La Voie du Samouraï
Samouraï veut dire « soumis », « celui qui sert ». Le mot vient de l’ancien japonais Saburai, évolué phonétiquement en Samouraï. Son devoir était de servir son maître, dans l’honneur et la fidélité, sans peur ni reproche. Il nous rappelle les preux Chevaliers de Nos Chansons de Geste ou bien les héros des Sagas nordiques. Durant plus de huit siècles (8e au 16e siècle) l’histoire du Japon n’a été qu’une interminable guerre civile et c’est sans doute la raison qui fait que nulle part ailleurs que dans ce pays, les arts martiaux et le culte du guerrier ont si profondément marqué la culture et la psychologie du peuple. Quand ces arts martiaux furent découverts par l’Occident, on s’aperçut que derrière l’habileté fabuleuse des bretteurs se cachait tout un entraînement ininterrompu pour forger une mentalité guerrière inspirée par le Zen, respectueuse du Shinto et basée sur un code d’honneur qui pouvait mener jusqu’à s’imposer le seppuku (suicide rituel,harakiri) en cas de défaite, ou de perte d’honneur.
Comme cela était fait par les troubadours du Moyen Age occidental, les hauts faits guerriers nippons furent colportés de château en château par des chanteurs s’accompagnant du biwa. Vantant les prouesses de ces guerriers qui furent aussi parfois des saints, toujours des invincibles, des héros ayant quelque chose de plus que les simples humains.
Féroces au combat, mais poètes à leur heures, d’une volonté inflexible et pourtant d’une sensibilité à fleur de peau, prêts à mourir mais toujours sûrs de vaincre. Fiers chevaliers au port altier, mais si proche de la fleur de cerisier, prête à tomber au premier souffle de la brise matinale…
Souvent le féroce guerrier est comparé à cette fleur si fragile d’un éclat inégalable juste avant qu’elle ne commence à se faner…
Pourtant, les samouraïs n’étaient pas uniquement des preux héros. Les scènes héroïques renforcent la vision romanesque et Idyllique de l’histoire et déforment la réalité. Le monde des samouraïs était cruel, ne connaissait pas la pitié et était dominé par les intrigues et les trahisons.
Ce reportage met en évidence certains des aspects les plus sombres de la vie de samouraïs de l’époque sengoku.
On y apprend notamment que les samouraïs ne devaient jamais faire confiance à leurs alliés et que vaincre de manière déloyale, ne les dérangeaient pas, l’important étant de survivre sur le champ de bataille, peu importe de quelle façon. Certains documents illustrent avec un réalisme saisissant toute la brutalité de ces méthodes.
Collectionneurs de têtes
Sur le champ de bataille les samouraïs avaient pour coutume de collectionner les têtes de l’ennemi pour l’apporter au commandant en guise de preuve. Au fil du temps, le nombre de tête présenté est devenu une marque de prestige, et était la garantie d’être couvert d’honneurs et de récompenses, ce qui avait pour conséquence de créer des castes de voleurs de tête qui tentaient de dérober celles de samouraï qu’ ils n’ avaient pas tué. Des samouraïs sans scrupules tuaient parfois leur propre soldat pour dérober leurs têtes !
Certains samouraïs tuaient des femmes et des enfants, coupaient leurs nez et leurs lèvres supérieures pour qu’on ne distingue ni l’âge, ni le sexe des têtes et ainsi les faire passer pour d’illustres guerriers du camp adverse.
Un autre élément qui n’est pas mentionné dans le reportage, le seisatsu yodatsu, un droit qui stipule qu’un Samouraï avait le droit de vie et de mort sur tout individu de classe inférieure qui lui manquerait de respect.
Le Bushido
Le code de conduite moral du samurai a évolué au cours du temps. L’origine vient du concept chinois des vertus des guerriers faisant la guerre, ayant évolué vers un code de chevalerie connu sous le nom de Kyuba no michi ("la voie du cheval et de l’arc") pour enfin devenir le Bushidô, la Voie du guerrier.
S’il manque à ce code, son honneur lui impose de se suicider, en pratiquant le seppuku.
La mort leur faisait regagner leur honneur. Le samurai à qui on demandait de se faire seppuku conservait le respect de ses pairs. Cet acte déterminait le destin de sa famille et de ses descendants.
Sur le champ de bataille, quand il devenait évident que tout était perdu, les samurais préféraient mourir par le seppuku plutôt que d’être faits prisonniers.
Le célèbre écrivain Mishima Yukio (1925 — 1970), pratiqua le Seppuku en 1970, après une tentative avortée de coup d’Etat. Il avait choisi de mourir en même temps que ce Japon qu’il considérait comme décadent et soumis aux vainqueurs américains.
