Ce procédé marche aussi pour interdire aux adolescents de plus rien apprendre de leurs professeurs : les convaincre qu’ils sont hiérarchiquement supérieurs aux profs, qu’ils ont tous les droits et zéro devoirs, que quoi qu’il arrive, leurs parents débarqueront au collège ou au lycée pour casser du prof… ça marche le tonnerre pour produire des prétentieux ignares et flemmards.
Le summum est atteint lorsque l’enfant est investi d’une mission parricide, au moins parricide psychique, parfois pire encore, lorsqu’il est chargé de jouer sa partie dans la campagne de calomnies contre le parent banni, dont il faut justifier le bannissement. L’enfant ainsi recruté doit biffer et falsifier la plus grande partie de sa mémoire biographique. On n’a pas fini d’en inventorier les conséquences au long cours : c’est la totalité du développement ultérieur de cet individu qui est massacré, dévoré par la corruption. Il ne saura plus jamais fonder une famille qui tienne la route. Il ne saura jamais tenir avec intégrité un poste de responsabilités et de commandement. Pour le restant de ses jours, il restera un corrompu, qui ne pourra plus s’empêcher de corrompre autour de lui.
De même que dans les autres cas de harcèlement moral – ou mobbing, terme employé par Heinz Leymann – bien que tout l’effort du sadique organisé tende à avarier au maximum la victime désignée, et si possible à suicider le harcelé, au long cours ce sont les complices du harcèlement qui sont le plus gravement avariés dans leur psychisme. Ils sont prisonniers à vie du mal qu’ils ont fait à l’autre, à leur filiation. Ils sont de fait le principal but de l’action sadique : ils deviennent le cheptel du (de la) mobster en chef.
En revanche, deux
pathologies sont sans lien direct avec la séparation d’un des parents,
mais restent dues aux pathologies parentales antérieures à la séparation
:
La toxicomanie, et le schéma de vie de dépressif majeur.
Le
toxicomane est aux prises avec le fardeau de la problématique des deux
générations précédentes, et de deuils impossibles, refermés en cryptes.
L’âge moyen de l’entrée dans la toxicomanie (19 ans) est celui où se
pose le problème de quitter des parents endommagés et/ou rejetants. Sa
dynamique reflète l’évolution de la relation filiale : en moyenne trois
ans pour que le toxicomane consulte un soignant pour rompre le lien avec
le toxique.
Pour fabriquer un dépressif majeur, il vaut mieux être
un couple qui fonctionne plutôt bien comme couple sexuel, mais qui
s’entend sur le dos de l’enfant, et qui le rejette en commun. L’enfant
est dressé à acheter constamment chaque semblant de geste d’amour
parental, à se dévouer toujours aux besoins de ses parents. L’épisode
dépressif majeur survient de préférence lorsqu’il perçoit que quoi qu’il
fasse, il n’obtiendra jamais l’amour parental qu’il a constamment
quémandé et acheté, notamment après le décès du parent ou des parents
avares d’attentions.
Je n’aborde pas le cas de la prostitution, faute d’éléments de connaissances.
Enfin
une conséquence constante de la privation autoritaire de père, de
l’appauvrissement drastique de son « groupe intérieur » n’est pas
considérée par la psychiatrie, mais saute aux yeux de l’auteur de la
présente fiche, car il est lui-même un créatif :
L’enfant tombé sous
la toute-puissance de la mono-parentalité devient plus intolérant aux
autres, plus raciste, beaucoup plus conformiste, beaucoup moins créatif,
beaucoup moins curieux, beaucoup plus soucieux de paraître, incapable
de remettre en cause son savoir-être déficient, nettement lâche et
froussard. Il sait être fusionnel avec un groupe ou une secte, il peut
devenir oppositionnel, il peut fuguer, il peut s’engager dans la Marine
pour cinq ans, mais il ne sait plus se penser distinct, et ne sait pas
non plus coopérer de façon dialectique, en dépassant les conflits.
L’insincérité est devenue son mode de vie : il a trop d’inavouable à
camoufler.
Il a intégré la leçon : quoiqu’il arrive, tout est
toujours de la faute de l’autre, qu’il est si facile d’accuser. Sa
mémoire biographique est trouée et falsifiée. Il est extrêmement
réticent à explorer les bizarreries de sa filiation, il rejette sa
généalogie. Sur le plan scolaire, on le voit rejeter l’Histoire, souvent
la Géographie aussi (elle implique trop de curiosité envers les autres
peuples, les autres conditions de vie).
