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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme par Max Weber

L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme par Max Weber

Max Weber, sociologue et économiste allemand (1864-1920) est principalement connu pour son livre L' éthique protestante et l'esprit du capitalisme, ouvrage majeur s'il en est, permettant de comprendre une des clés du fondement de ce qu'on appelle le "capitalisme entrepreneurial" de type protestant. Voici le résumé de cet ouvrage proposé par la quatrième de couverture

 

" Max Weber décrit le grand bouleversement des Temps Modernes, la transformation dans les mentalités du rapport à l'argent et à la fortune. Aux consciences médiévales marquées par la parole évangélique selon laquelle 'il est plus aisé pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer dans le royaume de Dieu' (Marc 10, 25), le protestantisme affirme que l'homme est sur terre pour se livrer à des oeuvres terrestres, et que le succès de ses entreprises est le signe de la grâce divine. L'essor du capitalisme se fonde sur cette révolution des esprits, engendrée par la tourmente luthérienne (NA : en réalité, il s'agit bien plutôt de la tourmente "calviniste"). Max Weber est le premier à donner une explication spécifique de l'essor du capitalisme. A travers cette magistrale leçon de sociologie, il éclaire d'un jour nouveau notre civilisation"

 

Voici, à ce propos, un extrait d'une des vidéos d'Alain Soral, extrait consacré à sa rubrique "l'antisémite du mois", où il évoque le livre de Weber qui distingue le capitalisme de type productiviste en opposition au capitalisme de type financier. Dommage que Soral, même s'il a entièrement raison, selon moi, d'opérer cette distinction entre ces deux formes de capitalisme (distinction avec laquelle beaucoup se trouvent en désaccord sous prétexte que le capitalisme constituerait un seul et même processus) n'envisage cet ouvrage que sous le prisme du judaïsme (son sujet préféré) face au protestantisme. Car l'étude très approfondie de Weber permet de donner une des clés (parmi d'autres) de compréhension du capitalisme de type anglo-saxon par l'étude du protestantisme en général et du calvinisme ainsi que de tous les mouvements ascétiques en particulier.

 

 

1 - L’esprit du capitalisme

 

Max Weber commence son ouvrage par un constat, quant à l’étude sociologique liée aux "piétistes chrétiens" :

 

"Pour commencer, quelques aspects extérieurs : il est certainement remarquable de constater que nombre de représentants des formes les plus intériorisées de la piété chrétienne, notamment parmi les adeptes du piétisme, sont issus de milieux commerçants. On pourrait donc penser à une sorte de réaction de natures très sensibles, inadaptées à la vie commerciale, contre le culte de Mammon...Cependant, cette interprétation est insuffisante pour expliquer le fait que l’on rencontre dans les mêmes groupes un sens extrêmement aigu des affaires combiné avec une piété qui pénètre et domine la vie entière. Ces cas ne sont pas isolés, au contraire, ce sont des traits caractéristiques des Eglises et des sectes les plus importantes de l’histoire du protestantisme. Le calvinisme en particulier, partout où il est apparu, présente toujours cette combinaison."

 

Lorsqu’on pense au capitalisme anglo-saxon, on se le représente généralement au-travers de cette image d’Epinal de l’entrepreneur totalement cynique, cigare aux lèvres et dollars au vent, tel que nous le décrivent Les Guignols de L’info sévissant sur cette si belle chaîne que Marine Le Pen et Eric Zemmour ont très justement identifié comme "la chaîne des bobos". Or, à la lecture de ce livre, on en a une image radicalement différente, voire diamètralement opposée. Mais essayons tout d’abord de comprendre ce que Weber entend par " l’esprit du capitalisme" en citant Benjamin Franklin :

 

"Souviens-toi que le temps, c’est de l’argent. Celui qui, pouvant gagner dix shillings par jour en travaillant, se promène ou reste dans sa chambre à paresser la moitié du temps, bien que ses plaisirs, que sa paresse, ne lui coûtent que six pence, celui-là ne doit pas se borner à compter cette seule dépense. Il a dépensé en outre, jeté plutôt, cinq autres shillings...Souviens-toi que le crédit, c’est de l’argent...Souviens-toi que l’argent est, par nature, générateur et prolifique. L’argent engendre l’argent, ses rejetons peuvent en engendrer davantage, et ainsi de suite...Souviens-toi du dicton : ’le bon payeur est le maître de la bourse d’autrui’. Celui qui est connu pour payer ponctuellement et exactement à la date promise peut à tout moment et en toutes circonstances se procurer l’argent que ses amis ont épargné. ce qui est parfois d’une grande utilité. Après l’assiduité au travail et à la frugalité, rien ne contribue autant à la progression d’un jeune homme dans le monde que la ponctualité et l’équité dans les affaires."

 

Donc on s’aperçoit ici de l’importance accordée à la "bonne gestion de l’argent", de l’assiduité au travail, de la rigueur ainsi que de " l’équité". Il y a clairement une dimension "morale", car la morale, ou plutôt l’honnêteté sont utiles à cet esprit de capitalisme.

 

"Toutes ces admonestations morales de Franklin sont teintées d’utilitarisme. L’honnêteté est utile, puisqu’elle nous assure le crédit. De même, la ponctualité, l’application au travail, la frugalité : c’est pourquoi là ce sont des vertus"

 

La valeur "travail" est donc LA dimension centrale de cet esprit du capitalisme :

 

"En effet, cette idée particulière - si familière pour nous aujourd’hui, mais en réalité si peu évidente - que le devoir s’accomplit dans l’exercice d’un métier, d’une profession, c’est l’idée caractéristique de ’l’éthique sociale’ de la civilisation capitaliste ; en un certain sens, elle en est le fondement. C’est une obligation que l’individu est supposé ressentir et qu’il ressent à l’égard de son activité professionnelle...Car non seulement un sens élevé des responsabilités y est indispensable, mais de plus il y faut un état d’esprit qui soit libéré, au-moins pendant les heures de travail, de la sempiternelle question : comment gagner un salaire donné avec le maximum de commodité et le minimum d’efforts ? Le travail, au contraire, doit s’accomplir comme s’il était un but en soi - une vocation (beruf). Or un tel état d’esprit n’est pas un produit de la nature. Il ne peut être suscité uniquement par de hauts et de bas salaires. C’est le résultat d’un long, d’un persévérant processus d’éducation."

 

Quel est donc ce processus d’éducation (parmi d’autres bien sûr) qui conduit à placer, non pas l’argent, mais le travail comme un "but en soi" ? Penchons-nous maintenant sur la question de ce qu’on appelle " l’éthique protestante"

 

2 - Le Calvinisme ou la théologie de la "double prédestination"

 

Max Weber distingue 4 sources du protestantisme de type ascétique : Le Calvinisme, le piétisme, le méthodisme et les sectes issues du mouvement baptiste. La plus importante et la plus influente et qui constitue, en quelque sorte, la source première est bien entendu le calvinisme.Le mouvement calviniste repose sur ce qu’on appelle la théologie dite de la double prédestination énoncée lors de la Confession de Westminster en 1647, comme le rappelle Weber :

 

" Par sa chute dans l’état de péché, l’homme a complètement perdu la capacité de vouloir un quelconque bien spirituel lié à son Salut. De sorte qu’un homme naturel étant entièrement détourné de ce Bien, et condamné au péché, ne saurait de son propre fait se convertir ni même se préparer à la conversion. Par décret de Dieu, et pour la manifestation de sa gloire, tels hommes sont prédestinés à la vie éternelle, tels autres sont voués à la mort éternelle. Ceux parmi les hommes qui sont prédestinés à la vie, Dieu les a élus dès avant d’établir les fondements du monde, conformément à son dessein immuable de toute éternité ainsi qu’à sa volonté intime et à son bon plaisir...Les autres d’entre les hommes, il a plu à Dieu - conformément au dessein insondable par lequel, à son gré, il accorde ou refuse la miséricorde, pour la gloire de son souverain pouvoir sur ses créatures - de les écarter et de les destiner pour leur péché au déshonneur et au courrux ; et cela à la louange de sa glorieuse justice"

 

Cette (effrayante) théologie (qui fera dire à certains comme Milton "m’en coutât-il d’être expédié en enfer, jamais un tel Dieu ne m’imposera le respect") s’affirme comme une négation pure et simple de toute forme de libre-arbitre des humains, quant à la question du Salut. Celle-ci aura contribué de manière considérable à agir sur l’état d’esprit des croyants pour qui cette question centrale devait les hanter toute leur vie : "suis-je un élu ou un damné et comment faire pour le savoir ?".

 

A cette importante question donc, à laquelle Calvin lui-même se refusait à répondre expliquant qu’elle appartenait ’aux desseins éternellement caché de Dieu’, beaucoup de courants ascétiques y ont répondu :

 

"La vie du ’saint’ était exclusivement dirigée vers une fin transcendante : le salut. Pour cette raison précisément, elle était totalement rationalisée en ce monde, et dominée entièrement par ce but unique : accroître sur terre la gloire de Dieu. Jamais le précepte ’omnia in majorem Dei gloriam’ n’avait été entendu avec plus de rigueur. Seule une vie dirigée par une pensée constante pouvait réaliser le dépassement du status naturalis. Le ’cogito ergo sum’ de Descartes était repris à leur compte par les puritains de l’époque dans une nouvelle interprétation éthique. Rationalisation qui a donné à la piété réformée ses traits spécifiquement ascétiques et qui, du même coup, fondait sa parenté spirituelle avec le catholicisme, et son opposition spécifique à ce dernier... Contrairement à bien des idées répandues à ce sujet, il s’agissait de rendre l’homme capable de mener une vie alerte et intelligente ; tâche la plus urgente : anéantir l’ingénuité de la jouissance instinctive et spontanée ; moyen le plus puissant : mettre de l’ordre dans les conduites individuelles."

