Les légions perdues de Rome
Les « grandes invasions » et de la « chute » de Rome : l’histoire d’une question complexe
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Les « grandes invasions » et de la « chute » de Rome : l’histoire d’une question complexe
Aujourd’hui, et pour de nombreuses raisons, plus personne ne songerait sérieusement à présenter les évènements qui conduisirent à la « chute » de Rome d’une manière aussi caricaturale. Ni aussi simple. La « chute » de Rome, pourtant, avait suscité de nombreuses explications.
Comment expliquer cette puissante fascination qu’exerce le thème de la « chute » ? Est-ce en raison de l’apparente « modernité » de l’Antiquité qui permet toutes les projections d’aujourd’hui vers hier ?
- Le passé recomposé à l’aune des nationalismes européens
Tout d’abord et c’est là un fait important, la fin des affrontements franco-allemands contribua fortement à affranchir l’histoire ancienne du poids des tragiques évènements que connurent les contemporains de la période 1870-1945… Il ne faut pas oublier, en effet, que dans l’esprit des hommes de la IIIe République, derrière la silhouette des envahisseurs d’hier se profilait le casque à pointe de l’ennemi d’alors. Bien sûr, il n’en allait pas autrement outre-Rhin et les historiens allemands proposèrent longtemps une image toute différente des « grandes invasions » : les peuples germaniques auraient libéré le monde antique de l’oppression d’un empire sclérosé et totalitaire au cours de « migrations » - les historiens allemands préfèrent parler de « migrations des peuples » plutôt que de « grandes invasions » - beaucoup moins violentes qu’on ne le dit. Les « grandes invasions » n’auraient-elles été qu’un affreux malentendu ?
- Rome n’est pas l’Antiquité
Longtemps, en outre, la fin de l’Empire occidental avait été assimilée à la fin de l’Antiquité… d’où l’épineux problème qui consistait à choisir une date rendant compte des deux évènements : 410 et la première prise de Rome ? 476 et la déposition du dernier empereur dans la partie occidentale de l’Empire ? Quelle date retenir ? Aujourd’hui, avec le succès du concept d’Antiquité tardive, force est de constater que Rome et Antiquité ne sont pas synonymes et que la seconde survécut à la première.
- Expliquer la « chute » : des théories souvent limitées à une seule cause
Cela dit, reste le problème de la « chute »… A la suite de l’œuvre magistrale d’Edward Gibbon, qui rédigea au XVIIIe siècle une remarquable Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain, on voulut expliquer la fin de l’Empire par une décadence multiforme. Les esprits éclairés du siècle des Lumières virent dans le triomphe du christianisme un signe de régression en regard de la tolérance païenne et surtout du scepticisme hellénique. Plus tard, on chercha une explication dans l’abâtardissement de la « race » romaine, que cela résultât d’unions avec des esclaves ou avec des Barbares. Inutile d’insister sur l’ineptie maligne de tels propos. D’autres encore proposèrent d’expliquer la fin de l’Empire par un dysfonctionnement économique majeur, par une crise de la cité antique ou encore par une épidémie sélective de saturnisme qui aurait frappé les élites romaines. Là encore, si l’hypothèse est ingénieuse (les conduites d’eau des maisons aristocratiques étaient pour partie recouverte de lamelles de plomb), elle est démentie par l’archéologie.
En définitive, on ne saurait prétendre rendre compte d’un phénomène aussi complexe que la disparition de l’état romain en Europe occidentale en n’arguant d’une cause unique. D’autant plus que la recherche de LA cause, entraîne bien souvent des distorsions, des simplifications ou des manipulation de l’Histoire. Mais alors, quelle fut l’importance des guerres barbares dans la « chute » de Rome ?
Tags : Histoire Culture
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