- Donc Foule + organisation vers un but = corps(...).Pour organiser la nation
elle-même en un corps, il faut que la nation tout entière soit ordonnée en vue
d’une fin unique et c’est cette fin que l’on appelle Bien Commun.
R / Exactement ! Et dans une démocratie chacun est tourné vers ce bien commun,
pas dans une ochlocratie.
- encore il n’y a pas, en démocratie, de définition unanime du Bien
Commun. Chacun proclame sa propre définition du Bien Commun et veut la faire
accepter comme telle par les autres : ce n’est autre qu’un Bien Commun
personnalisé...
R / Non, en démocratie il peut exister des opinions divergentes de ce qu’est
le bien commun. Personne ne cherche à imposer son opinion, on débat, on discute
et on vote, le vote ne sert qu’à déterminer ce qu’est l’opinion générale qui
est celle de l’ecclésia.
- Il ne s’agit donc pas d’abolir les intérêts particuliers, pour y
substituer un unique intérêt général, comme le prône Rousseau, car c’est
impossible, mais il s’agit de coordonner tous
les Buts particuliers vers un même Bien Commun.Autant interdire aux gens de
s’associer !
Déjà c’est vouloir un
état totalitaire.
R / Non je pense que tu n’as pas compris
Rousseau. Rousseau ne parle là que de la dégénérescence de la
démocratie en ochlocratie , avec l’ apparition des partis. Il parle là d’ un
phénomène , il ne dit pas qu’ il faille imposer quoi que ce soit .
Tu confonds en réalité les partis et les
corps intermédiaires .Les corps intermédiaires n’étaient
pas politique, c’étaient des communautés de métiers... les partis eux le sont
et veulent orienter la politique de la cité conformément à leurs intérêts.
C’est totalement différent !
On constate que dans la démocratie, si les intérêts personnels
existent ils sont subordonnés au bien commun. Connait tu cette histoire de cet
officier romain fait prisonnier par les carthaginois pendant la
première guerre punique ? Les carthaginois l’ont envoyé à Rome plaider sa
libération et celle des soldats pris avec lui en échange d’un accord favorable
à Carthage. Une fois au sénat, celui ci l’ a exhorté à refuser toutes les
exigences des carthaginois et de continuer le combat . De retour à Carthage,
cet officier s’est fait torturer ignoblement avant de se faire tuer !
Vois tu l’intérêt particulier de cet officier et des
soldats prisonnier était d’être libéré ...mais étant Romain,
avec les autres soldats (car il les a consulté avant de prendre sa décision)
ils ont déterminé que l’intérêt général était de continuer le
combat même si cela entraînerait leur mort .
Les démocraties recèlent de ce genre d’histoires, ou dans les assemblées
les citoyens votent spontanément pour une mesure qui ne vont pas dans le sens
de leur intérêt personnel ( pas pour se donner une image au yeux des
autres les suffrages étaient secret dans plusieurs cas ). Mais il
faut bien comprendre, ça ne veut pas dire que
les intérêts personnels n’existaient pas dans la vie civile, quand
les citoyens rencontraient les magistrats ils avaient leur doléance ...mais
jamais ceux ci prenait le pas sur ce qu’ ils
estimaient être le bien commun . Ça ne se force pas sinon
effectivement ça devient du totalitarisme !
- Il est légitime pour les gens de défendre leurs intérêts propres, ce n’est
pas sale. Les gens ont le droit d’exprimer leurs intérêts propres.
R / Mais bien sur, mais tout dépend du cadre. Qu’adviendrait il d’un
ministre qui dans le conseil du Roi exprimerait
ses intérêts personnel et orienterait la décision du Roi selon cet intérêt ?
S’il est démasqué il se fera limoger ... voir pire ...tout simplement parce que
ce n’est pas un bon conseiller !
De la même manière celui qui orientera l’ecclésia de cette façon
est condamnable. Mais dans son rapport avec les magistrats il se doit
évidemment d’exprimer son intérêt personnel et les
magistrats prenant la température des différents conflits d’intérêts feront
leur rapport à l’ecclésia qui statuera ... mais il en est de même du
Roi !