 

3 - Capitalisme rationnel VS capitalisme aventurier

 

Aussi surprenant qu’il n’y paraît au premier abord, à partir d’ une croyance irrationnelle (comme toute croyance) et terrifiante, les puritains adoptèrent un mode de vie ’rationalisé’ et déterminé par une éthique liée à la réussite professionnelle ainsi qu’une conduite "irréprochable", signes permettant de s’assurer de l’obtention de la grâce divine. Cette éthique protestante de type "rationnel" fut l’une des sources de ce capitalisme qualifié lui-même de "rationnel". Type de capitalisme que Weber place en opposition face au capitalisme de type "aventurier’ qu’il attribue, non pas au judaïsme dans ses fondements (ce que Soral se garde bien de préciser) mais à UNE forme de judaïsme, à savoir le pharisaïsme qui fut dominant dès le Moyen-âge puis à l’époque moderne :

 

" Ce n’est pas au judaïsme palestinien de l’époque où ont été composés les textes de l’Ancien Testament qu’il faut penser, mais au judaïsme tel qu’il est peu à peu devenu, après des siècles d’éducation formaliste, légaliste et talmudique, et encore est-il nécessaire de se montrer extrêmement prudent devant un tel parallèle. L’esprit du judaïsme primitif porté à une valorisation naïve de la vie en tant que telle, était dépourvu des caractères propres au puritanisme. De même il était fort éloigné - il convient de ne pas l’oublier - de l’éthique économique du judaïsme médiéval et moderne, et de ses caractéristique qui ont déterminé les positions du judaïsme et celles du puritanisme au cours du développement de l’ethos capitaliste. Le judaïsme s’est tenu du côté du capitalisme "aventurier", orienté vers la politique et la spéculation, en un mot son ethos était celui d’un capitalisme de ’parias’ ; le puritanisme soutenait l’ethos de l’entreprise bourgeoise rationnelle du travail. Il n’a emprunté à l’éthique juive que ce qui pouvait l’y aider."

 

Conclusion

 

Max Weber aura été un des premiers à effectuer cette corrélation entre capitalisme et éthique religieuse. Il précise toutefois que l’approche historique par le prisme religieux, tout comme l’approche exclusivement matérialiste ne suffisent pas à embrasser l’intégralité de la vérité historique. Mais laissons lui le mot de la fin :

 

"Fut-il pétri de bonne volonté, l’homme moderne est incapable d’accorder aux idées religieuses l’importance qu’elles méritent pour les conduites, la culture et le cractère national. Est-il nécessaire de protester que notre dessein n’est nullement de substituer à une interprétation causale exclusivement "matérialiste", une interprétation spiritualiste de la civilisation et de l’histoire qui ne serait pas moins unilatérale ? Toutes deux appartiennent au domaine du possible ; il n’en demeure pas moins que, dans la mesure où elles ne se bornent pas au rôle de travail préparatoire, mais prétendent apporter des conclusions, l’une et l’autre servent aussi mal la vérité historique"

 

Tags : Culture




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23 réactions à cet article    


  • 5 votes
    eQzez eQzez 21 mars 2014 10:11

    les protestants, les lutheriens et les calvinistes , sont aussi pour l’usure...


  • vote
    la mouche du coche 22 mars 2014 09:28

    Les religions du premier Testament qui s’intéressent tant à l’argent n’ont pas "décollées". Comme l’explique la psychanalyse, elles sont restées au stade anal de leur développement civilisationnelle. C’est normal, c’est le premier Livre. Elles ont un rapport fruste avec le monde, peu éloigné de la bestialité.


  • vote
    la mouche du coche 22 mars 2014 09:29

    pardon "civilisationneL"


  • 3 votes
    eQzez eQzez 21 mars 2014 10:25

    Il faut une ethique musulmane sur la finance, depuis 2008 l’université de strasbourg et plusieurs autre, etudient la charia (la guidée ou l’ethique) pour une finance juste et saine.


    http://www.economie.gouv.fr/cedef/finance-islamique question frequente sur la finance islamique.

