Robert Clavijo sur la Nation et les identités nationales
L’Université Réelle (UR) de Montpellier inaugure dès septembre un nouveau cycle de conférence avec le retour de Robert Clavijo, responsable associatif, auteur de l’essai "Et si la France quittait l’Union européenne ? Réflexions d’un écologiste sur les dangers de l’Europe économique et politique".
Robert Clavijo a bien voulu, pour préparer son auditoire à son intervention, nous communiquer ce bref lexique que nous rendons disponible en téléchargement.
00:00:00 - Conférence
00:41:13 - Débat avec la salle
Introduction au thème et à l’intervenant (retirée de la vidéo)
« Je pourrais commencer en faisant remarquer que le titre de l’intervention d’aujourd’hui – « Nations et identité nationale » – interroge très précisément l’articulation entre l’État et la nation, qui est de plus en plus remise en cause à l’heure où le libéralisme mondialisé ne jure que par les idées de « village global », de « citoyenneté du monde », de « supranationalité » et de « gouvernance mondiale » … administrée – sans grande surprise par des ex-perts… soit ceux qui restent après la mort du Père. J’ai souvenir d’un de ces experts qui justement parlait de la France comme d’un hôtel, sans préciser, évidemment, s’il s’il y pensait comme un autel de sacrifice ou d’un hôtel de passe. J’emprunte ici l’expression d’un ami qui se reconnaîtra.
Pour me saisir d’un cas concret, tout un chacun aura remarqué (ou pas) que les cartes du nomand’s land de l’euro-zone imprimé sur les euro-billets ne comportent aucune frontières ni monuments identifiables et donc localisables]. Et quelle espace, effectivement, réserver aux identités dans un système qui se construit sur le modèle des multinationales et autres entreprises post-nationales ; ou, comme s’en serait ému un Lévi-Strauss hors champ des caméras, quelle place pour le dialogue des civilisations dans une anticulture qui vise à absorber toute forme d’altérité ? …Démarche qui dit peut-être le véritable sens de la société de consommation. Consommation de l’humanité en nous, via la rupture des liens sociaux, tant il est vrai qu’il n’y a d’humain que lié aux autres – à moins d’être a-liénés…
On pourra observer encore que l’État (dérivé du latin status) renvoie étymologiquement à ce qui se tient debout et droit dans la durée, statique, aux antipodes de son ennemi mortel qu’on appelle le marché enhardi par l’éloge des « déconomistes » de la circulation, de la mobilité forcée, du chrono-maître et de la liquidité pour peu qu’on pense au monde ou à l’immonde de la finance…
La question du rapport entre l’État et la nation pose également – avec une acuité particulière sous la menace du grand marché transatlantique – celle de la renationalisation de l’État. Il n’est pas évident que l’État en tant que privatisé par une oligar-chie soit une solution face à l’Europe des banques – pardonnez le pléonasme. Témoin d’ailleurs l’empressement des gouvernements à racketter les peuples pour rembourser une dette illégitime à des institutions privées qui coagulent ex nihilo de la monnaie comme du papier-toilette.
Je n’ai pas besoin de vous rappeler ce coup d’État de sinistre mémoire de la loi de 73, actualisée par l’article 123 du (mal)traité de Lisbonne, qui offre une nouvelle preuve que l’État seul ouvertement vassalisé, s’il n’est pas cimenté à la nation, ne saurait suffire à nous faire sortir des États-Unis d’Europe… c’est-à-dire de l’Europe des États-Unis. Une nation seule amputée d’État serait en retour désarmée face aux yuppies de la finance qui – tant s’en faut – ne sont pas des enfants de chœur. C’est ce qui – du moins, le pense-t-on pour beaucoup d’entre nous – prête à l’indexation de l’État sur la nation toute sa nécessité.
À condition – et je terminerai là-dessus – de ne pas déraper dans une pseudo-alternative entre le « c’était mieux avant » et un « plus jamais ça » qui disqualifierait sans discussion toute élaboration d’un modèle inédit de l’État adossable à une forme de démocratie directe.
Une bonne partie de ces interrogations sera traitée évidemment avec la conférence de Robert Clavijo, présent à mes côtés, militant associatif écologiste et souverainiste (preuve ce n’est pas antinomique), auteur en 2005 de Et si la France quittait l’Union européenne ?.
Robert nous avait déjà fait l’honneur de sa présence il y a moins d’un an pour nous livrer son éclairage sur les euro-régions, qu’on pourrait gentiment taxer d’être une tentative de balkanisation de l’État-nation en vue de son anihilation. Ce qui me permet de refermer la boucle en lui donnant ce soir une occasion d’élargir son approche de ce qu’il faut bien appeler une contre-attaque idéologique. »
(Frédéric Mathieu)
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Tags : France Société Histoire Citoyenneté Culture
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