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ffi 30 novembre 2010 04:17

Il est vrai que j’essaye d’imaginer le fonctionnement à partir de ce que j’ai lu dans "le Livre de métiers" d’Etienne Boileau.
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Quand vous parlez de droits polycentriques, en fait, il me semble que vous faîte mention de la différence fondamentale d’avec la situation d’aujourd’hui, introduite par la révolution, car la notion de "droit universel" applicable identiquement à tous n’avait pas de sens. L’homme ne semblait pas pensé comme un individu abstrait de tout lien sociaux.
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Il me semble que le mot d’universel avait une autre signification (Comme big brother : des mots ont changé de sens). En effet, si j’en juge sur le sens historique du mot universel (latin universum), c’est "tous tourné dans la même direction", être "unis vers". Cela donc rien à voir avec la définition actuelle qui correspond plutôt à "ce qui est identique en tous".
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C’est en restaurant ce sens initial, que j’ai enfin pu comprendre la genèse du mot "université". Au XIIème, une université désignait "une communauté, une assemblée, une corporation", puis le mot s’est spécialisé pour désigner spécifiquement la corporation des maîtres et des étudiants.
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La pratique de l’universel, pendant l’ancien régime, semblait donc, au sein des corps intermédiaires, de se réunir en universités régulières (dans le sens des universités d’été des partis ou syndicats contemporains), pour unifier les points de vus sur l’avenir du corps. Ces assemblées permettaient de débattre, il y avait des conférences (latin conferre : mettre en commun) qui permettaient d’aplanir les différences (latin differre ; porter dans des sens divers). L’universel correspondait donc à une pratique, celle de faire corps (dans des corporations) et non à une propriété théorique. Seuls ces universités, ces corps, avaient un rapport direct avec le pouvoir, qui accordait, ou non, des droits particuliers selon leurs revendications. Il y avait donc autant de règles que de corps constitués, les lois étant accordés à titre privé (latin privilegium : loi accordé à titre privé).
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Quand j’utilise le terme monopole, je l’emploi évidemment dans son acception étymologique ; Nous avons en grec monos (un seul), politia (gouvernement). Le monopole est donc un gouvernement unique sur une chose particulière, objet de bien commun.
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Toute activité économique dans un lieu pouvait être vue comme objet de bien commun pour les ouvriers qualifiés à la pratiquer. C’était donc une raison suffisante pour qu’il se constitua de nombreux corps de métiers (corporations) doté du monopole sur l’activité locale. Par le fonctionnement de l’ancien régime, chacun de ses corps ayant son propre règlement, résultat de l’histoire.
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Généralement tout corps était placé sous l’autorité d’un noble. Mais le corps pouvait traiter directement avec le Roi s’il n’en était pas satisfait.
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Bref, mille-feuille que l’on peut effectivement qualifier de "droit polycentrique".
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Là encore, le sens du mot droit a changé. Du latin directus, il désigne initialement une direction vers où se diriger, tandis qu’après la révolution il semble désigner une chose de nature, donnée au départ "Les hommes naissent libres et égaux en droit". Il est pourtant évident que personne n’ira dans la même direction...
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Nous avons bien là la différence fondamentale entre l’ancien-régime et la révolution.
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Pour l’ancien régime, l’universel est une pratique pour faire corps, et les droits propres à ces corps sont liés à des buts regardant le bien commun.
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Pour le régime révolutionnaire, l’universel est une théorie de l’uniformité de la nature humaine et le droit se voue à définir ce que doit être la vertu de cet homme uniformisé.
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Le régime révolutionnaire consiste à aller d’une idée du bien commun pour y conformer la situation des tous les hommes.
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Le régime antérieur consistait à partir d’une situation particulière pour des hommes afin de la conformer au bien commun.
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Le régime révolutionnaire est idéaliste.
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Le changement de sens des mots universels et droits, lui, me semble venir du fait qu’ils ont été empruntés par des pays non latins, et que les célèbres théories fondés à partir de ceux-ci en ont modifiés le sens (John Locke ?). Problème de traduction aussi : right en anglais signifie "bon" ou angle carré. Droit en français signifie direction ou angle carré (la France est dirigiste, il est vrai). Human right, peut signifier l’homme bon. Les droits de l’homme, les directions (imposées) à l’homme...
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Bon, quand vous arguez que le Chapelier était Jacobin, et que les libéraux auraient trouvé insensé d’empêcher les ouvriers de se protéger en leur interdisant de s’associer en communautés, je ne peux que vous mettre sous les yeux le cas Turgot, libéral s’il en est, qui fut le premier à tenter de dissoudre les corporations.
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De fait le fonctionnement économique de l’ancien régime était un obstacle au yeux de tout bon libéral, pour lequel l’entrave à la liberté du commerce est inacceptable, engoncé qu’il est dans son idéal de l’homme concurrentiel.
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Mais proclamer la liberté pour les forts d’attaquer les faibles, tout en interdisant aux faibles d’user de leur liberté de s’associer pour se défendre...
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Permettez-moi aussi de vous citer La Fontaine en pensant très fort aux principes révolutionnaires et libéraux : "Tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute".
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L’espoir fait vivre dit-on. Mais, si nous sommes effectivement identiques au départ, nos directions diffèrent : s’il y a une seule chose qui nécessite une politique, c’est bien de s’entendre pour régler les différents et les rivalités de manière équitable.




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