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An Ankoù

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    An Ankoù 5 octobre 2012 15:01

    Elmi, merci d’avoir mis ce lien sur l’hypothèse astrologique des représentations pariéatles. Cela sert le propos que je souhaite vous livrer.

    Déjà, j’ai été particulièrement intéressé par cette vidéo. Je la trouve trop sincère pour en balayer les arguments d’un simple coup de plume, d’une boutade ou d’une raillerie. Et je suis totalement d’accord pour considérer qu’il ne faut pas sous-estimer les connaissances de nos ancêtres.

    L’astronomie nous semble une science ultime ? : on ne s’intéresse au ciel que quand on a réglé les affaires terrestres. Nos urgences sont « ?terre à terre ? ». L’espace nous semble le dernier des terrains de conquête, et par conséquent, la science astronomique, la dernière née des sciences.

    Il est beaucoup plus probable que ce soit la première.

    D’abord, parce que l’homme le plus préhistorique est peut-être très occupé en journée, mais qu’il n’a pas grand-chose à faire de ses nuits que regarder le ciel. Et si la terre lui semble chaos, le ciel lui semble le lieu de l’ordre et de la régularité ? : les étoiles sont toujours à la même place les unes par rapport aux autres, sauf quelques unes qui se baladent. A défaut d’autre chose. Il y a le soleil, visible, bienfaiteur, qui rythme la journée. Et l’évolution de la course du soleil qui rythme l’année, autour de quatre évènements marquants ? : les solstices et les équinoxes. Il y a la lune et ses phases, qui rythment les semaines et les mois. Il y a les planètes, leur course mystérieuse. Il y a les étoiles les plus proches de l’axe de rotation de la terre, qui, par leur fixité apparentent, semblent l’articulation du ciel et un guide directionnel permanent.

    Et rien d’autre à faire, les nuits d’insomnie, qu’à contempler cet ordre.

    Or, si l’homme se caractérise par un cerveau, celui-ci possède une qualité qui est aussi son principal défaut, et peut-être sa malédiction ? : il cherche du sens, mécaniquement, irrésistiblement, au point, même d’en trouver dans à peu près n’importe quoi.

    Et donc, oui, le Ciel commande aux choses terrestres ? : la lumière, évidemment, mais aussi les saisons, les migrations animales, les étés et les hivers, les marées… Bien avant que l’homme sache mesurer le temps d’une journée il savait que regarder le ciel l’aidait à comprendre les choses terrestres et les chaos du monde.

    On nous annonce comme une grande nouvelle que l’homme, du temps des bâtisseurs, connaissait déjà l’astronomie. Les auteurs du reportage seraient sans doute bien étonnés de savoir qu’avant même d’empiler des pierres les hommes regardaient déjà le ciel en quête de sens et de règles pour leur vie.

    Le lien de Elmi fait, je crois, référence à des travaux un peu décriés par la communauté scientifique, eux aussi, d’une chercheuse française dont le point de vue semble partioculièrement intéressant, et pas très étonnant quand on cherche à se mettre dans la peau d’un homme préhistorique plus curieux que mystique ? : l’hypothèse que les peintures pariétales sont des zodiacs et qu’elles figurent dans des grottes précisément choisies pour l’orientation de leur ouverture vers le levant ou le couchant du soleil aux équinoxes ou au solstice.

    Ces peintures ont donc le même alignement que les pyramides, et peut-être la même fonction première ? : servir de calendrier et de carte du ciel, bref, de traité d’astronomie et d’astrologie. Et si ça se trouve, il n’y a même aucune démarche de dévotion mystique là dedans. J’y reviendrai.

    Cette préoccupation préhistorique est probablement la même à tous les points de la planète. Tous regardent les mêmes choses, font les constats des mêmes points particuliers du ciel et orientent sans se concerter, leurs constructions en fonction de cet ordre céleste commun à tous. Pas de coïncidence ni de partage des connaissances, mais juste des causes identiques produisant des effets identiques.

    Pour ce qui est d’aligner les bâtiments et tirer des droites extrêmement précises, sans dire que c’est facile, on sait qu’on améliore la prévision en prenant un repère lointain. Or, il n’y a pas plus lointain qu’une étoile. A défaut de la précision d’une visée laser, il y a forcément la possibilité de se baser sur la visée des astres. Je ne connais pas les méthodes de travail des égyptiens, mais ils pouvaient effectivement prendre des repères de projection de jour sur le soleil et de nuit sur les étoiles, repères aussi éloignés qu’il est besoin. Pour le soleil, en quelques années d’observation seulement, on peut savoir que les variations de sa course peuvent être corrigées en prenant les solstices et les équinoxes comme points de repère, ce qu’on sait faire, semble-t-il dès le Magdalénien.

    Cela peut expliquer non seulement la précision des alignements mais également les liens que les bâtiments ont « ?par construction ? » avec les astres. Je serais même tenté d’avancer qu’il n’y a ni symbole, ni mystique, ni message, ni superstition, ni quoi que ce soit de représentation divine dans les constructions ? : le rapport aux astres s’explique parce que les astres sont l’outil de construction, au même titre que l’équerre, le fil à plomb ou la corde à nœuds.

