’a fait au profit de l’Union Européenne...

              R / En fait si ! Je m’explique : pour les américains constitutionalistes (donc ceux qui se réclament des pères fondateurs) , la puissance impérialiste , c’ est le gouvernement fédéral comme en France c’ est ‘l UE.

               

              Pour les constitutionalistes américains, l’impérialisme américain est vu comme une stratégie visant, en entraînant les USA vers l’aventure extérieure et la ruine économique, à détruire la constitution des Etats-Unis, pour rendre possible un coup d’Etat, et la confiscation du pouvoir par une oligarchie. En face de cette menace, ils proposent aux Américains de se retrancher dans leur ultime forteresse : la Constitution.

              Aux USA, la Constitution est une autorité symbolique, dont la fonction rappelle le principe protestant d’autorité de l’écriture. Par exemple, le patriot act est une atteinte à la constitution pour ces gens là qui demandent sa dissolution.

               

              Il suffit de voir que les libértariens américain (dont le leader est Ron Paul et qui s’étend jusqu’ au Tea party) qui sont selon moi les véritables héritiers de ce libéralisme originel.

              Les libertariens sont partisan de l’individualisme, mais sont aussi de fervents patriotes.

               

              Dans les catégories françaises, c’est très difficile à comprendre mais il faut se rappeler que les USA ne sont pas un Etat-nation, en tout cas pas au sens européen du terme. I La tradition américaine est très différent de la nôtre : là-bas, l’Etat est vu non comme le protecteur des citoyens, mais comme une menace sur les libertés. Les Américains, pour des raisons culturelles très profondes, ne vont donc pas opposer au mondialisme économique et financier le même type de résistance que les européens. Leur mode de résistance, c’est la défense des autonomies locales par le droit constitutionnel et dans le cadre de la Constitution, contre le centralisme qui sert de base à l’impérialisme.

              Aux USA, la force qui dissout veut le centralisme et l’éclatement, et la contre-force qui refuse la dissolution veut la déconcentration et la Constitution. Les catégories françaises ne permettent pas de penser de manière adéquate ce courant libéral fidèle au libéralisme originel.

              -Par ailleurs, je suis également persuadé que si un américain doit choisir entre l’intérêt de sa patrie et les intérêts particuliers, sur certaines questions sensibles, il privilégiera toujours sa patrie. 

              R /C’est le principal problème du dogme libéral selon lequel en se préoccupant de ses intérêts privés on sert forcément l’intérêt général. Parce que dans les faits, les deux peuvent s’opposer !

              Le fait est que l’Amérique est prise en otage par des oligarchies, qui instrumentalise leur pays pour garantir leurs intérêts privés. L’Amérique n’est plus que le jouet de corporations qui se battent entre elles pour contrôler le pays !

               Leur foi dans l’individualisme est le terreau de ce retournement, lui-même terreau du totalitarisme. Ils ne voient pas que le retournement de leur projet collectif contre son expression idéale provient d’un vice inscrit dès l’origine dans sa matrice et non par la perversion de ce projet par les oligarques de Washington et de Wall street !

              -Dans le langage commun, c’est vrai que la plupart des gens amalgament les deux termes de "libéral" et "d’individualisme". Or, je constate que, sur ce point là, vous tenez EXACTEMENT le même raisonnement que Jean Robin 

              R / Pour le coup, je trouve Jean Robnin cohérent quand il se dit libéral, patriote et individualiste, pour pousser la cohérence jusqu’ au bout, il devrait s’inspirer des libertariens américains qui n’hésitent pas à attaquer Wall street et la mondialisation financière que lui défend !

              Par contre se dire libéral et anti -individualiste, je ne sais pas ce que ça veut dire, pour moi, ça n’a absolument aucun sens !

              -Le mot anglais individualism n’a pas tout à fait la même signification que le mot français 

              R / Mais déjà, il faudrait être d’ accord sur la signification de ce terme en Français ! Mais quand les américains se disent individualiste, c’est dans le sens que je décris plus haut, c’est une référence aux pères fondateurs et à l’esprit de la constitution !

               

               


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                micnet 19 mars 2014 13:12

                Bonjour à vous MaQ,


                Je lis avec grand intérêt votre dernier commentaire et je considère que le sens que l’on attribue au mot "individualisme" est central pour notre discussion.
                Je suis tout à fait d’accord avec vous lorsque vous écrivez que " c’est le fait de se considérer soi même comme une unité, une totalité à part entière, en relation avec d’autres unités".
                Mais, comme vous m’y invitiez, je vais donc prolonger cette réflexion. Pour bien vous situer d’où je pars, sachez que je me base (cela ne vous étonnera pas) de la réflexion Tocquevillienne qui dit ceci :

                " L’individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis ; de telle sorte que, après s’être ainsi créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même."
                De la Démocratie en Amérique A De Tocqueville Livre 2, 2è partie, chap 2

                Vous comprenez donc bien, eu égard à cette définition, qu’un individu qui "abandonne" la grande société à elle-même ne peut être, de facto, considéré comme un patriote et qu’il y a alors incompatibilité entre "patriotisme" et "individualisme" (au sens de Tocqueville).
                C’est d’ailleurs tellement vrai que Tocqueville, de par ses pérégrinations, ne considère pas l’Amérique comme une société individualiste :

                " Les Américains ont combattu par la liberté l’individualisme que l’égalité faisait naître, et ils l’ont vaincu. Les législateurs de l’Amérique n’ont pas cru que pour guérir une maladie si naturelle au corps social dans les temps démocratiques et si funeste, il suffisait d’accorder à la nation tout entière une représentation d’elle-même ; ils ont pensé que, de plus, il convenait de donner une vie politique à chaque portion du territoire, afin de multiplier à l’infini, pour les citoyens, les occasions d’agir ensemble, et de leur faire sentir tous les jours qu’ils dépendent les uns des autres.
                C’était se conduire avec sagesse."

                Il convient d’ajouter ici un élément essentiel pour caractériser l’individualisme : c’est la recherche de l’égalité, qui en constitue le moteur, selon Tocqueville.

