...sauf que Cheminade lie la naissance de l’impérialisme financier aux vénitiens (qui parquaient les juifs dans des ghettos) et non au judaisme ou au sionisme :
Pour mieux saisir la dimension de cette réalité, il est utile de lire
le livre de Frederick C. Lane, Money and Banking in Medieval and
Renaissance Venise (Baltimore, John Hopkins University Press, 1985), qui
démontre que c’était plutôt la finance vénitienne
qui contrôlait la « bulle spéculative » de la finance mondiale entre
1275 et 1350, et qui orchestra l’effondrement des années 1340. Loin de
la « coexistence » mythique entre libre-échangistes, les oligarques vénitiens
condamnèrent à la banqueroute leurs collègues florentins et l’économie
de l’Europe et de la Méditerranée avec. On pourrait dire que Florence
tenait un rôle similaire à celui de New York aujourd’hui, avec Wall
Street et ses grandes banques, tandis que Venise, c’était Londres ; elle
manipulait banquiers, souverains, papes et empereurs au moyen d’un
réseau financier très subtil et de sa domination totale du marché de la
monnaie et du crédit.
L’historien français Fernand Braudel explique (Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVème-XVIIIème siècle,
Libraire Armand Colin, 1979, tome III) que Venise, à la tête des
banquiers florentins, génois et siennois, s’engagea dès le début du
XIIIème siècle dans une lutte contre le pouvoir potentiel d’un
Etat-nation moderne « qu’avait déjà esquissé la réussite de Frédéric
II » Hohenstaufen (1194-1250). Celui-ci se situait dans la tradition de
développement des réformes carolingiennes (amélioration de
l’instruction, l’agriculture, l’infrastructure commerciale et l’art de
gouverner), tradition que Dante Alighieri tentera de revaloriser dans De Monarchia.
C’est un monde de différence.