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ffi 8 octobre 2012 02:04

Je pense que tu fais des distinctions qui n’ont pas lieu d’être.
Il est bon de faire des analyses, en cataloguant par différences.
Mais il est aussi bon de faire une synthèse, en unifiant par analogies .
 
Il faut que tu reviennes au sens premier de université.
Une université est une assemblée de gens unis vers un même but.
 
Une université de métier, c’est une assemblée de gens unis vers la pratique d’un métier.
Un parti, c’est une assemblée de gens unis vers une prise de pouvoir politique.
Une entreprise, c’est une assemblée de gens unis vers la production/vente d’un Bien.
Le parlement, c’est l’assemblée de gens unis vers la production des lois.
La police, c’est l’assemblée de gens unis vers la surveillance du respect des lois.
La justice, c’est l’assemblée des gens unis vers la pénalisation du non-respect des lois.
L’armée, c’est l’assemblée des gens unis vers la défense du territoire.
La famille, c’est l’assemblée des gens unis vers la mort.
Une religion, c’est une assemblée de gens unis vers une foi.
...etc
 
Toute assemblée de gens unis vers un but forme un univers particulier, avec son jargon langagier (jargon technique), ses us et coutumes propres, un intérêt convergent pour que ce but soit toujours considéré conforme au bien commun (corporatisme),...etc.
Un univers social produit ainsi des normes, des moeurs, du langage.
 
Cet univers forme ainsi une partie de la cité, c’est-à-dire littéralement un parti politique, car il produit aussi une intelligence (au sens social) entre ses membres, c’est-à-dire des complicités quant à parvenir au but de cet univers.
 
Le trouble politique vient quand ces univers sociaux qui devraient n’être que des organes du corps de la nation (qui devrait être l’univers de tous les univers), ou bien font sécession du Bien Commun, ou bien s’opposent entre eux.
 
En effet, à ce moment-là, l’universel de la nation se désagrège, et la discorde s’installe entre les petits univers, qui forment alors tout autant de sectes et de partis qui veulent chacun faire prédominer leurs intérêts particuliers sur l’intérêt général.
 
Toute la difficulté politique consiste à faire cohabiter justement cette multitude d’univers que nécessite la vie sociale, tout en les fédérant autour d’un universel plus élevé, qui les récapitule. L’échec dans cette entreprise est le phénomène "tour de Babel".
 
Bref, vu cette réflexion, ta distinction "parti politique", entendue au sens moderne, est très réductrice. Ce qu’il faut voir c’est que toute université produit un sous-univers de la nation et c’est justement là qu’est le risque de sédition du Bien Commun. Si tu avais lu "le Politique" de Platon, tu l’aurais compris, car, après avoir reconnu la nécessité de la spécialisation des citoyens dans des métiers pour subvenir efficacement aux besoins de la cité, une grande partie de l’ouvrage est consacrée à l’éducation du guerrier, chargé de défendre cette cité : il ne doit pas en effet se retourner contre elle et l’asservir par sa force.
 
Il est indéniable que des grandes institutions (éducation nationale, justice, santé...), des grandes entreprises (EDF, pétroliers, SNCF, Banques,...), des fédérations de petites entreprises (commerçants, paysans, artisans, médecins, pharmaciens), ont toujours joué un rôle politique.
 
Donc ton interprétation de Rousseau est erronée : quand il parle de sectes et de partis, il évoque, parmi les universités, celles qui ont fait sécession du Bien Commun, celles qui font bande à part.
 
Par exemple, aujourd’hui, la grande finance est objectivement un parti (qui d’ailleurs finance les partis politiques)...
 
Le parti politique "version 2.0" est fondé autour de l’idéologie, mais c’est le fruit de l’idéalisme. Dans l’époque classique, dont la philosophie est réaliste, ce genre de chose est marginal car les gens se battaient pour des intérêts réels et non idéels.
 
J’en déduis que non seulement Rousseau est irréaliste quand il propose l’abolition des sociétés partielles dans l’état, ceci d’autant plus que les services de l’état sont eux-mêmes voués à devenir des sociétés partielles, mais qu’en plus il se contredit lui-même ultérieurement...
 
La moindre des choses eu été d’expliquer pourquoi la spécialisation est inévitable, comment celle-ci crée des univers particuliers, puis comment ces univers peuvent-ils faire sécession du Bien Commun. Rousseau est un auteur médiocre. Se baser sur lui pour comprendre le politique est insuffisant : le lire n’en donne pas les concepts fondamentaux. Il ne fait que critiquer une pratique politique, sans même en présenter les fondements. Pour savoir ce qu’il veut dire, il faut donc se référer à d’autres ouvrages que les siens, là où son contenus les principes qu’il critique. Hélas, il ne donne pas de références.
 
Pour cela, l’oeuvre de Rousseau ne fut pas intemporelle, elle fut périssable, car devenue incompréhensible sitôt que l’objet de sa critique eut disparu.
Qui lit encore Rousseau aujourd’hui ?




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