                Donc en résumé, un libéral individualiste est un libéral-libertaire ! Pas un libéral-conservateur qui place le patriotisme au-dessus de tout

                "R /C’est le principal problème du dogme libéral selon lequel en se préoccupant de ses intérêts privés on sert forcément l’intérêt général. Parce que dans les faits, les deux peuvent s’opposer "

                ---> Tout à fait, ils finissent nécessairement par s’opposer tôt ou tard ! Et c’est pour ça que je vous dis que lorsque l’américain moyen doit faire un choix entre les deux, il privilégiera l’intérêt général. Cf l’exemple que je vous ai cité concernant le "mariage gay" (qui constitue une liberté individuelle) et pour lequel la majorité des américains y est toujours opposée

                "R / Pour le coup, je trouve Jean Robnin cohérent quand il se dit libéral, patriote et individualiste, pour pousser la cohérence jusqu’ au bout, il devrait s’inspirer des libertariens américains qui n’hésitent pas à attaquer Wall street et la mondialisation financière que lui défend !"

                ---> Et bien justement ! Jean Robin se définit comme "libéral-conservateur" et ne se considère pas comme un "libertarien" (ce qui est la marque de l’individualisme, en effet). Il est donc en pleine contradiction avec lui-même

                "Par contre se dire libéral et anti -individualiste, je ne sais pas ce que ça veut dire, pour moi, ça n’a absolument aucun sens "

                ---> Cf mon approche tocquevillienne décrite plus haut. Mais en complément, je vous invite à écouter attentivement cet extrait de l’interview de Christian Vanneste par Jean Robin.

                Je suis évidemment entièrement sur la ligne de Vanneste ! Prenez le temps d’écouter à partir de la 17è minute jusqu’à la 19è et dites-moi ce que vous en pensez



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                  maQiavel maQiavel1983 19 mars 2014 13:29

                  L’individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis ; de telle sorte que, après s’être ainsi créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même."

                  R / Merci pour ce passage de « De la Démocratie en Amérique » de Tocqueville, je me rappelle avoir tiqué dessus lorsque je l’ai lu.

                  Je ne suis absolument pas d’ accord avec cette définition qui correspond plus pour moi à de l’isolationnisme individuel ou à de l’égoïsme si on veut ! Ca reste de l’individualisme mais à un stade exacerbé !

                  Un individualiste peut très bien vivre dans la masse, avec sa famille et des amis, et participer activement à la société et même de façon très altruiste !

                  Mais c’est là que réside toute la divergence !

                  -Il convient d’ajouter ici un élément essentiel pour caractériser l’individualisme : c’est la recherche de l’égalité, qui en constitue le moteur, selon Tocqueville.

                  R / Une autre divergence : je peux concevoir que dans certain cas , l’ individualisme mène à la recherche de l’ égalité ( si les hommes sont des totalités à part entioère et que la liberté individuelle doit être assurée , pour ne pas tomber dans ‘l oppression , les hommes doivent être égaux au moins en droit ) mais ce n’ est pas toujours le cas , et l’ individualisme mène peu souvent à l’ égalitarisme ( égalité comme une fin en soi ).

                  -Jean Robin se définit comme "libéral-conservateur" et ne se considère pas comme un "libertarien" 

                  R / Attention, vous confondez libertaire (France) et libertarien (USA). Les libertariens sont des libéraux conservateurs aux USA et aussi patriote ! Ce n’est pas du tout la même chose, relisez la manière dont je décris les libertariens plus haut !

                  Je vais écouter la vidéo de vaneste ( il me semble l’ avoir déjà écouté ).


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                  maQiavel maQiavel1983 19 mars 2014 14:14

                  J’ai vu le lien de vanneste (en fait je ne l’avais jamais vu), c’ est un Tocquevillien , donc je copmprend le raisonnement !

                  En vérité, je reproche deux choses à Tocqueville :

                  -D’ avoir tronqué le terme de démocratie (ce qu’il décrit n’a rien avoir avec la démocratie).

                  -D’ avoir tronqué le terme d’individualisme.

                  Concernant la démocratie, je ne vais pas y revenir, il n’a jamais existé de régime démocratique moderne, ça m’étonne qu’on y voie la source de tous les maux à la modernité.

                  Concernant l’individualisme puisque c’est le sujet, je vais m’étendre. L’individualisme n ‘ est pas un état en tant que tel, c’est une succession de stades entre l’holisme et l’égoïsme narcissique absolu.

                  Des stades d’individualisme sont plus avancés que d’autres.

                  La communauté des personnes , que cite vanneste correspond plus aux communautés primitives qu’ autres chose , c’ est l’ holisme total à un point que la propriété privée n’ existe pas et que l’ individu n’ existe pas , les personnes ne sont que des parties du collectif !

                  Le stade suivant, qui introduit déjà l’individualisme, c’est celui de la société traditionnelle archaïque, avec des tribus, des gentes, des clans etc. A ce stade d’individualisme, le concept de propriété existe à titre collectif (la propriété du clan, de la gente, de la tribu etc.), mais l’individu n’existe pas encore, La garantie contre l’agression et la famine, c’est la solidarité naturelle des clans et des familles ! C’est la communauté qui rend la justice, et tous membre de la communauté sont armés et sont des soldats mobilisable en cas d’agression, le monopole de la violence n’existe pas. Pour assurer sa survie, on a besoin de son prochain, de chaque membre de sa communauté, d’ où les mariages et diverses protocoles communautaires pour souder les personnes.

