• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV Mobile


Commentaire de Nina K

sur OGM : « on est en train de faire que des conneries avec ! » (Pierre-Henri Gouyon)


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Nina K Nina K 5 décembre 2013 17:41
« Bangkok, dans un futur relativement proche. À la période d’Expansion (énergétique et commerciale) a succédé celle de Contraction, lorsque le pétrole est venu à manquer. Faute de pouvoir voyager facilement et rapidement, les pays se sont renfermés sur eux-mêmes. En Asie du sud-est, la Thaïlande a néanmoins réussi à assurer la domination sur la région, alors que toutes les anciennes puissances économiques locales (Chine, Japon...) se sont écroulées. Les États-Unis continuent d’exporter leur savoir-faire de semencier d’organismes génétiquement modifiés, seuls résistants aux multiples maladies qui se sont répandues (volontairement ?) dans les cultures ; Anderson Lake est un employé de l’une de ces multinationales de l’agro-alimentaire. Lorsqu’il tombe sur un fruit qu’on croyait oublié, issu de laboratoires thaïs, lesquelsse posent donc en concurrents directs de l’industrie qu’il représente, il comprend que les enjeux économiques n’ont jamais été aussi forts. Il va donc mener l’enquête pour déterminer l’origine du fruit dans ce Bangkok confluent de toutes les populations, où les destinées s’entrecroisent : il y a là Hock Seng, un Chinois réfugié que les Thaïs ont accepté de mauvaise grâce, et employé de Lake : Carlyle, dont les dirigeables permettent aux contrebandiers de passer leurs marchandises en fraude ; Jaidee Rojjaanasukchai, du Ministère de l’Environnement, un Thaï dont la probité et la flamboyance lui ont valu l’admiration de ses subordonnés, et qui lutte pour préserver les valeurs du pays au détriment de ses aspirations commerciales ; enfin, il y a Emiko, la fille automate du titre, pauvre créature créée par les Japonais pour donner du plaisir aux clients de son possesseur. » (...)

« (...) la ville lui sert en outre de plateforme parfaitement adaptée pour parler des interactions entre les différents personnages, qui incarnent chacun une certain idée du développement de la société. Les tenants du libéralisme (Lake, Carlyle), les idéalistes (Rojjaanasukchai puis Kanya) et les militaires (Pracha) vont se lancer dans une lutte intense pour le contrôle de la société ; au beau milieu de tout ça, il y a ceux qui tentent de tirer leur épingle du jeu (tel Hock Seng), ou ceux qui, complètement perdus, tentent de ne pas perdre espoir (Emiko). Les personnages sont tous très crédibles dans leur histoire, leurs aspirations, leurs cruautés car, finalement tous cherchent leur propre intérêt au détriment des autres ; seule Emiko incarne la blancheur, l’absence de volonté de pouvoir.
   Cette lutte pour la domination trouve sa place, comme on l’a dit, dans un futur très vraisemblable, et passionnant : Bacigalupi, à aucun moment, ne cherche à nous en mettre plein la vue. Il a conçu un univers sensé, directement hérité du nôtre (on pensera bien évidemment au géant de l’agro-alimentaire Monsanto, et à ses démêlés avec la justice et sa vision de la déontologie scientifique), réfléchi à ses développements possibles, et suffisamment digéré tout cela pour en faire le substrat de son histoire. Il propose de nombreuses pistes de réflexion, sans toutefois les asséner au lecteur, mais plutôt en les distillant petites touches par petites touches. » (..)
 
(Bruno Para, critique de La Fille Automate)

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès