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Commentaire de wilkins

sur Biden face au 11 Septembre !


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wilkins 12 août 2009 23:41

Sentero, merci pour votre réponse cordiale.

vous dites : "La particularité du conspirationisme (la vision que j’ai pu m’en faire) par rapport au fait de croire qu’il a pu y avoir des manipulations, des tractations, des intrigues dans l’histoire (une évidence) c’est de donner à ces pratiques secrètes une importance capitale, d’y voir un système explicatif total et simplificateur avec généralement les méchants (puissants, occultes, organisés en réseau) et les victimes. type : "système"/pions/moutons/ficelles "

C’est très précisemment ce que j’essayais de mettre en lumière dans ma réponse. Ce qui qualifie un "conspirationniste" n’est pas la nature même du fait ou de l’intrigue qu’il dénonce, puisque nous sommes effectivement d’accord que la politique internationale est globalement faite de jeux à trois ou quatre, de diplomatie plus ou moins officielle, de manipulations et de coups tordus. Non, ce qui qualifie le conspirationniste, ce ne sont pas les faits mais les intentions qu’on lui prête, comme vous l’avez reconnu.

Donner à ces pratiques secrètes une importance capitale ? Ces pratiques ne sont pas davantage capitales que le débarquement du 6 juin 1944, que la sainte alliance, la triple entente, les accords de Bretton woods et les tractations qui les précédèrent, le dessous des accords de Yalta, l’assassinat de François-Ferdinand d’Autriche, Katyn, l’élaboration secrète de la solution finale, l’opération "Condor", le coup d’état contre Mossadegh, l’entrainement des contre-révolutionnaires et des juntes militaires dans "l’école des Amériques", la diplomatie secrète entourrant l’élaboration de l’offensive de la baie des Cochons, les missiles de Cuba, la crise nucléaire qui suivit, ou encore les manipulations incessantes pour provoquer une intervention en Irak en 2003.

Tout cela est désormais historique et relève de la plus haute importance. Ce n’est donc pas non plus la "valeur" ou la conséquence d’un fait qui le conduit à être taxé de complot ou non. L’opposition à la guerre en Irak en 2003 aurait été une théorie du complot si la France n’avait pas ouvertement pris position contre et ainsi ouvert une brèche. C’est là qu’il y a fracture, lorsqu’un fait sort de l’ombre.

Beaucoup de gens, qui d’ordinaire survolent la politique internationale, se sont rendu compte que lorqu’un sujet restait à la une relativement longtemps et qu’on lâchait la meute de journalistes sur les moindres détails de la préparation d’une guerre, tout un tas d’éléments apparaissaient alors en lumière : le rôle des agences de renseigenment, le contrôle de l’information, l’exagération d’une menace, la manipulation des opposants politiques locaux, etc. Rien de très extraordianire en somme. Si ce n’est que c’est officiel parce qu’il y a eu acharnement. Il s’agit d’une anomalie.

La première guerre d’Irak était, en l’espèce, bien davantage digne de servir de toile de fond à un mauvais polar de Tom Clancy que la seconde, seulement, elle a fait consensus. Quid des images satelittes présentées devant le conseil de sécurité de l’ONU (déjà !) par l’administration Bush père, désormais officiellemnt bidonnées, quid de l’affaire des couveuses, aujourd’hui présentée comme l’exemple même de la propagande militaire, quid de l’entretien entre l’ambassadrice américaine en Irak (april glaspee)avec Saddam Hussein pourtant rendue publique par ce dernier, quid de la médiation saoudienne pour faire céder Saddam Hussein, qui avait réussi ! quid des déclarations de James Baker (le secrétaire d’état) avant la guerre, quid de la vente avérée de matériel de forage transversal, révolutionnaire pour l’époque, des Américains aux Kowetiens leur permettant de "puiser" dans les ressources pétrolières irakiennes, quid de l’aveu public du général schwarzkopf (à la tête de la coalition durant toute la guerre d’Irak) de la préparation de l’offensive 5 mois avant l’invasion du Koweit par l’Irak, etc.

Est-ce une théorie du complot ? En quelque sorte, oui, pourtant, le Washington Post en a fait ses choux gras, mais tardivement, en 2002 : http://www.commondreams.org/headlines02/1230-04.htm, retranscription de l’article qui est aujourd’hui en archive sur le site du WP, donc payant : http://www.washingtonpost.com/ac2/wp-dyn/A52241-2002Dec29?language=printer

Vous dites que le terme, péjoratif, a suivi la destinée de nombre de mots de la langue française. C’est exact, mais dans le cas qui nous intéresse, il s’agit d’une mise à l’index d’individus s’appropriant un sujet au départ délaissé par les journalistes d’investigation.

Sans rentrer dans les détails, les contre-enquêtes publiées en 2002 pour contredire Meyssan (qui avait effectivement baclé son travail, expédié une version intermédiaire faite de syllogismes simplistes, de conclusions hâtives et de distorsion de faits) ont été publiées après une semaine d’approffondissement du sujet seulement, avec une seule ligne éditoriale : trouver tout ce qui va dans le sens de la thèse officielle. Quitte à inventer des éléments, comme le journal Le Monde l’a fait avec des photos des débris de l’avion du Pentagone à une époque où la théorie officielle disait qu’li n’y avait aucun débris consécutif à ce crash parfait. Meyssan les a épinglés publiquement sur ce fait et ils ont du reconnaître leur erreur.

Au-delà de l’anecdote, cela met en lumière une caractéristique particulière du journalisme, l’incapacité pathologique à se dédire au profit d’un tiers, extérieur à la profession. C’est une règle tacite, on ne se fait pas berner comme ça. Meyssan a crispé le 11 septembre, et sur ce point, je suis en accord avec vous. On assiste depûis à un affrontement absurde entre des journalistes qui, lorsqu’ils sont mandatés par leur rédaction de s’attaquer au sujet, ont l’impression d’être envoyé au casse-pipe. Ils connaitront forcément moins le sujet que les afficionados du Net qui, pour certains, planchent dessus depuis 8 ans, auront toujours un argument de retard et, au final, recevront une belle volée de bois vert. Même le journal en ligne rue 89 l’a expérimenté récemment.

Le refus de rattrapper le retard sur le 11 semptembre a créé une dichotomie désastreuse.

Moi-même, en me relisant, j’ai le sentiment d’écrire à la manière d’un "geek", obligé que je suis de revenir sur la nature même des relations internationales, en insistant sur ses noeuds gordiens, ses intrigues et sa diplomatie de couloir. Elle n’est pas faite que de cela mais je suis sommé de me justifier, en quelque sorte.

Le sujet aurait dû, dès le départ, être traité de manière professionnelle, et cela n’a pas été fait. Ceux qui essaient, depuis, de combler ce vide sont traités de "conspirationnistes", pour toute forme de procès, et renvoyés à une idéologie brunâtre et infamante. C’est cela que je vous reprochais maême je comprends vos positions.


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