                  Ensuite on passe à un  stade supérieur d’individualisme, la société traditionelle Etatique dans laquelle il existe une concentration du pouvoir économique et politique en un point géographique (la capitale qui vit de ses prélèvements sur un point du territoire) et en un point du champ social (la classe dirigeante). Dès que l’Etat apparaît, cette solidarité n’est plus nécessaire puisque l’Etat remplis toutes ces fonction : on a plus besoin de souder des liens pour combattre, pour rendre la justice et se protéger de la famine car il existe une armée professionnelle, des tribunaux et des réserves alimentaires .Le lien social se distend naturellement ! Vient ensuite, le stade supérieur , l’Etat moderne qui va donner l’existence aux individus, qui sont à présent au centre de la société, et qui repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits fondamentaux qu’aucun pouvoir ne peut violer !A ce stade , un individu peut toujours être patriote , vivre dans la société de façon charitable avec ses semblables , l’ égoïsme y est encore plutôt mal vu , elle ‘n est pas encore généralisée dans les mœurs. Par sauts qualitatifs, on en arrive au stade actuel, celui qui réduit l’homme à être un homo economicus , une sorte d’ estomac sur pattes recherchant la jouissance narcissique et égoïste fier de ce qu’ il détruit par la consommation. Là je fais la synthèse de la synthèse de la synthèse, le processus est bien plus complexe et bien plus subtil évidemment ! Mais dès que l’on sort de l’holisme des communautés primitives, on est déjà dans la dynamique individualiste qui va connaitre des sauts qualitatifs au cours du temps ! Vanneste qui s’inspire de Tocqueville considère que le dernier stade, celui de ‘l individus égoïste, c’est l’individualisme alors que ça n’en est que le stade exacerbé ! Voilà mon opinion sur votre lien ! Mais qu’en dit Qamarad ?

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                    micnet 19 mars 2014 18:38

                    @MaQ


                    Pour ce qui concerne les "libertariens américains", merci pour l’info car en effet, j’ignorais complètement le fait qu’ils étaient de type "libéraux-conservateurs".
                    Mais du coup, vous comprenez que je ne les considère pas du tout comme des individualistes.

                    Pour le reste :

                    "En vérité, je reproche deux choses à Tocqueville :

                    -D’ avoir tronqué le terme de démocratie (ce qu’il décrit n’a rien avoir avec la démocratie).

                    -D’ avoir tronqué le terme d’individualisme."


                    ---> Je vous lis et j’estime que c’est, bien évidemment, votre droit le plus strict de réfuter la vision de Tocqueville, aussi bien sur l’individualisme que sur la démocratie, d’ailleurs. Seulement, je me dois alors de vous poser la question suivante : quels sont pour vous le ou les intellectuel(s) de référence qui font autorité pour définir ce qu’est l’individualisme ? Je vous demande ça car il me paraît très important de savoir ce sur quoi nous nous basons l’un et l’autre, afin de pouvoir avancer. Donc pour moi c’est Tocqueville qui fait référence car il est un des seuls à avoir proposé une définition aussi précise de l’individualisme (que l’on peut bien sûr réfuter). Et pour vous ?

                    "Concernant la démocratie, je ne vais pas y revenir, il n’a jamais existé de régime démocratique moderne, ça m’étonne qu’on y voie la source de tous les maux à la modernité."

                    ---> Je suppose que vous faites allusion ici à ce que vous appelez la "vraie" démocratie, à savoir athénienne, n’est-ce pas ? Il faudrait consacrer un article entier rien que sur ce sujet et comparer la démocratie athénienne avec notre démocratie "moderne". Et vous vous apercevriez alors qu’il y a beaucoup de similitudes, notamment négatives. J’avais posté il y a quelques mois une vidéo consacrée à Socrate, vidéo qui a un tout petit peu évoqué les critiques de ce dernier envers cette démocratie athénienne même si ça n’était pas le principal sujet

                    "La communauté des personnes , que cite vanneste correspond plus aux communautés primitives qu’ autres chose , c’ est l’ holisme total à un point que la propriété privée n’ existe pas et que l’ individu n’ existe pas , les personnes ne sont que des parties du collectif !

                    ---> Non, du tout ! Ce n’est absolument pas ça que dit Vanneste lorsqu’il parle " d’individu incarné" ou de "personne". Il insiste bien sur le fait que les individus incarnés sont des êtres autonomes, libres et responsables et non pas des robots. Seulement, à la différence d’une société individualiste, ces individus incarnés se sentent responsables vis-à-vis de leur communauté d’appartenance et ne constituent pas des "individus d’une foule solitaire" ne se considérant aucunement liés entre eux. Vanneste rejette donc à la fois le holisme et l’individualisme. 
                    Quant à la propriété privée, j’imagine mal Vanneste, qui fait par ailleurs l’éloge de Margareth Thatcher dans cette même vidéo, être contre ce principe smiley

                    Sinon, quant à votre classification des différents degrés d’individualisme, en fonction des époques, elle rejoint globalement ce que j’en ai dit moi-même et je ne comprends donc pas pourquoi vous êtes en désaccord ?
                    Quand vous dites :

                    "L’individualisme, si je devais prolonger la description, je dirai que c’est le fait de se considérer soi même comme une unité, une totalité à part entière, en relation avec d’autres unités"

                    Vous mettez, tout comme moi, l’accent sur le fait que l’individu constitue une fin en soi, donc qu’il n’a aucun devoir envers sa communauté (si on est logique) et que toute forme de patriotisme, par conséquent, n’a pas lieu d’être. Honnêtement, je vois là une grosse contradiction dans vos propos !

                    Enfin, vous parlez de l’égoïsme en tant que dernier stade de l’individualisme sauf que Tocqueville a clairement fait le distinguo. Là où l’individualisme constitue un "sentiment réfléchi et paisible", L’égoïsme, selon Tocqueville se définit comme :

                    " L’égoïsme est un amour passionné et exagéré de soi-même, qui porte l’homme à ne rien rapporter qu’à lui seul et à se préférer à tout."

                    Donc l’égoïsme ne constitue pas un quelconque "stade évolutif" de l’individualisme selon Tocqueville, dans la mesure où l’égoïsme relève de l’irrationnel, contrairement à l’individualisme.





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                      micnet 19 mars 2014 18:51

                      @MaQ


                      Précision : Quand j’écris que "je vois là une grosse contradiction dans vos propos", je parle de la contradiction entre votre définition de l’individualisme (que j’approuve) et le fait que vous affirmiez en même temps, eu égard à votre propre définition, que l’on peut être à la fois individualiste et patriote !

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                        maQiavel maQiavel1983 19 mars 2014 19:41

                        -quels sont pour vous le ou les intellectuel(s) de référence qui font autorité pour définir ce qu’est l’individualisme

                        R / Je me réfère aux études sociologies des groupes humains, Durkheim, Granovetter, Mauss etc. mais également au matérialisme historique de gens comme Ibn Khaldun, Marx et Engels, le courant situationniste etc.

                        Mais je ne sais pas si c’est vraiment important, de toute façon j’y mêle aussi mes réflexions personnelles ! Mais en tous cas, je réfute complètement la définition de Tocqueville !

                        -Je suppose que vous faites allusion ici à ce que vous appelez la "vraie" démocratie, à savoir athénienne, n’est-ce pas ?

                        R / Oui tout à fait, c’est le régime dans lequel le peuple gouverne, les régimes représentatifs ne sont pas des démocraties et n’ont pas été voulues comme tel, appeler ces régimes représentatif qui ont été voulue comme des aristocraties (et qui ne le sont pas ) « démocraties » n’ a aucun sens !

                        C’est une question de donner un sens aux mots sinon on ne comprend pas de quoi on parle !

                         

                        -"La communauté des personnes , que cite vanneste correspond plus aux communautés primitives qu’ autres chose , c’ est l’ holisme total à un point que la propriété privée n’ existe pas et que l’ individu n’ existe pas , les personnes ne sont que des parties du collectif !Non, du tout ! Ce n’est absolument pas ça que dit Vanneste lorsqu’il parle " d’individu incarné" ou de "personne". 

                         

                        R / Non , vous m’ avez mal compris , je n’ ai pas été assez clair , je n’ ai pas dit ce que Vanneste dit , je dis que la communautés des personne qu’ il cite n’ est pas ce qu’ il décrit !

                         

                        - Sinon, quant à votre classification des différents degrés d’individualisme, en fonction des époques, elle rejoint globalement ce que j’en ai dit moi-même et je ne comprends donc pas pourquoi vous êtes en désaccord ?

                        R / Ah bon ? Vous êtes sur de m’avoir compris ? Je dis que les seules communautés qui ne sont pas individualistes, ce sont les communautés primitives !

                         

                        -"L’individualisme, si je devais prolonger la description, je dirai que c’est le fait de se considérer soi même comme une unité, une totalité à part entière, en relation avec d’autres unités"Vous mettez, tout comme moi, l’accent sur le fait que l’individu constitue une fin en soi

                         

                        R / Non, pas du tout ! Si vous relisez attentivement ma description sommaire, vous verrez que l’individualisme commence déjà dans des sociétés dans lesquelles l’individu n’est pas une fin en soi (cfr société traditionelle archaïque fondée sur les tribus, les clans, et les sociétés traditionnelles Etatique).

                         

                        Lorsque l’individu devient une fin en soi, on est déjà très loin dans le processus d’individualisation !

                        -Honnêtement, je vois là une grosse contradiction dans vos propos !

                         

                        R / A mon avis vous n’arrivez pas à comprendre ce que je dis quand je parle de l’individualisme, non pas comme d’un état figé mais d’un processus dynamique qui va en s’accentuant petit à petit !

                         

                        Il n’y a aucune contradiction à se considérer comme une unité différente des autres, une totalité à part entière et le fait d’avoir une vie sociale, familiale, et même de revendiquer fermement son appartenance à une communauté de destin !

                         

                         

                        -Enfin, vous parlez de l’égoïsme en tant que dernier stade de l’individualisme sauf que Tocqueville a clairement fait le distinguo. Là où l’individualisme constitue un "sentiment réfléchi et paisible", L’égoïsme, selon Tocqueville se définit comme :" L’égoïsme est un amour passionné et exagéré de soi-même, qui porte l’homme à ne rien rapporter qu’à lui seul et à se préférer à tout."

                         

                        R / Non seulement je ne suis pas d’ accord avec la définition de l’individualisme de Tocqueville, mais en plus je ne suis pas d’ accord non plus avec sa définition de l’égoïsme si vous me dites que selon lui, cela relève de l’irrationnel !

                         

                        On peut être très rationnellement égoïste,et de façon très calculatrice c’est pour moi une évidence !

                         

                        -Quand j’écris que "je vois là une grosse contradiction dans vos propos", je parle de la contradiction entre votre définition de l’individualisme (que j’approuve) et le fait que vous affirmiez en même temps, eu égard à votre propre définition, que l’on peut être à la fois individualiste et patriote !

                         

                        R / A mon avis, vous n’avez pas du comprendre ma définition ou vous ne l’avez pas prise dans sa totalité, en tous cas la définition que j’ai donnée n’a rien avoir avec celle de Tocqueville que vous avez mit « qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis ».

                         

                        Dans ma définition, un individualiste peut très bien vivre en société avec sa famille, ses amis et aimer passionnément son pays, il n’y a rien d’incompatible avec la définition que j’ai donnée ! 


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                        maQiavel maQiavel1983 19 mars 2014 21:19

                        Au fait , Qamarad nous a quitté ?


                        • vote
                          Qamarad Qamarad 20 mars 2014 09:35

                          Non, pas du tout ! Il est un peu chargé, c’est tout smiley
                          Je lis tout ça dès que je peux et je ferai un commentaire ce soir !


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                          micnet 19 mars 2014 21:21

                          @MaQ


                          "Je me réfère aux études sociologies des groupes humains, Durkheim, Granovetter, Mauss etc. mais également au matérialisme historique de gens comme Ibn Khaldun, Marx et Engels, le courant situationniste etc.

                          Mais je ne sais pas si c’est vraiment important, de toute façon j’y mêle aussi mes réflexions personnelles ! Mais en tous cas, je réfute complètement la définition de Tocqueville !"


                          ---> Mais est-ce que toutes ces personnes donnent une définition précise de l’individualisme ? C’est très important car sinon, on peut tous interpréter leur conception de manière différente.


                          "Oui tout à fait, c’est le régime dans lequel le peuple gouverne, les régimes représentatifs ne sont pas des démocraties et n’ont pas été voulues comme tel, appeler ces régimes représentatif qui ont été voulue comme des aristocraties (et qui ne le sont pas ) « démocraties » n’ a aucun sens !

                          C’est une question de donner un sens aux mots sinon on ne comprend pas de quoi on parle !


