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ffi 5 octobre 2012 01:04

Je te retourne ta critique de ne pas comprendre Rousseau.
 
Rousseau critiquait la société d’ancien régime. Pour comprendre Rousseau, il faut donc d’abord comprendre la société d’ancien régime et ses principes politiques. Or tu les méconnais. Donc tu ne peux comprendre Rousseau.
 
Bien-sûr que Rousseau, quand il parle d’associations intermédiaires entre le citoyen et l’état, parle des universités de métiers... De quoi parlerait-il donc. De partis ? Mais il n’y avait pas de partis politiques institués à l’époque...
 
Cela t’étonne ? Tu dis que les métiers n’étaient pas des corps politiques...
- Cependant, métier vient du latin ministerium, qui signifie ministère, et donc chaque métier avait un ministère politique sur une activité économique.
- L’économie est, du point de vue classique, une science morale et politique (Elle dépend en effet de l’académie des sciences morales et politiques).
- L’économie n’était pas séparée comme actuellement du politique (cela viendra avec le libéralisme où l’intérêt particulier participe par "magie" au Bien Commun, au lieu d’y participer par la loi)
- Mais surtout, à l’époque, l’état légiférait au niveau des corps intermédiaires : il laissait aux corps intermédiaires des pouvoirs de polices (principe de subsidiarité).
 
Bref, comment Rousseau aurait-il pu parler d’associations intermédiaires entre le citoyen et l’état sans même penser aux universités de métiers, alors que c’était le coeur même de l’organisation du pays, sa caractéristique essentielle ?
 
Ca n’a strictement rien à voir avec la dégénérescence de quoi que ce soit, c’est un principe qu’il pose au fondement. Il écrit :
 
Il importe donc pour avoir bien l’énoncé de la volonté générale qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’Etat & que chaque Citoyen n’opine que d’après lui.
 
Cela vise donc évidemment les universités de métiers... Il est manifeste qu’il réclame donc leur abolition, et c’est la raison pour laquelle les Rousseauistes, tel Robespierre, quand ils prirent le pouvoir, ne les rétablirent pas et même prolongèrent leur interdiction (Loi le Chapelier).
 
Or il est totalement illusoire d’abolir tous les corps intermédiaires dans un pays qui faisait déjà 30 millions d’habitants à l’époque, ne serait-ce par ce que les gens naissent dans une famille, le premier des corps intermédiaires.
 
De fait, ces corps intermédiaires ne furent pas abolis. Ils furent simplement transformés, car il faut bien une activité économique dans la nation... Les universités d’artisans, fonctionnant souvent en démocratie directe, qui se devaient d’avoir des oeuvres de charité pour leur voisinage du fait qu’elles participaient au Bien Commun de la Nation, furent simplement transformée en entreprises privées et capitalistes fonctionnant sur le modèle du serf soumis au tyran, avec pour but le profit et comme moyen la guerre concurrentielle ...
 
L’utopie Rousseauiste n’a donc pu se réaliser, car sa pensée n’est pas réaliste. Si l’on s’en réfère à l’étymologie d’intérêt, qui est le latin inter (entre) esse (être), l’intérêt vient d’une relation entre des êtres. Or, vouloir croire qu’il pourrait exister un état où les êtres n’ont pas de relations entre eux, mais seulement avec l’état, est complètement irrationnel. Donc Rousseau divague. Et la réalité a montré qu’il divaguait effectivement.
Les adorateurs de son modèle spartiate en ont eu pour leurs frais.
 
Tombé le cul par terre, c’est la faute à Voltaire.
Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau
.
 
Il y a eu, il y a, il y aura toujours des intérêts partiels dans l’état.
Le tout est de les coordonner en vue du Bien Commun.
 
Il est clair que tu peines à percevoir ces nuances à cause de ce sophisme qui consiste à confondre une université d’homme avec une personne, c’est-à-dire un composé avec le simple.
 
Les propriété du diamant, qui est un composé du carbone, ne peuvent pas être confondue avec les propriété du carbone, qui est un élément simple. Les propriétés du composé sont du domaine de la cristallographie, tandis que les propriétés de l’élément simple sont du domaine de la chimie.
 
Dans une assemblée d’homme, si chaque homme est uni vers un but commun, c’est une université, c’est-à-dire une foule organisée.
Mais dans une assemblée d’homme, si chaque homme se porte à ses occupations diverses, c’est une foule désorganisée, c’est le souk, c’est une diversité.
 
Dans une université, les gens étant chacun orientés vers un but commun, cela les mets donc dans une relation telle qu’ils forment un corps uni. On peut donc certes y voir comme une sorte de volonté au sens où il y a bien un But.
 
Mais cette volonté n’est pas de type personnel, car la volonté personnelle résulte de l’intelligence (au sens de la faculté personnelle) d’une situation par quelqu’un.
 
Non, cette volonté est de type social, car elle implique une intelligence (au sens social, c’est une entente) de personnes du fait de leur appartenance commune à une université.
 
Donc si Rousseau croit possible d’abolir toute intelligence sociale entre les citoyens hors de l’état, c’est qu’il manque d’intelligence pour comprendre comment les hommes vivent en société...




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