    Pour ceux qui disent, qu’on devrait laisser la religion dans le domaine privé,dans le domaine de la finance , il est prouvé qu’elle a toute sa place et merite qu’on s’y attarde et je dirais que voila l’ethique d’aujourd’hui (capitalisme à outrance , liberalisme immoral) a montré ses lacunes et son abjection ou ignominie, l’ethique islamique sur la finance est de loin la plus saine et la plus juste. 
    Notion à connaitre pour commencer :
    mousharaka  : les partenaires apportent les fonds, mais seulement l’un d’eux dispose de la charge de la gestion du projet. Concrètement, les banques islamiques ont développé la mousharaka mutanaquissa qui consiste à participer au financement de l’acquisition notamment d’un bien immeuble (d’habitation). Une grande partie des fonds (90 %) est apportée par la banque et le reste (10 %) par le particulier. Le remboursement obéit à un tableau d’amortissement qui comprend, outre le capital principal, les bénéfices tirés par la banque pour cette opération.
    mourabaha est une double vente, entre un vendeur et un acheteur, par lequel le vendeur achète le ou les biens requis par l’acheteur et le ou les lui revend à un prix majoré. Les bénéfices (marge bénéficiaire) et la période de remboursement (versements échelonnés en général) sont précisés dans un contrat initial. Il s’agit du principal outil utilisé par les banques islamiques pour prêter de l’argent à leur client, tout en conférant une valeur-temps à l’argent.
    ijara est la mise à disposition d’un bien moyennant un loyer (c’est un équivalent du crédit-bail ou de location avec promesse de vente).

    Un autre aspect de ce contrat est assimilé à une opération de crédit-bail à l’issue de laquelle le titre de propriété revient au bénéficiaire.

    sukuk est l’équivalent islamique d’une obligation où l’intérêt devient un profit prévu à l’avance à risque quasi-nul. Cette forme d’obligation est particulièrement utilisée pour les financements immobiliers.
    istisna  est un contrat de construction par lequel le client demande à un constructeur d’édifier un ouvrage payable par l’intermédiaire d’un financier, d’avance, à terme ou à tempéraments, conformément à un cahier des charges.

    • 3 votes
      eQzez eQzez 21 mars 2014 10:34

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Finance_islamique ici pour la critique de mourabaha qui est soit un credit avec interet deguisé , c’est faux.

      un client achete un bien et contracte un credit à une banque :
      Pour un credit conventionnel , la banque n’a pas la somme pour payer le bien, elle fabrique la monnaie à partir de rien (cf les videos argent-dette)

      En islam, la banque ne fait pas credit, elle achete le bien et la revend plus cher au client, la banque a payé le bien avec des fonts existants , et reclame un loyer mensuel au client, le client sait combien il doit au final, la monnaie n’est pas crée à partir de rien, il n’y a pas d’interet, et c’est licite.

    • 2 votes
      QaviQeQuarQo QaviQeQuarQo 21 mars 2014 19:40

      il serait intéressant de lire un jour " l éthique musulmane du capitalisme"



      par leur développement : un peuple de nomade commerçant.

      Mohamed louait le commerce comme une sainte activité, contrairement aux catholiques qui fustigent les marchands du temple.

      On peut voir dans les pays asiatiques comme l inde ou la Thaïlande, qu ils sont souvent parmi les élites économiques du pays (a Bollywood par exemple en inde) ou du moins patron de nombreux petits commerces contrairement aux population hindouistes ou bouddhistes..
      Pourrait on faire un parallèle entre cette éthique musulmane et l éthique protestante en tant que force du capitalisme entrepreneurial ?(a ne pas confondre avec la force du capitalisme juif spéculatif.) 

    • 5 votes
      maQiavel maQiavel1983 21 mars 2014 11:49

      Bonjour micnet, article intéressant, je connais bien Max Weber et son bouquin sur l’éthique protestante du capitalisme, c’est un sujet qui m’intéresse beaucoup car j’ai un frère et une sœur qui incarne parfaitement cette éthique protestante, moi je suis plus proche de ce que vous appelez dans votre article « consciences médiévales marquées par la parole évangélique », ce qui fait que nous avons une conception très différente de l’argent imaginez un peu les débats en famille. smiley

      Mon opinion sur Max Weber : il faut le situer dans l’histoire de la bourgeoisie (qui est un mauvais terme, il faudrait parler de la classe capitaliste), pour comprendre son propos et en percevoir à la fois la justesse et les limites.

      La bourgeoisie fut, en gros jusqu’au XVIII ème siècle inclus, une classe progressiste, càd une classe qui travaillait objectivement à élargir le cercle de la raison. Puis, entre 1800 et 1900, plus ou moins vite selon les pays, cette classe progressiste en pleine ascension triomphe et se mue donc en classe dominante mais aussi réactionnaire.La mue ne s’est pas produite partout de la même manière et au même moment, mais on peut considérer qu’au moment où Max Weber écrit, elle est achevée partout dans le monde euro-américain.