Certains ont avancé que cette tentative de coup d’État n’était qu’un prétexte symbolique destiné à accomplir le suicide rituel que Mishima avait toujours fantasmé et qu’il avait depuis longtemps prémédité et mis en scène
« La voie du samouraï, c’est la mort. » (Mishima)
Par un entraînement constant, une orientation parfaite et un détachement complet devant la mort, vous pouvez devenir vous-même Bouddha, un libéré vivant, arriver là où il y a la Grande Paix avant le combat, Wu-Wei en chinois, Satori en Japonais, Sakinah en hébreu, Salaam en arabe. Là, où le guerrier devient le moteur immobile, le moyen autour duquel la roue tourne, sans tourner lui-même, ayant à l’esprit, la certitude que dans la mort, il trouvera la vie. Voila la voie sacrée du samouraï. Le Paradis est à l’ombre des épées », dit un dicton arabe. Et le Paradis est toujours la récompense d’une vie vertueuse.
Ce qui est illustré par cette maxime de guerre chinoise : Gagner d’abord, combattre ensuite… Ainsi, la peur devant une mort certaine disparaît.
La spiritualité fait comprendre que la vie n’est qu’un rêve fugace, qu’il ne faut pas s’attacher aux choses de ce bas-monde, car il y aura un monde meilleur pour le valeureux qui vit avec honneur, sincérité et fidélité, la vie n’est qu’un passage.
Un samouraï qui vivait son code d’honneur ne pouvait qu’être serein en face de la mort. Et on peut se souvenir d’une vieille expression normande : « Qui n’a pas peur, fait peur ! » La fidélité le dispose pour le sacrifice suprême dans le service de son maître. Comme le formule le Hagakure : « Il est sûr qu’un samouraï qui n’est pas prêt à mourir, mourra d’une mort peu honorable ».
Le sabre enfin, est l’âme du Samouraï. Elle doit devenir vivante entre ses mains. « Il en est à la fois l’acteur et le spectateur ».
Le Sacré et la Guerre
La guerre, en tant qu’elle est dirigée contre ceux qui troublent l’ordre et qu’elle a pour but de les y ramener, constitue une fonction tout à fait légitime, un des aspects de la fonction de « Justice » divine. Au point de vue spirituel, ce qui donne à la guerre ainsi comprise toute sa valeur réelle, c’est qu’elle symbolise la lutte que chaque homme doit mener contre les ennemis qu’il porte en lui-même, c’est-à-dire, contre les éléments, qui, en lui, sont contraires à l’ordre et à l’unité du Soi.
La guerre doit toujours, extérieurement ou intérieurement, tendre également à établir l’équilibre et l’harmonie en vue de réaliser la « Grande Paix », laquelle ne peut être obtenue véritablement que par la soumission à la Volonté divine, mettant chacun des éléments à sa place pour faire tous concourir à la réalisation consciente d’un même plan (Satori, Nirvâna). Comme le disait le Prophète Mohammed en revenant d’un champ de bataille : « Nous revenons de la petite Guerre Sainte vers la Grande Guerre Sainte ! » C’est-à-dire, vers le combat dans la voie spirituelle, qui demande autant, sinon plus, de courage et de fidélité.
Impérialisme Japonais
Le Japon impérial était la désignation officielle du Japon durant la période allant de l’ère Meiji à l’ère Sh ?wa et englobant la première guerre mondiale et la seconde guerre mondiale.
Après deux siècles et demi de fermeture au monde extérieur, le Japon connaît une réorganisation politique et se transforme en nation moderne ainsi qu’en puissance d’envergure mondiale. Le pays se caractérise également par une forte politique expansionniste et impérialiste, qui culmine durant la première partie de l’ère Sh ?wa et la participation du pays au second conflit mondial.
Civils chinois enterrés vivants.
Le bushido influença la mentalité Japonaise jusqu’ en 1945 et servit de base aux mouvements nationalistes d’avant guerre.
Printemps 1945. La guerre du Pacifique fait rage. Les Japonais sont au bord de la défaite.
L’armée impériale décide de demander à ses soldats le sacrifice ultime. Combinant archives, reconstitutions et interviews de pilotes survivants ou des familles des pilotes décédés, ce film raconte comment lors de la Bataille d’Okinawa, des milliers de soldats japonais se sont trouvés enrôlés dans cette attaque kamikaze.
Des archives japonaises et des séquences de reconstitution décrivent l’entraînement des pilotes japonais et l’état d’esprit dans lequel ils se préparaient à mourir. Le film rappelle cette situation paroxystique dans laquelle les autorités japonaises incitent la population au suicide pour éviter de se rendre aux soldats américains avec le slogan : " 100 millions à mourir ensemble ".
Sources :
Eric Grousilliat
NB-ONE LARABE-STRAIT
J.Karnac, L’Esprit sacré de la Voie du Samouraï et son universalité
Tags : Histoire Japon
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