    Pas besoin de chercher midi à quatorze heures, si j’ose dire ? : si la voute céleste est un outil de construction, il n’y a pas lieu de chercher un message « ?cosmique ? » qui lie les civilisations par une culture commune ou par une transcendance mystique. Ce ne sont que nos préjugés qui nous le font croire, nos propres préjugés sur ces époques reculées, nos doutes sur eux et nos fausses certitudes sur nous-mêmes, qui nous poussent à affubler nos ancêtres de motivations mystiques ou superstitieuses.

    Pour ce qui est des outils et des techniques, il y a effectivement des savoir-faire perdus, et c’est bien dommage. Il n’empêche que le feu et la roue ne nécessitent pas une transmission orale pour être appréciés en de nombreux endroits de la planète.

    Il est certain que, pour tailler des statues, les égyptiens n’avaient pas les outils informatiques pour tracer des cercles sur des formes en volume. Bon. Ce n’est pas comme si c’était très compliqué de placer une source lumineuse dans un cercle pout projeter une lumière circulaire sur une statue. Rien n’est plus facile à projeter qu’un cercle. Un carré serait plus difficile. Il ne reste plus qu’à enlever les parties qui sont dans l’ombre. Ce procédé de projection peut être d’une précision millimétrique. Il permet également de reproduire le même modèle à droit et à gauche, ce qui explique la symétrie. Il vaut pour des projections faciales et latérales. Les jeux sur la distance de la source lumineuse et le pochoir peuvent, avec des rapports simples, produire des résultats mathématiques compliqués et savants, sans même que l’artiste ait la moindre idée d’une science mathématique. Et ce n’est que la suggestion d’un profane sur un point seulement des techniques.

    Après, je n’ai effectivement pas d’explication sur la forme des pierres, leurs mode de taille et leur agencement au millimètre. Je n’exclue pas qu’il puisse y avoir néanmoins, d’une part, des raisons logiques et des techniques simples susceptibles d’avoir fait leurs preuves d’un bout à l’autre de la planète, et d’autre part des techniques perdues, mais néanmoins accessibles à des personnes qui n’ont pas toutes nos sciences et notre technologie. Le fait que cela se soit perdu ne signifie ni que ce soit rare et compliqué, ni que cela puisse ne pas réapparaître ailleurs après une période d’oubli, ou découvert en des lieux différentes à des dates différentes. Le fait que nous-mêmes préférions employer d’autres techniques ne prouve rien, sinon que finalement, il n’y avait pas qu’une seule solution pour construire des œuvres monumentales.

    Il me semble que, sans rien retirer de la bonne foi du reportage, je peux démystifier un peu la question mathématique. Le nombre d’or est un nombre. Il n’est pas « ?magique ? », mais il a des propriétés intéressantes. Et pas qu’une seule. C’est la proportion « ?idéale ? » d’un rectangle qui, lorsqu’on l’ampute d’un carré, conserve la même proportion. C’est aussi, quand vous dessinez une étoile à cinq branches en cinq traits, le rapport entre la longueur du trait et la longueur de la branche. Il y a ainsi des milliers de propriétés de ce nombre et des milliers de lieux en lesquels ils se trouve. Chacune de ces propriétés peut avoir son utilité esthétique propre. Chacune de ces propriétés est l’occasion de tomber sur ce nombre en cherchant cet effet esthétique, et sans même savoir qu’on tombe dessus, a fortiori sans savoir le calculer à la cinquième décimale. Mais dès qu’on tombe dessus, même pour l’une seulement de ses propriétés, on a automatiquement toutes les autres avec, qui sont contenues dans ce nombre. C’est mathématique. Donc, on pourra effectivement tracer des cercles et des carrés, les décaler, les reporter et mettre en évidence toutes les propriétés du nombre d’or. L’auteur de l’œuvre n’a nécessairement pas voulu qu’elles s’y trouvent toutes ? : il n’a cherché qu’un effet esthétique qui l’obligeait à tomber dessus, mais effectivement, un savant qui analysera son travail trouvera les cent ou les milles propriétés du nombre d’or dans cet agencement et en concevra sans doute un respect immense pour la « ?science ? » de l’artiste.

    Pareil pour Pi. Tendez une corde à un piquet et tournez autour du piquet ? ; prenez une autre corde et mesurer votre cercle avec ? : le rapport des deux cordes est pi. Vous n’êtes pas mathématicien et vous avez déjà votre rapport avec une précision suffisante pour faire de jolies choses. Il faudra peut-être attendre des centaines de générations pour qu’on puisse calculer la millième décimale de Pi, mais vous avez vos cordes. Rien de magique, ni de compliqué, et n’importe qui peut en faire autant d’un bout à l’autre de la planète sans pour autant vous connaître. Il se trouve qu’on trouve pi dans de nombreuses figures et dans de nombreux volumes. Ce n’est pas parce qu’on utilise plusieurs d’entre eux que l’on sait quel lien intime ils entretiennent avec Pi.

