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Commentaire de easy1

sur La réussite scolaire des Vietnamiens en France


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easy1 12 août 2012 12:01

Un autre point est à considérer

La faible incidence de la différence garçon / fille 
Chez aucun peuple il n’y a d’abolition totale des différences puisque les couples se forment à partir d’une différenciation sexuelle.
Et partout il est considéré le fait de la puissance musculaire supérieure du garçon.
Les Viets ne dérogent pas à ce minimum.
Mais ils s’en tiennent à ce minimum.


Plusieurs peuples ont eu des reines.
Plusieurs ont eu des Jeanne d’Arc.
Il y a également eu un éventuel peuple d’Amazones autour de la Mer Noire.
Mais il n’y a qu’au Vietnam qu’il y a eu des reines, des héroïnes de batailles, des générales et des armées de femmes qui, dans le civil, n’avaient en rien une mentalité amazoniste refusant les hommes ou les castrant en quelque endroit.
C’est au Vietnam que la Résistance a comporté des participants des deux sexes en égalité numérique. Le fait de guerre ne peut pas servir un quelconque sexisme. 

A quoi peut tenir cet égalitarisme de fait, non idéologique, non artificiellement construit ?
(Il aurait été idéologique, il y aurait eu des mandarines)


[ Je m’aperçois que dans le plein sujet des études, j’ai raté de rappeler que le Vietnam avait subi 900 ans d’influence Han qui elle-même parcourait ses 2000 ans de confucianisme méritocratiste instituant le concours administratif très égalitariste entre garçons (fait unique au Monde). Et, c’est là qu’arrive le point méconnu qu’il m’aurait fallu souligner, que les Jésuites avaient rapporté ce concept de concours administratif égalitariste de Chine. C’est en copier/coller de la pratique chinoise que la France s’est mise à organiser, avec 2000 ans de retard, des concours du même type. Quiconque est de culture confucéenne, peut donc retrouver en France (et dans les pays qui ont suivi l’exemple de la France) le principe méritocratique dans lequel il a été pétri. Quiconque du secteur confucéen se régale des concours administratifs, honore et perpétue sa culture originelle. Plus on comprend cela, plus on s’aperçoit que les Viets qui potassent le font en étant portés par des objectifs différents voire inverses de leurs camarades français. Il serait à peine excessif de dire que pour un Viet en France, il lui suffit de conquérir des diplômes administratifs pour se sentir prêt à mourir heureux le lendemain. Le diplôme est son alfa et quasiment son oméga ]


Revenons aux sexes en mentionnant que les Han castraient par millions tant l’indéterminisme sexuel était de valeur.

Hormis donc le mandarinat venu de Chine qui était réservé aux garçons et qui a été appliqué quasiment tel quel au Vietnam, Les Viets avaient un modus vivendi tellement responsabilisateur des enfants, qu’il ne pouvait que responsabiliser de manière égale les garçons et les filles, donc les hommes et les femmes, en tout continuum.

Contrairement à ce qui se passe par exemple chez les Massaïs et les Amérindiens, on ne passe pas d’enfant à adulte suite à quelque rite, ni de force physique ni d’adresse ni d’adoubement (accompagné souvent d’un changement de nom)
.
Rien de tout ça chez les Viets. L’enfant passe adulte progressivement, chaque jour, dès son sevrage. Et un cireur de chaussures de 10 ans peut se considérer au moins aussi adulte qu’un homme de 30 ans encore nourri par ses parents. Ce qui ne l’empêchera pas d’appeler cet aîné par un terme marqué de cette aînesse.



Les Occidentaux disent des confucéens que leurs jeunes sont fortement soumis à leurs anciens. Cette manière de voir est fondamentalement archangiste et fonctionne à plein régime dans le triangle de Karpman Victime Bourreau Juge-Sauveur (Archange) où il suffit de Juger où il y a une Victime pour se propulser en position de Sauveur.
Mérite, Honneur, Gloire à quiconque détecte une Victime et dénonce un Bourreau.


La réalité vécue par les Viets est toute autre.
En effet, les jeunes ne se permettent jamais d’élever la voix devant un ancien et encore moins de lui adresser un reproche. Mais au fond, c’est l’ancien qui dépend du jeune puisque c’est ce dernier qui cultivera sa mémoire, qui constituera son paradis ou Repos. C’est là que se trouve la clef de tous leurs comportements. Chacun dépend entièrement, âme au moins, de ses survivants, qu’ils soient jeunes, petits, gros, rachitiques, boiteux, garçons, filles, eunuque, intelligents, idiots, riches ou pauvres...