                          ---> Mais je n’ai jamais dit le contraire là-dessus, MaQ ! Je vous dis juste que si on fait un comparatif entre les sociétés démocratiques "modernes" dans leur évolution et la société démocratique Athénienne, on s’aperçoit que la démocratie Athénienne, avant la guerre du Péloponnèse notamment, s’est AUSSI caractérisée par la mise en place d’oligarchies non légitimes, par de la corruption,etc... lisez Platon et vous verrez que les critiques, dans la bouche de Socrate, vous rappelleront furieusement les critiques d’aujourd’hui sur notre "démocratie" moderne. Ne vous faites pas une image idyllique d’Athènes. Maintenant, si vous réfutez aussi Platon, alors lisez Rousseau et Le Contrat Social, où il affirme, lui aussi, une préférence pour l’Aristocratie.


                          "Non , vous m’ avez mal compris , je n’ ai pas été assez clair , je n’ ai pas dit ce que Vanneste dit , je dis que la communautés des personne qu’ il cite n’ est pas ce qu’ il décrit !


                          ----> Mais de quelle(s) communauté(s) parlez-vous ?? J’ai peur que vous n’ayez pas bien compris l’extrait. Vanneste, quand il parle des "personnes" veut juste dire qu’il fait là une nette distinction entre une personne (= individu incarné, non séparé de sa collectivité, ce qui ne signifie pas pour autant holiste) et un individu désincarné, un peu comme des atomes qui n’auraient aucun lien entre eux.

                          En résumé, Vanneste dit simplement qu’une société complètement individualiste est une société dans laquelle les individus n’établissent pas de liens entre eux. Ni plus, ni moins. 


                          "R / Non, pas du tout ! Si vous relisez attentivement ma description sommaire, vous verrez que l’individualisme commence déjà dans des sociétés dans lesquelles l’individu n’est pas une fin en soi (cfr société traditionelle archaïque fondée sur les tribus, les clans, et les sociétés traditionnelles Etatique)."


                          ---> Là encore, où ai-je dit le contraire ? Je suis d’accord pour dire que l’individualisme n’est pas un phénomène fixe mais qu’il n’a cessé de croître au cours de l’Histoire. Et comme j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire, j’estime que l’individualisme était en germe dans le christianisme. Et puis il s’est ensuite bien développé depuis l’époque moderne. 

                          Mais en quoi c’est contradictoire avec la définition de Tocqueville ?


                          "Lorsque l’individu devient une fin en soi, on est déjà très loin dans le processus d’individualisation !


                          ---> Tout à fait ! 


                          "R / A mon avis vous n’arrivez pas à comprendre ce que je dis quand je parle de l’individualisme, non pas comme d’un état figé mais d’un processus dynamique qui va en s’accentuant petit à petit !


                          ----> Je l’ai au contraire très bien compris puisque je n’ai cessé de vous dire, quand nous avons échangé sur le capitalisme, que ce dernier était lié, selon moi, à la société dans laquelle il évoluait. Je vous ai toujours dit que, pour moi, l’évolution du capitalisme était lié à l’évolution de l’individualisme dans les sociétés. 

                          Donc oui, je redis avec vous que l’individualisme est un processus en mouvement !

                          Là vous cherchez des désaccords qui n’existent pas entre nous. Ou alors, c’est autre chose qui vous fait tiquer dans ce que j’ai écrit, mais quoi précisément ?


                          "R / Non seulement je ne suis pas d’ accord avec la définition de l’individualisme de Tocqueville, mais en plus je ne suis pas d’ accord non plus avec sa définition de l’égoïsme si vous me dites que selon lui, cela relève de l’irrationnel !


                          ---> Le problème, c’est que je n’arrive toujours pas à comprendre ce sur quoi vous n’êtes pas d’accord. Encore une fois, ni Tocqueville, ni moi-même n’avons jamais écrit que l’individualisme était un processus figé. Bien au contraire, même, relisez-le attentivement.


                          "Il n’y a aucune contradiction à se considérer comme une unité différente des autres, une totalité à part entière et le fait d’avoir une vie sociale, familiale, et même de revendiquer fermement son appartenance à une communauté de destin !


                          ---> Ah enfin ! Là effectivement, il y a un vrai désaccord smiley. Et bien moi j’affirme que c’est tout à fait contradictoire ! Si on se considère comme une "totalité à part entière", alors c’est qu’on considère que notre communauté n’a pas d’importance ou, a minima, qu’elle passe APRES, notre propre liberté individuelle. C’est une simple question de logique. Si les mots ont un sens, "considérer l’individu comme totalité à part entière", c’est le considérer comme auto-suffisant ! Sinon, c’est que l’individu n’est pas "total" et qu’il est dépendant d’autres facteurs.

                          Partant de là, je vous affirme que les américains sont moins individualistes que les français, non seulement à cause de leur patriotisme développé mais aussi (et surtout) à cause de leur "éthique religieuse" (c’est à dire une verticalité)

                          Mais je ne développe pas plus avant ce point précis car je compte en faire prochainement un article smiley



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                            maQiavel maQiavel1983 19 mars 2014 21:32

                            Je vous répond demain , bonne soirée !


                          • vote
                            micnet 19 mars 2014 21:36

                            J’allais également prendre congé smiley


                            Bonne soirée à vous également, MaQ

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                            maQiavel maQiavel1983 20 mars 2014 13:09

                            Me voilà.

                            -Ne vous faites pas une image idyllique d’Athènes

                            R / Je ne me fait pas une image Idyllique d’ Athènes, je dis que nos régime actuels ne sont pas des démocraties mais que le régime Athénien l’était. Comme nos régimes ne sont pas des démocraties, on ne peut pas accuser les dérives actuelles à la démocratie puisqu’ elle n’existe pas, ça n’ a pas de sens.

                            Si vous considérez que les dérives actuelles sont les mêmes que celle du régime Athénien, ce qui est contestable, il faudra que vous donniez un nom à ces dérives mais elles ne peuvent pas porter le nom de « démocratie » puisqu’ il n’a jamais existé de démocratie dans la modernité. Je ne sais pas si je suis suffisamment clair.

                            Quand aux critiques de Platon, je les connais et on peut les réfuter (et d’ ailleurs d’autres philosophes de son époque les réfutaient), ce n’est pas parce que Platon a écrit quelque chose que c’est incontestable.