      Sous cet angle, on peut considérer que Weber écrit donc à un moment qu’on pourrait résumer comme l’apogée de la classe capitaliste. C’est ce qui explique que sa thèse, au final, aura mal résisté au temps : Le capitalisme protestant américain contemporain, virtualisé et intègrement voué à la spéculation, n’est de toute évidence plus éthique en rien. Cela, Max Weber ne l’avait pas vu venir.

      La faiblesse de la thèse de Weber réside précisément en ceci que dans son entreprise de justification de la domination bourgeoise, il est passé à côté des traits radicalement antiprotestants (comprendre Luthérien) de cette domination. Il n’a pas, et sans doute pas voulu voir, en quoi le capitalisme, qui a été favorisé par le protestantisme, était aussi, dès l’origine, une perversion du protestantisme (le calvinisme).

      D’ ailleurs vous le mentionner assez bien dans l’article ou vous mettez un extrait qui évoque la morale de Franklin : « L’honnêteté est utile, puisqu’elle nous assure le crédit. De même, la ponctualité, l’application au travail, la frugalité : c’est pourquoi là ce sont des vertus"

      Cet utilitarisme est une perversion, l’honnêteté pour le chrétien véritable n’est pas utile matériellement, elle est une nécessité car il doit aspirer à la sainteté spirituelle.

      Cette perversion par des sauts qualitatifs va permettre le passage d’une volonté de christianiser le capitalisme pour en arriver à la financiarisation du christianisme (cfr le protestantisme américain moderne) :

       

       

      1. Au départ, il y a la conception puritaine du chrétien justifié par le travail utile qu’il rend à la collectivité.

      2. Ensuite, l’éthique puritaine commence à être détournée vers des finalités mondaines, il s’agit toujours de travailler dur, utilement pour la collectivité, mais désormais, l’objet de la démarche n’est plus la justification chrétienne, c’est le bonheur terrestre.

      3. Par la suite, cette éthique est détournée en contre-éthique du businessman affairiste obsédé par la réussite sociale via la production, sans aucune considération pour l’utilité sociale.

      4. Et enfin pour achever le mouvement, l’objectif est la réussite mondaine en elle-même, sans considération pour la justification, pour le bonheur, pour l’utilité sociale effective ou même pour la réalité de la production, c’est désormais l’homme non chrétien mais qui continue à se dire protestant, sans travail utile pour la collectivité, et qui sert de modèle parasitaire valorisé.

       

      Voilà comment on passe de Franklin à JP Morgan  !


      • 2 votes
        erQar erQar 21 mars 2014 12:23

        Salut maQ,
        -
        Je crois que micnet ne veut pas se rendre à l’évidence que le système capitaliste est une arnaque à partir du moment ou avec du capital, on fait du capital...
        -
        A propos, je crois que tout système capitaliste (même éthique) mène vers la financiarisation...c’est comme une personne qui joue au foot et à un moment donné, il peut prendre la balle avec les mains alors que les autres sont encore avec les règles...la tentation est trop forte et tout le monde va jouer avec les main jusqu’à que celui-ci en tue un et les autres feront de même et ainsi de suite.........
        -
        Pour finir, l’esprit de compétition est complètement viciè dès le départ.


      • 1 vote
        maQiavel maQiavel1983 21 mars 2014 12:49

        Bonjour erQar

        -Je crois que micnet ne veut pas se rendre à l’évidence que le système capitaliste est une arnaque à partir du moment ou avec du capital, on fait du capital...

        R / Vous faites référence à cette phrase de son article : « le livre de Weber qui distingue le capitalisme de type productiviste en opposition au capitalisme de type financier. Dommage que Soral, même s’il a entièrement raison, selon moi, d’opérer cette distinction entre ces deux formes de capitalisme (distinction avec laquelle beaucoup se trouvent en désaccord sous prétexte que le capitalisme constituerait un seul et même processus) ».

        Pour moi, c’est une évidence que c’est le même processus qui doit donner les mêmes effets, à court, moyen ou long terme, mais micnet et d’autres peuvent penser différemment, on ne détient pas LA Vérité !

        -A propos, je crois que tout système capitaliste (même éthique) mène vers la financiarisation...

        R / Pour moi aussi c’ est une évidence , tot ou tard , si on analyse le capitalisme de façon dynamique , c’ est toujours le cas !

        -Pour finir, l’esprit de compétition est complètement viciè dès le départ.

        R / Ca dépend, moi je ne suis pas contre l’esprit de compétition en tant que tel (ce qui se comprends, j’ai pratiqué des sports individuels comme professionnel à un certain niveau) .Mais elle est mortifère quand elle se déroule dans le cadre de la satisfaction des besoins fondamentaux pour reproduire son existence puisqu’ elle crée de la rareté, ce que fait précisément le capitalisme.