    Bref, Pi et le nombre d’or sont des rapports compliqués à comprendre et impossible à calculer avec une précision totale, mais facile à utiliser, et qu’on peut même mettre en œuvre sans même connaître ni la valeur exacte ni toutes les propriétés.

    Poussons un peu plus loi sur les notions de mesure. Il faudrait évidemment qu’on ait plus de précision sur les études menées. Les démonstrations esquissées dans le documentaire sont indiquées à l’état d’esquisses. L’auteure se reconnaît elle-même assez profane en mathématiques. Il est possible que, de bonne foi, elle ait commis par mégarde le tour de passe-passe involontaire consistant à déduire la validité d’une unité de mesure à partir des rapports entre les choses mesurées. Or, deux choses mesurées en mètres ont le même rapport si on les mesure en Yard ou en coudées.

    Si les rapports sont pertinents, signifiants, instructifs, les unités de mesure sont, elles, parfaitement indifférentes. Si je voulais retenir que les Egyptiens anciens ont établi le mètre, j’en serais très content, ne serait-ce que par la gifle que se prendrait dans la figure les anglais et leur système de mesure. Je n’imagine pas que les égyptiens aient pu avoir la préscience de notre rivalité avec la perfide Albion ni nous donner cet avantage insigne.

    S’ils ont réussi à le faire, c’est qu’ils ont des connaissances effectivement fabuleuses, bien plus impréssionnantes encore que le reportage ne l’évoque ? : songez que non seulement ils auraient prédit le mètre, mais également la seconde, puisque c’est en milliers de kilomètres par seconde que s’exprime la vitesse de la lumière. Les bâtisseurs seraient beaucoup plus que des génies. A supposer que l’immense précision relevée sur une unité de mesure totalement arbitraire témoigne d’un immense mystère inexplicable par le hasard, une précision identique sur la mesure du temps élève ce mystère au carré. Sauf que du coup, c’est tellement incommensurable qu’il redevient crédible de préférer, en toute rationalité, une explication par la coïncidence.

    Il reste également à relativiser le mystère du positionnement des constructions sur le globe et de leur alignement. On notera que le tour du globe qu’on nous propose dans la deuxième partie dessine plutôt une bande qu’une ligne, ce qui peut étonner de la part de bâtisseurs capables de tant de précision sur leurs alignements. Je veux dire par là que le reportage lui-même a cette honnêteté de reconnaître que l’alignement n’est pas parfait, même s’il reste, statistiquement spectaculaire.

    On objectera qu’une carte du monde de présente pas non plus une probabilité égale que se développent des civilisations de bâtisseurs sous toutes les latitudes. Ce sont des civilisations où l’élevage et l’agriculture ont tellement bien résolu les problèmes de subsistance alimentaire qu’une partie importante de la population peut se consacrer aux échanges, à al guerre, à la diplomatie, au commerce, aux jeux, aux arts, aux divertissements, aux cultes, et à la réalisation de bâtiments. Ce très haut degré de civilisation nécessite des conditions géologiques et climatiques qu’il n’est pas étonnant de trouver à des latitudes à peu près identiques le long du globe. Il y a de quoi concentrer naturellement les sites aux endroits où on les trouve, et leur alignement ne résulte peut-être que de ça.

    Certes, il existe un site au moins qui semble fort excentré part rapport à tout ça ? : l’île de Pâques. Sans malignité aucune, j’observerai que déjà, dans un plan, deux points sont toujours alignés. De même, à la surface d’une sphère il y a toujours un plan qui relie trois points, et donc la possibilité de dessiner une carte en deux dimensions qui fasse apparaître ces points comme alignés. Il n’était donc pas si sensationnel que ça de tracer cette droite entre les pyramides à degré, l’île de Pâques et la pyramide de Khéops. Je n’y vois pas de malveillance, mais juste l’expression de cette tentation du merveilleux et du sensationnel.

    C’est là où je vois l’immense apport de ce reportage entre autres recherches ? : j’approuve sans réserve qu’il nous nous oblige à faire dégraisser nos visions historiques de nos préjugés. Et justement ? : projeter une motivation mystique, cosmique, religieuse, ne rend pas nécessairement compte de l’intelligence de ces ancêtres, qui n’étaient probablement pas assez sots pour croire à leurs légendes, leurs mythes et leurs fictions explicatives du monde. Il n’est donc même pas certain qu’ils mettaient une majuscule à Ciel. Probablement même concevraient-ils comme une sordide régression de la civilisation, l’idée qu’on puisse se foutre sur la gueule pour avoir caricaturé un prophète.

    Avec quelques correctifs parfaitement intelligents et bienvenus sur notre façon d’appréhender le haut degré des civilisations qui nous précèdent, il me semble qu’on peut lever la plupart des mystères évoqués, sans pour autant recourir aux Dieux, aux extraterrestres ou aux Atlantes. Pas tout, en effet, mais la plupart. Je ne déteste pas l’idée qu’il reste une part de mystère et de merveilleux, ne serait-ce que pour qu’on continue à Disons s’aiguiser l’esprit, à motiver nos curiosités et intéresser assez ceux qui tiennent les cordons de la bourse, pour financer les campagnes de recherche.

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