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Commentaire de VINASAT-2

sur Socrate contre la démocratie directe


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VINASAT-2 VINASAT-2 5 mars 2015 21:38
  1. le démocratie n’existe pas

    Par Jean HUCK

    Le monde occidental, et la France en particulier, vivent depuis presque trois siècles sous une escroquerie digne des plus grands écrivains rocambolesques. Le comte de Monte Cristo à l’envers.

    Il y eut trois Révolutions majeures au XVIIe et XVIIIe siècle : la Révolution Anglaise menée par Cromwell, la Révolution américaine, l’insurrection des treize colonies anglaises d’Amérique du Nord et enfin la Révolution Française. Toutes trois germèrent au sein de ce qu’il faut bien appeler des "Etats Généraux", quoique les modalités fussent différentes. Et toutes trois ont pour origine des difficultés financières :

    - c’est à propos d’une aide refusée par le Parlement que Jacques 1er l’a dissous, générant le soulèvement des Commons,

    - c’est à propos d’un impôt que les divers Congrès des Commonwealth d’Amérique du Nord entrèrent en dissidence

    - c’est enfin pour résoudre une crise d’origine financière que Louis XVI convoque les Etats Généraux, avec les suites que nous croyons savoir.

    Dans les trois cas, le moteur du soulèvement, son coeur, est constitué par les classes moyennes, qui s’appelle en France le Tiers Etat. Il faut bien comprendre que les classes laborieuses : ouvriers industriels ou agricoles, petits paysans, etc... ne font absolument pas partie de ce Tiers Etat.

    Dans les trois cas se dégage une constante : les classes moyennes revendiquent "une place" dans les délibérations qui ne soit pas consultative, mais bien délibérative. Et dans les trois cas, elles obtiendront satisfaction :

    - les Commons anglaises continueront à compter vis à vis du gouvernement de Sa Majesté

    - les "coloniaux" demeurés sur le sol des colonies, car les states supérieures ont en grande partie émigré vers le Canada, créeront une République quasi entièrement gouvernée par des membres des classes moyennes

    - enfin, bon gré mal gré, le Tiers Etat, après l’épisode de l’intervention de l’Armée des Princes, la condamnation de Louis XVI et la Terreur, obtiendront satisfaction après Thermidor : suite à l’émigration, le pouvoir leur échoit.

    Mais dans les trois cas, l’Histoire, écrite très postérieurement, décrit ces évènements comme des "soulèvements du peuple". Rien n’et plus FAUX : certes, des éléments du peuple sont présents dans les affrontements, mais la majorité des "armées" est composée de milices souvent antérieures aux évènements, et fortement encadrées par des "yeomen", petits propriétaires, artisans, etc.... En réalité, ce sont trois "prises de pouvoir" par les classes moyennes au détriment des classes supérieures. Le "peuple", les petites gens, n’y a pas place et il est dès le départ entendu qu’il ne l’aura jamais.

    Pour grossir le trait, ceux qui accèdent "aux responsabilités" peuvent être qualifiés de "millionnaires" ; ce sont des membres très riches des classes moyennes n’ayant pas eu l’opportunité d’accéder (par mariage souvent) aux strates supérieures et donc de jouir des privilèges, prébendes et passe-droits y afférents.

    Car la suite de ces "révolutions" est édifiante à bien des égards : le premier soin des législateurs sera dans les trois cas de sanctifier la propriété, en omettant soigneusement d’inscrire un axiome faisant jusqu’à nos jours force de loi : "Possession vaut droit".... quelle que soit l’origine de cette "possession" ; l’exemple le plus frappant étant la "conquête de l’Ouest" des Etats Unis qui ignore totalement les indigènes (et les massacrera in fine). Et l’on ne s’intéresse pas assez à mon avis à la vente des "biens nationaux", possessions de l’Eglise ou de nobles émigrés qui donna lieu à une vaste foire d’empoigne.

    Toute prise de pouvoir rend nécessaire un "discours fondateur", élégie généralement d’un caractère fort élevé et philosophique, rédigée minutieusement pour berner le lecteur inattentif. En l’espèce, en France, c’est la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

    "Tous les hommes naissent et vivent égaux en droits" .... ou en Droit ? Distinction capitale et confusion pas innocente du tout. Dans un sens, ils ont tous les mêmes droits (à définir, ce qui à ma connaissance a été fait très imparfaitement) dans l’autre, ils sont égaux devant la Loi. Vous conviendrez que la différence est de taille. Je pencherai d’ailleurs pour la seconde hypothèse, vu les demandes du Tiers d’être traité à l’égal des Grands Nobles et du Haut clergé.

    Oui, mais le Droit, qu’est que le Droit ? La France est un pays de Droit Latin, de Droit écrit. Ce qui n’est pas écrit n’existe pas, à l’inverse, ce qui est écrit est imposé à tous. Si ce qui est "juste" n’est pas écrit, il est nul de Droit, et si ce qui est "injuste" ou "immoral" est écrit, il a le primat sur toute autre considération.

    De là les "grosses" de jugement obligatoires, de même que les Décrets d’Application écrits, forcément, pour qu’une Loi entre en vigueur. Ce qui permet d’astucieuses et délicieuses acrobaties, depuis la non-parution des Décrets (dont l’énumération emplirait un annuaire de bonne taille) jusqu’aux arguties dénaturant ou même inversant l’esprit de la Loi, en passant par des dispositions carrément inapplicables rendant donc ladite Loi inopérante.

    Notre République, depuis les origines jusqu’à la Ve, est fille du Directoire, ce marigot dans lequel les nouveaux puissants baignèrent et barbotèrent dans toutes les turpitudes, pour finir par se coucher devant un petit Général (physiquement, parce qu’intellectuellement...) que l’on appelait jusque là "le Chat botté". C’est une construction (assez bien agencée d’ailleurs si l’on fait abstraction de toute morale) destinée à donner au Tiers Etat tous les avantages, privilèges et prébendes de l’Ancien Régime, auparavant réservés à la noblesse et au clergé.

    Tous le reste n’est que fariboles, billevesées et calembredaines.

    Vous dites que "cette République est devenue pourrie", Marianne titre "Comment l’argent a pris le pouvoir" ? Zéro pointé les amis : ça n’a jamais cessé depuis l’Ancien Régime, seules les têtes de guignols "élus" ou autres ont changé SUR LE DEVANT DE LA SCENE, parce que derrière, ce sont les mêmes depuis Thermidor. Mais de celles-là, des VRAIS puissants et riches, on ne parlera JAMAIS.


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