        Ça dépend donc du domaine dans lequel on autorise la compétition !

         


      • vote
        eQzez eQzez 21 mars 2014 13:07

        ceux qui ne veulent plus suivre les règles , faudra les sanctionner.

        et chacun de nous ne doit pas être tenté par les produits de celui qui n’a pas suivi les règles, c’est là qu’intervient la foi et l’intégrité pour ne choisir que les produits licites. 


      • vote
        erQar erQar 21 mars 2014 13:25

        -Je crois que micnet ne veut pas se rendre à l’évidence que le système capitaliste est une arnaque à partir du moment ou avec du capital, on fait du capital...

        R / Vous faites référence à cette phrase de son article : « le livre de Weber qui distingue le capitalisme de type productiviste en opposition au capitalisme de type financier. Dommage que Soral, même s’il a entièrement raison, selon moi, d’opérer cette distinction entre ces deux formes de capitalisme (distinction avec laquelle beaucoup se trouvent en désaccord sous prétexte que le capitalisme constituerait un seul et même processus) ».

        Je fais référence au titre de son article quand il dit :


        L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme

        Il y a dans le titre de l’article la volonté de réconcilier l’éthique et l’esprit...mais l’esprit (de compétition) est intrinsèquement vicié à partir du moment ou l’éthique empêche de remporter la mise

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        Pour moi, c’est une évidence que c’est le même processus qui doit donner les mêmes effets, à court, moyen ou long terme, mais micnet et d’autres peuvent penser différemment, on ne détient pas LA Vérité !

        -

        En effet, nous ne détenons pas LA vérité, je ne sais pas ce que va donner l’économie islamique. A voir....

        -----------------------------

        -Pour finir, l’esprit de compétition est complètement viciè dès le départ.

        R / Ca dépend, moi je ne suis pas contre l’esprit de compétition en tant que tel (ce qui se comprends, j’ai pratiqué des sports individuels comme professionnel à un certain niveau) .Mais elle est mortifère quand elle se déroule dans le cadre de la satisfaction des besoins fondamentaux pour reproduire son existence puisqu’ elle crée de la rareté, ce que fait précisément le capitalisme.

        Ça dépend donc du domaine dans lequel on autorise la compétition !

         -

        Prenons l’exemple du foot, et je ferais référence à la main de maradona, les insultes de materazzi, les matchs truqués de Tapis, les arbitres complètement arbitraire, etc....


      • 1 vote
        maQiavel maQiavel1983 21 mars 2014 13:42

         

        @ezdez

        -ceux qui ne veulent plus suivre les règles, faudra les sanctionner.

        R / Le problème est que souvent, ce sont ceux qui ne suivent plus les règles qui ont le pouvoir de sanctionner. Ils ne vont pas se sanctionner eux-mêmes.

        -et chacun de nous ne doit pas être tenté par les produits de celui qui n’a pas suivi les règles,

        R / C’est un joli principe, mais c’est trop idéaliste. C’est la raison pour laquelle, ces tentatives de mettre une morale à un processus fondamentalement immoral se soldent pas des échecs , à court , moyen ou long terme , c’ est déterminé !

        @erQar

        je ne sais pas ce que va donner l’économie islamique. A voir....

        R / Dans l’absolu, je ne sais pas non plus. Mais si cette économie est capitaliste, je pense que ça finira de cette façon  !


      • vote
        erQar erQar 21 mars 2014 13:43

        Salut edzez,
        -
        ceux qui ne veulent plus suivre les règles , faudra les sanctionner.
        -
        Oui, le problème est là...celui qui triche repose sur sa capacité de destruction (un peu comme le diable) et il est donc difficilement sanctionable. Cependant, je suis convaincu qu’il devrait à plus ou moins long terme s’autodétruire.


      • vote
        erQar erQar 21 mars 2014 14:07

        maQ,
        -
        Cet extrait a été pour moi une révélation, le puzzle manquant pour comprendre le mouvement de l’histoire :
        -
        Le totalitarisme marchand réduira l’homme a une série d’interaction et d’entrelacs libérée de tous les déterminismes afin de le consommer pour alimenter l’enfer terrestre.
        -


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        eQzez eQzez 21 mars 2014 15:28
        Il n’est pas interdit de s’enrichir et avoir des heritiers riches plutot que des mendiants, tant que l’argent gagné est honnete.On peut etre heureux et riche en etant genereux, prendre garde quand on devient riche , on risque de devenir rebelle et ne plus suivre les regles.

        « Craignez Dieu autant que vous pouvez, écoutez, obéissez et faites largesses. Ce sera un bien pour vous. Et, ceux qui se seront préservés de leur propre avarice, voilà qui seront heureux »

        Sourate 64, la grande perte, verset 16.

