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Commentaire de Joe Chip

sur Scandale sanitaire : des millions d'œufs retirés de la vente en Europe


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Joe Chip Joe Chip 6 août 2017 21:06

yoananda a raison, vous avez une vision un peu bucolique de la campagne, voire complètement déconnectée pour DJL.

Hé, tu ne te mets pas à faire du bio comme ça pour le refourguer aux voisins et aux restos du coin (dont la plupart se fournissent au supermarché ou en gros, pas chez les petits producteurs locaux...) pendant que l’un des conjoints gère ses affaires sur internet : ça c’est de la science-fiction rurale, mon pote. 

Déjà, à la campagne, les relations sociales sont réduites au minimum, voire inexistantes. Les gens se font la gueule, on sait pas trop pourquoi, ils sont rancuniers, sans parler de tous les problèmes de tapage nocturne/chien qui peuvent pourrir l’atmosphère. Parce qu’hormis dans certaines régions touristiques où le prix du m² éloigne les prolos, les villages français sont désormais plein de rurbains et de beaufs emmerdeurs qui polluent le silence avec leur musique de beauf, leur gros chien de beauf qui hurle pour un oui ou pour un non en plein milieu de la nuit, et leurs barbecue de beaufs.

Les tailles des parcelles se réduisent de plus en plus pour construire des pavillons accessibles à la petite classe moyenne qui veut "son" petit jardin particulier, donc la sociologie a évolué pour se rapprocher de celle des périphéries voire de la banlieue. Il faut vraiment aller s’isoler à la lisière de petits villages pour retrouver la place, le calme et la paix... et les cambrioleurs. 

Et puis il y a des agriculteurs à la campagne. Pas des petits hipsters barbus qui produisent du bio hors de prix pour la bourgeoisie locale et les parisiens en weekend. Non, des gros cons qui ne pensent qu’à arroser le plus de pesticides sur leurs champs, quitte à éliminer toute la flore et la faune (là où je suis, plus d’oiseaux, de plantes messicoles...) en empuantant régulièrement l’atmosphère des maisons. Et quand je parle de puanteur, je ne parle pas de l’odeur douce et familière du fumier sentant bon le crottin de cheval mélangé à la paille... non, je parle de la pestilence du lisier du porc auquel ils rajoutent un cocktail de produits phytosanitaires sans lequel plus rien ne pousserait sur ces terres lessivées depuis des décennies... à cause de l’agriculture intensive, de l’arrachage des haies liés aux multiples remembrements, de tous les petits rus qui ont été comblés, bétonnés au fil des décennies pour laisser la place à de grosses exploitations. 

Ils se retrouvent tous malades avant d’avoir atteint la soixantaine (cancer, sclérose en plaques...) mais c’est pas grave, les mecs continuent de pulvériser leur saloperie... rendement, toujours le rendement. 

On n’est plus chez Zola (cf. le roman "La terre") mais le monde paysan reste très dur. Les petits cultivateurs un peu trop niais ou gentils se font dépouiller la gueule par les autres (les gros qui ne jurent que par la PAC et l’Europe). 

Alors oui, le trip "retour à la terre" est possible mais comme le souligne yoananda il faut soit avoir la chance d’avoir un bon travail sur place (donc un gros bagage ou un métier très recherché) soit avoir de l’argent. Selon mon expérience, il n’est pas possible de vivre à deux dans une bonne maison où il y a beaucoup de travaux à faire sur un seul salaire. La plupart des couples à la campagne ont deux voitures. Avec une voiture, l’un est pratiquement condamné à rester en permanence sur place, les longs mois d’hiver compris où la vision uniforme des champs dépouillés sous le ciel gris peut très vite attaquer le moral. 


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