Chez les bonobos, espèce de singes considérés comme les plus proches de
l’homme, les mères ne « punissent » pas leurs rejetons. Elles les
éloignent simplement d’un danger éventuel. Elles ignorent également le
geste de frapper du plat de la main. « On n’a jamais vu une guenon en
liberté maltraiter délibérément son petit », écrit la primatologue et
anthropologue Sarah Blaffer Hrdy. Si certaines femelles maltraitent
leurs petits, plutôt en les négligeant qu’en les malmenant, c’est
apparemment, presque toujours, parce qu’elles ont été elles-mêmes
abandonnées ou négligées dans leur jeune âge. Le seul cas où les mères
interviennent violemment contre leurs propres petits, c’est lorsque
ceux-ci, devenus adolescents, presque adultes, importunent leurs frères
plus jeunes.
Frapper les enfants n’a donc probablement rien
d’instinctif. C’est un comportement humain, culturel, acquis par
imitation. La maltraitance ne peut être considérée comme un comportement
bestial. Ce que nous avons en nous d’animal n’y est probablement pour
rien. Aucun de nos comportements innés ne nous prépare à frapper nos
enfants, et rien dans les comportements innés des enfants ne les prépare
à être frappés par les êtres qui constituent leur base de sécurité. Les
premiers coups donnés par des parents à leur enfant sont probablement
pour celui-ci un « coup de canif » bien plus grave dans le lien de
confiance qui l’unit à ses parents qu’une infidélité peut l’être entre
deux conjoints.
http://www.oveo.org/index.php?option=com_content&view=article&id=25&Itemid=48&99038a4c5adc038db05ba8a23ac8182e=ff78fdacfc8e083eb33ad8376797daf1