                            -Sur l’extrait de Vanneste

                            Vous ne m’avez absolument pas compris. Je n’interprète pas les propos de Vanneste d’ une façon ou d’ une autre, j’écoute ce qu’il dit et il dit ceci : « la différence entre l’individus et la personne est que la personne est un individu incarné dans une communauté ».

                            J’ai très bien compris ce qu’il dit et moi je réponds que de mon point de vue et en relation avec la définition que j’ai donné plus à l’individualisme et aux différents stades, ce qu’il dit n’absolument aucun sens, que je suis en désaccords total, C’est tout ce que je dis , j’ espère que c’ est assez clair à présent.

                            Le point suivant, il faut que je reprenne l’ échange sinon on ne comprends rien , il y’ a un moment ou on a perdu le contact au niveau de la communication ( ce qui nous arrive souvent smiley ) :

                            Je dis : L’individualisme, si je devais prolonger la description, je dirai que c’est le fait de se considérer soi même comme une unité, une totalité à part entière, en relation avec d’autres unités"

                            Vous répondez : « Vous mettez, tout comme moi, l’accent sur le fait que l’individu constitue une fin en soi »

                            Je réponds : « Non, pas du tout ! Si vous relisez attentivement ma description sommaire, vous verrez que l’individualisme commence déjà dans des sociétés dans lesquelles l’individu n’est pas une fin en soi (cfr société traditionelle archaïque fondée sur les tribus, les clans, et les sociétés traditionnelles Etatique) ».

                            Et vous me répondez  : « Là encore, où ai-je dit le contraire ? »

                            Maintenant je vous répond que là-dessus on est pas d’ accord et que vous dites le contraire que moi puisque je dis et je le met en gras, que  l’individualisme est déjà présent dans les sociétés ou l’individus n’est pas une fin en soi.

                            Voilà, j’espère avoir réussit à rétablir la communication et qu’on sera d’ accord sur notre désaccords parce que si vous me dites que vous épates d’ accord avec moi là-dessus aussi, alors là , on ne s’ en sort plus.

                            Parce que ce que j’essaie de faire, c’est de mettre en évidence nos divergences qui sont d’ après moi abyssales.

                            -"Lorsque l’individu devient une fin en soi, on est déjà très loin dans le processus d’individualisation !

                            Vous répondez :---> Tout à fait ! 

                            R / Il faut faire attention parce que à mon avis même là-dessus nous ne sommes pas d’ accord. Parce que je sous entends que dans le processus d’individualisation, il y’ a des stades ou l’individu n’est pas encore une fin en soi.

                            C’est à dire que je dis que « individualisme = individus  est une fin en soi » est faux , cette correspondance ne correspond qu’ aux stades les plus avancés de l’ individualisme , dans les stades les moins avancés , l’ individus n’ est pas une fin en soi mais on est déjà dans la dynamique individualiste ( je me répète parce que j’ essaie d’ être le plus clair possible).


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                            maQiavel maQiavel1983 20 mars 2014 13:10

                            "Il n’y a aucune contradiction à se considérer comme une unité différente des autres, une totalité à part entière et le fait d’avoir une vie sociale, familiale, et même de revendiquer fermement son appartenance à une communauté de destin !---> Ah enfin ! Là effectivement, il y a un vrai désaccord 

                             

                            R / Exactement mais en réalité, tout est lié avec ce que je dis précédemment puisque je dis bien qu’il y’ a des stades d’individualismes ou l’individu n’est pas une fin en soi, ou il a une vie sociale, familiale, et peut être patriote etc.

                             

                            -Et bien moi j’affirme que c’est tout à fait contradictoire ! Si on se considère comme une "totalité à part entière", alors c’est qu’on considère que notre communauté n’a pas d’importance ou, a minima, qu’elle passe APRES, notre propre liberté individuelle. 

                             

                            R / Eh bien, moi je dis exactement le contraire et je ne vois aucune contradiction. Se considérer comme une totalité à part entière n’exclut pas les interactions avec les autres totalités (individus) et de ces interactions naissent une entitée supérieure qui est la société (c’ est le paradigme atomistique en sociologie ).

                            Le paradigme atomistique n’exclut pas le lien social, il peut être très fort ( axé sur une anthrpologie du don , avec le donner recevoir rendre )et il peut aussi être très faible ( et là on vire vers l’ égoisme tel que je l’ ai décrit plus haut).

                            Mais dans ces deux cas et dans les cas intermédiaire, les individus sont des totalités à part entière différentes des autres, des êtres dotés de droit inaliénables, on reste dans l’individualisme, mais à des stades différents.

                            Si les mots ont un sens, "considérer l’individu comme totalité à part entière", c’est le considérer comme auto-suffisant ! 

                            R / Absolument pas. Ce n’est pas du tout le sens que je donne au terme « totalité à part entière », même l’égoïste sait qu’il n’est pas autosuffisant et que pour survivre il doit avoir des interactions sociales mais les lui les conçoit  uniquement du point de vue utilitariste.

                            -Sinon, c’est que l’individu n’est pas "total" et qu’il est dépendant d’autres facteurs.

                            R / En ce qui me concerne l’individu est toujours dépendant d’autres facteurs, cela n’empêche pas de se concevoir comme une totalité avec ses projets spécifiques et ses fins particulières.

                            Le seul état ou l’individus n’est pas une totalité, c’est l’holisme, là les personnes ne sont que les parties d’ un tout englobant qui dépasse la simple somme de leurs interactions. Ils ne sont pas des ayants droits.

                            -Partant de là, je vous affirme que les américains sont moins individualistes que les français, non seulement à cause de leur patriotisme développé mais aussi (et surtout) à cause de leur "éthique religieuse" (c’est à dire une verticalité)

                            R / Moi , je vous affirme que l’ Amérique est la nation la plus individualistes qui n’ aie jamais existé et par ailleurs elle le revendique , pour elle , c’ est l’ individualisme ( tel que je le décrit plus haut lorsque j’ ai parlé de la constitution ) qui a fait leur pays.

                            Beaucoup d’américains seraient extrêmement fâché qu’on leur dise qu’ils ne sont pas individualistes.

