@voxien
Je suis d’ accord avec tout ce que tu as écrits ... je ne suis pas en désaccords avec une seule ligne ...
Sinon sur les partis politiques , sur les partis voilà ce que Rousseau en dit dans le contrat social :
" Je dis donc que la souveraineté
n’étant que l’exercice de la volonté générale ne peut jamais s’aliéner, &
que le souverain, qui n’est qu’un être collectif, ne peut être représenté que
par lui-même (...).Par la même raison que la souveraineté est inaliénable, elle est
indivisible. Car la volonté est générale [1], ou elle ne l’est pas ; elle est celle du
corps du peuple, ou seulement d’une partie (...).Si, quand le peuple suffisamment
informé délibéré, les Citoyens n’avaient aucune communication entre eux, du
grand nombre de petites différences résulteront toujours la volonté générale,
& la délibération serait toujours bonne. Mais quand il se fait des brigues,
des associations partielles aux dépends de la grande, la volonté de chacune de
ces associations devient générale par rapport à ses membres, & particulière par rapport à l’Etat ; on peut dire alors qu’il n’y a plus autant de votants que
d’hommes, mais seulement autant que d’associations.Les
différences deviennent moins nombreuses & donnent un résultat moins
général. Enfin quand une de ces associations est si grande qu’elle l’emporte
sur toutes les autres, vous n’avez plus pour résultat une somme de petites
différences, mais une différence unique ; alors il n’y a plus de volonté
générale, & l’avis qui l’emporte n’est qu’un avis particulier. Il importe donc pour avoir bien l’énoncé de la volonté
générale qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’Etat & que chaque
Citoyen n’opine que d’après lui[2]. Telle fut l’unique
& sublime institution du grand Lycurgue".
Révélateur non ?Il y’ a aussi cet excellent article du très honorable Erca que je trouve magnifique :
" Le concept moderne de la
représentation politique n’est que le corollaire de l’avènement du concept plus
global de représentation, que l’Antiquité ne connaissait pas.En
gros, comme le dit Castoriadis, entre l’Antiquité et l’époque moderne, on a
progressivement détaché le pouvoir des êtres humains "concrets" (on
est passé de la polis à l’Etat), en même temps qu’on a considéré qu’il
n’existait pas de Vérité universelle. La représentation politique est
venue accompagner l’idée que le monde n’existe qu’à travers la représentation
qu’on s’en fait.Et en
fait, le Léviathan de Hobbes va de
pair avec l’idée qu’il y a autant de vérités que d’hommes, et que donc pour les
mettre d’accord et éviter la guerre civile, il faut absolument un Léviathan.
Il
n’y a plus de réalité : il n’y a plus que des représentations de la
réalité, et aucune n’est plus légitime qu’une autre. Le représentant est là
pour imposer une représentation du monde et de la société qui fera office de
loi et qui garantira l’ordre.Le
concept de représentation, central chez Hobbes, va aussi avec l’idée que les
citoyens n’ont plus leur mot à dire en tant que tels, pris individuellement et
"concrètement", mais en tant que représentation, en tant que corps. Ce ne sont plus les citoyens
qui ont une volonté : c’est un corps abstrait, c’est l’Etat, qui veut pour
eux. C’est bien sûr une pure fiction, et pour se maintenir, se maquiller, elle
a besoin quand même d’un accord, d’un "coup de tampon" des citoyens
réels : c’est l’élection.C’est
pourquoi, comme l’explique Didier Mineur, le gouvernement représentatif
est un régime en crise quasi permanente car il
suppose que les représentés s’identifient à leurs représentants, ce qui ne peut
jamais tenir bien longtemps, et ce pour de multiples raisons. Des subterfuges
ont bien été inventés pour tenter de renforcer le lien entre représentants et
représentés, avec notamment les partis politiques qui étaient censés permettre
au peuple d’exprimer réellement ce qu’il pensait à l’Assemblée plutôt que de se
contenter d’élire des notables compétents. D’ailleurs, beaucoup ont cru, à la
création des partis politiques, que le gouvernement représentatif devenait
véritablement démocratique ; mais en réalité, ils n’ont fait que dédoubler
le filtre représentatif.