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Commentaire de Joe Chip

sur Le discours de cette députée aide-soignante va vous bouleverser !


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Joe Chip Joe Chip 4 août 2017 12:06

Le néolibéralisme, l’Europe et le grand capital n’ont rien à voir là-dedans : une grande partie de nos difficultés provient du fait que nous avons conservé une structure étatique qui était correctement adaptée aux conditions de l’après-guerre (il fallait un Etat fort pour remettre en route un pays épuisé par deux guerres mondiales, une sécurité sociale puissante pour promouvoir l’hygiène et améliorer la santé des travailleurs et des paysans) mais qu’il aurait fallu réformer dès les années 70 en rompant avec la planification, l’immigration de masse, les grands syndicats issus du consensus social du CNR (qui ont appuyé toutes les évolutions délétère du monde du travail en accord avec le grand patronat, en échange du maintien de statuts et de citadelles sociales inexpugnables) et en adaptant les services publics aux évolutions de la démographie française (et mondiale aujourd’hui).  

Les conséquences de l’épuisement de ce modèle sont visibles dans tous les domaines : santé, ferroviaire (le président de la SNCF a lui-même reconnu que le TGV n’est pas un modèle rentable, après 30 ans de "tout TGV"...), énergie...

L’évolution démographique, si elle n’est pas directement à l’origine des difficultés inscrite dans notre modèle économico-social, les a aggravées considérablement en remettant en question la robustesse de nos infrastructures, c’est à dire la capacité à maintenir la performance et la qualité des services dans le temps. Plus rien n’est adapté en France aujourd’hui : le réseau ferroviaire ne peut plus absorber le trafic (d’où ralentissement des trains et dégradation générale des prestations, y-compris sur le réseau grande vitesse), le réseau routier en Ile-de-France est totalement saturé, il n’y a plus assez de construction de logements, les hôpitaux ne peuvent plus remplir la double exigence d’universalité et de qualité des soins. 

La dernière tendance inquiétante est la perte de compétence technique que l’on constate encore une fois un peu partout : difficulté à résoudre les problèmes techniques posés par les centrales nucléaires de dernière génération, incapacité à répondre rapidement à des situations de crise (cf. situation invraisemblables en gare de Montparnasse qui n’aurait pas pu exister il y a 20 ans), problèmes de maintenance.... c’est très préoccupant dans un pays qui formaient pour ainsi dire les meilleurs ingénieurs durant les trente glorieuses.

Il y a un manque d’ingénieurs de très haut-niveau dans les grandes entreprises de l’Etat, les services publics et les prestataires ont de plus en plus recours à une main d’oeuvre peu qualifiée et à des sociétés étrangères pour assurer la maintenance des réseaux tout en faisant des économies. Par exemple chez GrDF les effectifs des équipes de maintenance ont fondu à mesure que les techniciens partaient en retraite, ils interviennent essentiellement sur les chantiers sensibles ou difficiles. Tout le reste a été confié à des prestataires externes qui emploient des travailleurs peu qualifiés issus de l’immigration et des travailleurs détachés : résultat, l’état du réseau se dégrade inexorablement car ces prestataires ont pour seul objectif la rentabilité à tout prix. Le travail est donc bâclé, la maintenance n’est plus assurée dans le temps et on laisse certains équipements se dégrader jusqu’à ce qu’ils tombent en panne. Peu à peu, la complaisance s’installe. Aujourd’hui, la SNCF a réussi à imposer l’idée chez ses "clients" qu’un train n’avait pas à arriver à l’heure. Les gens s’organisent en tenant compte des retards devenus systématiques. C’est la définition pratique et technique de la décadence. Rome a été perdue le jour où les autorités ont décidé que l’entretien des aqueducs n’était plus une priorité. Or, les aqueducs étaient le produit d’une administration efficace, la condition pour avoir des villes propres et organisées, en donc pour assurer l’ordre social.  

Quand une administration est inefficace, elle devient pléthorique, ce travers a été constaté systématiquement à travers l’histoire. 

Le néolibéralisme, certes, n’arrange rien aux choses puisqu’il applique en réalité des solutions conjoncturelles dogmatiques et inefficaces (faire des économies, rogner sur la qualité des prestations, diminuer les salaires, imposer la concurrence sur des marchés peu rentables, etc.) à des enjeux structurels liés à la planification, à la centralisation excessive (la décentralisation dans sa forme actuelle ne fait que multiplier les strates du "mille-feuille" administratif sans résoudre les problèmes de financement), au choix de l’immigration de masse (comment accueillir et fournir un travail correctement rémunéré aux arrivants et à leurs enfants) et au vieillissement de la population des baby-boomers qui ont profité de conditions sociales et salariales très favorables.    



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