        « Prenez-garde ! Vraiment l’homme devient rebelle, dès qu’il estime qu’il peut se suffire à lui-même à cause de sa richesse. » 

        Sourate 96, l’adhérence, versets 6 et 7.


        un des dix compagnons a dit : « Le Messager d’Allah (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) me rendit visite dans l’année du pèlerinage d’adieu, à un moment où j’étais sérieusement malade. Je lui dit : « Messager d’Allah, comme tu peux le voir, cette maladie m’a grandement affecté. J’ai des biens, mais en dehors de ma fille, je n’ai aucun héritier. Dois-je donner deux tiers de mes biens en charité ? » Il me répondit : « Non ». Je demandai : « La moitié ? ». Il me répondit : « Non. Un tiers et encore, un tiers c’est beaucoup. Il est préférable de laisser ses héritiers riches plutôt que pauvres et obligés de mendier.

        Mais bon, on eradiquera jamais ce capitalisme sauvage et deshumanisé.

        J’ai apprecié l’extrait de network http://fr.wikipedia.org/wiki/Network,_main_basse_sur_la_t%C3%A9l%C3%A9vision





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        eQzez eQzez 21 mars 2014 15:29

        ...


        Mais bon, on eradiquera jamais ce capitalisme sauvage et deshumanisé.

        J’ai apprecié l’extrait de network http://fr.wikipedia.org/wiki/Networ...


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        Joe Chip Joe Chip 21 mars 2014 19:38

        La thèse (trop ?) séduisante de Max Weber a toujours été contestée, en premier lieu par les Protestants eux-mêmes. Il ne fait aucun doute que Calvin serait horrifié de voir le développement du capitalisme actuel et le détournement de la doctrine de la Prédestination qui a été transformée a posteriori en idéologie séculière servant à cautionner les pires abus du capitalisme et à stigmatiser les pauvres ("loser" par la volonté divine).

        Voici une critique de l’ouvrage Weber d’un point de vue calviniste.
        http://larevuereformee.net/articlerr/n244/la-liberte-et-largent-calvinisme-et-economie

        Rappelant qu’il n’y a plus aujourd’hui un seul universitaire pour défendre la thèse principale de Weber, l’auteur conclue :

        Calvin est-il donc le père du capitalisme ? En levant l’interdiction qui pesait sur la pratique du prêt à intérêt, Calvin a certainement apporté au développement du capitalisme une forme d’accélération importante, dont lui-même n’a pas pu imaginer l’ampleur. Ceci dit, ce qu’on appelle aujourd’hui le « capitalisme sauvage », utilitariste, individualiste, sans souci d’éthique sociale, subordonné à la loi du profit personnel, est une « éthique » économique que Calvin lui-même aurait condamnée avec la plus grande fermeté et qui ne peut, en aucun cas, se réclamer de sa paternité.

        Pour ma part, je pense qu’il faudrait renverser la thèse de Weber et voir en quoi le capitalisme - déjà largement constitué à la fin du moyen-âge - a trouvé dans le christianisme réformé une théologie favorisant son développement à l’ère industrielle, au point de finir par influencer celui-ci (d’aucuns diront le pervertir).


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        micnet 21 mars 2014 13:13

        Bonjour ErQar et MaQ (enfin plutôt "rebonjour" à MaQ),


        @ErQar

        "c’est comme une personne qui joue au foot et à un moment donné, il peut prendre la balle avec les mains alors que les autres sont encore avec les règles.."

        ---> A vous lire, j’ai l’impression que vous tenez absolument à ce que je "rejoue le match" avec Machiavel sur le thème du capitalisme, pas vrai ? smiley

        @MaQ

        Merci pour votre commentaire très intéressant et détaillé

        "Le capitalisme protestant américain contemporain, virtualisé et intègrement voué à la spéculation, n’est de toute évidence plus éthique en rien."

        ---> Franchement, je n’ai pas étudié cette question concernant le fait de savoir si le capitalisme protestant d’aujourd’hui est d’ordre spéculatif ou non. Ce qui me paraît essentiel, d’après l’analyse de Weber, c’est d’en avoir fait ressortir ses fondements qui, eux, ne sont pas d’ordre spéculatif. C’est vraiment la primauté au "travail" qui est prépondérante, le travail étant considéré comme une ’fin en soi’. Et pas l’argent.
        Et à titre personnel, je trouve que c’est une éthique, non seulement plus que respectable, mais qui fut à la pointe du développement considérable de l’Amérique dès le XIXè siècle et qui explique que celle-ci demeure, encore aujourd’hui, la première puissance du monde. (je vous rassure, je ne fais pas de l’américanophilie pour autant, loin s’en faut...)
        Quant à savoir si ce capitalisme protestant ne pouvait que mener à "l ’autre", je ne reviens pas dessus, on en a largement débattu.
        Sinon, oui, j’imagine volontiers que vos repas familiaux doivent être animés smiley


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          erQar erQar 21 mars 2014 13:37

          Bonjour micnet
          -
          Non, non, j’ai compris que vous invoquiez les règles éthiques, c’est à dire revenir au capitalisme sous de Gaulle...et par conséquent, je vous considère comme un romantique. smiley
          -
          Pour prendre une métaphore, c’est comme demander à un junkie d’arrêter de se shooter à l’héroïne.... smiley ...


