Avant procès.
Une femme inconnue aurait été
victime d’un viol. Un homme très connu aurait été l’agresseur.
Et voilà que sans connaître le
fond du problème, certains prennent le parti de la femme et d’autres celui de
l’homme, les uns parce qu’ils haïssent l’homme qui n’est pas de leur clan et
les autres parce qu’ils le connaissent et sont ses amis.
A chacun son tribunal avec
subjectivité garantie bien obsessionnelle : on ne sait rien mais on a
raison, l’émotion aidant, on fonce dans le brouillard !
Pas la patience d’attendre le
verdict car l’impatience est une forme caractéristique de la violence : juger vite ! Les
petits tyranneaux affectionnent les jugements hâtifs et les exécutions
sommaires. Les lyncheurs sont légion. Objectivité : nulle !
Ces tartuffes vont jouer
l’apitoiement sur une personne que personne ne connaît, donc un apitoiement
virtuel pour mieux enfoncer un présumé innocent.
Le tropisme le plus obsessionnel
et aveugle de l’homme est sans conteste la prétention à pouvoir juger, se
prendre pour Dieu au jugement dernier, péché d’orgueil du fou.
Le dernier mot sera donné au
tribunal et à son verdict, celui qui est censé chercher la vérité et censé nous
la dire. La probabilité qu’il a de se tromper ne lui inspirera pas forcément la
tolérance ou le pardon.
Inutile donc d’inventer un
jugement, de crier Haro sur le présumé innocent ou de plaindre la présumée
victime.
Quand on constate le nombre de
prises de position avant l’heure du verdict, on se dit qu’il faudra traverser
une zone bruyante de cris et vociférations inutiles.
Il y a en filigrane derrière ces
jugements des raisons de s’inquiéter de la confiance qu’un homme peur accorder
à un autre et des raisons de ne pas s’étonner des guerres.
L’instinct parle toujours le
premier, ensuite vient l’émotion et après, l’intelligence, s’il en reste.
Une plante bien élevée est une
plante qui s’élève. Il y a peu de personnes bien élevées quand elles
s’abaissent à l’injure et font de la différence une guerre plutôt que d’en
faire une richesse.