Situation en Ukraine ?
==> Une "LETTRES DE L’ENFER" de Maxime Cheloudchenko.
A tous mes amis et relations ! Je suis vivante !!! Je suis sortie hier
de Slaviansk. Merci à la bonne personne qui m’en a sortie. Celui qui n’y
a pas été ne peut pas comprendre l’horreur
de ce qui s’y passe. La ville est pratiquement détruite. Il n’y a plus
ni électricité, ni eau, ni communications et, dans beaucoup d’immeubles,
on a coupé le gaz car les tuyauteries sont endommagées par les
bombardements. Le 9 juin, on a terriblement bombardé le centre de la
ville. Beaucoup d’immeubles sont détruits. Les bombes ont volé dans les
fenêtres, les toits, les murs. Le 8 juin, j’ai enterré maman. Si j’avais
eu une caméra, j’aurais filmé toute l’horreur de la morgue. Je rappelle
qu’il n’y a ni eau, ni électricité, et que dehors, il fait chaud.
Approcher de la morgue est impossible. Si vous voyiez combien il y a là
bas de cadavres. On les enfouit dans des fosses communes. Les pauvres
garçons. Ils auraient pu vivre autant qu’ils voulaient. Et la Nats
Gvardia n’enterre même pas ses morts. Ils gisent près de Karatchoun et
pourrissent, on dit à leurs mères qu’ils ont disparu. C’EST LA VERITE !!
Comment peut-on bombarder des civils depuis des engins comme GRAD. Les
media ukrainiens ont dit bien sûr que ce sont les insurgés, oubliant de
dire qu’ils n’ont pas de GRAD. Et il faudrait être complètement idiot
pour se bombarder soi-même. On efface simplement Slaviansk de la surface
de la terre. Les usines, les pompes à essence, les marchés, les
hôpitaux, les écoles, les jardins d’enfants et les immeubles
d’habitation, tout est détruit. LES GENS SONT PRIVES DE TRAVAIL,
D’HABITATION ET DE LA VIE. Ils bombardent n’importe quand sans prévenir.
Le 9 juin au matin, après le bombardement, non loin de mon immeuble,
gisait une femme déchiquetée. J’ai appelé la morgue, pour qu’on la
ramasse, on m’a dit qu’il n’y avait pas d’essence et qu’on n’enterrerait
même plus personne. Je comprends pourquoi beaucoup ne croient même pas
ce qui arrive. Quand on sort des limites de Kramatorsk, la vie est
tranquille et paisible, mais nous, nous avons le blocus de Stalingrad.
Seulement en plus cruel. Quand on a tué maman sous mes yeux, j’ai
commencé à avoir la peur panique de sortir. Et comment l’avons-nous
enterrée… Je suis tombée sous un bombardement alors que je cherchais une
voiture qui put au moins emmener mon vieux père malade à la morgue. JE
remercie le garçon qui nous a aidés et ensuite, tous les deux, avec un
ami, nous sommes vite passés au cimetière. Nous l’avons vite enfouie et à
la maison, dans la cave. MAMAN NE MERITAIT PAS CELA.
Et le jour
suivant, on n’a enterré personne, parce que pas de carburant. Qu’est-ce
que j’aurais fait, s’il m’avait fallu l’enterrer le jour suivant ? Je
l’aurais portée dans mes bras sous les bombes ? Et encore. Mon
indignation n’a pas de bornes : j’ai donné une interview à seulement 2
chaines russes. Il n’y a déjà plus de journalistes dans la ville. Et on a
montré mon intervention à la télé ukrainienne en coupant le passage où
je disais de ne pas croire les chaînes ukrainiennes, que c’est l’armée
ukrainienne qui nous bombarde. Et quand je demande de l’aide, ils ont
dit en commentaire que je m’adressais à Porochenko. MENSONGE. Même le
chagrin des gens, ils le tournent en leur faveur. TOUT EST TERRIBLE !
Et après le dernier bombardement, je n’ai plus pu y tenir. Comme je
voudrais que ces… qui ordonnent de TIRER ou de bombarder passent au
moins une semaine dans notre peau, dans nos caves, sans sommeil, sans
eau, et dans la terreur permanente. Mes enfants ne m’ont pas reconnue.
Après la mort de maman, j’ai vieilli de 10 ans. Que Dieu garde les
autres villes d’une telle épouvante…
Trad. Laurence Guillon