Cher monsieur Lemaire.
Que vous descendiez de votre piédestal et preniez la plume en
« tant que ! » pour voler au secours des pauvres biquets qui sont
chargés de faire les annonces de vos communications audiovisuelles torrides est
particulièrement émouvant.
Mais il est vrai que dans ce parti mariniste qui tente désespérément
de donner l’illusion d’une dynamique, sinon d’un renouveau, il est assez
difficile de demander à leurs tendres émules d’être bon partout.
C’est ainsi que votre parti comporte aujourd’hui des
spécialistes de l’économie, des spécialistes du Marabout, des spécialistes du Bout
de ficelle, des spécialistes de la Selle de cheval, et même des spécialistes de
l’Economie.
Normal, dans un parti hyper hiérarchisé qui prêche en
permanence pour la division des Français, la division du travail dans ses
troupes doit être une règle fondamentale.
Et il est vrai que l’éducation populaire n’a jamais été sa préoccupation
(pour 2017 peut-être ?).
Vous vous vantez dans votre brève remarque, d’avoir fait la
preuve dans l’un de vos brûlots, que je ne regrette pas vraiment de ne pas avoir
parcouru, malgré mon addiction pour la connaissance de la langue de mes
ennemis, que la science économique ne serait pas une science, mais au contraire
un élément idéologique.
Quelle belle trouvaille, et quelle immense réinvention de l’eau
chaude !
Saviez-vous pourtant que la première personne à remarquer
cette chose, était un petit trublion qui s’appelait Karl Marx.
Et qu’il allait bien plus loin que vous, en considérant que
ce n’était pas une science idéologique, mais une idéologie tout court. Et que c’est
seulement au moment ou cette science séparée est identifiée comme système
idéologique, qu’elle devient critiquable.
La question de savoir si l’économie pouvait être reconnue
comme une science au même titre que la physique ou les mathématiques dura à peu
près jusqu’aux années 1930, date à laquelle le scientisme et toutes les
horreurs qui en découlèrent, jusqu’à l’eugénisme finirent par faire taire cette
querelle d’école. Elle revient enfin dans les années 70, principalement dus aux
réflexions de quelques brillants observateurs, comme Foucault ou Bourdieu, qui
s’attaquèrent alors à toutes ces brillantes inventions rangées laborieusement
dans la catégorie science, dont principalement celles dites sociales.
Car en fait croyez-vous une seconde que la critique de la
science économique comme idéologie et technique de domination, ne puisse
échapper à sa première critique, c’est-à-dire le fait d’être un système comprenant
des stratégies permettant la préservation du capitalisme ?
Et que l’on pourrait bêtement se contenter d’une petite
morale de comptoir triant les économistes en deux rangées, les bons d’un côté
qui ne travaillent pas pour la finance, et les méchants autres ?
Balivernes. Votre but avec cette argutie, est simplement de vous dédouaner d’aller
un peu plus loin dans votre analyse. Car briser le système de fonctionnement du
capital, reconsidérer les lois de l’échange, en finir avec les marchés
financiers sont des choses techniques, mais indiusant des choses éminemment
pratiques, comme un renversement des systèmes hiérarchiques dans le travail, l’invention
de nouvelles valeurs marchandes et non marchandes, la réduction à néant de la
sauvagerie du profit dans les modes de production, l’instauration d’un système
de protection social inébranlable, la révision de notre mode de consommation, etc..
C’est-à-dire, tout ce dont vous ne parlez jamais, ni vous, ni votre candidate,
ni vos spécialistes en comm, ni vos farouches ouailles embrumées. Sauf pour
avouer quelquefois que vous ne toucherez jamais à ces choses là, en vous
défiant de ces affreux gauchistes sauvages qui peuplent nos cités.
Enfin, que vous osiez vous proclamer mariniste et non FN,
est également touchant.
Que craignez-vous à cet endroit ?
Que la petite déculottée que ce parti mérite, et qui risque
bien de se révéler quand ayant été battue à plate couture par une assomption
formidable de la
Gauche Française, vous vous retrouviez avec 3 députés hurleurs
au beau milieu d’une assemblée qui les ignorera superbement ?
Et qu’à la suite de cela vous ayez un peu de mal à redynamiser votre carrière, ou réveiller l’amour de votre éditeur ?
Que ceci est mesquin.