Usain Bolt supersonic sur 100 m : 9’69 !
Le Jamaïcain Usain Bolt, âgé d’à peine 21 ans, a remporté la médaille d’or du 100 mètres à Pékin, en établissant un nouveau record du monde : 9’69.
Un temps prodigieux, trois centièmes sous son ancien record du monde (9’72). Bolt, sans la moindre pression, a dominé de la tête et des épaules la finale, éclipsant tous ses adversaires, à commencer par son compatriote Asafa Powell, seulement 5e en 9’95.
L’ancien recordman du monde a encore une fois montré toute sa fébrilité dans les grands rendez-vous, et confirmé qu’il ne gagnera sans doute jamais aucun titre mondial ou olympique.
Tranchant avec la crispation de Powell, l’attitude incroyablement cool de Bolt, qui devient donc l’homme le plus rapide de tous les temps, et fait passer le 100 mètres dans une autre dimension. Il n’est pas exagéré de dire qu’Usain Bolt a réalisé aujourd’hui l’un des plus grands exploits (si ce n’est le plus grand exploit) de l’histoire de l’athlétisme.
Il a relâché son effort 20 mètres avant le passage de la ligne ! Ce qui laisse envisager une marge de progression conséquente, qui pourrait porter le record du monde entre 9’50 et 9’60. Absolument inconcevable hier encore...
En 1988, le monde regardait, stupéfait, le Canadien Ben Johnson survoler la finale des JO de Séoul en 9’79, laissant loin derrière lui son grand rival Carl Lewis (9’92 : NWR officiel) et le britannique Linford Christie... avant que le bolide canadien ne soit disqualifié pour dopage.
9’79 ne semblait pas, en effet, un temps tout à fait à portée d’homme...
En 1991, le monde assistait, émerveillé, lors des championnats du monde de Tokyo, au triomphe du roi Carl Lewis en 9’86, jugé pourtant avant la course sur le déclin. L’athlète du siècle battait alors le record du monde de son compatriote et ami Leroy Burrel (9’90).
Burrel reprendra en 1994 le record à Lewis en 9’85, avant la merveilleuse finale des JO d’Atlanta en 1996, où Donovan Bailey rendra tout leur honneur et leur gloire aux Canadiens, en battant d’un petit centième le record du monde en 9’84 (devant Frankie Fredericks et Ato Boldon).
Il faudra ensuite attendre l’avènement du pit bull Maurice Greene pour voir le record tomber, jusqu’à la marque "maudite" de Johnson : 9’79, établie en 1999. Greene reste d’ailleurs à ce jour l’homme le plus régulier sous les 10 secondes.
Tim Montgomery portera la marque à 9’78, avant d’être rayé des tablettes pour dopage. Comme Justin Gatlin, un temps co-détenteur du record du monde en 9’77...
... avec un certain Asafa Powell, maître du sprint (en meeting) ces dernières années, qui allait faire prendre un coup de vieux à tous ses prédécesseurs, accumulant les chronos sous les 9’80, et portant le temps de référence à 9’74 en septembre 2007 à Rieti.
L’ère du Jamaïcain aura été de courte durée, ne lui laissant même pas le temps de gagner un seul grand titre. Déjà l’avenir l’a rattrapé, et probablement "enterré", un avenir venu lui aussi de Jamaïque et nommé Usain Bolt.
Pour son cinquième 100 mètres, le jeune prodige battait déjà le record du monde en 9’72 ; c’était le 31 mai 2008 à New York.
Aujourd’hui, en finale des JO, il franchit une nouvelle étape.
Quand on y pense... la légende absolue du 100 mètres, pour sa grâce, son élégance, ses titres, je n’ai nommé Carl Lewis, se retrouve aujourd’hui relégué à 17 centièmes de Bolt... un gouffre. Surtout quand on se souvient que Lewis avait établi son record avec un vent très favorable et en poussant son effort jusqu’au bout, pour l’emporter dans un mouchoir de poche (2 centièmes devant Burrel, 5 devant Denis Mitchell)... tandis que Bolt célébrait déjà sa victoire, ce samedi, complètement relâché, 20 mètres avant la ligne !
Bolt relègue aussi le 2e de la course, le Trinidadien Richard Thompson (9’89), à 20 centièmes ! A titre de comparaison, Ben Johnson n’avait distancé Carl Lewis à Séoul "que" de 13 centièmes... dans une finale pourtant où l’écart entre le 1er et le 2e avait énormément marqué, voire choqué les esprits.
C’est maintenant le mythique record du monde de Michael Johnson sur 200 mètres (19’32) qui est menacé.
Le jeune sprinter, avec l’insolence de ses 21 ans, se présente en effet aussi sur 200 mètres, et c’est là sa spécialité. Le 100 mètres n’est même pas sa distance de prédilection...
Tags : Jeux Olympiques de Pékin
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