@ Davideduardo
-tu
conviendras que si il y a une différence entre famille et état elle sera de
degré et non de nature,
R / Non, elle est de nature. Des différences
quantitatives radicales entraînent aussi des différences qualitatives
radicales !
-sinon a partir de combien de
personne la nature de ces groupements humains changent :
R /Je ne peux pas te donner un chiffre, pas parce qu’il n’existe pas mais
parce que je ne le connais pas. Les communautés primitives, elles, le connaissaient
très bien raison pour laquelle elles codaient scrupuleusement le flux de leur
démographie ou qu’elles se divisaient passé un certain nombre, elles ne
voulaient pas voir émerger un Léviathan c.à.d. un Etat qui leur serait
extérieur et les opprimerait comme l’ explique Clastre dans « la société
contre l’Etat ».
Mais le principe est là : plus la
communauté s’élargit plus le chef est
éloigné de ses membres, et moins il est tributaire d’eux. C’est là toute la différence,
à partir d’une certaine extension le chef devient un prince, et on ne peut plus
comparer avec un parent.
-On a tous en tete ces familles dynastiques
du 19eme avec le patriarche autoritaire comme exemple
R /L’autoritarisme
d’un parent n’a rien avoir avec celui d’un prince. J’ai eu des parents très autoritaires
mais ils n’étaient pas mes princes, ils étaient sévère.
Les
gouvernants cherchent avant tout à exercer le pouvoir sur les hommes,
non pas pour le bien des peuples mais tout simplement parce que le pouvoir est
un délice grisant.
Les parents aiment profondément leurs enfants. Ils ne cherchent pas à
les dominer mais à les éduquer, à faire d’eux des êtres pouvant s’insérer
dans la société.
Les gouvernants cherchent à rester au pouvoir à n’ importe quel prix,
quitte à livrer des guerres à leurs propres peuples, à les rendre dépendant, à
les abrutir, à les manipuler.
Le but des parents n’est pas d’avoir éternellement du pouvoir sur leurs
enfants mais de les libérer le plus tôt possible de leur propre
emprise ce qui signifierait qu’ils ont finit leur éducation
et sont apte à voler de leurs propres ailes.
Le parent reçoit un être faible, qu’il se
doit de protéger, nourrir, faire grandir, endurcir et qui finalement doit
devenir un être fort, autonome et adapté à son environnement.
Le prince lui veut rester au pouvoir , plus le peuple est faible plus il
est puissant , si par hasard il hérite d’ un peuple indépendant , il doit le
rendre dépendant , s’ il hérite d’ un Etat fort , il se doit de l’
affaiblir ( assez pour ne pas qu’ il puisse le renverser mais pas
trop pour ne pas se faire conquérir par d’ autres princes).
D’ un coté l’amour des parents,
de l’autre, le désir de puissance et de domination des princes, on ne peut donc pas faire des similitudes entre la situation de l’un
et celle de l’autre.
-Si on
ne peut comparer un état hierarchique aux familles non hierarchique (comme le
dit morpheus), c est que tu admets que l état ne pourra jamais s émanciper de
cette hierarchie ?
R / Un Etat est forcément hiérarchique. Pour s’émanciper
des hiérarchies et des rapports de domination il faut forcément s’émanciper de l’Etat,
ce qui en l’état est une chose impossible.
La seule chose que l’on peut faire pour atténuer la prédation de l’Etat sur
ses membres, c’est trouver un équilibre des rapports de force. C’est la théorie mécaniste du pouvoir :
quand un individu ou une classe s’élève leurs opposants doivent nécessairement s’abaisser,
le moins mauvais pouvoir correspondant à une équitable distribution des forces
en présence.
Comme je l’ai mit plus haut on
peut trouver ci et là des contre exemples à ce que je dis des parents et des princes, à la marge, on trouve des familles qui instaurent des liens purs
de domination et des Etats qui ponctuellement s’en émancipent, mais ce n’est
pas la norme (en tous cas ce n’est pas normal).
La
nature dote les parents d’amour pour les enfants (élément indispensable pour la
conservation de l’espèce), et la dynamique des interactions humaines qui
explique l’existence des Etats est fondée sur la gestion des rapports de
domination.
Quant au romantisme, c’est bien
beau mais observons les faits, les romantiques devraient lire « le prince »
et l’histoire.