                            Vous pouvez pensez qu’ils ne le sont pas, c’est votre droit mais eux se considèrent comme tel et tout le monde les considèrent comme tel à travers le monde, je viens de découvrir que ce n’est pas le cas des Tocqueviliens smiley mais c’est lié à votre définition très particulière et en somme marginale de l’individualisme.

                            -Mais je ne développe pas plus avant ce point précis car je compte en faire prochainement un article 

                            R / Et je pense que peu de gens le comprendrons et ceux qui le comprendrons ne vous suivrons pas ( ce qui ne veut pas dire que vous avez tort ou raison , c’ est juste que c’ est une façon tr ès isolé de voir les choses).

                            Mais je comptais depuis assez longtemps continuer ma série sur ‘l histoire des relations publiques et la dernière partie aborde aussi cette question à travers Thatcher et Reagan.

                             


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                            micnet 20 mars 2014 13:55

                            @MaQ


                            Je viens juste de voir votre dernier message, je vous réponds en détails ce soir

                          • vote
                            micnet 20 mars 2014 13:51

                            Bonjour MaQ,


                            Vous avez raison : il est plus que nécessaire de reclarifier tout ça (ne serait-ce que par respect pour nos lecteurs, du moins si on veut les garder smiley).
                            Alors à mon tour, j’essaie de synthétiser l’ensemble de nos échanges liés à l’individualisme.

                            2 remarques principales

                            1 - Pour resituer les choses, notre discussion de départ vient du fait que, pour ma part, j’estime qu’il est parfaitement incompatible de se proclamer à la fois "patriote" et "individualiste". Là-dessus vous m’avez indiqué votre désaccord car il serait parfaitement possible d’être à la fois l’un et l’autre, selon vous. Donc pour bien préciser les choses, j’ai estimé utile de vous proposer ma propre définition de l’individualisme, qui se trouve être celle de Tocqueville, cela afin qu’on s’entende déjà sur les termes que l’on utilise.
                            Mais avant d’aborder directement ce désaccord de définition entre nous, auparavant j’ai déjà envie de savoir, eu égard à ma propre définition de l’individualisme si vous êtes au-moins d’accord pour admettre qu’il y a bien incompatibilité à se déclarer à la fois patriote et individualiste ?
                            En d’autres termes, est-ce que vous m’accordez au-moins une certaine cohérence ?

                            2 - Maintenant, venons-en à notre désaccord proprement dit. Vous m’avez dit contester la définition Tocquevillienne de l’individualisme. Fort bien ! Je vous ai donc demandé quelle était alors VOTRE définition ? Et après l’avoir lu attentivement, je suis désolé de vous confirmer (et je vous affirme vous avoir bien lu en détails) que je ne vois absolument pas en quoi votre définition, bien que formulée différemment, est en désaccord avec la mienne. Sincèrement.
                            De ce que je crois comprendre, notre désaccord se situerait, selon vous, à 2 niveaux :

                            - Vous me dites que je ne prends pas en compte le fait que l’individualisme est un processus évolutif. Mais où donc avez-vous lu que Tocqueville, Vanneste ou moi-même faisions de l’individualisme un processus figé ???
                            Donc je le répète et je le mets également en gras : j’ai toujours affirmé que l’individualisme était évolutif, car pour moi il correspond trait pour trait à ce que j’appelle le processus d’horizontalité. (relisez mes différents commentaires).
                            Donc sincèrement, je ne comprends vraiment pas 

                            - Le 2 è point de désaccord (toujours selon vous) se situerait sur le fait que votre définition = " l’individualisme considère l’individu comme une totalité à part entière" différerait complètement de la mienne = "l’individualisme considère l’individu comme une fin en soi, n’ayant plus de liens avec sa communauté" et je précise que c’est là, pour moi, le stade ultime d’une société individualiste, cela va de soi.

                            Maintenant que j’estime avoir bien reprécisé les choses (enfin j’espère) et que la communication entre nous est rétablie ( smiley), expliquez-moi en quoi nos deux définitions de l’individualisme divergent ?

                            • vote
                              maQiavel maQiavel1983 20 mars 2014 14:44

                              Point 1 : Oui , le point de départ de la discussion , c’ est le patriotisme et l’ individualisme , je n’ y vois aucun antagonisme et c’ est cohérent avec la définition que j’ en donne ) et vous y voyez vous une antinomie , ce qui est aussi cohérent avec votre définition.

                              Donc, bien sur je vous accorde une cohérence.

                              Point 2 : Le problème est que moi, je conteste votre définition Tocquevilienne de l’individualisme, et vous dites ne pas contestez la mienne (mais je pense que vous ne la contestez pas parce que vous ne la comprenez pas).

                              Dans ma description lorsque l’on sort de l’holisme, on est déjà dans l’ individualisme , à un stade mineur mais individualisme tout de même.

                              Si je devais faire une représentation caricaturale de la dynamique individualiste, je représenterais une droite , les deux extrémités de la droite seraient le point A et le point B.

                              Le point A représente l’holisme, le stade ou l’individualisme serait inexistant, le point B , l’ individualisme total ( qui rendrait impossible toute forme de société).

                              Je dis que l’individualisme commence dès que l’on quitte le point A et plus on progresse vers B, plus l’individualisme augmente.

                              Je reprécise, c’est une caricature mais elle a le bénéfice d’être pédagogique.

                              -je ne vois absolument pas en quoi votre définition, bien que formulée différemment, est en désaccord avec la mienne. Sincèrement.  Expliquez-moi en quoi nos deux définitions de l’individualisme divergent ?

                              « L’individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis ».

                              ---> Voilà le désaccord de fond. Lorsque dans mon axe, je quitte le point A, je suis dans un processus d’individualisation mais cela n’empêche pas d’avoir des liens sociaux très forts avec mes semblables. Pourtant, je suis déjà individualiste. Plus j’avance dans cet axe, plus ces liens se distendent.

                              Donc , à une certaine distance du point A , être patriote et individualiste ( et même le revendiquer fortement comme les américains ) ne pose aucun problème , me  réaliser moi-même dans un processus d’autorévélation , m’ approprier mon moi personnel , travailler à accomplir mes aspirations individuelles , défendre mes intérêts privés , finaliser mes projets individuels , revendiquer mon individualité avec force, et bien cela crée une société harmonieuse dans laquelle la défense de ses intérêts privées donne la vertu publique , c’ est ça la révolution libérale anglo-saxonne et c’ est ça l’ Amérique individualiste et patriotique dont je parle.