        • 3 votes
          maQiavel maQiavel1983 21 mars 2014 13:49

           

          L’exemple adéquat, c’est de demander à l’héroïnomane de contrôler ses injections par une éthique,  de ne prendre par exemple qu’une petite dose tous les deux jours (après tout la drogue n’est qu’un outil qui ne doit pas contrôler l’homme, un peu comme le capitalisme). Laissez le et revenez le voir 5 ans après : vous ne le reconnaitrez plus !

          Si Weber pouvait revenir pour voir ce qu’est devenu le capitalisme américain, voilà le genre de réaction qu’il aurait :   smiley  smiley smiley 


        • 1 vote
          micnet 21 mars 2014 14:00

          @ErQar et MaQ

          Et non, mon cher ErQar, c’est vous et MaQ qui êtes romantiques : vous êtes des démocrates, donc vous croyez en l’homme. Pas moi smiley

          Je crois que le capitalisme, dans une démocratie (et encore plus de type "athénienne", c’est à dire égalitariste) ne pouvait, effectivement, que conduire à ce capitalisme. Par contre, dans une société qui retrouverait "un peu" de verticalité, là je suis prêt à en recauser smiley


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            erQar erQar 21 mars 2014 14:57

            @mic
            -
            Voici une réponse que j’ai fait :
            -
            par erQar (xxx.xxx.151.95) 5 février 22:19

            Latigeur
            -
            J’ai pas besoin de croire en l’homme, je constate qu’il existe,
            -
            Réponse :
            Je sais que l’homme existe, mais je ne crois pas en lui
            Je sais que dieu n’existe pas, mais je crois en lui (c’est ce qui s’appelle la foi)
            -
            La notion d’existence est une notion relative à notre réalité, ce qui m’intéresse c’est l’absolu.
            Par exemple : l’infini est une notion qui n’existe pas, mais qui est absolu
            -
            Je vais arrêter d’aller trop loin car on risque de me perdre au passage
            -

            ----------------------------

            http://www.agoravox.tv/actualites/societe/article/le-coup-de-gueule-de-benoit-43285?debut_forums=100#forum12885473

            -------------------------

            Oui d’une certaine manière, je suis un romantique de vouloir croire en quelque chose qui n’existe pas. smiley
            -
            Mais pour être qualifier de romantique, c’est comme si vous disiez que je rêve de l’infini (c’est incohérent et inadapté).


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            AmonBra AmonBraQ 22 mars 2014 11:04
            De ma naissance à l’âge de 25 ans j’ai vécu en zone rurale, conjointement avec mes instituteurs et autres professeurs, la nature a été mon Maître, je suis donc un indécrottable campagnard raisonnant comme un paysan :

            Personne ne s’est jamais enrichi par son travail, qu’on soit capable de construire une charrue, une maison ou un satellite.
            La richesse par le travail est un mensonge des riches pour faire travailler ceux qui ne le sont pas.

            Le seul travail qui enrichit véritablement est celui qui consiste a faire travailler les autres pour soi.

            Comme le marchand, il faut être en situation d’intermédiaire entre celui qui produit et celui qui acquiert et, bien sur, il s’agira de faire un bénéfice le plus confortable possible sur ces deux acteurs.

            Quelle que soit son activité, tout entrepreneur (prendre entre) n’est donc qu’un marchand.

            Se positionnant en intermédiaire trésorier entre les profits ainsi générés et ceux qui peuvent en avoir utilité, le banquier est le marchand des marchands. 

            Par l’usure, il fait son bénéfice avec les profits des autres marchands, son profit est donc généré par le profit d’autrui.

            Nos banquiers actuels font encore mieux avec la stratégie du crédit généralisé, en multipliant les prêts d’un même gain (réserves fractionnaires) qui n’est pas le leur, mais considéré comme tel, ils multiplient exponentiellement leurs profits.

            Dans la nature, ce type de vivant se nomme une espèce parasite et il est commun que certaines d’entre elles, pour se perpétuer, finissent par détruire les vivants qui les nourrissent.

            Ce n’est donc par hasard que toutes les religions "révélées" interdisaient initialement l’usure, l’Islam allant jusqu’à limiter le bénéfice marchand.


              


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