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Commentaire de Têtedepioche

sur Théories du Complot : pourquoi un tel succès sur le Net ?


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Têtedepioche Têtedepioche 5 avril 2013 10:15

Tes propos auxquels je réagissais, pour compléter mon message précédent :
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« Ces gens là vous expliquent avec des mots savant et un ton supérieur que la terre est plate , ce qui a pour effet de vous énerver, de chercher à les contredire et finalement à jouer d’ une façon ou d’ une autre leur jeu car vous êtes bouclé et consumer tout votre temps dans des thématiques sans intérêt alors que pendant tout ce temps vous auriez pu apprendre énormément de chose sur le fonctionnement du monde. »
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« Ce système médiatique est conçu pour vous empêcher de porter un regard propre sur le monde d’ une façon ou d’ une autre, que vous le protégiez ou que vous le combattiez c’est pareil. C’est très vicieux, le mieux est de se mettre à distance de ce genre de combat. »
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A ce sujet je te propose un extrait qui m’a semblé intéressant, si bien que je l’ai conservé.
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Dans "Mort de la famille", David Cooper à écrit :
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’’La mort du doute et la mort du corps tirent leur origine des besoins grégaires développés au premier chef par la famille. Une des premières leçons que nous acquérons dans le cours du conditionnement familial est qu’en ce bas monde nous ne pouvons nous suffire à nous-mêmes. On nous enseigne avec force détail à nous déposséder de nous-mêmes et à vivre tellement agglutinés les uns aux autres que nous nous collons des lambeaux de la personnalité d’autrui jusqu’à ne plus distinguer ce qui, dans notre personnalité, nous appartient de ce qui appartient aux autres.
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Telle est l’aliénation : soumission passive à l’invasion des autres qui ne sont, à l’origine, que des membres de la famille. Toutes les métaphores développées dans la "paranoïa" sont une protestation poétique contre cette invasion.
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L’institution psychiatrique est, après l’école et la prison, le troisième moyen de défense dont dispose la famille contre l’autonomie des individus, sans compter, bien sûr, les nombreuses institutions propres à les rejeter.
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Il me semble que, de nos jours, la paranoïa, du moins dans le premier monde, est une nécessaire tentative de libération et d’accomplissement total. (...)
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Nous devons, je crois, réévaluer certaines expériences et certains états catalogués comme morbides, puis, grâce à une complète "déclinicalisation" de notre appareil conceptuel, les considérer comme des tactiques plus ou moins réussies pour acquérir autonomie et cohérence interne.
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Dans un ouvrage précédent (note : Psychiatrie et Anti-psychiatrie), j’ai démontré quelle distance infinie, du point de vue de la vérité de la vie, sépare d’une part la norme — triste destin de la plupart d’entre nous — et d’autre part la santé et la folie qui se rejoigne au pôle opposé.
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Le point crucial est ici le rôle que joue la famille en produisant, à travers la socialisation initiale de l’enfant, la normalité et les bases du conformisme. Pratiquement, élever un enfant c’est détruire une personne. De plus, l’éducation met la personne hors d’elle-même et loin d’elle-même. En jouant sur l’étymologie grecque, on peut illustrer cette idée.
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Eknoïa <-> Paranoïa <-> Noïa (En-noïa) <-> Anoïa / Antinoïa
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L’état eknoïde à gauche du diagramme est l’état normal du citoyen conditionné et toujours obéissant. Dans cet état, l’homme est étranger à tous les aspects de son expérience, à toute véritable raison d’agir, étranger aussi à son propre corps quand il n’est pas objet d’exploration pour les autres, il refuse prudemment toute possibilité de changement, si bien que l’on peut dire, sans crainte d’une métaphore déplacée, qu’il a perdu la tête. (...)
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De cet assassinat, la compensation est manifeste : on peut devenir riche ou du moins "aisé", diriger une grosse entreprise ou un État, ou même se réjouir de la dévastation écologique d’énormes surfaces au profit de valeurs admises. Tout bien pesé, il n’y a rien de mieux que d’avoir perdu la tête.
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Par une série de métanoïas, l’homme peut se sortir de l’état eknoïde. On entend par là un changement de sa personnalité profonde qui atteint son apparence, sa surface sociales. C’est un véritable chemin de Damas, avec conversion, repentir et, même au deuxième stade de la métanoïa, des "signes" de dépression et de deuil.
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La première métanoïa conduit à une zone "paranoïaque", état où l’homme est à côté de lui-même. Si l’eknoïa est l’état où l’on est hors de soi-même, dans la paranoïa, du moins, on en est près."
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Ainsi l’on peut considérer que si le "conspirationnisme ambiant" est le signe de l’émergence d’une forme de paranoïa dans la société, il s’agit d’un bon signe, c’est-à-dire le signe d’un réveil progressif des consciences, désireuses de sortir de l’état de zombies dans laquelle le conformisme social les a entraînés, et de retrouver leur identité propre.
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Dans cette perspective, Mr Patella, si l’on admet que les "conspirationnistes" sont paranoïaques, il se pourrait qu’ils aient sur vous une petite longueur d’avance dans leur "chemin de Damas" vers leur Anoïa


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