                              - Mais où donc avez-vous lu que Tocqueville, Vanneste ou moi-même faisions de l’individualisme un processus figé ???

                              R / D’ accord, mais je ne suis pas revenu là-dessus dans mon dernier commentaire.

                              -l’individualisme considère l’individu comme une fin en soi, n’ayant plus de liens avec sa communauté" et je précise que c’est là, pour moi, le stade ultime d’une société individualiste, cela va de soi.

                              R / Et quels sont pour vous les stades mineurs d’une société individualiste ?

                               


                            • vote
                              micnet 20 mars 2014 19:14

                              @MaQ


                              Je vais répondre directement à votre dernier message qui me semble fondamental et qui me permettra, cette fois-ci, de vous démontrer que nous sommes bien en phase sur notre vision respective liée à l’individualisme. 
                              Je tiens à vous remercier d’avoir schématisé vos explications à l’aide d’un segment aux extrémités duquel nous trouvons un point A, correspondant à l’holisme total et un point B, à l’autre extrémité, correspondant à l’individualisme total. Car sans le savoir, vous venez d’adopter EXACTEMENT mon approche horizontalité/verticalité, l’horizontalité correspondant pour moi à l ’individualisme et la verticalité au holisme.
                              Je souris en repensant que lors de nos derniers échanges, vous me faisiez remarquer que j’adoptais un schéma binaire tandis que vous préfériez une approche "circulaire")
                              Bref, en tout cas, je note avec satisfaction que vous adoptez, vous aussi, un "esprit de système smiley. Au-moins sur ce sujet.

                              "Donc, bien sur je vous accorde une cohérence."

                              ----> Merci ! C’est toujours ça de pris smiley

                              "Dans ma description lorsque l’on sort de l’holisme, on est déjà dans l’ individualisme , à un stade mineur mais individualisme tout de même.

                              Si je devais faire une représentation caricaturale de la dynamique individualiste, je représenterais une droite , les deux extrémités de la droite seraient le point A et le point B.

                              Le point A représente l’holisme, le stade ou l’individualisme serait inexistant, le point B , l’ individualisme total ( qui rendrait impossible toute forme de société).

                              Je dis que l’individualisme commence dès que l’on quitte le point A et plus on progresse vers B, plus l’individualisme augmente."


                              ---> Je trouve votre développement ici fondamental et je vous rassure, cette vision, non seulement n’est pas caricaturale mais elle permet à mon avis de clarifier nos positions et, peut-être, de converger sur nos définitions.

                              Alors je reprends donc votre "segment" avec le point A (= holisme total) sur la première extrémité. Imaginez maintenant que je fasse glisser un curseur partant de A et qui remonte progressivement ce segment en direction de B (= individualisme total), cette remontée correspondant à l’évolution historique des sociétés, telle que vous l’avez vous-même énoncée, et qui traduit cette "individualisation progressive" desdites sociétés. 

                              Et bien, je vous le redis ici : vous avez tout à fait raison de dire que l’individualisme des sociétés augmente à mesure que l’on se rapproche de B. De même que l’individualisme commence effectivement, dès que le curseur quitte A.

                              Donc vous voyez : sur ce point là, nous sommes parfaitement en phase. Et je vous montrerai plus bas que cela correspond "trait pour trait" à la définition tocquevillienne de l’individualisme.


                              " Voilà le désaccord de fond. Lorsque dans mon axe, je quitte le point A, je suis dans un processus d’individualisation mais cela n’empêche pas d’avoir des liens sociaux très forts avec mes semblables. Pourtant, je suis déjà individualiste. Plus j’avance dans cet axe, plus ces liens se distendent."


                              ---> Et bien non ! Il n’y a PAS de désaccord, précisément parce que vous venez d’écrire vous même ceci : 


                              " Plus j’avance dans cet axe, plus ces liens se distendent."


                              Et bien je vous l’affirme ici : vous venez (presque), sans même le savoir, de citer Tocqueville. Car c’est précisément cette notion de "liens" entre les individus qui définit le degré d’individualisme, selon lui

                              La preuve, il dit ceci (toujours dans le même chapitre à propos de l’individualisme en démocratie) :


                              " Les institutions aristocratiques ont pour effet de lier étroitement chaque homme à plusieurs de ses concitoyens...
                              Dans les siècles démocratiques, au contraire, où les devoirs de l’espèce sont bien plus clairs, le dévouement envers un homme devient plus rare : le lien des affections humaines s’étend et se desserre"

                              CQFD !

                              "Donc , à une certaine distance du point A , être patriote et individualiste ( et même le revendiquer fortement comme les américains )

                              ---> Voilà, on en arrive maintenant au patriotisme VS individualisme : reprenons mon fameux curseur qui se déplace et affectons lui des pourcentages associés en terme d’individualisme et de patriotisme.
                              Ainsi, au départ, lorsque le curseur est sur A, nous avons à faire à une société 100% patriote (= holisme total) et 0% d’individualiste. Et lorsque ce curseur se déplace, ce ration se modifie progressivement, ainsi nous avons : 90/10 puis 80/20, etc...jusqu’à ce qu’un jour (Dieu nous en préserve), nos sociétés arrivent au-niveau de B avec un taux de patriotisme nul.

                              Donc, je vous remercie de m’avoir poussé à préciser ma pensée car lorsque je vous ai dit que l’individualisme était incompatible avec le patriotisme, ce n’était que partiellement vrai : j’aurais du dire que le patriotisme est inversement proportionnel à l’individualisme ! Car oui, si vous appliquez dans l’analyse mon schéma avec le curseur : vous avez raison : on peut être PARTIELLEMENT individualiste ( à 50%) et PARTIELLEMENT patriote (à 50%) mais on ne peut pas être pleinement patriote tout en étant pleinement individualiste. C’est cela qui est incompatible
                              Est-ce que tout ceci vous paraît plus clair et est-ce que vous êtes (en partie) d’accord avec moi là-dessus, maintenant que j’ai détaillé mon raisonnement tocquevillien ?







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