@yoananda
Je souhaitais être laconique.
L’anarchisme a une dimension individualiste
mais aussi communautaire. L’anarchisme va rejeter l’Etat mais pas pour les
mêmes raisons que les libéraux : les anarchistes le rejetteront par
altruisme alors que les libéraux le rejetteront
par égoïsme.
Sinon de manière générale,
pour répondre à ta question, ce que je reproche aux libéraux c’est d’articuler leurs
raisonnements, aussi rigoureux soient ils, autour de l’état de nature, cette fiction philosophique
dont on a parlé sur un autre article. C’est à dessus que vient se greffer leur
conception de la liberté (qui n’est pas totalement à jeter selon moi, j’y
adhère partiellement).
Pour donner un exemple concret,
je suis à 40 ème minute de la conférence de Serge Schweitzer (merci pour le lien au passage) et je constate
que son discours est imprégné de raisonnements qui découlent du postulat de l’état
de nature. L’impôt est assimilé à une spoliation (voir à un esclavage) tout au
long de son discours. J’écoute et je me demande pourquoi. A un moment donné, il
crache le morceau : il déplore le fait que derrière la conception de l’Etat
et de l’impôt, il y’a l’idée selon laquelle nous naissons débiteur de la
société. Bingo. Ca le scandalise. Pourquoi ? Parce que la société est
censée être une association d’individu sortant de l’état de nature pour préserver leurs droits ‘naturels et imprescriptibles,
dont le droit de propriété. Une société qui violerait ces droits serait
spoliatrice et par conséquent illégitime. D’où le souhait des libéraux d’une
révolte contre l’impôt perçu comme un principe illégitime et Schweitzer est là pour leur ouvrir
les yeux : elle n’aura pas lieu !
Tout chez les libéraux s’articule
autour de cette fiction d’état de nature qui n’a pour moi aucun sens. Le fait
que l’individu soit débiteur de la communauté qui le précède et l’englobe est
de mon point de vue totalement normal : l’individu n’est pas un atome séparé,
il est redevable à la communauté pour être
ce qu’il est et avoir ce qu’il a. La solidarité communautaire se fonde sur le
principe de redevabilité de chacun envers la communauté. L’impôt ne me pose donc aucun problème de principe, je
ne questionnerais pas la légitimité de son existence tant qu’il restera à moi
et ma famille de quoi nous loger, nous chauffer et nous nourrir. Ce que je
questionnerai par contre, c’est son utilisation mais ça c’est une question
politique. Les libéraux ont fondamentalement le même problème avec l’impôt qu’ils
en ont avec la conscription.
Sinon, tout le monde ne
prétend pas à la scientificité, surtout lorsque cette science est en réalité le
masque derrière lequel se dissimule une idéologie et cela, de nombreux
économistes non libéraux l’ont compris.