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Walid Haïdar 12 décembre 2012 19:02

Attention, si chez Spinoza l’essence de l’homme est son désir, cette notion a dans sa philosophie une définition bien différente de ce à quoi on pense de prime abord : en particulier, le désir chez Spinoza n’est pas du tout confondu avec les pulsions ou les désirs charnels (d’ailleurs, Spinoza vivait assez humblement de son travail de polisseur de verres).


Le désir d’un homme est chez Spinoza ce qui le définit, son essence, par conséquent le désir est le produit de tout ce qui constitue l’homme, ses pulsions combinées à sa conscience, sa raison, sa culture... et surtout sa position particulière dans le système social, ses rapports de dépendance/domination vis à vis des autres, et enfin l’intégration à sa conscience de sa propre réalité (les bouddhistes parleront du niveau de plénitude de la conscience de soi)

Donc lorsqu’on affirme que le désir est l’essence de l’homme, il ne s’agit pas de dire que l’homme est forcément esclave de l’argent (ou de son pénis), mais qu’en connaissance de cette identité homme-désir, il faut prévoir que telle configuration socio-culturelle induit plutôt telle configuration des désirs que telle autre.

Et en particulier dans ce livre que je recommande, Lordon défend l’idée corollaire, que notre société a tendance à aligner nos désirs sur ceux des capitalistes (c’est pourquoi on dit qu’on vit dans une société capitaliste...), et qu’il faudrait essayer de faire en sorte de se libérer de cet alignement aliénant, mais cela ne peut se faire qu’en se libérant de grands pans de la structure de notre société, obsessionnellement tournée vers la production de dividendes. Il serait donc vain de faire voeux d’abstinence, et indispensable de modifier aussi concrètement que radicalement les rapports de pouvoirs qui enchaînent nos consciences, et en particulier notre rapport à la propriété.

Rien de bien nouveau sous le soleil direz-vous, mais comme disait Goethe il y a déjà deux siècles, tout a déjà été pensé. L’essentiel est donc de se rafraîchir les idées avec des reformulations pertinentes à un instant t, et ce "capitalisme, désir et serviture" en est une très bonne à mon goût.



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