• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV Mobile


En réponse à :


vote
ffi 29 septembre 2012 00:21

Et en relisant , je me rend compte que Rousseau ne parle pas ici de vertu , c’ est toi qui en a parlé ...
Relit mieux Rousseau :
"De cette même incohérence se tire encore la solution d’un sophisme très familier aux politiques royaux [...] de donner libéralement à ce magistrat toutes les vertus dont il aurait besoin, & de supposer toujours que le Prince est ce qu’il devrait être [...]. Mais si selon Platon[2] le roi par nature est un personnage si rare, ...etc"
 
Comprendre : Les politiques royaux donnent à ce magistrat [le roi] toutes les vertus dont il aurait besoin [celles qui sont nécessaires à l’accomplissement de sa tâche de roi], supposent que ce prince [le roi] est ce qu’il devrait être [c’est-à-dire qu’il a les vertus d’un roi]. Mais le roi par nature [sous-entendu celui qui a la vertu d’un roi]...etc.
 
Si tu ne sais pas à quoi répond Rousseau et à quels discours il se réfère, tu ne peux pas lire Rousseau... (c’est pour cela que son oeuvre n’est pas intemporelle).
 
2°/ Mais tu sais je peux te faire le même coups , qu’est ce qui prouve que Platon n’ a pas changé le sens du mot vertu ?
Il ne t’aura pas échappé que Platon est grec. Il utilise un autre terme, le terme grec areté, qui fut traduit par le mot vertu (virtus en latin), et dont l’idée est "exceller dans son art". Platon ne fait que constater que certains ont manifestement un don (comme Zidane en foot, ou Bolt à la course).
Le menon se termine ainsi : "
Il paraît donc, d’après ce raisonnement, Menon, que la vertu vient par un don de Dieu à ceux qui la possèdent"

3°/ le despote. Voir l’étymologie.
- 1382 (Oresme ds Meunier, p. 173 : En grec despotes, c’est seigneur de la chose de laquelle il peut dire : ce est mien) ;
- 1611 subst. « souverain » (Cotgr.) ;
- 1748 « souverain autoritaire et arbitraire » (Montesq., Espr., III, 8 ds Littré) ;
 
Prenons le définition classique du maître de maison :
En grec despotes, c’est seigneur de la chose de laquelle il peut dire : ce est mien
 
Si une maison m’appartient, lorsque je veux y faire des travaux, je doit signer le devis qui m’est présenté par l’entreprise. De même, si je veux la vendre, je doit signer l’acte de vente.
Mais si je ne signe pas de ma main ces documents, l’entreprise de rénovation ne peut pas commencer ses travaux, de même que l’acheteur ne peut prendre possession de la maison.
 
Ainsi en est-il du chef de l’état français aujourd’hui :
S’il ne signe pas une loi, cette loi ne peut entrer en vigueur.
Le chef de l’état français est donc un despote, au sens de l’analogie classique, car il peut dire : les lois du pays m’appartiennent, puisqu’il doit signer leur promulgation...
 
Maintenant, le changement de sens du mot despote vient de Montesquieu (Esprit des lois). En effet, Montesquieu écrit, dans son avertissement préalable à l’esprit des lois :
"
J’ai eu des idées nouvelles ; il a bien fallu trouver de nouveaux mots, ou donner aux anciens de nouvelles acceptions. Ceux qui n’ont pas compris ceci m’ont fait dire des choses absurdes, et qui seraient révoltantes dans tous les pays du monde, parce que, dans tous les pays du monde, on veut de la morale.
"
 (Je trouve que ça fait un peu big brother en action)
Bref avant Montesquieu, le despote, c’est le pilote dans l’avion, celui qui tient les commandes et le gouvernail, avec ses matelots pour l’assister, pour mener l’appareil à bon port. Avec Montesquieu, le despote devient le tyran sanguinaire...
 
Rousseau se réfère bien-sûr à l’acception de despote, telle que définie par Montesquieu. Mais évidemment, s’il veut lire la littérature classique, qui l’entend selon l’ancienne acception, mais selon la nouvelle acception issue de Montesquieu, il va forcément tout comprendre de travers, puisque le sens du mot a été changé entre-temps...
 
Mais, en vérité, dans la littérature classique, despote et monarque n’ont pas un sens vraiment différent, puisque le premier désigne un chef de famille, le second un chef d’état, étant donné qu’il est fait analogie entre ces deux fonctions.
 
Le tyran est simplement un très mauvais monarque, très injuste, qui n’est pas apte à la fonction, la détourne et la pervertit. Par ailleurs, on parle dans l’histoire du despotisme éclairé, et ces despotes ne sont pas considérés comme des tyrans, mais comme des gens éclairés.
 
Tu pourrais d’ailleurs te demander qui, dans l’histoire de France, s’est emparé illégalement du pouvoir, puis a établi la terreur...
 
Pour moi selon ta définition, la vertu ça n’existe même pas  !
Je t’ai cité quelques exemples sportifs plus haut. C’est celui qui a un don, qui sait ne pas le gâcher et le faire fructifier par son travail jusqu’à parvenir à l’excellence dans son domaine (à défaut de don, on peut toujours s’évertuer). C’est une capacité de tendre vers la perfection dans son art.

Platon, Socrates, Aristote avait une vertu manifeste en philosophie.
Leibniz avait une vertu certaine en matière de langage.
Colbert avait une grande vertu en matière de politique économique.
De Vinci et Michel-Ange ont eu une vertu évidente en matière de peinture.
Il y a eu de grands médecins, de grands juristes, de grands hommes politiques
...etc
 
4°/ le souverain.
Même méthode, on peut se référer à l’étymologie.
1. a) ca 1050 suverain « suprême, excellent, qui est au plus haut point dans son genre, extrême »
Celui qui est souverain dans son art, est celui qui est parvenu à l’excellence.
Le sens de ce mot est donc connexe à la notion de vertu.
Sans surprise, par les mêmes analogies de l’époque que celles que j’ai rappelées précédemment, celui qui a la vertu de roi, que l’on désigne aussi par votre excellence, a finit par être désigné du terme de souverain.
 
Le souverain est donc celui qui a acquis l’excellence dans l’art de gouverner, car, dans l’idée de l’époque, Dieu lui a donné de vaincre ses adversaires pour s’imposer, puis de conserver le pouvoir, sa domination étant conçu comme la preuve factuelle de son excellence. Le souverain est donc celui qui prédomine.
 
Avec l’invention de l’état, le souverain se manifeste alors par l’intermédiaire de l’état.
D’où le glissement de sens, la chose qui prédomine, c’est l’état, manifestation du souverain. Nouveau glissement de sens, un état souverain est un état dont les lois ne sont imposée par aucun autre état.
 
Maintenant, que faire de cette expression peuple souverain. Faut-il tenir que le peuple est excellent ? Cela ne semblait pas trop la position des lumières... Faut-il tenir que le peuple prédomine sur l’état ? Ce ne me semble pas trop crédible non plus vu que le peuple doit toujours obéir aux lois de l’état...
 
Bref, tu vois bien que 1984 est déjà passé par là, vu le nombre des mots qui ont changé de sens. Comment s’étonner, dans ce flou total, que les gens ne puissent ni s’accorder ni même débattre sérieusement ? Comment s’étonner que toute pensée soit sapée à la base, que chacun se perde en une foule de paradoxe ? Mais nos mots sont intrinsèquement faussés... La langue française a été sabotée... Les gens ont perdu le fil. Et donc c’est le délire total.




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON