A une époque où la quasi-totalité de « nos chères têtes
blondes » ne savent pas où se situe la Thrace – région que les Grecs et les Romains
appelaient « Europe » (encore ne donnèrent-ils le nom d’« Europa »
qu’à une province particulière de la Thrace, un mouchoir de poche) – ni même que la Thrace existe, les quelques
connaissances historiques superficelles de M. Asselineau peuvent assurément passer pour de l’érudition
et, donc, impressionner un auditoire, particulièrement si celui-ci a lui-même l’impression d’être « cultivé ».
M. Asselineau a toujours un mot gentil pour l’Europe. Cette fois,
il le place au tout début de sa conférence, insistant longuement sur « Europa »,
« Europe », « occidere », le soleil qui se couche, etc.
En
bon carolingien (on sait que Charles dit « le grand », le « très-chrétien » est une des
coqueluches de l’UE), M. Asselineau ne dit pas à son auditoire que ni les Grecs
ni les Romains n‘ont jamais désigné notre continent sous le nom d’« Europa »
et que c’est sous les carolingiens que ce terme est entré en vigueur. Encore le
terme était-il restrictif. « Europenses » désignait les habitants de la
partie ouest de notre continent. Un non chrétien habitant Brest n’était donc
pas considéré comme un « Européen. Quant à la dichotomie « Occidens/Oriens »,
elle servit originairement à désigner respectivement la partie ouest et la
partie est de l’Empire romain, une fois la scission opérée. Ni plus ni moins.
Ces informations se trouvent même sur wikipedia : c’est-dire. Ajoutons que ni les Arabes, ni
les autres Asiatiques du « moyen-âge » n’appelaient les habitants de
notre continent des « Européens » et encore moins des « Occidentaux ».
« Europa », la déesse, était phénicienne. Son enlèvement
par Zeus symbolisait, comme de nombreux mythes grecs, la conquête et la
soumission par les Hellènes nordico-aryens des peuplades d’origine sémite qu’ils avaient
trouvées à leur arrivée dans la péninsule. En choisissant le nom de cette déesse
pour baptiser notre continent, non seulement le christianisme trahissait ses
origines sémites, mais il vengeait symboliquement ces peuplades sémites, en attendant de les venger dans l’histoire, dans les faits.
Avec cet arrière-plan en tête, ceux
qui ont les capacités de s’élever à une certaine hauteur de vue verront la tragédie grecque actuelle prendre une toute autre dimension que celle, purement économique, dans laquelle M. Asselineau, en bon comptable, la considère et l’enferme. Une dimension, à vrai dire, sinistre.
II est vrai qu’en bon gaulliste M. Asselineau n’a retenu de
la définition donnée par de Gaulle de la France que sa dernière clause : « un
pays… de religion judéo-chrétienne » et, tout particulièrement, le premier
terme de cet adjectif composé. Et que sa connaissance de l’antiquité gréco-latine n’a rien à envier à celle des potaches d’ER.
Tout ou presque, chez M. Asselineau, est à rectifier, à démystifier, sachant que chez lui, sous des dehors de gentlemen-farmer, se dissimule une réflexion de caractère essentiellement oriental.