Alors que vous reste-t-il, comme moyen d’action, si vous êtes le parent déjà banni ?
D’abord trouvez le moyen d’être indestructible. Ne donnez plus d’autres joies ni d’autres triomphes à l’entreprise sadique. Restez vivant : c’est vous qui êtes le seul recours de vos enfants, quand à leur tour ils tenteront de résister à l’emprise de Sa Toute-Puissance. Préférez-vous que le seul recours après votre suicide télécommandé, soit une secte ? Ou un proxénète ? ou un vendeur de psychotropes toxiques ? Ceux-là raffolent du marché créé par le divorce-boom.
Donnez leur à envier votre bonheur nouveau : reconstruisez une nouvelle vie sans eux, qui soit heureuse. Vexés, ils vont ruser pour chercher à percer votre secret.
Et puis, peut-être que vos enfants n’ont encore jamais vu de leur vivant un couple parental qui soit un couple à mœurs saines. Faites discrètement savoir que vous avez su constituer un nouveau couple, qui est sain, lui, où les partenaires sexuels se respectent l’un l’autre. Que vos enfants aient vu cela au moins une fois dans leur vie.
Vous n’aviez jamais su écouter l’autre ni lui faire sa place avec toute la bienveillance et la générosité qu’il faut ? Il est grand temps d’apprendre. C’est une attitude de base, qui doit être servie par une technique, et la technique s’apprend en une demi-journée. Donnez-vous un calendrier de progression. Entre six mois et deux ans, vous devriez avoir réussi l’objectif de savoir écouter au moins trois fois plus que vous ne dites.
Votre enfant est autoritairement coupé de tout son passé. Vous, retissez les liens avec toute votre parenté, y compris avec la parenté de sa mère. Faites votre propre génogramme. Pointez les répétitions du passé que vous-mêmes avez été contraint à refaire ; identifiez les fantômes et les cryptes que les vieux secrets inavouables de votre propre famille vous ont implantés malgré vous dans votre psychisme. Préparez ainsi tout l’accueil de votre enfant, pour l’année où il voudra enfin y voir clair dans les pièges où il/elle a été enfermé(e).
Militez pour la médiation familiale. Militez contre la vogue du divorce accusatoire comme remède universel à toutes les difficultés de la vie. Tôt ou tard, vos enfants l’apprendront, et finiront bien un jour par capter le message. Militez contre la dégradation de l’appareil judiciaire dont vous êtes victime, et contre son jeanfoutrisme. L’injustice aux affaires antifamiliales est celle qui rapporte le plus à cette administration (par les dépens qu’elle prélève), tout en ne coûtant rien au contribuable, tant elle est bâclée et expédiée n’importe comment. Militez pour que la corporation des avocats (5 avocats pour un magistrat) perde beaucoup de pouvoir, au profit des médiateurs. Militez pour que l’Etat et l’Université développent des formations de médiateurs qui tiennent la route. Votre malheur individuel s’inscrit dans un malheur général et collectif : agissez en citoyen responsable pour cette collectivité de victimes.
Occupez-vous d’autres enfants, donnez-leur le meilleur de vous mêmes, ils sauront bien vous le rendre. Prenez cent fois le risque qu’on amplifie les accusations délirantes de pédophilie ; n’en ayez rien à branler, de cette joie de nuire de ces fanatiques de la haine. Dans les écoles de nos banlieues à problèmes, les enfants sont vivement demandeurs d’adultes qui encadrent leurs jeux, d’adultes qui encadrent leurs activités, qui leur apprennent des sports, ou à nager. A elle seule, l’école de la République ne suffit pas à toutes les tâches, ajoutez y vos propres forces. Vous avez perdu vos enfants, pensez aux autres enfants. Soyez présent pour interrompre des bagarres, soyez présent pour interrompre des maltraitances d’enfants tout autour de vous, soyez présent pour prévenir et corriger les incivilités dans le bus ou le métro.
Rendez attractif le nom que vous avez légué à vos enfants, et que leur mère n’a pas encore pu leur arracher. Publiez, ou inventez, créez, fondez, signez vos toiles ou vos photographies… Faites que les enfants calculeront qu’ils ont intérêt à se rapprocher de la gloire de leur père, et pas seulement à profiter de la rançon que vous le banni, vous versez chaque mois.
Fait à Vaulx en Velin, dimanche 26 juin 2005.
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