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Commentaire de Miville

sur Qu'est-ce que la réalité ?


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Miville 15 février 2016 04:28

@yoananda

Je suis d’accord avec vous : la rêve, c’est ce qui se heurte à la réalité, c’est ce qui se brise contre la réalité. La réalité, c’est la nécessité de fracasser autant d’enfants que faire se peut, au sourire aussi tendre que faire se peut, à une vitesse aussi élevée que faire se peut, sur un mur aussi dur que faire se peut, devant un public aussi nombreux que faire se peut, porté à un degré d’allégresse aussi élevé que faire se peut (entre initiés, on sous-entendra cela par l’expression "sextuple nécessité"). Cette définition me fut donnée par le commodore Fleury, chef des Escadrons de la Mort de Rio et de Sao Paulo. Son escadron avait pour spécialité d’abattre des opposants politiques et des utopistes, des artistes, des rêveurs de société meilleure en tout genre. Et aussi de ramasser les enfants délinquants et abandonnés des rues, très nombreux en ce pays, en direction d’une sorte de fourrière pour les faire tuer à coup de gourdin avant que de les scalper, les écorcher et les exposer sur des poteaux, procédé auquel il donna le nom de "jambon" (pour terrifier la population, mais parfois aussi pour les détailler en cubes et les incorporer aux soupes des couvents et autres oeuvres de bienfaisance dont il avait soin). Mais comme cet homme et les siens étaient profondément religieux, il ne pouvait s’en prendre à certaines couches dont celles des prêtres et des prédicateurs avant d’être certain de leur hérésie. Et ces prédicateurs furent les contestataires les plus audacieux du régime. Sans compter que les reporters de type plus laïque avaient pris l’habitude de déménager à Paris ou ailleurs avant de pondre leurs articles. C’est alors qu’il eut une idée géniale : désormais il allait toujours écrémer comme il faisait le surplus d’enfants abandonnés, mais il n’inquiéterait plus la personne des contestataires. Pour chaque mot de trop qu’un journaliste proférerait contre l’ordre économique voulu par Dieu, il ramasserait un enfant de plus (blanc, innocent et en santé, pas noiraud, délinquant ou famélique) au hasard des rues, le fracasserait à toute allure, lui ou ses hommes, sur le mur de roc ou de béton d’une église ou d’un temple, en le faisant tournoyer par les pieds ou en se servant d’une jeep pour le projeter, avant que de prélever le scalp, de faire un jambon du reste, et de envoyer ce scalp par colis postal recommandé UPS au contrevenant avec le vidéo Bêta de son exécution, non sans la mention que pour chaque mot de gauche de plus il y aurait un enfant de plus traité ainsi. Je fus un de ces contrevenants et j’eus droit à ce paquet macabre, ainsi qu’à une invitation à prendre un cafézinho dans la demeure de Fleury pour me faire expliquer le tout. Le bon monsieur m’expliqua que seulement ainsi il avait pu faire tomber presque toute la gauche intellectuelle de Rio, chaque personne continuant dans sa posture contestataire devenant folle au bout de deux ou trois jambons à cause de lui, et victime de l’opprobre de la foule.


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