Si Homo sapiens se caractérise par le fait qu’il pratique une cérémonie mortuaire et un principe de tombe, ce sont les Vietnamiens qui l’auront poussé à l’extrême.

On peut pousser le principe mortuaire assez loin par le biais de la momification du corps et par celui de la monumentalisation de la tombe, de sa bunkérisation.
Les Viets n’ont pas choisi ce biais matérialiste et ont concentré leur protection du défunt sur ses aspects les plus immatériels, sur la seule mémoire (épurée de tout reproche)ostensiblement affichée.
C’est donc chez les Viets qu’on va trouver, dans le meilleur endroit de la maison, celui d’où l’on voit toute la famille, un meuble où trônent le nom et quelque sorte de portrait des défunts.
Et cela pendant qu’aucune autre photos ou portrait de vivant n’est affichée nulle part.

On n’idolâtre pas les vivants. Les morts ne sont pas jaloux des vivants. Plus on vieillit, plus on approche du moment où l’on sera blanchi de tout reproche non par un quelconque dieu, mais par ses survivants qui pardonneront systématiquement tout.
Pourquoi ferais-je procès à des gens alors qu’in fine, je ne ferai qu’en dire du bien ?
Alors pas de procéduriers et on va bien plus à absoudre qu’à condamner

La psychanalyse n’y a pas sa place.

Si l’on veut comprendre les peuples du Monde, la psychanalyse est le meilleur filtre qui nous permettrait de tout piger à l’envers.
L’ethnopsychiatrie est beaucoup plus utile mais elle peine et balbutie car elle va à l’encontre de l’occidentalo centrisme et de son archangisme.




Les Viets sont comblés par les concours mandarinaux français mais ils sont mis en pièces par l’archangisme français. Alors ils participent enflammés aux concours puis se planquent et évitent toute prise de position, tout jugement.




Encore une fois, tout ça évolue au fil des décennies. Et je ne décris là que le point zéro culturel qu’on peut situer vers 1800.
Car ensuite, occidentalisation du Monde faisant, il n’en reste que ce qui peut en rester.

L’Occident adore les musées. Mais on n’y trouve que ce qu’il peut y avoir de plus matérialiste. Le musée de l’Homme, celui du quai Branly, ne montrent rien de la composante immatérielle des cultures.


Le syncrétisme du caodaïsme est un des portails les plus intéressants pour piger comment voient les Viets




Deux mots d’une autre chose très singulière aux Viets.
Cette ethnie très majoritaire et instruite a toléré pendant des millénaires, dès les premières altitudes, la présence d’ethnies très différentes dont certaines vivent ou vivaient nues.

Vers 1960, il était encore possible de voir, sur le long de la route mandarine, se frôler des gens complètement textiles et motorisés et des gens marchant nus sur les bas côtés, ces Moïs étant archi complètement autonomes. Il faut aller en Namibie pour voir quelque chose dans le genre mais pour les Himbas, cette situation s’est construite seulement récemment et elle va probablement vite cesser à moins qu’elle soit protégée par quelque UNESCO. Au Vietnam, cette tolérance aura duré des siècles, n’aura persisté que par le pragmatisme des Viets et aura donc été entièrement intégrée dans toutes les considérations de chaque groupe ethnique. On y tolère les différences culturelles, on cohabite avec des très différents.

Pour que cette tolérance ait pu durer, il a fallu que chacun en vienne à considérer les principes de neutralité (Je fais la guerre contre les Chinois. Si toi, le Moï, tu ne veux pas y participer, c’est ton droit). Il a également fallu que domine un sens aigü de l’autonomie matérielle (Je n’ai pas besoin d’eux, ils n’ont pas besoin de moi). Il a fallu un sens développé de la territorialisation fondée sur un jus soli. (Vous êtes nés dans les montagnes, c’est votre territoire. Nous sommes nés dans les plaines, c’est notre territoire). Il a fallu que chaque groupe se contente de ce que son territoire pouvait lui apporter. Il a également fallu un sens aigu du droit de passage.
La côte d’Azur aurait été elle aussi une zone de passage entre l’Italie et la France mais le Vietnam c’est ça en sa totalité : Deux plaines très alluvionnaires séparées par un étroit littoral et l’ensemble constituant le plus confortable des passages entre l’Inde et la Chine. Si le Viet n’avait pas joué la carte du droit de passage universel, il aurait joué contre nature.



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